Dimanche 4 décembre, l’écologiste Alexander Van der Bellen a été élu Président de la République d’Autriche. Un soulagement pour les pro-Européens, et pour la majeure partie de la classe politique, qui voyaient en l’avènement possible de l’extrême-droite un danger pour la démocratie en Europe.

Dimanche 4 décembre, les Autrichiens étaient appelés à voter pour un troisième tour inédit en ce qui concerne une élection présidentielle. Après trois cents jours de campagne, et un second tour entaché par des vices de forme, c’est donc ce dimanche que le peuple autrichien ont du choisir entre l’écologiste Alexander Van der Bellen et le candidat de l’extrême droite Norbert Hofer.

Le 22 mai dernier, le résultat en faveur de A. Van der Bellen avait été annulé à la demande du FPÖ -parti d’extrême droite. En Autriche le rôle du président est différent de celui de la majorité des autres pays. Ce dernier, élu pour un mandat de six ans, n’a qu’une fonction honorifique et symbolique. De plus, il n’intervient pas dans la gestion du pays, mais, il peut néanmoins révoquer le gouvernement.

Cette élection présidentielle autrichienne n’a pas fini de surprendre : les grands partis ont été mis hors jeu dès le premier tour. Six candidats se sont présentés pour obtenir le titre de neuvième président de l’Autriche, car l’actuel président social-démorcrate, Heinz Fischer, a déjà à son actif deux mandats et ne peut pas, selon les règles du pays, être candidat à sa propre succession. A la fin du premier tour, les partis qui se partageaient le pouvoir depuis la seconde Guerre Mondiale, à savoir le SPÖ et le ÖVP et leur candidat respectif, Rudolf Hundstorfer et Andreas Khol, ont été évincés.

C’est finalement le candidat écologiste qui remporte cette élection avec un score sans appel (53,6%).

Avant d’aborder les résultats en eux-mêmes, une explication des différents partis est primordiale pour comprendre le paysage politique autrichien.

Les partis politiques autrichiens

Les partis représentés au Parlement

  • PARTI LIBRE DE SALZBOURG

Fondé en juin 2005, le Parti libre de Salzbourg résulte d’une scission du Parti autrichien de la liberté plus connu sous la dénomination de FPÖ. A l’origine de cela, se trouve le conflit netre Hans-Christian Strache, le président du FPÖ et le salzbourgeois Karl Schnell.

  • NEOS – LA NOUVELLE AUTRICHE

NEOS ou La Nouvelle Autriche est un parti politique autrichien fondé en octobre 2012, d’orientation libérale et pro-européenne. Dans le cadre des élections de 2013, grâce à une coalition avec le Forum libéral -LIF- et les Jeunes Libéraux d’Autriche -JuLis-, NEOS obtient 5% des voix et entre pour la première fois au parlement. Cet événement marque le retour d’un parti libéral après l’éviction du Forum Libéral en 1999. Depuis 2014, NEOS a absorbé les deux partis avec lesquels il avait fait une coalition.

  • PARTI AUTRICHIEN DE LA LIBERTÉ – FPÖ

Fondé en 1956 pour prendre la succession du parti créé en 1949 par d’anciens nazis autrichiens nommé Fédération des Indépendants (VdU), le Parti autrichien de la liberté (FPÖ) est un parti politique de droite populiste.

L’histoire de ce parti est relativement complexe puisque le premier président, Anton Reinthaller, était un ancien homme politique appartenant au mouvement nazi. Le parti a toujours compté une double aile : nazie et libérale. Ce n’est que dans les années 1960s que Friedrich Peter tente de trouver un équilibre entre ces deux aspects ce qui conduit à la scissions des éléments d’extrême droite qui décident de fonder le Parti national-démocrate (NDP) en 1967. De plus, en 1980, la partie libérale s’impose lors du congrès du parti et une coalition gouvernementale est formée trois années plus tard avec le Parti social-démocrate (SPÖ). En 1986, cette coalition sonne son glas avec l’arrivée à la présidence de Jörg Haider. Ce dernier redonne au parti une ligne politique nationaliste. Le parti devient en 1999 la deuxième force politique du pays en obtenant 26,9% des voix lors des élections législatives, ce qui pousse le parti à former une coalition avec le Parti populaire (ÖVP).

Le parti connaît lors des élections européennes de 2004 un fort recul et n’amasse plus que 6% des voix. Ce n’est que deux années plus tard, lors des élections législatives que le parti regagne en popularité et parvient à dépasser à nouveau la barre des 20% en 2013.

  • PARTI POPULAIRE AUTRICHIEN – ÖVP

Le parti populaire autrichien (ÖVP) a été fondé en 1945. Il est en quelque sorte le successeur du Parti chrétien-social mais a choisi d’adopter une attitude plus démocrate ce qui lui permet de remporter la majorité absolue des sièges lors des élections législatives de 1945. Actuellement le parti est conservateur, démocrate-chrétien et fervemment pro-européen. Dès cette date, il forme une coalition avec le SPÖ qui est reconduite en 1949 et jusque 1966 après l’arrivée en force de la Fédération des Indépendants (VdU) sur la scène politique. En 1966, l’ÖVP obtient la majorité et décide gouverner seul.

En 1970, le contexte change avec la victoire écrasante des sociaux démocrates. Dès lors l’ÖVP entame un mouvement d’opposition qui durera jusqu’en 1987. Ce n’est qu’en 2000 que le parti accède à nouveau au pouvoir grâce à une coalition avec le FPÖ.

  • PARTI SOCIAL-DÉMOCRATE D’AUTRICHE – SPÖ

Le Parti social-démocrate (SPÖ), officiellement crée en 1945, tire son origine du mouvement ouvrier autrichien de 1889 et a suivi l’évolution de ce mouvement. Actuellement, le SPÖ est un parti politique social-démocrate.

La nomination de Bruno Kreisky à la tête du parti en 1957 suivi de son poste de chancelier de 1970 à 1983 lui donne un véritable coup de fouet : Le SPÖ forme un gouvernement minoritaire à l’issue des élections de 1970 puis obtient la majorité des sièges en 1971, 1975 et 1979. De plus, le parti introduit un certains nombre de mesures telle que la légalisation de l’avortement.

Comme mentionné précédemment dans le paragraphe concernant le FPÖ, ce dernier forme une coalition avec le SPÖ en 1983 pour une durée de trois ans. Puis, en 1986, le SPÖ décide de former une coalition avec l’ÖVP qui se maintient jusqu’en 2000.

Après avoir longtemps été un mouvement d’opposition -de 2000 à 2007 après la coalition entre l’ÖVP et le FPÖ, en 2007, les sociaux-démocrates sont à nouveau en mesure d’occuper la chancellerie et forment depuis lors une grande coalition avec l’ÖVP.

  • TEAM STRONACH POUR L’AUTRICHE
  • LES VERTS – L’ALTERNATIVE VERTE

Les pro-Européens se voient soulagés et rassurés : avec la victoire de l’écologiste Alexander Van der Bellen, l’Autriche n’a finalement pas été le premier pays d’Europe à élire un président d’extrême-droite, bien que Norbert Hofer était donné favori et gagnant d’après les récents sondages et événements : le Brexit, la victoire de Donald Trump aux États-Unis et celle de François Fillon aux primaires ainsi que le renforcement général de la droite en Europe et la montée de l’Euroscepticisme.

Cette élection montre toute d’abord la défaite écrasante de l’extrême droite. Toutefois, les résultats sont plus contrastés à l’échelle nationale : un véritable clivage peut être fait entre les hommes et les femmes mais également entre les diplômes et les non-diplômes.

Norbert Hofer, candidat d’extrême droite, avait axé son discours sur la protection sociale, le pouvoir d’achat et la défense de l’emploi tandis qu’Alexander Van der Bellen avait, de son côté, insisté sur les valeurs humanistes de la République autrichienne et insisté sur l’importance des liens avec ses partenaires de l’UE, dont plus de 40 % du PIB dépend des exportations. Il n’y aura pas donc d’épisode d’Öxit comme le souhaitait Norbert Hofer.