« Nous allons doubler notre croissance et avoir l’économie la plus forte du monde. » Discours de victoire, prononcé mercredi 9 novembre au petit matin par Donald Trump qui, une nouvelle fois, n’a pas fait dans la demi-mesure pour promettre monts et merveilles à ses supporteurs.

Mercredi 9 Novembre, le monde s’est réveillé avec la gueule de bois. Pourquoi ? Donald Trump, à la grande (très grande) surprise générale a mis à mal les sondages et sera bien le 45è Président des Etats-Unis. Et comme chez Major Prépa on ne perd pas de temps, c’est l’heure d’analyser brièvement le programme économique que le milliardaire veut mettre en place pour rendre sa grandeur aux Etats-Unis.

En pratique, nous ne savons pas quelle politique économique Donal Trump va appliquer. Vu l’incohérence, l’inconstance et la folie du personnage, on peut réellement se demander si il va appliquer son programme de campagne à la lettre (taxer à 45% les importations en provenance de Chine, à 35% les importations en provenance du Mexique ainsi de suite).

D’ailleurs, à la lumière de l’histoire politique des Etats Unis, il serait logique que le futur résident de la maison blanche s’aligne sur une politique plus conventionnelle, se laissant influencer par les milieux des affaires et par les grands lobbies. Mais pour le moment, son programme légèrement fourre-tout est le suivant :

I- Moins de commerce international (beaucoup beaucoup moins…)

Bairoch disait dans Mythes et paradoxes (1995) que « les vingt meilleures années de la croissance américaine furent celles de la période protectionniste pendant que les principaux concurrents des Etats-Unis suivaient une politique libérale ». Est-ce que ca sera encore le cas? Trump va (probablement) nous donner la possibilité de voir ça.

Effectivement, pour Donald Trump, le commerce international est le principal responsable du déficit extérieur des USA. De plus, c’est l’une des principales causes des problèmes d’emplois. Ainsi, le républicain veut arrêter (du moins réduire) les transactions avec le reste du monde, et notamment avec la Chine et le Mexique.

Pour ce faire, il veut mettre en place des droits de douanes sur les produits chinois (à hauteur de 45%) et mexicains (à hauteur de 35%) afin d’orienter la demande intérieure vers la production intérieure.

De plus, Trump a annoncé la fin des grands accords commerciaux. Il veut renégocier l’ALENA avec le Canada et le Mexique, il veut sortir du Partenariat trans-pacifique avec les pays d’Asie et pour finir, Trump veut remettre en cause le TAFTA. Ce serait un retour protectionniste unique dans l’histoire économique qui affecterait le monde entier.

II- Les immigrés incarnent le mal, on en veut pas

« Le Mexique envoie de la drogue et des violeurs aux USA ». Du coup, notre copain Trump souhaite tout simplement expulser l’ensemble des immigrés illégaux et bâtir un mur à la frontière mexicaine (mur qui sera d’ailleurs financé par …… le Mexique, rien que ça !).

De plus, il veut renforcer drastiquement les contraintes liées à l’accueil de migrants légaux et arrêter le programme envers les immigrés Syriens.

Il faut cependant relativiser cette mesure, l’importance de l’immigration aux USA pour l’emploi est très importante, plusieurs lobbies vont faire pression sur cette question.

III- Le changement climatique n’existe pas, on arrête tout, vive le charbon !

Dans un esprit très COP 21, Trump veut arrêter le plan sur le climat que son prédécesseur Obama voulait mettre en place. Trump veut relancer l’activité économique de plusieurs Etats (notamment la Pennsylvanie), grâce au charbon, énergie très polluante. Il veut, grâce au charbon, relancer l’investissement dans le secteur de l’extraction minière au nord est du pays.

Avec Trump dans le bureau ovale, les régulations environnementales sont remises en cause. Trump veut se retirer des accords de la COP 21 et veut relancer le projet Keystone XL entre le Canada et les USA (bon à savoir pour les épreuves de LV1 et LV2 Anglais).

IV- « Aux USA, nous avons la fiscalité la plus importante du monde, on va la baisser drastiquement »

Pour Trump, la fiscalité est un thème important. Il veut mettre en vigueur une baisse d’impôts de … 4400 milliards de dollars sur dix ans (nous souhaitons bon courage à son successeur pour assainir les finances publiques après ça). Cette baisse d’impôts représente une baisse annuelle de 6% du total des recettes fiscales.

Ainsi, tous les Américains bénéficieront d’une baisse d’impôts. Notons cependant que Trump, « le candidat du peuple », va faire des plus fortunés les privilégiés de cette mesure. Ce sont eux qui auront la plus forte diminution du taux d’imposition marginal (de 39,6% à 33%).

Les entreprises, elles, auront une baisse de l’impôt sur les bénéfices à 15%, contre 35% aujourd’hui, (un peu de dumping fiscal ne fait pas de mal) et Trump veut faire passer la tranche maximale de l’impôt sur le revenu de 39,6% à 33%.

Enfin, Trump veut supprimer l’impôt sur les successions? Le problème, c’est que aujourd’hui cet impôt ne touche que les successions supérieures à cinq millions de dollars ! Pour réduire les inégalités et les privilèges, c’est le top !

Mais dans la réalité, ces réformes amputeraient les recettes du budget fédéral de 6200 milliards de dollars sur la prochaine décennie (source : Tax policy Center). Pour eux, “Avec le coût des intérêts, la dette publique s’envolerait de 7200 milliards sur les dix prochaines années – soit un bond de 36% – et de 21 000 milliards d’ici 2036”

V) On fait tourner la planche à billets

« Make America great again », ok, comment ? Bah on augmente les dépenses d’infrastructures et on compte sur les effets multiplicateurs pour relancer l’activité économique dans tout le pays !

Trump a effectivement annoncé un plan de développement des infrastructures de 1000 milliards sur dix ans. De plus, un crédit d’impôt sera offert aux entreprises privées qui lanceront des projets.

Bon économiquement parlant, on peut légitimement se demander si cela ne va pas plomber le déficit américain. Et non, don’t worry ! Le candidat a promis que sa politique sera neutre d’un point de vue budgétaire, grâce aux 1800 milliards de recettes supplémentaires issues du surcroît de croissance entrainé par les baisses d’impôts. Après tout, il suffit d’y croire 🙂

VI- Bonus 

  • On remet en cause radicalement la régulation financière, déjà qu’il n’y en a pas beaucoup, on va en enlever un peu et libéraliser le tout. La finance folle a de belles heures devant elle.
  • Santé ? Suppression de la loi Obamacare qui est « une menace contre la liberté de l’homme ».
  • Immigration : triplement du nombre d’agents de police aux frontières et érection d’un mur à la frontière mexicaine, financé par le Mexique … (Sous menace de suspension des transferts d’argent des travailleurs mexicains illégaux).
  • On augmenter les dépenses en armement. « Make America’s Military great again » !