Alors que les épreuves écrites des concours approchent à grand pas, nous avons décidé de nous intéresser à la manière dont étaient notées les copies, et plus précisément aux différences de notations induites par le niveau des candidats de votre centre d’examen.

La question peut se formuler de la manière suivante : « A production égale, une copie aura-t-elle la même note si elle se retrouve au milieu de bonnes copies ou de copies de niveau médiocre ? »

Une science très intéressante s’intéresse à ce problème épineux : il s’agit de la docimologie. Cette science vise notamment à étudier la manière dont les notes sont données lors d’examens et de concours (si si, ça existe, vérifiez sur Wikipédia si vous ne me croyez pas !). L’une des sous-disciplines de la docimologie est celle qui s’intéresse aux conditions de l’évaluation. On distingue principalement deux effets :

  • L’effet de halo : celui qui fait que pendant votre prépa, le major qui se plante a une meilleure note qu’un étudiant de fin de classe qui a mieux réussi que d’habitude, à production égale. Cela est du aux a priori du professeur qui connait ses élèves. Cet effet ne nous intéresse pas ici, puisque les copies sont censées être anonymes.
  • L’effet de contraste :  celui qui fait qu’à production égale, une copie reçoit une moins bonne note si elle se trouve entre des copies de haut niveau, et inversement. C’est cet effet qui nous intéresse.

De très nombreux experts en docimologie ont mené des recherches sur cet effet de séquence (autre nom de l’effet de contraste) et leurs conclusions sont pour le moins surprenantes ! Nous allons ici simplement reprendre une expérience menée par Jean-Jacques Bonniol, fondateur et ancien directeur du département des sciences de l’éducation à l’Université de Provence, Aix-Marseille.

Son expérience consiste à présenter des devoirs à 18 correcteurs divisés en deux groupes de 9. Le barème de notation est le suivant : 4 pour une copie jugée « très bien », 3 pour une copie jugée « bonne » et 2 pour une copie jugée « médiocre ». Chaque correcteur de chaque groupe reçoit 15 copies, dont trois communes notées 3.  Pour le premier groupe, ces 3 copies sont intercalées parmi 12 copies ayant obtenu 4 et pour le second,  ces 3 copies sont intercalées parmi 12 copies ayant obtenu 2. Les effets sont dantesques : la moyenne des trois copies est passée de 3 à 2,4 dans le premier groupe et cette moyenne est passée de 3 à 3,87 dans le deuxième, c’est-à-dire qu’elles étaient presque toutes jugées très bonnes par les 9 correcteurs !

A l’aulne de ces résultats, même si les écarts constatés au concours demeurent plus faibles dans la mesure où les paquets ne sont pas si hétérogènes, s’éloigner des centres d’examens ayant le plus de très bonnes copies est une stratégie payante pour les concours écrits de la BCE. Cet effet est nul à Ecricome où les copies sont brassées à l’unité. Et si la BCE s’inspirait d’Ecricome pour assurer un maximum d’équité entre les candidats ?

Cependant cette stratégie a quelques limites : de très nombreux élèves de grandes prépas passent également leurs concours écrits dans des centres d’examens réputés moins concurrentiels. Ce n’est pas en composant à Reims ou à Caen que vous échapperez forcément aux étudiants des meilleures prépas ! Mais ils seront certainement présents en plus petite proportion qu’à Versailles ou Paris… 😉

Testez votre connaissance de l’actualité : https://major-prepa.com/geopolitique/quiz-dactu-8-15-avril-2016//