Synthèse de l’actualité de Novembre 2014

Le basculement du monde, mythe ou réalité ? L’actualité internationale du mois de novembre nous fournit des clés de réponse. Alors pour ceux qui ne se sont tenus que partiellement informés, Major-Prépa propose un condensé mensuel de l’actualité. Le site se tiendra à vos côtés tout au long de l’année, en vous proposant notamment un tour d’horizon de l’actualité internationale qui vous sera fort utile pour disposer d’une accroche en Histoire Géographie et Géopolitique du Monde Contemporain. N’hésitez pas à liker notre page Facebook https://www.facebook.com/major.prepa?ref=hl. Et rappelez-vous… Sky is the limit !

L’inexorable montée en puissance de Zhong Guo (l’Empire du milieu)… Mais que veut la Chine ? (François Godement)

Selon l’IHS Jane’s Defense (société d’études de défense britannique), la Chine serait en train de construire une piste d’atterrissage sur un des récifs des îles Spratleys. Ces îles sont revendiquées par la Chine, Taïwan, le Vietnam, la Malaisie, le Brunei et les Philippines. Cet archipel est un des épicentres maritimes des tensions géopolitiques en Asie pacifique avec le récif de Scarborough (administré par les Philippines mais revendiqué par la Chine, l’Indonésie et Taïwan), les îles Paracels (revendiquées par le Vietnam, contrôlées par la Chine), les îles Pratas (administrées par Taïwan mais revendiquées par la Chine), les îles Senkaku/Diaoyutai (orthographe Japonais/orthographe Chinois, îles revendiquées par la Chine et le Japon), les îles Kourilles (administrées par la Russie, revendiquées par le Japon) et les îles Takeshima (revendiquées par la Corée du Sud et le Japon).

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Mais pourquoi la Chine cherche-t-elle tant à contrôler les mers de Chine méridionale et de Chine orientale ?

Pour des raisons commerciales : 90% du commerce extérieur de la première puissance commerciale traverse cette région, la Chine cherche donc à sécuriser cette route en y ayant des positions privilégiées.

Pour des raisons géo-économiques : conformément à la loi des 200 miles marins adoptée en 1982 à Montego Bay, acquérir de telles îles permettrait à la Chine d’étendre sa ZEE (zone économique exclusive). Ceci est d’autant plus intéressant que la zone est riche en guano, en ressources halieutiques et en hydrocarbures.

Pour des raisons géopolitiques et géostratégiques : la Chine rêve de redevenir l’Empire du milieu, pour ce faire elle se construit un important arsenal militaire et cherche à créer des bases maritimes, relais de sa puissance, dans les mers d’Asie pacifique afin de bénéficier du Sea Power. Au total, la montée en puissance chinoise a pour corollaire la consolidation de ses positions maritimes et l’élaboration d’un collier de perles (réseau de bases navales pour sécuriser l’approvisionnement en pétrole).

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Le collier de perles chinois

Mais la Chine aurait tort de cantonner sa montée en puissance à la construction d’un hard power. Car en suivant l’analyse de Joseph Nye dans Bound to Lead, la dissuasion nucléaire et l’équilibre de la terreur qui en découle rendent bien plus difficile l’usage de la force armée dans les rapports de puissance qui se voient donc logiquement traduits dans la grammaire de l’influence et de la diplomatie. C’est en ce sens que la Chine a accueilli le sommet de l’APEC à Pékin le 10 novembre 2014. Devenir un acteur incontournable sur la scène géopolitique mondiale: telle est l’ambition de la Chine de Xi Jinping.

Entre espoirs et difficultés, l’automne mouvementé des économies émergentes latino-américaines (Pierre Salama)

Comme un symbole de l’intérêt croissant de l’Amérique Latine aux yeux de la Chine; Zhang Dejiang, le plus haut législateur chinois, a effectué une tournée fructueuse à Lima (Pérou), à Bogota (Colombie) et à Mexico (Mexique) afin de renforcer les relations et la coopération bilatérale entre la Chine et l’Amérique Latine. Plus tôt en novembre, Henrique Peña Nieto (président mexicain), avait lui-même effectué une visite officielle en Chine. Vers des relations sud/sud renforcées ?

Mais le Mexique d’Henrique Peña Nieto est toujours secoué par l’affaire de la disparition des 43 étudiants dans l’Etat du Guerrero. La société civile pointe d’ailleurs du doigt la lenteur de la réaction du gouvernement et son incapacité à résoudre la crise. HPN a ainsi décidé de s’attaquer à la corruption des autorités locales au sein d’un pays gangréné par le népotisme et le clientélisme. Selon lui «après l’affaire d’Iguala, le Mexique doit changer ». Ces récentes déclarations seront-elles accompagnées d’actions effectives?

En Colombie les FARCS (Forces armées révolutionnaires de Colombie) ont décidés de libérer deux otages et pourraient même prochainement libérer un général de l’armée colombienne. Ces libérations sont le prélude de la poursuite des négociations de paix, débutées en novembre 2012 (elles ont vu des accords sur une réforme agraire, sur l’intégration des rebelles à la vie politique colombienne et sur la lutte contre la production et le trafic de drogue). Le processus de paix pourrait aboutir si le gouvernement et les FARCS trouvent un accord sur l’indemnisation des victimes et sur la question du désarmement. De bonne augure pour la Colombie, résolument émergente comme en témoigne l’essor économique de la ville de Medellin ?

Mais tout n’est pas au mieux en Amérique Latine, le Venezuela est victime de la malédiction des matières premières (les hydrocarbures représentent 96% des entrées en devise au Venezuela) alors que la transition post-Chavez demeure chaotique (voir article Major-Prépa, /). Maduro fait aujourd’hui face à de nouvelles difficultés. En effet, en raison de la chute des cours du pétrole (devant l’essor de pays exportateur de pétrole, l’offre est bien trop importante par rapport à la demande, les prix sont donc tirées à la baisse puisque l’OPEP refuse de produire moins), Nicolas Maduro a été obligé d’effectuer de sévères coupes budgétaires qui se matérialisent notamment par une diminution des salaires des fonctionnaires. Or c’est qu’au Venezuela, les excédents générés par le pétrole étaient si importants que malgré la gestion catastrophique, les prestations sociales permettaient de contenter la population. Avec une réduction du pouvoir d’achat des ménages dans un pays frappé par l’inflation, le compromis social (déjà fragilisé par la mort de Chavez et la politique inconséquente de Maduro) réussira-t-il à perdurer ?

L’austérité est également le maître-mot au Brésil. Après la fronde sociale qui précéda la coupe du monde 2014 et qui eut lieu en raison du renchérissement de la vie engendré par la compétition internationale, Dilma Rousseff a prédit de nouvelles mesures de rigueur budgétaires qui auront un impact direct dans le pouvoir d’achat de la société brésilienne. Avec la nomination de l’économiste orthodoxe Joachim Levy à la tête du ministère des finances, Dilma Rousseff veut en fait assainir les comptes publics, relancer la production et juguler l’inflation afin de rétablir la confiance des investisseurs au sein d’un Brésil en panne de croissance et fort d’une industrie qui commence à licencier.

L’après-Compaoré, la fièvre Ebola, la plaie Boko Haram, les élections tunisiennes, le nucléaire iranien… Afrique et Moyen-Orient : ce qu’il faut retenir.

Au Burkina Faso, après 27 ans au pouvoir, Blaise Compaoré a été contraint de démissionner suite à la forte contestation populaire qui a suivi sa volonté de modifier la constitution afin de se représenter en 2015. Le diplomate Michel Kafando devient président par intérim alors que le lieutenant-colonel Isaac Zida, qui s’était auto-proclamé chef d’Etat à la chute de Blaise Compaoré, a été nommé premier ministre.

En Tunisie, après la victoire du parti anti-islamiste de Nidaa Tounès aux legislatives d’octobre 2014, c’est le candidat de ce même parti, Béji Caïd Essebsi, qui est arrivé en tête du premier tour des présidentielles tunisiennes. La Tunisie hier secouée par la révolte du Jasmin, semble aujourd’hui renouer avec la stabilité politique, économique et sociale comme en témoigne son taux de croissance de 2,8% en 2013 (Source : Banque Mondiale)

Les pourparlers sur le nucléaire iranien sont au point mort. Les points d’achoppement sont la levée totale des sanctions qui pèsent sur Téhéran et les capacités iraniennes d’enrichissement en uranium (rappelons que pour usage civil, l’uranium nécessite d’être raffiné à 5% tandis que pour usage militaire, il doit l’être à 90%).

Boko Haram poursuit ses intimidations et sa valse meurtrière au Nigéria. Le groupe terroriste, a été l’auteur de plusieurs attentats suicides, contre des Chrétiens… mais aussi contre des musulmans dans la mosquée de Kano tuant près de 120 Nigérians. Cet attentat est révélateur du caractère secondaire des revendications religieuses. Le groupe terroriste semble avant tout diriger par des Seigneurs de guerre qui cherchent avant tout à s’accaparer les richesses et le pouvoir, en prétextant des motifs religieux pour se donner bonne conscience et en commettant les pires exactions comme le trafic d’êtres humains.

Enfin, un premier vaccin contre Ebola développé aux Etats-Unis a été jugé prometteur après test sur des volontaires. Rappelons que la pandémie a déjà causé la mort de plus de 5000 personnes essentiellement situées au Libéria et en Sierra Leone.

Barack Obama en difficulté

Les élections de mi-mandat aux USA ont vu la victoire des républicains. Le démocrate Barack Obama devra ainsi composer pour la fin de son mandat avec une chambre et un sénat majoritairement acquis à la cause républicaine.

Or c’est que le président américain cherche à créer un dispositif temporaire qui permettrait la régularisation immédiate de millions de clandestins présents sur le sol américain depuis plus de 5 ans, sans passé judiciaire et dont les enfants possèdent des documents officiels. Mais cette mesure ne semble pas être au goût des républicains.

Barack Obama, résolument en difficulté, doit également faire face à de violentes émeutes qui secouent la ville de Fergusson après la décision judiciaire (jury composé de 9 blancs et de 3 afro-américains, pour une ville composée d’afro-américains à 70%) de ne pas poursuivre Darren Wilson, ce policier blanc qui avait abattu de sang-froid Michael Brown, un jeune adolescent afro-américain désarmé.

La mondialisation, menaces et opportunités

Le réchauffement climatique s’est encore invité dans l’actualité de novembre 2014. Le dernier volet du rapport du GIEC met en évidence le fait que l’homme est bel et bien responsable du changement climatique (pour les matheux et statisticiens, les chercheurs sont sûrs de cette information avec un niveau de confiance de 95%). Sans une réduction de 70% des émissions mondiales de CO2 d’ici 2050 les températures augmenteraient de plus de 2°C d’ici là. C’est dans ce sens que la Chine et les Etats-Unis ont décidé de signer un accord sur le climat afin de réduire leurs émissions de gaz à effet de serres.

A Brisbane en Australie, le G20 s’est réuni afin de lutter contre la fraude et l’évasion fiscale, encourager les investissements et pour relancer la croissance au niveau mondiale.

Cette volonté de croissance mondiale pourrait être favorisée par l’OMC qui semble progressivement sortir de l’impasse. A Genève, les 160 Etats membres se sont mis d’accord pour relancer le cycle de négociation bloqué et mettre en œuvre l’accord de facilitation des échanges conclu à Bali en novembre 2013. Roberto Azevedo, serait-il l’homme providentiel pour réactiver un multilatéralisme déclinant dans ce contexte globale qui favorise les relations bilatérales ou encore le protectionnisme exacerbé ?

Une Europe dans l’impasse, une U.E. à réaction et un retour en politique entériné pour Nicolas Sarkozy

En Ukraine les séparatistes se maintiennent au pouvoir à l’est dans un simulacre d’élection sous la menace des chars russes qui a vu la victoire du prosoviétique Igor Plotiniski dans la république autoproclamée de Donetsk. L’Europe a ainsi décidé d’élargir ses sanctions, si bien que la France a décidé de ne pas livrer jusqu’à nouvel ordre les Mistrals commandés par la Russie. Le Kremlin est de plus en plus isolé, comme en témoigne l’accueil glacial réservé à Vladimir Poutine lors du sommet du G20. Les sanctions économiques commencent à peser sur la Russie où l’inflation dépasse les 8% alors que la chute des cours du pétrole réduit considérablement les apports en devises pour le pays.

L’Union Européenne, pour sa bureaucratie pléthorique et pour son immobilisme par rapport à la situation migratoire en méditerranée, a été comparée à une grand-mère par le Pape François, qui visitait le parlement européen à Strasbourg fin novembre. Par ailleurs, face à la menace de déflation, Claude Juncker promet un plan d’investissement en U.E. pour favoriser la relance économique.

Enfin en France, Nicolas Sarkozy a été élu président de l’UMP à 64,5%. La primaire, constitue la dernière étape à franchir avant les présidentielles. Le président de l’UMP devrait être opposé à François Fillion, Alain Juppé, Xavier Bertrand et Bruno Le Maire.

Ezékiel SEDAMINOU

Major-Prépa