Synthèse de l’actualité de décembre 2014

Bonne année à tous et meilleurs vœux ! Car si 2015 frappe à la porte et que la date couperet des concours se fait toujours plus pressante, Major-Prépa a surtout une chose à vous souhaiter : Puisse le sort vous être favorable #HungerGames !! Mais pour ce faire, il vaudrait mieux disposer de toutes les « cartes en mains »… Alors pour ceux qui ne se sont tenus que partiellement informés en ces fêtes de fin d’année, Major-Prépa leur propose un condensé mensuel de l’actualité. Le site se tiendra à vos côtés tout au long de cette nouvelle année, en vous proposant notamment un tour d’horizon de l’actualité internationale qui vous sera fort utile pour disposer d’une accroche en Histoire Géographie et Géopolitique du Monde Contemporain. N’hésitez pas à liker notre page Facebook https://www.facebook.com/major.prepa?ref=hl. Et rappelez-vous… Sky is the limit !

Croissance insolente, bras de fer avec Pyongyang, sanction contre le Venezuela et reprise des relations avec Cuba… « America is back » !

Aux Etats-Unis les trimestres s’enchaînent et ne se ressemblent pas. Fin septembre c’était un Barack Obama fragilisé par la défaite démocrate lors des élections de mi-mandat que l’on vous décrivait. Aujourd’hui ce même président peut se targuer d’être à la tête d’un pays au dynamisme économique retrouvé : la croissance américaine a en effet atteint les 5% au troisième trimestre, véritable témoignage de l’embellie économique aux Etats-Unis.

Mais c’est que sur les USA ont également été très actifs sur la scène géopolitique mondiale au cours de ce mois de décembre. Déjà les USA qui, depuis le début des années 2000, semblaient s’être affranchis de leur antique politique d’ingérence en Amérique Latine, ont récemment pris des sanctions contre des hauts-fonctionnaires vénézuéliens accusés d’avoir violé les droits de l’homme (plus 43 personnes ont été tués lors d’une manifestation anti-gouvernementale). Et si le Venezuela post-Chavez connait des troubles récurrents (-3% de croissance cette année, pays au bord du défaut de paiement et gangréné par l’inflation ; l’article Major-Prépa sur les difficultés du pouvoir de Maduro depuis la mort de Chavez est disponible au lien suivant : / ), Washington en sanctionnant des haut dignitaires vénézuéliens semblent adresser un message clair à l’Amérique Latine :  les USA entendent toujours jouer un rôle clé dans la géopolitique du continent.

Et le rapprochement entre Washington et La Havane vient corroborer ces dires. Car pour gagner la confiance des pays latino-américains (qui menaçaient de boycotter le sommet des Amériques 2015 de l’OEA si Cuba n’était pas présent), les USA se devaient de faire un geste envers le pays de Raul Castro qui, depuis son arrivée au pouvoir en 2008, a entrepris bon nombre de réformes pour libéraliser Cuba. Fruit de plus d’un an et demi de pourparlers sous la conjointe bienveillance du Pape François et du Canada (participants aux négociations), les relations diplomatiques entre les deux pays ont officiellement été rétablies, des prisonniers politiques ont été libérés, les sanctions économiques contre Cuba ont été en partie allégées (dans l’attente de la levée totale de l’embargo) alors qu’une ambassade américaine devrait ouvrir d’ici l’année prochaine.

Seulement voilà, comme le rappelle un vieux proverbe français, « tout ce qui brille n’est pas or ». Et l’étincelant mois de décembre américain a été terni par une cyber-attaque nord-coréenne qui donna lieu à une cyberguerre entre ces deux puissances atomiques. En effet, en marge de la sortie du film comique de Sony Pictures The Interview (comédie qui traite d’une tentative d’assassinat contre Kim Jong Un orchestrée par la CIA), la Corée du nord a piraté le studio américain. La Corée du nord a ainsi obtenu des informations compromettantes sur les dirigeants du studio avant de les égrener sur internet. Sony, qui a un laps de temps songé à se rétracter, a finalement décidé de sortir le film sur internet et dans quelques salles. Les USA se sont également empressés de répondre à l’attaque de Pyongyang en provoquant une gigantesque coupure du réseau internet et du réseau 3G en Corée du nord. Et si le film a connu un franc succès grâce à cette publicité improvisée, l’affaire est avant tout révélatrice d’un phénomène : comment assurer la cyber-sécurité ? Car il semblerait que même aux pays de la NSA, aucune information n’est à l’abri. Au total, et en raison de son importance économique (secteur des NTIC très lucratif eu égard aux performances d’Apple, espionnage industriel), géographique (internet est le support de la mondialisation, tout passe par cet outil, y compris la globalisation financière, numérique et des firmes), sociale (internet acteur clé du printemps arabe mais aussi de la stratégie de communication des djihadistes de Daech), sécuritaire (quid de nos secrets, de la NSA, de la cyber-sécurité, du cyber-terrorisme) et géopolitique (comme en témoigne ce récent rapport de force entre USA et Corée du Nord, ou encore le fait que la Chine développe au sein de son armée une unité de cyber soldats comme le révèle François Lenglet dans La Guerre des Empires, Chine contre Etats-Unis [Fiche très prochainement disponible sur Major-Prépa]) ; Internet, ce nouvel espace de la mondialisation, ne deviendrait-il pas ainsi un enjeu majeur au carrefour des problématiques géopolitique et économiques actuelles ? Un sujet plus que probable aux concours, bien que difficilement cartographiable (Rappelons qu’en 2006, ESCP proposait déjà en sujet avec carte: « Les innovations scientifiques et techniques dans l’organisation et la dynamique de la mondialisation »).

(Notons que la carte date de 2008 et que si l’Afrique est toujours globalement marginalisée des flux internet malgré les programmes de développement comme EASSY ou encore l’essor de MTN qui fournit bon nombre de clé 3G ; la Chine a, quant à elle, connu entre temps un véritable boom (plus de 600 millions d’internautes selon MC Bergère dans La Chine, le nouveau capitalisme d’Etat, [fiche disponible sur Major-Prépa au / ])

L’Amérique du sud confirme son virage à gauche malgré les difficultés économiques des gouvernements progressistes; alors que la Colombie sort petit à petit de l’agonie.

En Uruguay, les élections présidentielles ont été le théâtre du retour de Tabaré Vazquez qui a succédé au célèbre José Mujica (célèbre notamment pour son style épuré et sa légalisation du cannabis). Le Front Large (coalition entre les partis uruguayens de gauche) se maintient ainsi au pouvoir. Cela vient attester du « virage progressiste » de l’Amérique Latine (Pierre Salama, Les économies émergentes d’Amérique Latine. Entre cigales et fourmis).

Or si les gouvernements progressistes (Venezuela, Argentine, Brésil, Bolivie, Equateur, Uruguay) ont eu le vent en poupe notamment en raison d’une réduction drastique de la pauvreté dans la décennie 2000 (certes le fruit des politiques de redistributions mais surtout du retour de la croissance, conséquence de la reprimarisation de ces économies et de l’émergence des BRICs et de leur appétit pour les Matières premières) ; ils font aujourd’hui face à des difficultés partagées. Car la fin du super-cycle des « commodities » (chute du cours des Matières Premières et notamment du baril de pétrole), la hausse des taux d’intérêt aux USA (qui a eu pour corollaire la chute des IDE vers les pays émergents de manière générale), le tassement de la croissance chinoise et des autres BRICs, et surtout la gestion politique parfois désastreuse dans certains pays (Venezuela et Argentine) couplé aux mouvements sociaux et à l’essoufflement de l’appareil économique (Brésil)  ont eu des effets dévastateurs sur les économies les moins rigoureuses. Car si tous les pays latino-américains ont des croissances extraverties, les pays « libéraux » d’Amérique Latine, tournés vers les USA et le Pacifique et appliquant des politiques orthodoxes, semblent mieux réussir que les pays progressistes, tournés vers l’Atlantique et appliquant des politiques expansionnistes (les estimations de croissance en 2015 sont de 3,8% au Mexique, 3,7% en Colombie, 4,7% au Pérou et 3% au Chili [Bloc pacifique] contre moins d’1% au Brésil, -3% au Venezuela et -1% en Argentine [Bloc atlantique]). On aurait cependant tort de penser que seule la couleur du gouvernement intervient dans la santé économique de ces pays. En effet les prévisions de croissance 2015 pour la Bolivie du progressiste Evo Morales atteignent les 4,5%.

Les FARC ont par ailleurs annoncé un cessez-le-feu unilatéral et permanent en Colombie. Ceci constitue un nouveau pas vers la résolution du conflit qui a commencé il y a maintenant plus de 5 décennies.

East side story ou la chronique d’une agonie économique annoncée en Russie

A l’instar de Maria et Tony dans la comédie musicale West side story, la romance entre Russie et pro-russes ukrainiens semblent mener lentement mais surement les deux acteurs moribonds vers une tragédie annoncée. Car c’est que les sanctions occidentales, couplées à la chute du cours du baril, commencent à avoir l’effet escompté sur l’économie du pays des Tsars. En effet la Russie est asphyxiée par l’inflation, la croissance est en berne et la chute du rouble n’augure rien de bon pour le Kremlin. Vladimir Poutine a tenté d’apaiser la nation avec un gel des prix de la vodka. Cependant ces difficultés économiques ont pour corollaire une recrudescence des violences en Tchétchénie et une dérive autoritaire du pouvoir en place. En effet, des rebelles tchétchènes ont choisi le moment où le pouvoir semble le plus affaiblit économiquement et qui coïncide avec les 20 ans d’anniversaire de la 1ère guerre de Tchétchénie, pour orchestrer une attaque à Grozny qui a tué une vingtaine de personnes. Par ailleurs Vladimir Poutine a arrêté Alexeï Navalny (opposant numéro un au Kremlin), non sans générer des tensions… Et si les problèmes internes entravaient la politique expansionniste russe ?

Quoi qu’il en soit l’OTAN a décidé de ne pas compter seulement sur la conjoncture en Russie. C’est pourquoi l’organisation s’est dotée d’une force intérimaire qui lui permettrait de se déployer rapidement contre la Russie dans les anciennes démocraties populaires (telles que la Pologne) et dans les anciens pays de l’URSS (pays baltes). Cependant l’OTAN ne désire toujours pas accéder à la requête ukrainienne. Le pays voudrait rejoindre l’organisation, mais ce faisant, les pays occidentaux risquent de déclencher l’ire de la Russie et de ce fait un nouveau conflit larvé aux allures de Guerre Froide entre Russie et bloc occidental.

Menace des Talibans, Marée noire, typhons… L’Asie du sud face aux risques

Malgré les prémices d’un accord sur le climat trouvé à Lima, le réchauffement climatique n’accorde aucun répit à la planète. Et les Philippines en ont fait les frais en ce mois de décembre avec un typhon qui a fait plus d’une vingtaine de victimes. Si cet aléa est d’origine naturel il convient de noter que selon le rapport du GIEC, le réchauffement climatique agit sur les risques naturels en renforçant notamment la puissance des typhons.

Le Bangladesh a été touché, quant à lui, par une marée noire catastrophique pour son écosystème. Les 350 000 litres de pétrole font des ravages sur les mangroves, alors que la lenteur de la réponse gouvernementale et l’absence de solidarité régionale voire internationale exaspèrent au plus haut point les Bengalis.

Enfin, Peshawar a, une nouvelle fois cette année, été le théâtre d’un attentat sanglant. En représailles des avancées de l’armée contre son fief, les Talibans pakistanais ont tué 141 personnes dont 132 élèves dans l’attaque d’une école d’enfants de soldats à Peshawar. L’Afghanistan doit elle aussi composer avec les Talibans, mais désormais sans les aides conjointes de l’OTAN et des Etats-Unis qui ont annoncé leur fin de mission militaire. C’est un narco-état profondément meurtri et instable que laisse derrière eux les Etats-Unis ; un autre témoignage de ce que Bertrand Badie appelle « l’impuissance de la puissance ».

« La règle d’or en économie veut que celui qui a l’or fixe les règles » (Erik Izraelewicz, L’arrogance Chinoise)

La Chine, grâce à sa position de monopsone (situation dans laquelle un seul demandeur se trouve en position de force face à un grand nombre d’offreurs notamment en raison de l’attractivité de son marché; phénomène symétrique à celui du monopole), a pu obtenir d’importants transferts de technologie de la part des pays de l’OCDE qui cherchait à avoir accès au marché chinois. Aujourd’hui la Chine est de plus en plus encline à inonder le monde de ses technologies développées en combinant investissements colossaux, transferts de technologie et protectionnisme éducateur. Avant-hier les panneaux solaires (la Chine occupe plus de la moitié du marché contre 0% en 2007), hier les TGV (après avoir obtenu des transferts de technologie de Siemens, la Chine vent désormais des TGV à la Californie et prête même de l’argent [grâce à l’EximBank] à la Californie pour qu’elle puisse se permettre d’acheter les TGV chinois) et aujourd’hui le secteur aéronautique. Le 31 décembre, le premier avion commercial chinois du géant COMAC a été autorisé à voler. Ce moyen-courrier veut se poser comme un concurrent de Bombardier [Canadien] et d’Embraer [Brésilien], tandis que d’ici 2019 la COMAC espère mettre en vol son C919 qui serait un concurrent à Airbus et à Boeing. Aussi la Chine devient-elle un acteur majeur du paysage industriel mondial, de plus en plus encline à fixer les règles.

Politique taïwanaise, japonaise et chinoise… Le nouvel House of Cards asiatique

Les élections japonaises ont vu la tranquille réélection de Shinzo Abe au poste de premier ministre. Arrivé en grande pompe à la tête du Japon avec ses célèbres Abenomics, l’engouement s’est aujourd’hui estompé et le Japon malgré un regain éphémère demeure englué dans la déflation.

A Taïwan, le Guomindang paye cher son récent rapprochement avec la Chine. Le parti a essuyé un cuisant revers électoral perdant au passage cinq des six plus grandes villes taïwanaise. Cette défaite électorale en dit long sur les aspirations du peuple taïwanais : rester indépendant de la Chine, comme c’est le cas depuis la proclamation d’indépendance de Taïwan en 1949, fruit de la fuite de Tchang Kai Chek et du Guomindang vers l’île de Formose.

Enfin la Chine est encore secouée par une affaire de corruption. Cette fois il s’agit cette fois de Zhou Yongkang, un éminent membre du PCC anciennement chargé de la sécurité au comité permanent du bureau politique. Et si les chefs d’accusation sont multiples (manquement à la discipline du parti, prise illégale d’intérêts, corruption passive à grande échelle, délit d’initié et népotisme, divulgation de secrets du Parti et de l’Etat, relations sexuelles illicites multiples), la mise en examen est un évènement car il s’agit du premier responsable de ce niveau destitué pour corruption. Après l’affaire Bo Xilai le PCC poursuit ainsi sa lutte contre la corruption.

Conflit israélo-palestinien… La pression s’accentue sur Israël

Au mois de décembre la France a officiellement reconnu l’existence de l’Etat palestinien, puis le parlement européen a retiré le Hamas de la liste des organisations terroristes et s’est prononcé en faveur du principe de reconnaissance de l’Etat palestinien, accentuant de ce fait un peu plus la pression sur Tel-Aviv pour une résolution pacifique du conflit entre Israël et Palestine. Le décès du ministre palestinien Ziad Abou Ein lors d’une manifestation en Cisjordanie contre la confiscation de terres palestiniennes destinées aux palestiniens et la poursuite de la colonisation de Jérusalem par les Israéliens contribuent toujours plus a isolé Israël qui a assisté, en ce mois de décembre, à la demande palestinienne d’adhésion à la Cours Pénale Internationale ainsi qu’à la proposition d’une résolution à l’ONU visant à mettre fin à l’occupation israélienne en Cisjordanie et donc à impulser d’ici 2017 un retour au frontière de 1967 (précédant la guerre des Six Jours).

Ezékiel SEDAMINOU

Major-Prépa