Dans un entretien accordé à la radio publique allemande, Jean-Claude Juncker, actuel président de la commission, a clairement exprimé sa volonté de ne pas candidater en 2019 à sa propre succession. Il dresse par ailleurs un tableau très sombre de l’état actuel de l’Union européenne.

“en 2014 ce fut une belle campagne électorale. Mais il n’y en aura pas de seconde, car je ne me porterai pas candidat une seconde fois”, a-t-il affirmé sur les ondes de Deutschlandfunk. Auparavant président de l’Eurogroupe, organe qui réunit les ministres des finances européens, ce fervent partisan du fédéralisme européen s’est retrouvé propulsé à la tête de la commission européenne en novembre 2014. Son mandat qui court jusqu’en 2019 est loin d’être pour le moment un long fleuve tranquille. Au-delà du récent Brexit, événement encore inédit depuis la création du projet européen, l’Union européenne souffre des divergences de vision croissantes entre les membres de l’institution, notamment sur la question migratoire “Les Hongrois et les Polonais veulent-ils exactement la même chose que les Allemands ou les Français ? J’ai de grands doutes”, s’est lamenté le Luxembourgeois à l’occasion de cette interview.

Le président de la commission s’est également permis une sortie très cynique à l’encontre des dissidents britanniques. “Les Britanniques vont réussir, sans trop de difficultés, à diviser les 27 autres pays de l’UE”, a-t-il résumé. “Les Britanniques savent déjà très bien comment s’y prendre. On promet telle chose à l’État A, telle autre à l’État B et encore autre chose à l’État C et au final il n’y a pas de front uni européen.”

On peut s’étonner également de l’aveu d’échec qui teinte le discours de l’ancien premier ministre luxembourgeois quant à son mandat tout au long de cet entretien, deux avant avant que celui-ci ne s’achève. Après avoir rappelé sa volonté originelle de rehausser le projet européen dans l’estime des citoyens et de lui redonner sa légitimité démocratique, il conclut son intervention par un sordide mais réaliste  “A présent me voilà occupé, plusieurs heures par jour, à planifier la sortie d’un État membre, ce n’est pas un travail d’avenir.”