Alors que la semaine dernière, la primaire de droite refaisait surface lors de son deuxième débat télévisé, les sept candidats (Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé, Bruno Le Maire, Nathalie Kosciusko-Morizet, Jean-Frédéric Poisson et Jean-François Fillon) exposaient, tour à tour, leurs promesses en cas de victoire.

Entre non-dits, sous-entendus, lobbyings et lapsus médiatiques, à l’aube de l’élection du 20 novembre 2016, il semble aujourd’hui difficile de cerner rapidement les réelles différences entre les programmes des candidats à la primaire de droite.

Major Prépa a choisi de décortiquer les programmes de Nicolas Sarkozy, Bruno Le Maire, Alain Juppé et Jean-François Copé et te propose d’y voir un peu plus clair !

Nicolas SARKOZY

BIO 

Ancien président de la République, ancien ministre de l’Intérieur, ancien ministre de l’Economie, ancien président de l’UMP et des Républicains. Deviendra-t-il le premier président de la Vème République, battu, à parvenir à opérer un retour à l’Elysée ?

 

PROGRAMME 

I – Emploi 

Proposition très largement répandue dans les rangs des candidats issus des Républicains : la dégressivité des indemnités de chômages, l’ex chef de l’Etat en fait également un de ses fers de lance. Explications : une fois douze mois d’indemnisations atteints, ces dernières se verront être diminuées de 20%. La dégressivité continue un peu plus loin. Au bout de dix-huit mois d’indemnisations, celles-ci diminueront de 20% supplémentaires.

L’effet affiché est simple. Réduire les indemnités dont bénéficient les demandeurs d’emploi dans le but de les motiver dans la recherche d’un emploi. Mais en réalité, les demandeurs d’emploi à la recherche effective d’emploi ne sont pas les premiers visés par cette mesure. Cette dernière se veut, également et surtout, destinée aux demandeurs d’emploi, inscrits et bénéficiant d’indemnités, mais qui se refusent à accepter tout emploi puisque disposant de revenus égaux, ou presque, à ceux dont ils bénéficieraient en travaillant. Situation loin d’être inédite, le candidat Sarkozy se propose donc de lutter contre ce phénomène couramment condamné sous le terme « d’assistanat ».

Ses propositions moins médiatisées :

  • Report de l’âge de départ à la retraite de 63 ans en 2020 et de 64 ans en 2025.

 

II – Fiscalité

Autre volet phare de chaque élection présidentielle : la fiscalité. Première proposition du candidat en la matière, réduire de 10% l’impôt sur le revenu, ce qui équivaudrait à 7 milliards d’euros de moins dans les caisses de l’Etat. Néanmoins, le candidat ne préconise aucune augmentation de la TVA pour pallier ce manque.

Autre mesure très médiatisée du candidat, la suppression totale de l’impôt sur la fortune (ISF). Cette exception française se verrait ainsi disparaître, ce qui, selon les attentes du candidat, devrait aider à faire revenir les plus grosses fortunes françaises sur le territoire tout en résorbant la fuite de davantage des concitoyens les plus fortunés.

 

III – Sécurité 

Depuis les attentats terroristes perpétrés le 7 janvier 2015 dans les locaux de Charlie Hebdo, le volet de la sécurité s’est vu prendre une place des plus prépondérantes dans les attentes des Français. A ce titre, aucun des aspirants président de la République ne s’est permis d’en faire fi.

Délicat constitutionnellement, le candidat Sarkozy se propose de placer en centre de rétention fermé ou alors d’assigner à résidence sous surveillance électronique tous les individus fichés S. Suite aux nombreuses contestations provoquées par cette proposition, le candidat a ensuite fait part de son souhait d’organiser un référendum lors du deuxième tour des législatives dans le but de questionner les français sur le sujet.

Ses propositions moins médiatisées :

  • Construction de 20 000 places de prison supplémentaires.
  • Munir systématiquement les policiers municipaux d’armes de service, ce qui n’est pas le cas pour tous les policiers municipaux aujourd’hui.

IV – Immigration et laïcité 

En termes d’immigration cette fois. Le fondateur des Républicains veut rétablir les contrôles aux frontières le temps de renégocier les accords de Schengen.

Mais c’est également le regroupement familial que se propose de réformer le candidat maintenant déclaré. Il se promet de durcir les conditions du regroupement familial, il propose pour cela quelques pistes : qu’il n’intervienne qu’après plusieurs années de présence sur le territoire ou encore que le casier judiciaire du père de famille soit pris en compte dans la décision finale.

Concernant cette fois la laïcité. Le programme exposé par le candidat Nicolas Sarkozy propose de supprimer les menus de substitution dans les cantines scolaires, d’interdire tout signe d’appartenance religieuse dans les écoles, les universités, les administrations et sur les lieux de travail.

Ses propositions moins médiatisées :

  • Vote chaque année devant le Parlement d’un objectif chiffré en matière d’accueil des migrants.
  • Établir un délai de cinq ans avant que les étrangers ne puissent bénéficier d’une prestation sociale
  • N’offrir la nationalité française à un enfant né de parents étrangers qu’une fois ses 18 ans atteints, à condition qu’il ne soit reconnu coupable d’aucun crime.

V – Education 

Dernier volet des propositions – moins médiatisées – du candidat Nicolas Sarkozy, l’éducation.

  • Accroître l’autonomie des directeurs d’écoles primaires sur l’organisation de leurs équipes pédagogiques.
  • Laisser aux établissements le soin d’organiser le temps scolaire en fonction de leurs propres projets et des difficultés rencontrées par les élèves.
  • Revaloriser l’apprentissage des fondamentaux et de la lecture au CP.

Bruno LEMAIRE

BIO 

Ancien directeur de cabinet du Premier ministre Dominique de Villepin, ancien Secrétaire d’Etat aux Affaires Européennes et ancien ministre de l’Agriculture. Du haut de ses 47 ans, le candidat fait figure de candidat du renouveau. Pourtant, son jeune âge et sa volonté de réformer l’appareil politique suffiront-ils à convaincre les électeurs ?

 

PROGRAMME 

I – Emploi 

Dans un premier temps, Bruno Le Maire veut introduire la dégressivité des allocations chômage dans le but de « favoriser le retour à l’emploi » des demandeurs d’emploi.

Le candidat se propose également d’augmenter l’âge de départ à la retraite. De 62 à 65 ans d’ici 2024, par pallier de cinq mois, de manière à ce qu’en fin de quinquennat, l’âge légal soit de 63,8 ans.

Ses propositions moins médiatisées :

  • Création d’un « contrat d’alternance unique » résultant de la fusion du contrat d’apprentissage et du contrat de professionnalisation.
  • Création « d’écoles professionnelles » qui remplaceraient les structures d’ores et déjà existantes, ce qui aurait le mérite de simplifier l’ensemble des procédures. Ces écoles seraient placées sous l’égide des conseils régionaux.

 

II – Fiscalité 

Contrairement à Nicolas Sarkozy, Bruno Le Maire ne propose pas de réduire l’impôt sur le revenu, ce dernier se propose plutôt de réduire de 6% la Contribution Sociale Généralisée (CSG), ce qui devrait, selon les prévisions du candidat, bénéficier aux salariés modestes ainsi qu’aux retraités.

Il rejoint toutefois Sarkozy sur la suppression de l’impôt sur la fortune qu’il considère « dogmatique ».

Ses propositions moins médiatisées :

  • Aucune augmentation de la TVA durant son quinquennat.

III – Sécurité 

Concernant les individus fichés S, Bruno Le Maire s’est prononcé en faveur de l’expulsion des individus radicalisés et fichés S de nationalité étrangère.

Ses propositions moins médiatisées :

  • Favoriser les échanges entre police municipale et police nationale dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions.
  • Création de 10 000 places de prison supplémentaires.

IV – Immigration et laïcité 

Sans grande surprise, le candidat se propose de démanteler la « jungle » de Calais ainsi que les autres « zones de non-droit ».

Dans le but de durcir « drastiquement » les conditions du regroupement familial, il propose de contrôler, « en amont », le casier judiciaire des demandeurs, mais également d’accroître le niveau du « revenu de référence » en y incluant uniquement les revenus du travail.

Ses propositions moins médiatisées :

  • Emission automatique d’une « obligation de quitter le territoire français » aux étrangers résidants en France mais qui ne respecteraient pas les conditions d’éligibilité.
  • Vote chaque année devant le Parlement d’un objectif chiffré en matière de délivrance des premiers titres de séjour.
  • Refus de revenir sur le débat du droit du sol.

V – Education 

Propositions pour le moins nettement moins médiatisées :

  • Abrogation de la réforme des rythmes scolaires dans le but d’accroître la liberté donnée aux communes en la matière.
  • Revalorisation du blason du baccalauréat en répartissant les épreuves de la 1ère à la Terminale, tout en intégrant une part de contrôle continu.
  • Augmentation des heures d’enseignement du français à hauteur de 15h par semaine, contre 10h aujourd’hui.

Alain JUPPE

BIO 

Maire de Bordeaux, ancien Premier Ministre de Jacques Chirac, ancien ministre de la Défense puis des Affaires Etrangères. Du haut de ses 71 ans, Alain Juppé fait partie des grands favoris à cette primaire de droite. Le doyen réussira-t-il à confirmer ces tendances et à accéder à la présidence de la République ?

 

PROGRAMME 

I – Emploi 

A l’instar de ses concurrents, Alain Juppé propose de rendre les allocations chômages dégressives à partir de 12 mois, afin d’encourager les demandeurs d’emploi à retrouver un emploi plus rapidement.

Le doyen envisage également de rétablir le régime de 39h de travail par semaine. Il justifie ce retour à la situation antérieure aux lois Aubry par le fait qu’aujourd’hui, les Français produisent moins de richesses qu’ailleurs.

Ses propositions moins médiatisées :

  • Instauration d’un « CDI sécurisé » avec des motifs de licenciement prédéfinis dans le contrat
  • Élévation à 65 ans l’âge légal de départ à la retraite
  • Réforme du contrat de travail (en modifiant ne serait-ce que le code de travail) afin de faciliter l’embauche

 

II – Fiscalité 

A l’image de Nicolas Sarkozy et de Bruno Le Maire, Alain Juppé propose, lui aussi, de supprimer l’Impôt Sur la Fortune afin d’éviter l’exil des Français les plus fortunés.

Néanmoins, contrairement à ces derniers, Alain Juppé entend augmenter la TVA d’un point afin de renflouer les caisses de l’Etat et de combler au manque de l’ISF.

Autres propositions moins médiatisées :

  • Mettre en place une fiscalité favorable à l’emploi. Alain Juppé entend donc diminuer de 28 milliards d’euros les prélèvements obligatoires des entreprises en faisant passer l’impôt sur les sociétés de 38% à 30%

III – Sécurité 

Suite aux attentats survenus cette année en France, Alain Juppé entend mettre en place une police pénitentiaire chargée d’assurer le renseignement contre les trafics et la radicalisation des détenus en prison. Cette mesure passera notamment par la mise sur écoute des cellules et des parloirs.

Toujours dans le but de réformer les prisons, le candidat s’est prononcé en faveur de la suppression des réductions automatiques de peine et des peines de substitution (tel que le bracelet électronique) pour les peines supérieures à un an de prison.

Ses propositions moins médiatisées :

  • Rétablir la légitime défense pour les forces de l’ordre
  • Création de 10 000 places de prison supplémentaires

IV – Immigration et laïcité 

Nous ne sommes pas étonnés de voir Alain Juppé proposant de durcir, lui aussi, les conditions du regroupement familial. Il souhaite ainsi : que la personne puisse justifier un revenu issu d’un travail et que les revenus nécessaires pour être éligible au regroupement familial soient augmentés de 20%

Le candidat souhaite aussi faire voter chaque année un plafond d’immigration légale et mettre en place un système par points pour l’attribution des titres de séjour

Ses propositions moins médiatisées :

  • Instaurer un code de la laïcité qui listerait des règles à respecter
  • Mettre en place un conseil national des cultes afin de favoriser le dialogue entre les différentes religions et l’Etat

V – Education 

Propositions pour le moins nettement moins médiatisées :

  • Augmenter de 10% le salaire des instituteurs.
  • Concentrer les efforts et les moyens accordés à l’éducation sur le primaire et la maternelle
  • Rétablir la loi Ciotti sur l’absentéisme scolaire. Cette loi permet de suspendre les allocations familiales aux parents d’enfants absentéistes.

Jean-François Copé

BIO 

Maire de Meaux, ancien Président de l’UMP, ancien Porte-parole du Gouvernement. Le candidat est un des candidats ayant le plus été médiatisé ces derniers temps. Les lapsus de Jean-François Copé lui permettront-ils d’accéder tout de même à la présidence ?

 

PROGRAMME 

I – Emploi 

Jean-François Copé envisage de mettre en place des référendums d’entreprise. Ces derniers permettraient,   « dès lors que les salariés y seront majoritairement favorables », de déroger aux dispositions de code du travail, dans le but de le rendre plus souple.

Le candidat est également favorable au rétablissement du régime de 39h de travail par semaine dans la fonction publique et à l’élévation de l’âge légal du départ à la retraite à 65 ans.

Ses propositions moins médiatisées :

  • Créer, pour chaque citoyen à ses 16 ans, un numéro de SIRET personnel (à l’image du numéro de sécurité sociale) qui permettrait d’être rémunéré pour des activités en parallèle d’un emploi salarié ou d’être un travailleur indépendant

 

II – Fiscalité 

A l’image de Nicolas Sarkozy, de Bruno Le Maire et d’Alain Juppé, Jean-François Copé propose, pour les mêmes raisons que ses concurrents, de supprimer l’Impôt Sur la Fortune.

Le candidat se dit aussi favorable à la baisse des charges salariales à hauteur de 4 milliards d’euros, afin de tendre à l’augmentation des salaires nets et d’alléger les employeurs.

Autres propositions moins médiatisées :

  • Augmenter le taux de TVA de 20% à 23%
  • Universaliser le montant des allocations familiales

 

III – Sécurité 

A l’image de Nicolas Sarkozy et pour lutter directement contre le terrorisme, Jean-François Copé recommande de placer sous contrôle judiciaire tous les individus mis en examen pour terrorisme. Il envisage également d’expulser tous les fichés S étrangers présents sur le territoire français.

La radicalisation doit, selon le candidat, être combattue à sa source, ce pourquoi il propose de créer une NSA à la française qui centraliserait et structurerait le renseignement.

Ses propositions moins médiatisées :

  • Recruter 50.000 policiers, gendarmes et militaires
  • Mettre fin aux aménagements automatiques de peines.

IV – Immigration et laïcité 

En matière d’immigration, Jean-François Copé est un de ceux qui va le plus loin en demandant directement la suppression du droit du sol, c’est-à-dire l’acquisition automatique de la nationalité française pour les enfants nés sur le territoire français. Pour ces enfants nés en France mais de parents étrangers, il faudrait ainsi attendre 18 ans, disposer d’un casier judiciaire vierge et maîtriser la langue française pour pouvoir obtenir la nationalité française.

De la même manière, le candidat entend supprimer toute prestation d’aide sociale, d’allocation familiale ou d’aide au logement pour les étrangers résidants depuis moins de cinq ans en France
Ses propositions moins médiatisées :

  • Créer un code de laïcité pour le culte musulman avec des règles à respecter telles que : les imams parlent français, qu’ils aient un diplôme de laïcité et que le voile soit interdit dans les établissements publics
  • Mieux gérer la gestion des flux migratoires en européanisant la défense des frontières extérieures

V – Education 

Jean-François Copé souhaite refédérer sa nation à travers l’éducation. Cela passe, selon lui, par le fait de rendre obligatoire le port de l’uniforme à l’école, l’apprentissage de la marseillaise et la levée des couleurs. Le candidat entend aussi faire participer tous les jeunes à une mission de 6 mois dans l’armée.

Propositions moins médiatisées :

  • Donner plus d’autonomie aux chefs d’établissements
  • Instaurer un examen préalable à l’entrée en 6ème afin de s’assurer que l’enfant maîtrise les fondamentaux

Mathilde Vohy & Jérémie Marcé