Les concours approchant de plus en plus, il devient intéressant de se demander quels sont les thèmes les plus “chauds” en économie. En effet, comme nous sommes déjà mi-février, (et les concours sont dans deux mois!) les sujets sont probablement déjà fixés ou le seront très bientôt. Or, ils font très souvent référence à l’actualité de l’année, ou plus globalement de la période récente ; c’est pourquoi il convient de s’intéresser aux thèmes les plus importants dans la pensée économique récente.

Evidemment, il faut préciser que les sujets ne sont de toute façon en aucun cas devinables, que cette prévision, comme toutes les autres, est seulement subjective et peut être contestée, et enfin que les sujets ne font pas forcément référence à des gros faits d’actualité (par exemple, le sujet d’ESH 2017 à HEC était : ” L’entreprise (depuis le XIXe siècle) peut-elle se passer de l’entrepreneur ? “, ce qui ne peut franchement pas être considéré comme un sujet “chaud”, même s’ils comporte quelques éléments d’actualité). Dans cette perspective, il est indispensable de réviser tous les chapitres avec assiduité, même ceux qui semblent ne jamais tomber (sociologie, je pense à toi). Imaginez au contraire l’avantage que vous pourriez prendre sur un sujet inattendu ! Bref, révisez tout, ces concours sont un évènement majeur de votre vie, donc ne prenez pas de risques en faisant des impasses (vraiment, c’est impensable).

Voici toutefois les éléments sur lesquels on peut vouloir s’attarder un peu plus.

Les chapitres de première année

Ceux-ci sont très souvent négligés par les candidats. Ainsi, le rapport HEC 2017 note que : “certains candidats ont des souvenirs très imprécis de leur programme de première année.

Il est vrai que les thèmes abordés en première année tombent moins souvent que les autres : la mondialisation notamment, mais aussi le rôle de l’Etat, ou encore les déséquilibres économiques (tous des chapitres de deuxième année) semblent beaucoup plus intéresser les concepteurs de sujets. Pourtant, cela arrive parfois. Ainsi, depuis 2010, des chapitres qui mobilisaient clairement les chapitres de première année sont tombés à : HEC 2017, 2015, 2011 ; ESSEC 2015 ; ESCP 2015 (et des notions de première année sont de toute façon mobilisables presque partout!). Au niveau de l’actualité, on peut noter que certains chapitres occupent une part importante, ce qui les rend plus probables au concours :

– La consommation et l’épargne. Pour ce thème, cf. les discussions sur l’ “atonie de la demande” et la stagnation séculaire, la “trappe à liquidité” qu’a plus ou moins connu la zone euro (et surtout le Japon) même si elle est en train d’en sortir, ce qui pose d’ailleurs des questions de politique monétaire, mais j’y reviendrai plus tard. Le thème interroge aussi sur les nouvelles formes de consommation, les inégalités, l’environnement, ou encore le vieillissement démographique (Modigliani par exemple). Je terminerai en notant que ce thème n’est jamais vraiment tombé, alors qu’il est extrêmement riche.

– Les monnaies. Evidemment, ce thème est important à cause de l’ampleur qu’a pris le bitcoin. Toutefois, notons clairement qu’un sujet qui fasse directement référence à cela (comme par exemple “Les monnaies virtuelles“) est plutôt improbable.

– Les entreprises. Mais avec des pincettes, quand même : c’est un thème qui a souvent été négligé, mais les écoles ont subitement commencé à s’y intéresser ces dernières années : en 2011 à l’ESSEC (même s’il s’agissait plus de microéconomie, notamment de deuxième année), mais surtout en 2016 à Ecricome (“Qu’est-ce qu’une bonne gouvernance d’entreprise ?” ; pour certains, heureusement qu’il y avait un deuxième sujet !) et en 2017 à HEC (cf. supra). Jamais deux sans trois ? Ce n’est pas très probable, mais en tout cas, il convient de noter que c’est un thème qui peut réellement tomber.

– Les mutations du capitalisme (y compris la poursuite de la croissance et l’innovation). Parce que c’est un sujet piège, difficile, et que les candidats aiment rarement. En ce sens il permettrait de faire le tri assez facilement. De plus, la stagnation séculaire pose (ou posait, vu que la croissance repart…) son lot de questions quant à l’avenir du capitalisme (est-ce l’arrivée d’un nouveau “mode de régulation” basé sur l’économie de la connaissance ?). Dans sa contribution à l’ “Economie mondiale 2018″ (une publication annuelle qui semble étrangement liée aux sujets qui tombent chaque année, comme je le mentionne ici), M. Aglietta analysait la stagnation séculaire comme phase de transition vers un nouveau capitalisme, une lecture que je recommande, et dont un extrait figure en fin d’article*.

– Le développement durable/la transition écologique. Ici, peu d’arguments suffisent : c’est un des thèmes qui fait le plus l’actualité de l’économie (Trump, COP21, etc.), et un des enjeux les plus importants du XXIème siècle.

Les chapitres de deuxième année

Dans tous les cas, les chapitres de deuxième année sont tous beaucoup plus susceptibles de tomber. Mais, parmi eux, quelques-uns peuvent retenir notre attention :

– La mondialisation. Comme dit plus haut, ce thème est vraiment un classique qui tombe très souvent et qui contient son lot d’actualité perpétuel. Il faut toujours très bien le maîtriser. Attention ! Il peut aussi être donné sous l’angle de la démondialisation, un sujet qui est particulièrement d’actualité aujourd’hui (Trump, Brexit, ralentissement de la progression des échanges internationaux, etc.)

– La globalisation financière, et plus généralement la finance. Ce thème est intéressant, d’abord en tant que sous-partie du thème précédent, mais peut-être surtout parce qu’énormément de questions se posent aujourd’hui sur la finance : à quel degré doit-elle être régulée ? La régulation actuelle est-elle suffisante ? Comment en finir avec les paradis fiscaux ? (à ce propos, l’Europe a pris beaucoup de mesures pour tenter de les réguler dernièrement, ce qui rend le sujet encore plus chaud!)

– La politique monétaire (et la déflation). Ce sujet est absolument d’actualité, tant les conceptions et théories de la politique monétaire ont été renouvelées avec l’apparition des “politiques monétaires non conventionnelles” pour faire face au risque déflationniste dans la zone euro. Mais le sujet est plus large, et implique par exemple les questions de la construction européenne (critères de ZMO notamment).  La politique monétaire était déjà présente dans certains sujets depuis la crise. On notera surtout le sujet de 2009 de l’ESCP (“Les banques centrales ont-elles eu et ont-elles aujourd’hui une influence décisive sur l’activité économique ?“), mais c’était encore un peu tôt pour évaluer l’effet des mesures non conventionnelles, car celles-ci commençaient à peine à être menées par la FED (même si le Japon les avait initiées dans les années 2000). La politique monétaire a également été une référence plus discrète dans d’autres sujets, comme ECRICOME 2011 ou HEC 2009, 2011, 2012 et 2016. Attention donc à bien creuser le sujet, surtout dans son actualité, ce que les profs ne font pas toujours, par “flemme” de mettre à jour leurs cours. Pour ce faire, on ne peut que recommander cette fiche et cet article.

– La politique fiscale, à cause des importantes réformes de Trump, mais aussi les questions sur les paradis fiscaux et la concurrence fiscale dans la zone euro.

Evidemment, répétons-le, tous les chapitres engendrent des sujets susceptibles de tomber, c’est pourquoi de telles prévisions ne peuvent que guider vos révisions en vous rappelant sur quels chapitres il vaut peut-être le coup d’insister un peu plus. Le meilleur moyen d’assurer une bonne note, c’est d’être préparé à tout ce qui peut tomber !

* “(…) Derrière ce qui est appelé la stagnation séculaire s’exprime la tragédie des horizons. Pour la surmonter, il faut envisager des investissements de long terme dans de nouveaux biens, publics comme privés, pour mettre un nouveau régime de croissance sur les rails. Ces biens publics et privés sont complémentaires. Ils influencent les modes de consommation et élèvent en même temps la productivité dans l’ensemble de l’économie, comme l’a montré Barro avec son modèle de croissance endogène (1990). Or,  produire des biens publics par le biais d’investissements de long terme, du local ou global, requiert une préférence de temps qui dépasse les capacités de décision des démocraties représentatives actuelles, encastrées dans des cycles électoraux à court terme et minées par les compromis partisans. Inventer des formes d’organisation politique participatives est le grand enjeu du dépassement des procédures démocratiques héritées des Lumières. Une nouvelle globalisation va se développer sur les transformations politiques, parce que le nouveau régime de croissance se construira sur les biens communs qui ont été dévastés par trois décennies de fondamentalisme du marché. La menace globale la plus inquiétante de ce siècle est le changement climatique. Il est clair que le climat est un bien commun qui concerne l’ensemble de l’humanité. Sa maîtrise implique une nouvelle globalisation libérée du fondamentalisme du marché..”

Un bref historique des sujets en ESH

Année HEC ESSEC ESCP Ecricome
2017 L’entreprise (depuis le 19ème) peut-elle se passer de l’entrepreneur ? « Gagnant en extension, l’Europe perd en intensité ». Que pensez-vous de cette affirmation de François Perroux (1974) ? Le bon fonctionnement d’un marché justifie-t-il l’intervention de l’Etat ? Un Etat doit-il s’inquiéter de l’augmentation de sa dette publique ? / Faut-il lutter contre les inégalités économiques ?
2016 Les Etats ont-ils encore à arbitrer entre le chômage et l’inflation ? La guerre des monnaies La mondialisation peut-elle expliquer les mauvaises performances économiques et sociales d’un pays ? Qu’est-ce qu’une bonne gouvernance d’entreprise ? / Depuis les années 1980, la mondialisation est-elle responsable du chômage dans les pays avancés ?
2015 Institutions et développement depuis le début du 19ème s Croissance et inégalités Peut-on considérer que la concurrence constitue le véritable moteur de la croissance économique ? L’euro : d’où vient-il ? Où mène-t-il ? / La globalisation financière a-t-elle amélioré l’allocation du capital depuis les années 1980 ?
2014 Équité et libre -échange depuis le début du 19ème s Le protectionnisme a-t-il de l’avenir dans une économie de plus en plus internationalisée ? Existe-t-il une fiscalité optimale pour assurer la croissance économique ? A la lumière de l’histoire et de l’analyse économiques, vous vous demanderez s’il est possible d’évaluer l’efficacité des dépenses publiques / Depuis le 19ème, la réussite des pays émergents s’explique-t-elle principalement par leurs dotations factorielles ?
2013 Administrations publiques et compétitivité depuis le début du 19ème s La France face aux mondialisations Le taux de change est-il encore aujourd’hui un bon facteur de compétitivité? Depuis le début du 20ème s, qu’est-ce qu’un bon taux de change ? / Faut-il sougaiter, ainsi que le soutenait JM Keynes, l’ « euthanasie des rentiers » ?
2012 La crédibilité des accords monétaires « L’Europe sera monétaire ou ne sera pas » – Qu’en pensez – vous ? L’inflation est-elle la meilleure des solutions pour résoudre les crises de la dette publique ? Peut-on toujours parler de classes moyennes ? / le progrès technique peut-il être orienté et conduit par la puissance publique ?
2011 Sorties de crise Faut-il combattre les monopoles ? La mondialisation explique-t-elle principalement le rattrapage des pays émergents ? Le chômage est-il dû à la mise en œuvre de politiques inappropriées ? / Les nations ont-elles intérêt à faire appel aux investisseurs étrangers ?
2010 Le rôle de l’or dans l’économie mondiale depuis le 19ème dans une perspective historique Le libre-échange est-il facteur de croissance ? Les unions économiques régionales ont-elles été et sont-elles encore le moyen de contourner le libre-échange ? Qu’est-ce qu’une répartition équitable des fruits de la croissance ? / Commerce international et crises économiques : les enseignements de l’histoire.

Le reste des annales (classées par écoles) se trouve ci-dessous :

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