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Analyse du sujet

Ce sujet d’histoire, géographie et géopolitique de l’ESSEC ne ressemble guère à ceux auxquels l’école nous avait habitué. Contrairement aux habitudes des concepteurs, ce sujet de longueur modérée ne faisait appel à aucun terme technique inhabituel. Les termes de « développement » et de « guerre » se trouvent dans les définitions classiques des candidats bien préparés. Seul le terme « Afrique » doit être compris de manière exhaustive en faisant appel aussi à l’Afrique du Nord. De même, les bornes historiques retenues n’ont pas dû poser de grande difficulté. Elles incitent à inscrire la réflexion dans le temps long puisqu’elle doit débuter à l’aube des principales indépendances. S’il était possible de traiter l’immédiat après-guerre pour éclairer le tiers-mondisme, les analyses approfondies sur la première moitié du XXème siècle se condamnaient au hors-sujet. Dans ce cas de figure, la sélection entre les candidats ne peut s’effectuer que sur la finesse de l’argumentation et la profondeur des connaissances.

Problématisation 

Pour des croyances superficielles, l’indépendance des nations africaines est une promesse de développement. Fondé en raison à bien des égards, l’anti-colonialisme des peuples entend réaliser et la démocratie politique et le développement humain. Or, sur ce point, le continent africain reste encore le moins développé du monde aujourd’hui (chiffres IDH). Il sera même appelé à faire face à des défis d’envergure auxquels il n’est pas encore préparé (démographie, urbanisation, environnement). Les raisons de son retard apparaissent bien connues. Il peine parfois à établir une architecture étatique (Soudan ou Sierra Leone). Il accuse des manques d’infrastructures (santé, éducation, transport). Il concentre une importante pauvreté et de fortes inégalités (famines et « gated communities »). La guerre est souvent vue comme la cause principale, sinon l’unique cause, de ce manque de développement. Outre qu’il existe plusieurs formes de guerres en Afrique, aux effets distincts sur son développement, l’absence de conflit n’est pas forcément synonyme de développement. Dans quelle mesure les guerres permettent-elles d’expliquer l’insuffisant développement du continent africain ?

Eléments structurés pour le 1/

L’insuffisance de développement représente l’une des causes des conflits armés (appropriation des ressources naturelles comme le pétrole dans l’enclave de Cabinda ou les minéraux au Nord Kivu). Or, davantage encore lorsqu’ils sont civils, les conflits armés causent en retour un moindre développement de pays africains (cas emblématique de la Côte d’Ivoire de 2002 à 2010). Ceci peut anéantir toute forme d’optimisme dans le continent pris dans une spirale de guerre et de sous-développement (décennie du chaos, cas type de la Somalie).

Eléments structurés pour le 2/

Certes, la capacité à construire la paix peut favoriser le développement (Afrique du Sud) parfois au prix de régimes dictatoriaux (Egypte). Elle ne saurait toutefois suffire à le garantir complètement (inégalité régionale de développement comme au Sénégal ou inégalité sociale de développement comme au Maroc). Ainsi, les enjeux de développement résultent en réalité de facteurs multiples qui ne se résument pas qu’à la sécurité (position géostratégique, gouvernance de l’Etat, interventions étrangères).

Eléments structurés pour le 3/

Aujourd’hui, l’Afrique se trouve confrontée à des enjeux pressants, et croissants, pour créer un développement durable (chiffres de croissance récents, pression démographique, question environnementale). En ce sens, la réalisation de la paix est une condition importante voire sine qua non dans cette perspective (échelon local pour le Golfe de Guinée au Nigéria, échelon national pour la Lybie, échelon international avec le rôle de l’UA). Pour autant, les situations contrastées appellent des réponses différenciées qui dépassent le simple enjeu de la paix (cas du Soudan du Sud à comparer avec l’Afrique du Sud).

Matthieu ALFRE

Ancien élève du Lycée Kléber de Strasbourg, Matthieu Alfré est aussi titulaire de trois diplômes de master : HEC Paris, Sciences Po Paris et la Sorbonne. Au terme de ses études, il part autour du monde en solitaire pendant deux ans dans le cadre du projet « Faire de sa vie une aventure ». Aujourd’hui, il a fait le choix de se consacrer à ses passions qui sont l’éducation et l’aventure.

Sa page auteur : https://www.amazon.fr/Matthieu-Alfr%C3%A9/e/B01FW7BRSO