Comme chaque année, nous compilons l’ensemble des frais de scolarité des écoles de commerce post-prépa et nous en étudions l’évolution, ainsi que les implications sur chaque école. Après la hausse de 4,3% observée en 2016, le rythme se maintient, avec une hausse de 4% en 2017.

Notre méthodologie

Nous avons conservé notre méthodologie héritée de l’an passé. Au lieu de faire une moyenne des frais de l’ensemble des écoles, nous avons pondéré le poids de chaque école en fonction du nombre d’étudiants intégrés. Ainsi, NEOMA et ses 770 étudiants en prépa recrutés pèse autant que Burgundy SB, l’ISC Paris, l’ESC La Rochelle, Télécom EM, l’EM Normandie, l’ESC Pau, l’ISG, l’ESC Troyes, l’ESC Clermont et Brest BS ; 10 écoles ayant intégré exactement le même nombre d’ex-préparationnaires que NEOMA, 770.

Nous avons pris en compte le coût du cursus complet, dans l’hypothèse où l’étudiant ne suit pas de cursus d’alternance et réalise une année de césure afin de gagner en expérience professionnelle. Il s’agit du cursus choisi par la plupart des étudiants.

Pour les écoles disposant de plusieurs cursus couramment suivis par les étudiants et dont les tarifs sont différenciés, nous avons réalisé une moyenne desdits cursus. C’est par exemple le cas de l’ISG, où le cursus classique coûte 31 810€ mais où des parcours comportant davantage d’échanges à l’international coûtent 41 170€ et 34 910€.

Quant aux données 2016 et 2015, elles sont issues de nos précédentes enquêtes tandis que l’utilisation d’un outil d’archivage de sites internet ainsi que le numéro 313 du magazine L’Étudiant nous ont permis de retrouver les données de 2011 et 2009 (respectivement).

Nous avons choisi d’analyser les frais de scolarité à travers trois grilles de lectures : le montant des frais de scolarité, leurs évolutions et enfin les recettes engrangées par chaque école.

Les frais de scolarité par école

Pour les étudiants effectuant leur rentrée dans les semaines à venir, la facture est salée : ils s’acquitteront en moyenne de 36 456€, soit 12 152€ par an. Le constat est cependant à nuancer dans la mesure où un étudiant du supérieur coûte en moyenne 13 873€ à l’État chaque année, soit 41 619€ pour trois ans.

On note la création de plus en plus claire de groupes. Ainsi, HEC Paris reprend le titre d’école de commerce post-prépa la plus chère de l’Hexagone, en franchissant le cap des 45 000€, fixé en 2015 par l’EDHEC. L’ESSEC et l’ESCP Europe, quant à elles, comblent peu à peu le « retard » pris sur emlyon et l’EDHEC. Au-delà du top 5, Audencia est la sixième école à franchir la barre des 40 000€ de frais de scolarité totaux. Grenoble EM a parcouru en 12 mois plus de la moitié du chemin qui la séparait de cette barre fatidique. Les deux écoles glanent par là-même d’importantes ressources financières (cf. plus bas). On notera la position atypique de Toulouse Business School, école qui est largement moins chère au sein de son environnement concurrentiel.

Au-delà du top 12, on observe un grand écart entre les écoles implantées à Paris, et dont les frais immobiliers sont plus importants (INSEEC, ISC Paris, ISG), et celles implantées en province, bien moins chères.

En supplément de l’EDHEC et d’emlyon, qui ont fortement augmenté leurs tarifs en 2015 et 2016, seules trois écoles n’ont pas bougé leur tarif depuis l’an passé : Burgundy School of Business, l’ESC Pau et l’ESC Clermont. Quant à l’ESC Troyes, elle s’affirme comme seule école à avoir légèrement diminué ses frais de scolarité, de 200€.

Évolution des frais de scolarité depuis 2009

La hausse de cette année s’élève à 4,0%, alors que l’inflation n’a été que de 0,7% (0,9% pour les services) entre juin 2016 et juin 2017 d’après les dernières statistiques de l’INSEE. Les écoles ont opté pour des stratégies différentes.

Audencia Business School appuie sur l’accélérateur et se distingue avec une hausse de près de 15% de ses frais de scolarité, convergeant peu à peu avec les écoles du top 5. Trois écoles ont augmenté leurs frais d’environ 10% : l’ISG, Grenoble EM et SKEMA. Concernant l’ISG, la hausse est artificielle : il s’agit uniquement d’un correctif lié à notre méthodologie, à savoir la prise en compte des frais de scolarité des étudiants effectuant l’un des deux parcours intercontinentaux.Quant à SKEMA, on observe une correction par rapport à KEDGE, qu’elle devance en termes d’attractivité mais qui est plus chère, mais devient bien plus chère que NEOMA, qui la précède. Enfin, HEC se situe bien dans la fourchette de « 6 à 8% » de hausse annoncée par Peter Todd.

En prenant plus de recul, nous nous rendons compte qu’au-delà des mouvements annuels, seules les écoles faisant partie du groupe de tête peuvent se permettre d’augmenter leurs frais de scolarité. Au-delà de l’ISG et de Brest BS (dont les recrutements de prépas étaient quasiment nuls en 2009), les six meilleures écoles ont augmenté leurs frais de scolarité plus de 74% contre à peine 31% pour les cinq dernières. L’explication est simple : les meilleures écoles peuvent se permettre d’augmenter leurs frais car elles disposeront dans tous les cas d’étudiants désirant les intégrer. À l’inverse, pour les plus modestes, l’étudiant se pose bien souvent la question de la rentabilité par rapport à d’autres formations, universitaires notamment.

Les recettes des écoles de commerce

Changeons de point de vue et comparons les recettes des écoles, ce qui nous livre un tableau complètement différent de ceux que nous avions l’habitude d’utiliser jusqu’à présent. C’est la première année que nous publions ce type de chiffres, et il est fort probable que nous réalisions un comparatif par rapport à 2015, 2011 et 2009 dans les jours à venir pour saisir des tendances à plus long-terme.

Ces chiffres suivent une logique implacable : les recettes dépendent de deux variables, le montant des frais de scolarité d’une part, et le nombre d’intégrés d’autre part. Ainsi, c’est NEOMA qui dispose des revenus les plus importants générés par les frais de scolarité, avec une manne de 26,5M€ à venir de la part de la promotion 2021. Pour compléter ce podium on retrouve emlyon et l’EDHEC, deux écoles qui ont fortement augmenté aussi bien leurs contingents que leurs frais de scolarité. En 2009, l’EDHEC n’empochait que 11,4M€ et emlyon seulement 8,8M€ !

Derrière, les grands gagnants sont ceux qui ont le plus fortement augmenté leurs frais de scolarité et leurs contingents : c’est ainsi que Grenoble EM et Audencia BS affichent de très fortes progressions, de 20 et 15% respectivement. Leurs ressources financières se rapprochent donc de leurs consœurs lilloise et lyonnaise.

En passant de 5,1M€ à 6,2M€, BSB s’offre même une hausse de ses revenus de 21,6%, et devance de peu Télécom EM, qui remplit en 2017, contrairement à 2016. Mais les plus fortes hausses concernent l’ESC Clermont, qui se reconstruit, et l’ESC Pau, forte d’un excellent SIGEM 2017 : elles gagnent respectivement 29% et 41% ! De quoi envisager l’avenir plus sereinement. L’ICN, l’INSEEC, l’ESSEC et SKEMA connaissent également une amélioration financière notable.

À l’inverse, pour certaines écoles, le tableau n’est pas du tout similaire. Seule KEDGE connaît une baisse des recettes volontaire, suite à une réduction du nombre de places ouvertes aux concours. Le tableau est plus sombre pour l’ESC Troyes où la promotion 2021 de prépas rapportera 45% de moins que la précédente. Pour l’ISG, la perte se chiffre à 500 000€ tandis que le plus gros trou financier est à trouver du côté de l’ISC Paris, qui perd plus de 2M€. On y décèle la conséquence d’une hausse trop abrupte des frais de scolarité, par rapport à son groupe concurrentiel. Si la stratégie était de maximiser le revenu par tête, celles manquantes auront finalement eu de terribles conséquences financières…

Au-delà des hausses… des solutions existent

Cette étude met effectivement en lumière les hausses effrénées des frais de scolarité. Mais il s’agit d’une conséquence logique de l’affaissement du financement public des écoles. Ces dernières reçoivent de moins en moins de subventions et sont obligées de trouver les recettes là où elles sont : dans les poches des étudiants.

Les écoles tentent néanmoins de multiplier les dispositifs. La lecture des chiffres bruts peut être trompeuse : si Montpellier BS d’affiche à 32 700€, 90% des étudiants optent pour l’alternance et ne s’acquittent que de leurs deux premières années, voire moins. L’alternance, c’est justement un moyen choisi par de très nombreux étudiants pour faire baisser cette moyenne. Ce cursus est très prisé parmi les étudiants de NEOMA, de l’ESC Pau et a longtemps été associé à l’ESSEC, pionnier de ce type de formation. Les bourses également font l’objet de toutes les attentions de la part des écoles, qui font tout pour éviter qu’un étudiant n’ayant pas les moyens ne puisse suivre une formation.

Certes, les accords de prêts permettent aux étudiants de financer assez aisément ces cursus. Les taux sont historiquement bas, aux alentours de 1%. Nous conseillons également à tous les étudiants d’attendre les offres de rentrée des banques et de ne pas signer leurs prêts dès à présents, car les banques ne disposant pas de partenariats avec les écoles proposent bien souvent des taux autour de 2%… et moins de facilités de paiement !

Enfin, si nous regardons non plus du côté des recettes, mais des coûts que les écoles supportent, nous réalisons que les salaires des professeurs constituent une importante part du gâteau… à l’heure où les écoles attirent les meilleurs talents.

Pour autant, est-ce le rôle des écoles que d’être des institutions de recherche ? C’est une interrogation souvent émise par les critiques des accréditations, qui ont propulsé la recherche comme l’un des principaux critères de distinction des écoles. Les thuriféraires de ce modèle affirment, quant à eux, qu’elles permettent aux écoles d’accroître leur visibilité internationale, à travers des publications d’articles… qui n’atteignent que très rarement les oreilles du grand public.

N’hésitez pas à envoyer votre avis par mail sur contact {@} up2school.com, nous demanderons également celui des directeurs d’écoles !