On vous le rappelle, on a décidé à Major-Prépa de revenir chaque jour sur un des aspects des premiers mois de la président Trump, tout au long de la semaine. On se focalise aujourd’hui sur l’avancée de ces deux principales promesses de campagne : l’abrogation de l’Obamacare et la réforme de l’immigration.

La volonté de réforme de l’Obamacare

C’était un élément phare de la campagne du candidat républicain, l’abrogation de l’Obamacare s’est finalement transformée en un véritable échec politique pour le nouveau président des Etats-Unis. On rembobine pour mieux comprendre.

L’Obamacare : point de discorde majeur entre Républicains et Démocrates

                  Mis en place en 2010 par son prédécesseur démocrate et appliqué depuis janvier 2014, l’Affordable Care Act (nom officiel de l’Obamacare) a permis de réduire à un niveau historique le nombre de personnes sans couverture maladie. Concrètement, ce système oblige tous les citoyens à souscrire une assurance santé auprès d’un assureur privé répertorié par l’État fédéral. Il a contribué à couvrir une vingtaine de millions d’Américains qui vivaient jusque-là sans assurance, faisant chuter alors la proportion de ces derniers de 16% à 8,9% de 2010 à 2016. S’il est clair que l’Obamacare constitue la principale avancée en matière de santé publique depuis les Medicaid et Medicare du Président Johnson en 1965, les Républicains s’y sont toujours farouchement opposés. En plus d’avoir creusé la dette américaine, l’Affordable Care Act a indéniablement provoqué une flambée des primes d’assurance dans certains États.

La réforme de l’Obamacare, que Donald Trump entendait « abroger et remplacer », constituait donc un vaste chantier législatif. Neuf mois après son arrivée en poste, sa réalisation paraît mal engagée.

L’impossible réforme de l’Obamacare

Les différents décrets proposés au Congrès à ce sujet ont, en effet, tous été rejetés pour l’instant. Le dernier en date, qui prévoyait de réformer la fiscalité de l’assurance-maladie et la réglementation applicable aux contrats d’assurance-santé, remonte au 29 juillet. Refusée par le Congrès à 51 voix contre 49 en raison de la dissidence de trois élus républicains, elle apparaissait comme la dernière chance de remplacer l’Obamacare par la Trumpcare. Parmi les Républicains frondeurs, on retrouve John McCain, candidat républicain opposé à Obama en 2008, qui n’a apparemment pas été convaincu par le projet du nouveau Président. Selon le CBO, le bureau du budget du Congrès, cette dernière version du Trumpcare aurait privé de couverture maladie 14 millions de personnes supplémentaires dès 2018 et 23 millions en 2026, mais aurait permis, par ailleurs, de réduire de 119 milliards de dollars le déficit public américain entre 2017 et 2026. Pas assez convaincant pour l’ancien candidat républicain et ses deux complices, couverts d’éloges par les opposants au projet.

Un échec législatif de plus

Bernie Sanders, fermement opposé à l’abrogation de l’Obamacare mais convaincu de la nécessité d’une réforme de ce jeune système de santé, s’est félicité de cette victoire qui va, explique-t-il, enfin « laisser place à un dialogue constructif entre Républicains et Démocrates ». Ce n’est pourtant pas ce qu’a laissé entendre le gouvernement qui, dépassé par des frondeurs dans l’aile centriste comme dans l’aile droite du Parti Républicain, brandit désormais un slogan purement abolitionniste.  « Let Obamacare implode, then deal » avait tweeté Trump à l’issue de la défaite. Destinée à cacher ce revers humiliant, cette posture semble peu constructive et n’a aucune chance d’aboutir à un succès législatif. On n’imagine mal les trois frondeurs voter ensemble : « Let it implode and then deal » …

Trump et l’immigration

Réduire drastiquement l’immigration était la seconde promesses majeure de Donald Trump et on peut dire qu’il s’y est donné à cœur joie. À coup de décrets, le Président s’évertue à renvoyer les immigrés clandestins et à proscrire l’entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de certains pays musulmans. Le 27 janvier dernier, il avait signé un premier décret refusant tous les réfugiés ainsi que les migrants en provenance de sept États « voyous » : l’Iran, l’Irak, la Syrie, le Yémen, la Somalie, la Libye et le Soudan. Accusé de discrimination, ce texte – décrié comme un muslim ban – avait été bloqué dans la foulée par la justice fédérale.

Une seconde version plus soft du décret acceptée provisoirement

Fin juin, la Cour Suprême a finalement accepté le second décret anti-immigration, qui n’est autre qu’une version a minima de celui de janvier. Peu clair, le texte stipule notamment que quiconque qui pourrait justifier d’une « relation valable avec une personne ou une entité aux Etats-Unis » sera autorisé sur le sol américain. Autrement dit, le décret ne s’appliquera ni aux étudiants intégrant une université américaine, ni aux salariés recrutés par une entreprise locale, ni aux étrangers en visite chez un membre de la « famille proche » (une notion un peu floue, vous en conviendrez).

Si le feu vert de la Cour Suprême constitue en soi une petite victoire pour Donald Trump, la vraie bataille juridique commencera en réalité en fin d’année. C’est en effet en octobre que les plus hauts magistrats américains, les juges de la Cour Suprême, examineront sur le fond ce décret migratoire et fixeront l’étendue des pouvoirs du président en matière d’immigration. À coup de tweets provocateurs, le président a fait s’avoir qu’il espérait se voir octroyer le droit de déterminer de façon exclusive quelles nationalités pourraient obtenir ou non « le privilège » d’entrer aux Etats-Unis. Les immigrants mexicains ne seront, en tous cas, pas concernés par cette mesure.

Un mur pour les Mexicains

On le sait bien, Trump réserve aux Mexicains une réponse sur mesure. « We will build a great wall, and we’ll have Mexico pay for it » répétait-il à longueur de meetings. Ce qui semblait être une préoccupation obsessionnelle chez le Trump-candidat a finalement été relayé au second plan par le Trump-président. Étrangement, les Mexicains n’ont pas accepté sa chaleureuse proposition de financer eux-mêmes la barrière frontalière de 1600 km. Le magnat de l’immobilier, bouleversé dans ses plans, s’est alors retrouvé contraint de financer la réalisation de l’édifice – estimée à plus de 20 milliards de dollars – avec le budget fédéral. Mission impossible quand on sait que les Etats-Unis sont déjà endettés à plus de 106% de leur PIB.

Au début de l’été, il a proposé de financer le mur en le surplombant de panneaux solaires. D’abord perçue comme une boutade trumpesque, la proposition a été confirmée comme étant une hypothèse plausible lors de son voyage en France pour la cérémonie du 14 juillet. Trump a d’ailleurs profité de l’occasion pour préciser que le mur n’aurait pas besoin d’être construit sur toute la frontière, une concession non négligeable. Autant dire que le comment et le quand de la construction du great wall restent des questions en suspens, au même titre que le pourquoi, pour beaucoup d’Américains.

Divers

La dernière mesure ne remonte pas plus loin qu’au 5 septembre, date à laquelle l’administration Trump a annoncé qu’elle mettait fin au programme de protection des jeunes migrants clandestins mis en place par Obama en 2012. Ce programme appelé DACA empêchait l’expulsion de près de 800 000 personnes arrivées illégalement en tant qu’enfants sur le territoire américain. Si Trump s’en est félicité sur son compte Twitter, la mesure devra être débattue au Congrès, et un compromis sur un sujet si clivant apparaît loin d’être acquis.

Bref, Donald Trump ne peut s’enorgueillir, pour l’instant, d’aucun succès législatif majeur concernant ces deux principales promesses de campagne. La réforme de l’Obamacare semble très mal engagée, quant à la refonte du système migratoire, le plus dur reste à venir. Mais ne généralisons pas trop rapidement, le nouveau président américain a quelques victoires à son actif. Retrouvez donc demain un article sur les grandes réussites des neufs premiers mois de mandat de Président Trump. La bise !