Définitions :

1 – L’entreprise est une entité juridique, économique et technique complexe, qui produit des biens ou des services.

Sa définition l’insère dans un cadre capitaliste. Elle produit des biens ou des services  à partir de facteurs de production -capitaux, hommes et techniques- qu’elle combine pour en réaliser un bien ou un service qui satisferont une demande solvable existant sur un marché. L’économiste Samuelson insiste sur l’idée que l’entreprise a l’art ou l’expertise pour « organiser le travail de façon à tirer plus de richesse que n’en produisait la simple addition des personnes qui y travaillent ».

Ne pas confondre : entreprise et établissement industriel. Celui-ci est une unité de production, une usine. L’entreprise peut bien évidemment comprendre plusieurs établissements, des filiales, mais elle est dirigée par un seul conseil d’administration.

Les entreprises publiques : Ce sont les entreprises sur lesquelles l’État peut exercer directement ou indirectement une influence dominante soit parce qu’il dispose de la majorité du capital, soit de la majorité des voix du fait de ses participations.

Cellule centrale du capitalisme,  la finalité de l’entreprise est le profit. Les classements proposés des entreprises reflètent cet objectif : classement des entreprises par le bénéfice réalisé, par la capitalisation boursière plus importants encore que le classement par le chiffre d’affaires ou encore par le nombre d’employés. ( Cf repères).

Mais se limiter à cette dimension est trompeur : une entreprise est certes une unité de production mais également un collectif, un groupe d’hommes agissant pour un objectif commun. Elle est à cet égard une aventure humaine.  La dimension sociale de l’entreprise est au cœur des capitalismes rhénan ou nippon. Le toyotisme s’inscrit dans cette dimension humaine et la sauvegarde de l’emploi est recherchée dans un premier temps lors des difficultés économiques.

Ne pas confondre la dimension sociale de l’entreprise : inhérente à toutes, plus ou moins prise en compte dans sa gestion, elle met en valeur l’entreprise comme collectivité.

Et la dimension sociétale de l’entreprise : point faible de l’entreprise dans le système du capitalisme d’actionnaires mû par le profit !  L’idée d’une responsabilité sociétale de l’entreprise a été notamment défendue par Nicole Notat, ancienne secrétaire générale de la CFDT. Il s’agit là de prendre en compte les conséquences de l’action des entreprises sur la société, l’environnement, l’emploi dans son pays d’installation mais également au-delà de ses frontières par l’utilisation de sous-traitants.

2 – A l’origine de l’entreprise, il y a toujours un entrepreneur.

Qu’est ce qui définit un entrepreneur ?

Ce sont « ceux qui entreprennent de créer pour leur compte, un produit quelconque ». Jean Baptiste SAY , Traité d’économie politique . 1803

« Le rôle de l’entrepreneur consiste à réformer ou à révolutionner la routine de production en exploitant une invention ou, plus généralement, une possibilité technique inédite (production d’une marchandise nouvelle, ou nouvelle méthode de production d’une marchandise ancienne, ou exploitation d’une nouvelle source de matières premières ou d’un nouveau débouché, ou réorganisation d’une branche industrielle, et ainsi de suite)… » écrit Joseph Schumpeter. Autrement dit l’entrepreneur est une personne capable de transformer une idée en une innovation réussie et d’anticiper l’utilisation de techniques nouvelles.

 

L’entrepreneur est donc une personne qui dirige une entreprise, à l’origine pour son propre compte, mais pas exclusivement. Il y a dans le fait d’entreprendre une notion d’aventure, l’entrepreneur est celui qui entreprend, ce qui implique un risque. Comme l’écrit David Simonnet,  la fin d’une entreprise est la conséquence d’un excès ou d’une absence de prise de risque. Ce qui dit bien que le risque est constitutif de l’entrepreneuriat.

Les entreprises  atteignant de grandes tailles, leur direction peut encourager en leur sein l’esprit d’entreprise par l’intrapreneuriat (concept né en 1976 aux États-Unis). L’intrapreneuriat est un processus qui se produit à l’intérieur d’une firme existante, par des salariés de cette entreprise et qui vise à développer une nouvelle idée autour d’un nouveau produit, service, technologie, techniques administratives.
Ne pas confondre ce mot avec celui de manager qui s’est considérablement diffusé alors que le terme de cadre apparaissait plus daté. Dans l’acceptation actuelle, un manager est un homme ou une femme qui dans le cadre d’une entreprise dirige un projet, une équipe. Le terme qui induit une notion d’autorité et de responsabilité remplace celui de cadre pour proposer une vision plus moderne de l’entreprise. Les managers ne sont pas forcément des entrepreneurs mais les entrepreneurs sont tous des managers… s’ils veulent développer leur idée.

3 – Les firmes transnationales, autrefois appelées firmes multinationales.

 

Le développement des multinationales a été mis en valeur par Charles Albert Michalet dans son livre : Le capitalisme mondial (1976). Elles sont désormais au cœur de la mondialisation contemporaine.

Traditionnellement, le BIT ou la CNUCED en proposaient une définition statistique incluant des filiales présentes dans au moins 6 pays étrangers et un quart au moins du chiffre d’affaires réalisé à l’étranger. En fait ces critères apparaissent inutiles. Il faut comprendre la FMN ou plutôt la FTN ( firme transnationale) comme une entreprise dont la principale caractéristique est d’essence géographique. Une FMN ou FTN est ainsi une entreprise de grande taille effectuant une part importante de ses activités de production et d’échange dans des filiales présentes dans plusieurs pays.  On peut reprendre ici la définition de Laurent Carroué qui la définit comme étant le fruit d’un système capitaliste territorialisé à base nationale,  elle se définit par sa capacité à maîtriser l’organisation d’activité complexes dans une échelle multinationale . 

Enjeux :

 

Firme multinationale ou firme transnationale ?

La transnationalisation des firmes traduit l’intégration croissante de l’économie planétaire au système capitaliste occidental. Cette intégration se fait par les flux d’IDE (environ 1400 mds de dollars par an). Le terme de multinationale renvoie au développement de ces firmes surtout après la Seconde guerre mondiale avec des entreprises multidomestiques, qui ont des filiales productives pour mieux pénétrer les différents marchés mais ne pratiquent pas encore la DIPP. Le terme de FTN ne signifie pas firmes apatrides… elle conserve une base nationale et la perte de contrôle d’une entreprise par un pays est toujours ressentie comme une dépossession (Cf General Electric-Alstom ou récemment la firme suisse Syngenta convoitée par le conglomérat chinois ChemChina.)

Les FTN sont elles les nouveaux empires du XXIe siècle ?

La question des rapports Etat-entreprises dans la mondialisation contemporaine est au cœur des enjeux contemporains. Leur recherche de compétitivité et de réduction des coûts les conduit à développer à la faveur du libéralisme dominant des stratégies globales, planétaires. Leur organisation est à la fois en réseau, unificatrice et hiérarchique entre les territoires. Mais elle est aussi instable car les entreprises sont nomades. Elles peuvent ainsi apparaître en position de force face aux Etats du fait de leur capacité à décider où elles produisent et avec qui.  La mondialisation aboutit ainsi à donner un fort pouvoir économique à un petit nombre de grands groupes oligopolistiques privés.  Face à elle, le pouvoir de régulation des Etats reste mince. Un vaste sujet à travailler….

Les entreprises dans le débat public français.

Les Français aiment-ils l’entreprise ? Par delà les sondages récurrents sur la question qui tendent à montrer que l’entreprise est encore un sujet de défiance pour une partie de nos compatriotes, la question posée est là aussi celle du rôle respectif de l’Etat et de l’entreprise en France. Le modèle français a fait de l’Etat depuis les Trente glorieuses le gardien de l’intérêt général tandis que l’entreprise ne défendrait que des intérêts privés. Cette lecture est-elle encore actuelle ? Alors que la France a un chômage structurellement élevé ( 10.6 % de la population active aujourd’hui), les politiques sont au chevet des entreprises seules capables de créer de l’emploi et elles font entendre leurs revendications.  Un sujet d’actualité qui vous invite à connaître les débats sur le contrat de travail, sur les charges patronales et l’efficacité du CICE ( Crédit Impôt  Compétitivité Emploi), sur le coût du travail ou le maintien des 35 heures etc.

 

Repères :

Les entreprises en France : nombre et définitions

 

Grande entreprise Au moins 5000 salariés ou au moins 1,5 md d’€ de CA ( chiffre d’affaires). 243 groupes ou grandes entreprises pour près de 4, 5 millions de salariés .

Le résultat aujourd’hui, c’est que 185 entreprises réalisent ½ des exportations du pays.

Les ETI (entreprise de taille intermédiaire) 250  à 5000 salariés et un CA de moins de 1, 5 md € 5000 entreprises et 3,4 millions de salariés.
PME, petites et moyennes entreprises moins de 250 personnes et moins de 50 millions d’euros de CA. 138 000 entreprises pour 4,1 millions de salariés
MIC, micro-entreprises moins de 10 personnes , CA inférieur à 2 millions d’euros. 2,5 millions d’entreprises  et 2,9 millions de salairiés.

Les grandes entreprises mondiales

(source : Fortune/Journal du Net)

Les plus profitables en 2014 Les plus grandes capitalisations boursières ( MARS 2015) Les plus grandes par le chiffre d’affaires en 2014 Les plus importantes par le nombre de salariés 2014
Ind.Commercial Bank of China Apple Wal-Mart Stores Wal-Mart Stores
Apple Google Sinopec Group China National Petroleum
China Construction Bank Exxon Mobil Royal Dutch Shell Hon Hai Precision Industry
Exxon Mobil Bershire Hathaway China National Petroleum State Grid
Agricultural Bank of China Microsoft Exxon Mobil China Post Group

Quelques références :

  • Frédéric Mazzela, 39 ans, l’entrepreneur français du moment, fondateur de la « licorne » emblématique Blablacar. Une licorne est ici le nom que l’on donne aux start-up technologiques dont la valorisation dépasse le milliard d’euros. Formé à l’ENS puis à Stanford, F. Mazella fonde en 2006 covoiturage.com transformant en innovation une idée venue en 2003 alors qu’il se trouve coincé à Montparnasse sans place dans le train pour rejoindre la Vendée. L’entreprise se développe rapidement à partir de 2012 notamment en rachetant ses concurrents et à l’aide de levée de fonds (200 millions de dollars en septembre 2015). Rebaptisée Blablacar, elle domine le marché français, allemand, italien, espagnol et s’internationalise rapidement visant l’Asie.
  • David Simonnet, Les 100 mots de l’entreprise. Que sais-je ? 2016. Petite parution très récente pour aller plus loin dans l’approche d’un vocabulaire qui sera bientôt votre quotidien.

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