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Dernier volet de notre analyse exhaustive des rapports de jury des épreuves de Culture Générale. Tu peux également consulter les deux premiers articles : Comment analyser le sujet et comment formuler la bonne problématique.

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I. Le problème de l’érudition et l’emploi judicieux des références

1) Il faut montrer qu’on est cultivé : ça, tout le monde l’a compris !

L’impératif de faire la démonstration d’une bonne culture générale est généralement compris par les candidats : « Les candidats ont su, comme les années précédentes, mobiliser un grand nombre de connaissances et de références, tant littéraires que philosophiques. Les copies véritablement indigentes sont rares » (HEC 2017). Autrement dit, le problème des copies est très rarement le manque de références : vous avez tous compris qu’une dissertation de culture générale vous demandait de montrer que vous connaissiez plein de choses, vous avez su ingurgiter un grand nombre de références culturelles et vous savez les restituer.

2) L’étalage superficiel de culture…

Mais attention ! Dérouler une par une les références sur le thème acquises au cours de l’année n’est pas la bonne solution. Si toutes les copies sont d’un bon niveau d’érudition, ce n’est pas par la quantité que vous vous distinguerez, vous risquez plutôt de faire faire une overdose au correcteur.
On touche là à une des critiques les plus récurrentes dans les rapports de jurys : les candidats ne savent pas utiliser leur références, ils se contentent de les étaler les unes après les autres sans ordre. Dans l’emploi de vos références culturelles, il faut donc absolument éviter plusieurs erreurs.

3) Développer

Quand vous employez une référence quelconque, rappelez-vous toujours qu’elle ne doit pas se substituer à votre exposé, mais simplement le nourrir. Comme le disent les rapports de jurys, « citation n’est pas raison », ou encore : « trop de copies juxtaposent encore des références sans s’interroger sur leur pertinence » (HEC 2016).
Quand vous faites référence à tel passage d’une œuvre philosophique, par exemple, il ne suffit pas de dire que Platon a dit ça, puis de passer à autre chose. Il faut développer la référence, c’est-à-dire montrer pourquoi elle est ici pertinente et en quoi le passage convoqué répond au problème qui vous occupe. C’est la même chose pour toutes les autres espèces de références ! Les rapports de jurys le disent clairement : « Les copies que nous avons valorisées sont donc celles où le candidat s’installe et séjourne dans les références et non celles présentant une juxtaposition de doctrines ou de points de vue sans analyses ni transitions » (EDHEC/ESSEC 2015).

4) Utiliser des références originales

On a vu que vous ne vous distinguerez pas spécialement par l’abondance de vos références. Il faut donc essayer de vous distinguer par l’emploi judicieux de ces références, mais aussi, par ailleurs, par leur originalité. Si vous citez Descartes sur « se rendre comme maîtres et possesseurs de la nature » dans une dissertation sur la technique, vous comprenez bien que le correcteur ne sera pas ébloui par l’originalité de votre référence, qu’il aura sans doute déjà lue à peu près 137 fois. Soyez originaux dans vos choix de références, sans pour autant oublier de citer les références classiques !

II. L’argumentation suivie

1) Éviter la « juxtaposition » des arguments

L’un des termes qui revient le plus souvent dans les rapports de jurys pour qualifier les copies mal organisées et qui font un mauvais usage des références, c’est celui de « juxtaposition ». Juxtaposer, c’est poser des éléments les uns à côtés des autres sans chercher à les lier. C’est exactement ce qu’il ne faut pas faire dans une dissertation avec les références culturelles, les arguments, les exemples, et plus globalement avec les trois parties (et trois sous-parties) de votre plan.
Il faut impérativement que votre trois grandes parties, que vous sous-parties et les arguments et références que vous y exposez soient développés selon une argumentation suivie et cohérente. Dire que Platon a dit ceci tandis que Descartes a dit le contraire n’a aucun intérêt si cette contradiction n’est pas expliquée et si l’on ne montre pas en quoi elle fait avancer la réflexion par rapport à la problématique posée !

2) Emploi hasardeux des connecteurs logiques (mais, donc, en effet…)

Pour savoir si votre argumentation est suivie ou si au contraire vous tombez dans le péché de la juxtaposition, un bon indice, c’est la manière dont vous employez vos connecteurs logiques : vous savez, tous ces petits mots comme « mais », « afin de », « de plus », « en effet », etc. Une trop grande abondance de « de plus », par exemple, indiquerait que vous vous contentez d’ajouter des remarques les unes aux autres sans faire progresser votre réflexion : « de plus » indique en effet simplement que vous ajoutez quelque chose, mais pas que la réflexion progresse ! Pour que la réflexion progresse, il faut déduire de nouvelles choses de ce qui précède, ce qu’on fait plutôt en employant des « donc », des « par conséquent ».
Mais attention ! Il ne suffit pas de caser des « donc » partout pour produire l’illusion d’une argumentation suivie. Le correcteur n’est pas dupe ! La preuve : les rapports déplorent « l’usage abusif et souvent purement mécanique des ‘car’ ou ‘en effet’ dont un correcteur note ‘qu’il est bien rare que l’emploi de ces connecteurs donne une valeur logique effective au raisonnement’ » (EM Lyon 2015). Voyez donc si tel connecteur logique amène une concession, une explication, une déduction, etc., et employez-le en conséquence !

III. Correction de l’expression écrite

Un dernier problème très régulièrement souligné par les rapports de jurys, c’est la baisse relative du niveau d’expression écrite des candidats : « cette année encore sur ce dernier point quelques correcteurs font état d’une relative dégradation » (ESSEC 2015).
Un petite faute d’orthographe par-ci, par-là, ce n’est pas dramatique, mais les rapports de jurys parlent quand même parfois d’erreurs qui font très mauvais genre, même si elles n’influent pas directement sur la qualité de la réflexion. Écrire « nous allons exposé », ou pire, « nous allons « exposait » (je n’invente pas, les rapports évoquent ce genre de fautes !), c’est quand même pas joli-joli !
Remarquez bien une chose, d’ailleurs : la dissertation de culture générale (par opposition à la dissertation philosophique simple) consiste au moins autant à faire la démonstration d’un bon niveau culturel (ce qui implique une écriture élégante) qu’à proposer une réflexion construite. Alors « nous allons exposait », niveau élégance culturelle, vous comprenez que c’est moyen !

IV. Définition de la dissertation de culture générale

Pour terminer, voici une définition complète de ce qu’est la dissertation de culture générale. Elle sort, toute chaude, d’un rapport de jurys. J’ai mis pour vous en gras les points sur lesquels on a insisté dans cet article :

« « La dissertation de culture générale est un exercice, écrit dans une langue maîtrisée et choisie, au cours duquel, à propos d’un sujet faisant explicitement référence au thème de l’année, le candidat manifeste une aptitude tout d’abord à effectuer l’analyse et la problématisation du libellé proposé, ensuite à organiser et mener une discussion construite, sans préjugé, ouverte, conséquente et cultivée ; il y mobilise librement ce qu’il connaît des littératures française et étrangère, des différents arts (cinéma, peinture, photographie, théâtre…), de la tradition philosophique, des sciences exactes et des sciences de l’homme, des grandes religions et des principaux courants idéologiques contemporains ; il y démontre enfin en quoi cet enrichissement culturel permet de mieux comprendre le monde dans lequel il vit » (ESSEC 2015).