Nouvel article dans la série de ceux destinés à préparer l’épreuve de géopolitique Ecricome, nous vous proposons aujourd’hui un exemple de commentaire de carte ayant obtenu la note de 18/20. Si vous ne les avez pas encore lu, n’hésitez pas à aller consulter nos articles Tout savoir sur l’épreuve de géopolitique Ecricome 2016 et Faut-il choisir le sujet avec commentaire de carte ?

La carte :

CarteFracturesSociales

La copie :

Cette carte répertorie le taux de chômage par région de l’ensemble de l’UE en 2011 ; ses données concernent la population âgée de 15 à 74 ans. Celles-ci proviennent de l’organisme Eurostat qui est considéré comme extrêmement fiable. La politique européenne a-t-elle failli dans sa volonté d’homogénéiser les territoires, alors que la mondialisation a tendance à en valoriser certains et à en discriminer d’autres ? C’est ce que semble vouloir démontrer la carte à travers les disparités sociales qu’elle pointe.

Cette fracture sociale est d’abord patente entre l’Occident et l’Orient : elle oppose le nord-ouest de la péninsule européenne (où le chômage excède rarement 10%) et les « PECO » (pays baltes, Roumanie, Hongrie, Bulgarie…) où le chômage avoisine 15% en moyenne. Cette dissymétrie est la conséquence de facteurs politiques historiques : malgré la thérapie de choc amorcée par ces pays dès le début des années 1990 qui a indéniablement tiré leur croissance, les pays de l’est paient la domination passée de l’URSS et les impasses économiques du système collectiviste. Cette rupture est nette depuis les élargissements de 2004 et 2007.

Presque aussi visible, le clivage nord-sud se fait aussi sentir et fait fi des espaces nationaux. Elle oppose ainsi les territoires du Nord, plus peuplés, et ceux du Sud, moins riches, industrialisés plus tardivement et plus inégalitaires, également sévèrement touchés par la crise de 2008 (la Grèce en particulier). Le chômage dépasse parfois 20% (en Andalousie par exemple). Cette disparité sociale est aussi économique (les régions européennes du pourtour méditerranéen ne produisent que 10% du PIB européen) et entraîne l’émergence de mouvements séparatistes forts (lombards et catalans notamment).

L’idée d’une Europe occidentale ou nord-occidentale homogène et prospère est aussi réductrice : la mondialisation discrimine plus que jamais les territoires. De fait, les pays scandinaves ainsi que  la dorsale européenne (qui s’étend de Londres à Milan en passant par la vallée du Rhin) apparaissent largement favorisés, avec un chômage souvent quasi-nul (moins de 5%). En Allemagne, les Länder orientaux peinent encore à atteindre le niveau de développement social moyen du pays. Par ailleurs, En France et en Angleterre, les régions les plus sévèrement touchées par le chômage sont celles qui apparaissent en marge des bénéfices de la mondialisation (les ex-pays noirs notamment). Celles-ci sont de plus en plus séduites par les solutions radicales et protectionnistes des partis populistes (respectivement FN et UKIP).

La carte apparait toutefois partiellement lacunaire. Elle ne tient d’abord pas compte du PIB par habitant de chaque région, or cet indicateur diffère parfois de celui du chômage (c’est par exemple flagrant pour l’Irlande). Il est également à rappeler que la tendance à l’Est est globalement positive, et que l’UE œuvre à travers les fonds structurels pour homogénéiser son territoire. Celui-ci est de fait bien moins inégalitaire que celui des autres continents, qui n’ont pas une ZIR comparable à celle de l’UE pour ce qui est de ses initiatives actions supranationales.

En conclusion, la carte pointe les difficultés de l’UE à réduire les disparités tant sociales qu’économiquement sur son territoire. Elle insiste sur l’impossibilité d’inverser le phénomène de clivage territorial engendré par la mondialisation, malgré les tentatives européennes. Il est indéniable que la construction européenne perdra de son sens si elle se montre incapable de rétablir une certaine égalité sociale, voilà pourquoi cette problématique se posera plus que jamais dans les années à venir.