Une crise économique est une période où l’activité cesse de progresser et où la rentabilité baisse. A court terme, on parle de récession (faible taux de croissance) et à long terme, de dépression (baisse du PIB).

Les deux plus grandes crises qu’a connues l’économie mondiale sont les crises de 1929 et de 2008. Il se trouve que ces deux crises ont plusieurs facteurs communs. On peut donc se demander si le krach boursier de 1929 peut expliquer la crise de 2008.

La crise de 1929

A l’époque, il y avait une prédominance des thèses classiques libérales. Les économistes croyaient donc à une autorégulation du marché, c’est-à-dire que le marché a les moyens de réaliser et de préserver naturellement son propre équilibre et que la demande et l’offre sont inversement proportionnelles ; la hausse de l’une entraîne la baisse de l’autre. L’Etat est considéré comme un agent artificiel qui ne doit en aucun cas intervenir sur le marché, au risque de perturber son mécanisme et les effets de la main invisible (Adam Smith).

Au lendemain de la Première guerre mondiale (1920), l’Europe se reconstruit, avec les Etats-Unis comme principal créancier. Sur les 17 milliards de dollars de capitaux américains transférés à l’étranger en 1929, plus du tiers sont dirigés vers l’Europe. La croissance américaine est alors dopée par les exportations vers l’Europe, et on assiste à l’émergence d’une classe moyenne forte, qui se donne les moyens de consommer massivement. C’est le début de la société de consommation.

Avec la hausse du pouvoir d’achat des ménages américains, le secteur immobilier connaît une demande importante. Les ménages achètent massivement des titres en bourse, prévoyant une hausse de la valeur de ces titres dans le temps, avec pour objectif de les revendre et d’empocher une plus-value. C’est la spéculation. Le gouvernement a souhaité que le taux d’intérêt des crédits reste faible, ce qui donna au citoyen toujours plus de moyens de consommer. Tout le monde spécule. On emprunte énormément et à court terme. Même les entreprises risquent leur trésorerie à la bourse. Malheureusement, cette embellie n’a pas duré longtemps. Brutalement, les taux d’intérêts furent augmentés, et il fallut vendre pour payer les banques et rembourser les emprunts.

Résultat : le 24 octobre 1929, la bourse chute de 12 à 25%. Ceci marque le début de la Grande Dépression. Tout le secteur bancaire américain se retrouve paralysé après le krach boursier. Sur les 24 000 établissements qui le composent, 5000 font faillite de 1929 à 1932. Le reste survécut en refusant tous les délais et toute souplesse pour octroyer des crédits aux entreprises et aux ménages en difficulté.

La crise atteint une dimension internationale. Alors qu’au Canada ou encore en Grande-Bretagne et au Japon, elle fut plutôt brève, elle s’éternisera en Europe, notamment en Allemagne. Le pays le plus endetté du monde à l’époque se voit privé des capitaux américains. On y compte 12 millions de chômeurs en 1932.L’Autriche connaît la même situation.

La crise de 1929 montre les limites des thèses libérales, notamment dans le fait que l’économie n’est pas arrivée à trouver une situation d’équilibre : l’offre était beaucoup trop importante par rapport à la demande.

Quelle solution à la crise de 1929 ?

Dans sa Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936), John M. KEYNES (1883-1946) est porteur d’une vision nouvelle de l’économie, une vision basée plus sur la demande que sur l’offre. Selon lui, afin de dynamiser  la demande, il est nécessaire d’augmenter  les salaires, car cela va augmenter la consommation des ménages, qui est le moteur essentiel pour une croissance économique. De même, l’Etat doit favoriser la demande en agissant sur les taux d’intérêt afin d’encourager les banques à octroyer et les citoyens à demander un crédit. Aussi, il faudrait relancer l’activité économique par le déficit. En effet, l’Etat doit puiser dans ses recettes pour investir par une politique de grands travaux, pour créer des effets d’entraînement profitables à toute l’économie, quitte à augmenter le déficit.

Avec l’arrivée au pouvoir du président Roosevelt, les choses changent. Il entreprend une politique dirigiste ; le New Deal, de 1933 à 1938, qui va dans le même sens que la pensée keynésienne :

  • L’Etat rachète les invendus agricoles, tout en incitant les agriculteurs à baisser leur production.
  • Dans l’industrie, l’Etat organise la concertation avec les entreprises branche par branche pour moduler la durée de travail et la production.
  • L’Etat entreprend des chantiers de travaux publics de grande ampleur (barrages hydroélectriques, routes, etc.). L’embauche massive de chômeurs contribue ainsi à injecter du pouvoir d’achat dans l’économie.

Bien que cette politique porte ses fruits à court terme, elle fut extrêmement coûteuse pour l’Etat américain qui s’est trouvé dans l’obligation de rationaliser ses dépenses.

L’économie, après les embellies des années 1933-1936, rechuta lourdement en 1938. Le chômage atteignit à nouveau  la barre des 10 millions. La sortie de crise fut lente et laborieuse. Elle ne fut effective qu’après la Seconde Guerre mondiale.

La crise de 2008 : la crise des « subprimes »

Les subprimes sont des prêts immobiliers accordés à des ménages américains qui ne peuvent pas souscrire à un emprunt immobilier classique.

Au début des années 2000, les investisseurs sont à la recherche des titres financiers générés en assemblant ces crédits hypothécaires. Dans un contexte de taux d’intérêt très bas, le marché favorise le développement des subprimes (13% en 2007 vs 2,4% en 1998).

Toutefois, l’endettement des ménages américains atteint ses limites après quelques années. Le secteur de l’immobilier chute au milieu de l’année 2006. En même temps, les taux d’intérêt augmentent, si bien que les critères qui participaient au succès des subprimes sont maintenant ce qui provoque leur chute.

Les ménages ne payaient plus leur crédit qui augmentait avec le temps. De ce fait, les biens immobiliers d’une partie des ménages étaient saisis, ce qui entretient la chute des prix immobiliers.

Même contexte économique que la crise de 1929 ?

La crise de 2008 a débuté avec les difficultés rencontrées par les ménages américains pour rembourser leurs crédits immobiliers.

L’endettement des ménages américains s’est développé à cause des taux d’intérêt extrêmement bas pratiqués pendant des années par la FED, à partir de 2001. Cela a soutenu la forte croissance des États-Unis, étant donné que les ménages disposaient d’un pouvoir d’achat plus grand.

Cela a malheureusement contribué, comme en 1929, à l’éclatement de la bulle spéculative. Les ménages, tout comme les entreprises, étaient endettées, ce qui a fini par engendrer la crise de 2008 qui fut tout aussi violente que la première. Le chômage et la dette ont explosé partout dans le monde, et restent un problème majeur jusqu’à aujourd’hui

On peut aisément comparer la crise de 1929 à celle de 2008 :

  • La spéculation comme source du problème.
  • Elles se sont toutes les deux propagées mondialement, des Etats-Unis vers l’Europe et ce, plus rapidement (6 mois vs 3 ans).
  • La raréfaction du crédit et la chute du pouvoir d’achat (renforcée par les pertes boursières).

Face à cette nouvelle crise, et contrairement à 1929, les Etats ont réagi plus rapidement ; les USA ont déboursé 700 milliards de dollars pour soutenir les entreprises et les banques en difficulté, l’Union européenne a mis en place le « Quantitative Easing » afin de soutenir les banques et encourager la liquidité sur les marchés des crédits, afin d’essayer de limiter les effets de la crise dans une économie mondialisée

Pour conclure, il convient de dire que ces crises économiques sont déclenchées par des facteurs semblables, dans un contexte où l’objectif des Etats est de favoriser la consommation de masse. Et comme les choses ne sont pas si simples en économie, les solutions de sortie de crise en 1929 ne sont pas les mêmes que pour celle de 2008. Pour cette dernière, la solution reste à trouver lorsqu’on voit comment la croissance de plusieurs pays de l’UE stagne encore.

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