Cette semaine, les députés européens ont fini de faire passer les oraux aux candidats commissaires européens. Parmi les 27 candidats (un par pays et le président de la Commission Européenne), seul une candidate a été recalée et un autre doit passer un oral de rattrapage. D’autres candidats peu convaincants, ont vu leur prérogatives réduites.

De nombreux candidats, à l’image de Pierre Moscovici (ancien ministre de François Hollande), ont subi un enfer lors de leur grand oral. Néanmoins, des accords tacites entre partis ont permis à certains candidats sur la sellette d’obtenir leur poste.

En effet, le sort réservé au socialiste Pierre Moscovici dépendait de celui de son homologue espagnol conservateur Miguel Arias Cañete. Ce dernier, désormais nommé au poste de commissaire européen chargé de l’Energie et du Climat est connu pour ses frasques (il a déclaré au cours de sa campagne  pour les élections européennes 2014 : Un débat entre un homme et une femme est toujours compliqué car si vous abusez de votre supériorité intellectuelle vous apparaissez comme un machiste et vous semblez menacer une femme sans défense” mais il est aussi réputé pour être l’ancien dirigeant de deux compagnies pétrolières : Petrologis Canarias et Petrolifera Ducar. Désormais remplacé à ces postes par … ses beaux frères, il prétend pourtant ne plus avoir d’intérêt lié à l’industrie pétrolière au moment même où des soupçons de montage d’une société-écran aux Pays-Bas destinés à cacher ses intérêts font surface… Les conservateurs avaient alors lancé le deal suivant : si Cañete n’est pas confirmé, alors Moscovici ne le sera pas non plus.

Canete

Dès lors, on voit mal comment cette Commission, qui nourrit pourtant l’ambition de relancer l’Europe pourrait bien agir alors que sa composition est entachée de manœuvres intéressées et d’hommes contradictoires. Si Cañete est un personnage peu porteur d’avenir (comment le croire lorsqu’il affirme vouloir faire de l’Europe le leader mondial des énergies renouvelables lorsqu’il affirme dans la phrase suivante vouloir mettre fin aux subventions nationales aidant leur développement ?), et que la Slovène Alenka Bratusek, jugée incompétente pour s’occuper de l’Union énergétique a été recalée (car libérale, donc sans soutien), comment une politique énergétique européenne, pourtant indispensable, pourrait-elle se mettre en place ?

Nous pouvons également nous interroger sur la pertinence de certains choix ? Que dire de la nomination de :

  • L’Allemand Günther Oettinger à l’Economie et Société numériques, poste mineur pour le pays le plus important de l’UE ?
  • Jonathan Hill, britannique, à la Stabilité financière, aux Services financiers et à l’Union du marché des capitaux, poste ne pouvant certainement pas être confié à un eurosceptique ?
  • La Tchèque Věra Jourová , à la Justice, Consommateurs et Egalité des genres, elle qui est issue d’un pays ayant refusé la Charte des droits fondamentaux en 2009 ?
  • Tibor Navracsics, hongrois, à l’Education, à la Culture, à la Jeunesse et à la Citoyenneté, au moment-même où Viktor Orban vote des lois liberticides dans son pays ?

Si certains pourraient être tenté d’affirmer que ces hommes ont une vocation européenne avant d’être de simples représentants de leurs pays, il ne faut pas oublier que la Commission est le lieu où, bien souvent, chaque Etat défend son intérêt propre. Ces 4 interrogations sont donc légitimes.

Mehdi CORNILLIET