Le 13 septembre 2017, lors de la 130e session de l’instance à Lima (Pérou), ça y est. Paris est officiellement en charge d’organiser les Jeux Olympiques de 2024. Portée par le soutien de Bernard Lapasset, co-président du comité de candidature Paris 2024 et Tony Estanguet, président du comité d’organisation des JO, Paris a su se détacher d’Hambourg, de Rome, de Budapest et de Los Angeles dans le sprint final. Mais, au-delà de l’euphorie première, cette nomination pose un défi de taille à la maire de Paris, Anne Hidalgo, ainsi qu’à Patrick Ollier, président de la Métropole du Grand Paris : comment utiliser les jeux comme un tremplin pour une métamorphose urbaine tant attendue ?

Vers une révolution urbaine

Certes la candidature parisienne était principalement fondée sur la réutilisation d’infrastructures sportives déjà existantes, certes le réseau francilien est aujourd’hui un des plus développés au monde,… Pourtant, Paris l’a annoncé clairement : une enveloppe de 6,6 milliards d’euros est aujourd’hui sur la table pour entabler (encore) de vastes chantiers.

23 chantiers sont à ce jour prévus au travers de l’opération « Réinventer Paris ». Par exemple, les souterrains de l’Esplanade des Invalides vont entièrement être réaménagés pour accueillir les épreuves de tir à l’arc et ses futurs 6000 spectateurs. Même si la majorité des chantiers bénéficient aujourd’hui de l’appui populaire, certaines associations demeurent sceptiques à la construction de nouvelles enceintes sportives. Ainsi, le projet de l’Arena 2, une salle de presque 8.000 places dont l’implantation initiale était prévue à Bercy sera finalement construite porte de la Chapelle à la suite de la protestation des riverains, craintifs à l’idée de voir disparaître les espaces verts.

Toutefois, seuls cette Arena 2 et le centre aquatique de Saint-Denis font partie des équipements sportifs à construire intégralement en vue des jeux. De plus, afin d’éviter de laisser ces sites à l’abandon à la suite des jeux, comme cela a pu se produire au Brésil avec la majorité des installations ou encore à Sotchi lors des Jeux d’hiver, la Ville de Paris s’est assurée de trouver un repreneur avant le début du chantier. Le PSG Hand et le Paris-Levallois Basket ont donc dès aujourd’hui été contactés pour la reprise de l’Arena 2 en septembre 2024.

Cette métamorphose urbaine s’accompagnera aussi d’une modernisation de la mobilité. Paris avait en effet précisé dans son dossier de candidature que « les spectateurs ne seront pas à plus de 400m d’une station de métro ». Avec cet objectif en ligne de mire, l’opération « Réinventer Paris 2 » a été lancée. Par exemple, le « Tram Express Ouest » reliant Saint-Germain-en-Laye et Saint-Cyr pour desservir entre autres le site olympique situé à proximité du château de Versailles verra le jour d’ici à fin 2020.

A côté de cela, la construction d’une liaison directe entre Paris et l’aéroport de Roissy est planifiée d’ici à 2023. Baptisé « Liaison Charles-de Gaulle-Express », le projet sera soutenu financièrement par la Caisse des dépôts, SNCF Réseau et Aéroports de Paris, qui se répartiront de manière égale les coûts.

Le Grand Paris compte également tirer son épingle du jeu. Ainsi, Vaires-sur-Marne a été désignée base nautique officielle des JO 2024 et pourra ainsi profiter ultérieurement des modernisations effectuées mais aussi des logements construits pour accueillir les sportifs. Saint-Denis, l’Île-St-Denis et Saint-Ouen préparent également leur métamorphose : les 17 000 lits qui devront accueillir les sportifs seront ensuite modifiés en plus de 3 500 logements. Le village des médias, situé entre le Bourget et Dugny sera par la suite transformé en un nouveau quartier de 1 500 logements.

Tony Estanguet, le président du comité d’organisation des JO de Paris 2024, a annoncé sur Twitter :

En quelques mots, la Seine-Saint-Denis, un des départements les plus défavorisés de l’hexagone, recevra au total une enveloppe de plus de 1,5 milliards d’euros dans le but de construire de nouveaux logements. Finalement, plus que les 11 milliards d’euros de retombées économiques prévues selon le Centre de Droit et d’Economie du Sport (CDES), c’est l’impact social qui est surtout attendu.

Un réel succès ?

Toutefois, Anne Hidalgo insiste sur le fait de coordonner à la fois les acteurs nationaux et les acteurs du secteur privé pour mener à bien ce projet. En effet, au niveau des 3,3 milliards d’euros d’investissements prévus pour la construction des premières installations, la provenance des fonds est diverse. Ainsi, l’Etat investira près de 1 milliard d’euros, la Région Île-de-France 200 millions, les collectivités 500 millions, la Ville de Paris 145 millions et les investisseurs privés … près de 1,5 milliards d’euros. Il est bien entendu que chacun d’entre eux espère profiter des retombées économiques ; un peu un investissement à long terme si on peut appeler ça ainsi.

Mais est-ce vraiment rentable ? Pour le savoir, tout est expliqué en cliquant ici !

Paris semble relativement bien armée pour faire face au défi de l’amélioration urbaine, comparé à d’autres villes à l’image de Tokyo. Organisatrice des jeux de 2020, la capitale nippone fait en effet face à une augmentation exponentielle du budget d’organisation, qui a déjà augmenté de 35% depuis le dépôt de la candidature et de sa présentation en 2012 … Pour tacler ce problème, le Comité d’Organisation de Jeux Olympique et Paralympiques d’été de 2020 a été prié de détailler la répartition des dépenses envisagées et de s’engager à « tenter » de réduire les coûts … Réaliste ? Difficile à imaginer quand le futur Stade Olympique de Tokyo 2020 doit être aménagé pour un coût de 1,3 milliard de dollars …

Finalement, Paris bénéficie donc d’un atout de taille : 95% des installations sportives sont déjà existantes, ce qui permet à la capitale de concentrer ses investissements sur l’aspect un peu plus socialAffaire à suivre !