Si l’épreuve de management HEC a été beaucoup plus surprenante et longue que d’habitude, le sujet d’économie-droit était, dans son ensemble, beaucoup plus abordable que ceux des années précédentes. En droit notamment, que ce soit pour les cas pratiques ou pour la veille, les concepteurs ont exigé des connaissances relativement bien connues de la part des candidats avec des situations juridiques qui sont souvent tombées les années précédentes et qui n’étaient donc en aucun point déstabilisantes. Cependant, lorsque le sujet est abordable, il l’est donc pour tout le monde. Dès lors, les correcteurs seront d’autant plus exigeants et seuls les candidats qui auront su apporter l’ensemble des connaissances exigées parviendront à obtenir les meilleures notes.

 Une partie juridique où l’erreur et l’oubli seront impardonnables

Comme d’habitude, il y avait 3 situations juridiques différentes concernant une entreprise. Et les situations proposées étaient loin de faire dans l’originalité : La première concernait la responsabilité délictuelle suite à un dommage causé à une autre entreprise par un salarié. La responsabilité des commettants du fait des préposés était alors à mobiliser. La deuxième concernait la rupture du contrat de travail à l’initiative de l’employeur sous forme de licenciement. Il fallait alors bien distinguer les deux licenciements envisagés par l’entreprise : celui pour motif personnel des deux salariés pour leur faute (faire un barbecue dans l’entreprise, sérieusement les gars vous avez pas de maison ou quoi ?) que l’employeur considérait comme une faute lourde et celui pour motif économique. Il convenait alors non seulement de discuter du fondement du recours au licenciement pour motif économique, mais également du statut de la faute des licenciements pour motif personnel, car bien que débile, les salariés ne semblent pas avoir agi dans l’intention de nuire à l’entreprise, la faute s’apparentant donc plus à une faute grave que lourde. Enfin, la dernière concernait une situation relativement classique de concurrence déloyale. Il fallait donc relever chacun des dommages subis par l’entreprise ainsi que l’ensemble des faits générateurs pour montrer que l’entreprise pouvait engager une action pour concurrence déloyale.

Toutes ces situations sont déjà tombées auparavant, et vous avez surement dû les travailler maintes fois durant votre classe préparatoire. Les correcteurs seront donc intransigeants sur les connaissances, l’analyse du problème juridique et la solution.

En ce qui concerne la veille juridique, nous l’avons répété à chaque fois que nous faisions un article sur le sujet, celui-ci sera sûrement votre thème de l’année mis en relation avec un point clé du programme. Et devinez ce qui est tombé « Existe-t-il une responsabilité juridique de l’entreprise à l’égard de ses salariés ? ». Un candidat qui avait donc suivit nos conseils, c’est-à-dire préparer une veille qu’il connaît presque par cœur sur chacun des points clés du programme avait donc son plan et ses références juridiques toutes prêtent concernant la RSE et le contrat de travail et pouvait faire une veille parfaite en une demie heure, lui donnant ainsi du temps pour se consacrer sur les autres épreuves. Concernant les références, on pensera forcément à citer l’adoption du devoir de vigilance le 23 février 2016 qui oblige les grandes entreprises à recenser les risques encourus par leurs salariés sur leur site de production et à mettre des plans d’actions pour les éliminer, ou encore à l’adoption de la loi « Egalité et citoyenneté » le 28 Décembre 2016 obligeant les entreprises de plus de 50 salariés à faire suivre à leurs recruteurs une formation anti-discrimination. Un plan tout simple pouvait alors être mobilisé : les obligations de l’entreprise dans le recrutement de ses salariés, puis dans leurs relations dans la vie de l’entreprise.

Une partie économie originale qui sera discriminante

Avec une partie juridique aussi abordable, ce sera donc l’économie qui fera le tri. Si la synthèse n’était point difficile, avec des annexes qui mettaient clairement en évidence que l’économie numérique, notion en plein essor mais encore plutôt obscure, bouleversait le rapport au salariat et que les conséquences négatives, notamment sur le marché du travail, provenaient principalement du fait que la France la perçoit comme une menace, et non comme une opportunité à saisir, la QRA, elle, risque de jouer un rôle bien plus important que d’habitude dans la note finale. En effet, cette année, le sujet ne portait pas directement sur un point clé du programme. Certes, il y a la croissance dans le sujet (ce qui est assez surprenant puisque cela fait deux années de suite qu’un sujet y fait explicitement référence), mais la notion centrale était celle d’économie numérique, et il était demandé si celle-ci était en train de créer une nouvelle phase de la croissance. Le plus grand piège qui vous guettait était de piocher dans la synthèse. Lourdement sanctionnée, cette erreur était d’autant plus tentante que vos connaissances sur l’économie numérique sont sûrement assez limitées, ne serait-ce que pour le travail de définition. LE piège serait alors de redire des éléments de la synthèse : si vous dites que l’économie numérique est une notion encore assez floue, vous faites clairement allusion au document 1, et vous tirez par conséquent une balle dans le pied. L’autre piège dans lequel il ne fallait pas tomber, c’était de se raccrocher une notion que l’on connaît et de la substituer à celle d’économie numérique, c’est-à-dire l’innovation. Certes, c’est un élément que l’on devait aborder, mais en aucun cas le sujet n’était « l’innovation peut-elle relancer la croissance ? ». Enfin, la notion la plus importante n’étant pas un point du programme, la culture générale du candidat sera surement ce qui fera la différence. Ici, mentionner l’ubérisation de l’économie semble inévitable, et la longue lutte des chauffeurs de taxi contre l’application illustrait parfaitement la réticence de la France face à ce phénomène de transition numérique, tout comme la proposition de Benoit Hamon de taxer les robots dans son programme.

Un plan possible serait donc de montrer que d’une part, pour que l’économie numérique soit à l’origine d’une nouvelle phase de croissance, c’est que la croissance actuelle est à la peine, notamment en France où l’on est un des seuls pays développés à ne toujours pas s’être remis de la crise de 2008 et encore embourbé dans une stagflation séculaire. Le modèle de Solow était alors mobilisable. De fait, l’économie numérique serait donc le moyen de relancer une croissance à la peine depuis des années (les grappes d’innovations de Schumpeter) et qu’il fallait adopter la société à cette nouvelle économie (le revenu universel par exemple serait un moyen de compenser la disparition de certains emplois), et non tenter de repousser l’inévitable.

Au final, cette épreuve était largement abordable et saura récompenser les plus sérieux d’entre vous qui, en plus de connaissances pertinentes, auront su traiter l’ensemble du sujet, ce qui était faisable grâce à une partie juridique qui sentait quelque peu le réchauffé.