Synthèse de l’actualité d’octobre 2014

L’heure des premiers concours blancs aurait-elle sonnée ? Repartir du bon pied est dès lors essentiel après ces vacances au combien méritées. Et pour ceux qui ne se sont tenus que partiellement informés, Major-Prépa propose un condensé mensuel de l’actualité. Le site se tiendra à votre côté tout au long de l’année, en vous proposant notamment un tour d’horizon de l’actualité internationale qui vous sera fort utile pour disposer d’une accroche en Histoire Géographie et Géopolitique du Monde Contemporain. N’hésitez pas à liker notre page Facebook https://www.facebook.com/major.prepa?ref=hl. Et rappelez-vous… Sky is the limit !

Timide réélection de Dilma Rousseff à la tête du Brésil au sein d’une Amérique latine hantée par les sporadiques résurgences de la « question sociale »

En cette aube de XXIème siècle, le Brésil qui connait un essor économique sans précédent (aujourd’hui 6ème PIB mondial, juste derrière la France) et un rôle géopolitique croissant (un des pays à l’initiative de la coopération entre les BRICS) est devenu sans conteste « un nouveau grand » (Alain Rouquié). De ce fait, l’élection brésilienne d’octobre 2014 était scrutée de très près par les observateurs. Elle a vu la difficile réélection (à 51,64% des voix) de Dilma Rousseff (Parti des travailleurs) face à Aécio Neves (centre-droit) et ceux malgré les violentes contestations qui ont agité le Brésil avant la Coupe du Monde de football. Les résultats électoraux sont révélateurs d’un profond clivage territorial. En effet le nord-est, principal bénéficiaire de la lutte contre la pauvreté entamée sous Lula et poursuivie sous Rousseff, a voté massivement pour la présidente sortante tandis que la région de Sao-Paulo a voté pour le candidat libéral.

Notons également la tranquille réélection dès le 1er tour d’Evo Morales en Bolivie avec près de 61% des voix. Evo Morales qui avait modifié la constitution pour se représenter entame ainsi son 3ème mandat au sein d’un pays affichant une croissance économique insolente due, en grande partie, à la forte demande en ressource naturelle des pays émergents.

Mais c’est que la question sociale persiste en Amérique Latine comme l’atteste les récentes affaires qui secouent le Mexique. Après Tlatlaya fin juin (exécutions de sang-froid de 22 criminels présumés perpétrés par des forces militaires), Iguala désormais, cette ville de la province du Guerrero (Mexique) où une macabre alliance entre les autorités locales, la police municipale et des cartels de la drogue est responsable du meurtre de 6 personnes et de l’enlèvement de 43 professeurs-étudiants qui manifestaient contre le maire de la ville. Des charniers récemment découverts laissent présager le pire alors que le maire de la municipalité, placé sous mandat d’arrêt, s’est enfui ce qui a contraint le gouverneur fédéral de l’Etat du Guerrero de démissionner après avoir été accusé de complicité. Cette affaire est révélatrice de la persistance de la corruption endémique qui gangrène le Mexique et ce malgré les efforts entrepris par Enrique Peña Nieto depuis son arrivée au pouvoir en 2012.

Ne voyons là pas pour autant une fatalité, en effet l’Amérique Latine panse ses « veines ouvertes » (Eduardo Galeano) notamment en Colombie où le processus de paix initié il y a deux ans entre les FARCS et le gouvernement de Juan Manuel Santos semble commencer à porter ses fruits comme l’atteste les avancées du processus diffusées fin septembre.

Union Européenne : le temps des épreuves

Les dirigeants de l’Union Européenne ont signé un accord sur le climat à l’arraché qui fixe un cap ambitieux pour combattre le réchauffement climatique. Les émissions de gaz à effet de serres devraient être réduites de 40% d’ici 2030 par rapport à 1990 ; les énergies renouvelables devront représentées 27% du mix énergétique et 27% d’économies d’énergie devraient être réalisés. Notons qu’il ne s’agit de rien d’autre que le remplacement du pacte énergie-climat voté en 2009 et qui prévoyait, à l’horizon 2020, 20 % de baisse des émissions de CO2, 20 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique et 20 % d’économies d’énergie. Au total, ne serait-ce pas au fond une simple reculade des objectifs qui semblent trop difficiles à atteindre ?

Les banques européennes (mis à part 25 dont une grande majorité des banques italiennes) ont relevé avec succès le défi des stress tests (test visant à mettre à l’épreuve la réactivité des banques, leur capacité à gérer les crises et donc attester de leur solidité financière). Cette supervision bancaire a pour but d’éviter qu’une crise bancaire se transforme en crise de la dette au sein de la zone euro. Cependant d’aucuns déplorent le manque d’ambition de cette Union bancaire car ils estiment que le mécanisme ne s’attelle qu’à limiter les dégâts d’une éventuelle crise plutôt que de juguler les problèmes à la source à savoir : faire plus d’Europe y compris dans le domaine bancaire.

Tout comme le budget italien, Bruxelles a contraint au régime le budget français qui a été finalement été accepté après des économies estimées à hauteur de 3,6 milliards d’euros. La France et l’Italie font parties de ces pays européens qui militent pour des plans de relance et de soutien de la demande comme le préconisent les néo-keynésiens Krugman, Aglietta ou encore Stiglitz (prix nobel d’économie) afin de sortir l’Europe de la crise (Major-Prépa recommande d’ailleurs le livre de Paul Krugman, Sortez-nous de cette crise… Maintenant).

Par ailleurs Bruxelles réclame 2 milliards d’euros à Londres en raison de la réévaluation de la contribution de chaque Etat au budget européen, somme que David Cameron se refuse de payer au risque d’amendes qui alourdiraient encore plus le montant que le Royaume-Uni devra à l’Union Européenne. Cette contestation se déroule en plein « Brexit » (débat sur le maintien ou non du Royaume-Uni dans l’Union Européenne) d’autant plus que la clause de l’«opting out» permet désormais à Londres de quitter l’UE à tout moment.

L’immigration nourrit également le débat au sein de l’Europe communautaire. Face aux inexorables vagues d’immigration et au lot de tragédie qui les accompagne (3000 morts en méditerranée et 130.000 migrants clandestins depuis le début de l’année 2014), la question de la politique migratoire en Europe devient pressante.

Un parfum de Guerre Froide plane toujours et encore sur l’Europe

En deux jours, 19 avions russes ont été interceptés par les forces de l’OTAN dans la zone d’exclusion aérienne de l’Union Européenne alors que les services de renseignement danois évoquent même une “simulation d’attaque de missiles” contre le pays, qui aurait eu lieu en juin. La politique décomplexée de la Russie de Poutine se poursuit, malgré les sanctions. En effet la France ne cède pas face à la Russie. Le Kremlin qui avait commandé deux Mistrals à la France, voit sa commande suspendue tant que la Russie n’aura pas de rôle « positif » en Ukraine. La Russie, elle, menace de rétorsion.

Moyen Orient : vers l’enlisement ?

Alors que la communauté internationale a promis de débloquer 5,4 milliards de dollars pour la reconstruction de Gaza ce sont les djihadistes de l’EI (aussi appelé Daech) qui continue d’attirer l’attention au Moyen Orient.

Daech (autre appellation du groupe djihadiste de l’Etat Islamique) poursuit son offensive en Syrie et au Liban. Daech s’en prend au Hezbollah (groupe terroriste chiite) au Liban et cherche à marcher sur Kobané (Syrie) en prenant pour cible la minorité Yézidis (communauté Kurdophone) au grand dam de la minorité Kurde, majoritaire dans cette région. Daech poursuit ainsi son avancée et ceux malgré l’intensification des frappes de la coalition internationale. De son côté la Turquie est critiquée pour son attitude attentiste par rapport à Daech.

Mouvement des parapluies à Hong Kong : Mauvais temps sur la Chine de Xi Jinping ?

Le mouvement des parapluies (manifestations en faveur de plus de démocraties) continue d’inquiéter Pékin. De violents heurts ont éclaté entre les forces de l’ordre et les manifestants. Cette rébellion pro-démocratique vient titiller un PCC en quête d’une nouvelle légitimité comme le rappelle Marie-Claire Bergère dans La Chine, le nouveau capitalisme d’Etat  (Fiche disponible sur Major-Prépa, /)

Amérique : Le Canada évite la tragédie, Barack Obama affaibli au moment où le monde a besoin des Etats-Unis

Le Canada a été atteint par deux attaques terroristes. Au Sud de Montréal, un présumé djihadiste a tué un militaire tandis qu’à Ottawa, c’est le parlement qui a été attaqué en plus d’un militaire tué. Ces attaques poussent le Canada à renforcer sa lutte contre le terrorisme.

Cet évènement intervient en pleine contestation du leadership américain. En effet Barack Obama qui doit faire face aux élections de mi-mandat apparaît considérablement affaibli selon les observateurs. Pourtant le bilan de sa politique intérieure semble positif (réforme de la santé, réglementation de la finance, baisse du chômage, retour de la croissance, retrait des troupes d’Irak et d’Afghanistan, renforcement du droit des femmes,…) mais l’exaspération américaine contre la classe politique (radicalisation du clivage républicain/démocrate, crise politique avec notamment la Fiscal Cliff,…) désert le président américain d’autant plus que sa  « normalité » apparente et sa politique extérieure sont vivement critiquées tant le président semble dépasser par les nouvelles menaces mondiales (Politique extérieure agressive de la Russie, Ebola, Daech,…). Ainsi l’exercice de la puissance a considérablement changé sous Obama (les USA ne sont plus que rarement en première ligne, telle est la stratégie du Leading from behind…) si bien qu’à l’heure des élections de mi-mandat une question demeure : Les USA sont-ils encore la Nation indispensable au monde ?

Victoire moderniste en Tunisie, Ebola continue à se propager, et après 27 ans au pouvoir, Blaise Compaoré a démissionné sous la pression de la rue

La Tunisie a connu des élections législatives bien calmes, témoignage d’une réelle sortie de crise post-printemps arabe et d’un renouveau du pays dont la croissance repart (2,8% en 2013). Les élections ont vu la victoire des modernistes de Nida Tounes (Parti séculier). Selon le quotidien Jeune Afrique, ces législatives, qui vont être suivies par une présidentielle le 23 novembre, doivent enfin doter la Tunisie d’institutions pérennes près de quatre ans après la révolution qui mit fin en janvier 2011 à la dictature de Zine El Abidine Ben Ali.

Ebola poursuit sa dance meurtrière en Afrique de l’ouest. L’épidémie s’est transformée en pandémie avec un taux de létalité (les chances de mourir si on est atteint par la maladie) qui reste supérieur à 50% en Afrique notamment du fait de la lenteur de l’accès au soin (solution de réhydratation est aujourd’hui le meilleur moyen de lutter contre les symptômes en attendant la création d’un vaccin), ou encore de la faiblesse des infrastructures (en Europe les personnes supposées atteintes par Ebola sont mises en quarantaines dans des chambres individuelles, en Afrique elles sont rassemblées dans une même pièce ainsi, lorsque certains sont déclarés négatifs à la maladie lorsqu’il reparte  chez eux ils ont de grandes chances de développer la maladie étant donné la longue exposition qu’ils ont eu avec le virus pendant leur quarantaine. Par ailleurs les rites funéraires sont d’autres vecteurs de propagation de la maladie. Au total, plus de 5 000 africains sont morts sur 10000 personnes infectées par le virus.

Au Burkina Faso, le président Blaise Compaoré au pouvoir depuis 1987 voulait réformer la constitution afin de briguer un 5ème mandat. Cependant sous la pression de la rue, le président burkinabé a annoncé le 31 octobre dans un communiqué de presse sa démission et la vacance du pouvoir. Le président déchu est parti se réfugier à Yamoussoukro (Côte d’Ivoire). L’armée se porte garante de la transition politique jusqu’à de prochaines élections. Après les chutes des Khadafi (au pouvoir en Libye de 1969 à 2011), Ben Ali (au pouvoir en Tunisie de 1989 à 2011), Moubarak (en Egypte de 1981 à 2011), Compaoré au pouvoir depuis 1987 chute à son tour… Ne serait-ce pas là les prémices annonciatrices de la fin des régimes héréditaires en Afrique ? Des avertissements pour Teodoro Obiang Nguema (au pouvoir en Guinée équatoriale depuis 1982), Idriss Deby (au pouvoir au Tchad depuis 1990), Paul Biya (dirigeant camerounais depuis 1982), Denis Sassou-Nguesso (au pouvoir au Congo de 1979 à 1992 et de 1997 à aujourd’hui), pour la dynastie Bongo (Omar Bongo était président gabonais de 1967 à 2009, son fils Ali Bongo lui a succédé), ou encore pour la dynastie Eyadema (au pouvoir au Togo depuis 1967 pour le père et depuis 2005 pour le fils).

Major-Prépa rend hommage à l’ancien dirigeant de Total, Christophe De Margerie décédé dans un accident d’avion

 

Ezékiel SEDAMINOU

Major-Prépa