Voilà une petite synthèse pour connaître, dans les grandes lignes, l’altermondialisme : ses débuts, ses évolutions, ses critiques, et ses pannes. La diversité des profils militants se revendiquant de cette idéologie ainsi que les diverses situations géographiques nous interdisent de parler d’un seul altermondialisme. Communistes, antilibéraux, écologistes, localistes … prônent tous leurs propres convictions bien différentes, mais se reconnaissent dans le mot d’ordre : « Un autre monde est possible », au cœur de la philosophie altermondialiste.

Tous dénoncent la mondialisation libérale et ses excès, dont les plus importants seraient l’accroissement des inégalités locales et mondiales, la dégradation de notre environnement, l’injustice sociale, la domination des grandes instances internationales libérales comme l’OMC et le FMI. Ces critiques sont souvent sources de nombreuses incohérences et de propositions partiellement biaisées. Par exemple, certains détracteurs du mouvement l’accusent de vouloir blâmer par tous les moyens le capitalisme source d’injustice.

Cette contestation a connu divers visages au fil des années, dont le premier apparaît au milieu des années 1990. La fin de l’ère communiste engendre un vide dans le monde de la critique du capitalisme, qui sera comblé par la naissance de l’antimondialisme. Cette première forme radicale se traduira par des contestations violentes (1994 : révolte armée au Mexique sous les ordres du sous-commandant Marcos, 1999 manifestations à Seattle contre un sommet de l’OMC). Puis le phénomène devient plus pacifique et se structure : c’est le temps des grands forums. Enfin, après la crise de 2008, une branche de l’altermondialisme se radicalise de nouveau via des grands mouvements comme les Indignés, ou encore via des élections qui consacrent le succès de politiciens comme Alexis Tsiprás ou Pablo Iglesias.

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1971– Le « Forum européen de management » est créé à Davos en Suisse.

1987– Le « Forum européen de management » devient le « Forum économique mondial », que l’on connaît sous sa forme actuelle.

1994– Marcos mène une révolte armée au Mexique, notamment contre l’ALENA.

1997– Éditorial du Monde Diplomatique par Ignacio Ramonet : « Désarmer les marchés »

1998– Création de l’Association pour une taxe Tobin d’aide aux citoyens (ATTAC)

– Victoire contre le projet d’Accord multilatéral sur les investissements. (AMI)

1999– Manifestations violentes en marge d’un sommet de l’OMC

– Campagne internationale pour l’annulation de la dette du Tiers-Monde.

2001– Premier Forum social mondial à Porto Alegre au Brésil (puis 2002 et 2003)

2002– Création du premier Forum social européen, à Florence.

2003– « Larzac 2003 » est organisé pour fêter les 30 ans de la lutte de Larzac, l’un des premiers grands évènements altermondialistes en France. Environ 200 000 personnes.

– L’élection de Lula au Brésil suscite beaucoup d’espoirs de justice et d’égalité.

2004– Le FSM se délocalise et a lieu à Bombay (internationalisation)

– Parution de « La manif en éclats » de Danielle Tartakowsky, qui fait le constat d’un passage d’un antimondialisme des rues à un altermondialisme des forums.

2006– Le FSM se décentralise et a lieu à Caracas, Bamako puis Karachi.

2010– Parution de « Indignez-vous » de Stéphane Hessel

– Naissance du mouvement des Indignados en Espagne.

– Parution de « Triomphe de la cupidité » de Joseph Stiglitz.

2011– Naissance du mouvement « Occupy Wall Street », qui sera présent dans 80 pays.

2014– Le parti espagnold’extrême-gauche Podemos est créé, et recueillera, en 2016, 20% des voix.

– Le parti grec d’extrême gauche SYRIZA est créé et atteint le pouvoir en 2015.

2016– FSM de Montréal, le premier à avoir lieu dans un pays du Nord.

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Ces tentatives de structurer le phénomène ou de porter au pouvoir la gauche altermondialiste ne se fait pas sans heurts. Ainsi, de vives critiques émergèrent contre le Parti socialiste français qui était présent au FSE de 2004, alors qu’il était accusé d’avoir propagé cette mondialisation libérale. De même, l’accord signé entre la Troïka et Alexis Tsiprás a sévèrement décrédibilisé son parti SYRIZA, incapable a priori de tenir tête aux grandes instances internationales qu’il critique sans cesse.

Pour mieux cerner ce mouvement complexe, et pour avoir des références passionnantes et ludiques, voilà une brève sélection d’œuvres attrayant de près ou de loin aux effets néfastes de la mondialisation et de l’impérialisme américain.

Même la pluie, d’Icíar Bollaín, sur la guerre de l’eau en Bolivie au début des années 2000, entre des paysans désabusés et les autorités soucieuses de privatiser leur bien le plus précieux.

Farenheit 9/11 de Michael Moore, sur les excès de George W.Bush

Capitalism: A Love Story, de Michael Moore, sur les ravages de la dernière grande crise.

Living on One Dollar (sur Netflix), quand quatre jeunes essaient de survivre avec un dollar par jour au Guatemala.

The True Cost (sur Netflix) sur les conditions de travail des employés du textile du monde entier.

Une Bombe mentale : Comment changer le monde, (sur Netflix) sur l’histoire de Greenpeace.

Requiem for the American Dream (avec Noam Chomsky) sur les déboires du rêve américain.

Inégalité pour tous (avec Robert Reich), sur les inégalités croissantes aux EU.