Cet été, notre étude sur la hausse des frais de scolarité des écoles de management a connu un retentissement national, tant ces dernières semblaient inaccessibles du fait de leur tarif de plus en plus prohibitif. Mais ce n’était que le début…comme nous l’avait affirmé Bernard Belletante, Dean de l’EMLYON sur Twitter qui nous donnait des clés d’explications sur les hausses à venir :

L’école lyonnaise, dont les frais de scolarité étaient de 37 500€ contre 45 000€ pour sa consœur lilloise de l’EDHEC a donc décidé de quasiment la rattraper en affichant des frais de 14 000€ pour l’année de pré-master et de 15 000€ pour les deux années de master, soit 44 000€ au total. Cette somme, déboursée par les étudiants entrant en 2016-2017 sera supérieure de 6 500€ à celle payée par les étudiants entrés en 2015-2016. Ceci représente une hausse de 17% en seulement un an ! Rappelons que les étudiants entrés en 2015-2016 ont déjà payé 3000€ de plus que la promotion du dessus et donc que la hausse atteint 27,5% en deux ans. Et en trois ans, la différence s’élève à 10 400€.

Les principales causes de ces hausses sont d’une part la baisse des subventions publiques accordée aux écoles et d’autre part la nécessaire hausse des moyens destinés à faire face à la concurrence internationale. A l’heure où l’enseignement supérieur se globalise, le signal envoyé par le gouvernement à travers ce désengagement du supérieur laisse pantois… La France perd en compétitivité.

Prenons le classement des Master in Management du Financial Times publié en 2015. D’après le critère rentabilité mesurant le salaire moyen après 3 ans d’activité en fonction des frais de scolarité, la France et le Royaume-Uni s’arrogent le privilège d’occuper l’intégralité des positions de la 65ème à la 80ème et dernière place. Sur les 21 écoles françaises, seules 5 occupent l’une des 50 premières places (l’IAE d’Aix-en-Provence est 19ème, Télécom EM est 24ème, HEC est 34ème, Audencia est 36ème et l’ESSEC 44ème) et donc 16 d’entre elles occupent les 30 dernières places. (Pour vérifier, prenez le critère ‘Value’ en cliquant ici)

Si le cursus est de moins en moins rentable et que les toutes meilleures écoles peuvent continuer d’augmenter leurs frais, ce n’est pas le cas des autres écoles, qui pourraient disparaître faute de moyens…  Qui refuserait une ESC en queue de peloton si cette dernière coûtait 35 000€ ? Presque tout le monde. En revanche, qui refuserait HEC si l’école choisissait de monter ses frais à 49 000€ ? Personne ! La hausse des frais de scolarité de l’EMLYON ne sera donc pas une exception. Quel intérêt pour les Parisiennes de coûter 40 000 € lorsque les autres écoles du top 5 facturent près de 45 000€ ? Aucun ! Il serait même économiquement cohérent qu’elles se situent à près de 50 000€. Futurs intégrés, vos comptes en banque vont souffrir et les prêts étudiants sont promis à un brillant avenir.

Nous assistons bel et bien à un tournant : il est tout absolument impossible d’imaginer quel sera le paysage français des écoles de management dans 10 ans. L’avenir nous le dira. 😉