Les JO de Sotchi ont coûté la bagatelle de 50 milliards de dollars (soit 37 milliards d’euros). Il est évident qu’ils ne seront jamais rentabilisés. Aujourd’hui, alors que la Coupe du monde de football s’ouvre d’ici peu au Brésil, la contestation ne faiblit pas, à l’image de l’oeuvre de Paulo Ito (ci-dessus).

Question : pourquoi les événements sportifs, si attrayants de prime abord, ne s’avèrent être que d’éternelles et sempiternelles déceptions ?

I. Les promesses des événements sportifs

Diffusion en mondovision : 5 milliards de téléspectateurs à impressionner.

  • Bénéfices sociaux : JO en Chine en 2008, a exalté le sentiment de montée en puissance chinoise (nourrit l’Arrogance chinoise, Eric Izraelewicz)
  • Bénéfices politiques : démocratisation. Les JO de Séoul pour 1988 ont permis de mettre fin à la dictature de Park. Selon Jacques Rogue, les JO de Pékin de 2008 devaient prétendument permettre de résoudre la question des minorités tibétaines et ouïgoures. De même lors de l’attribution des JO 2014 à Sotchi, la Russie devait montrer des efforts vers la démocratisation (libération des Pussy Riots et de M. Khodorkovski).
  • Bénéfices pour les sports : être au JO est parfois le seul moyen pour certains sports d’exister, c’est le cas de la lutte gréco-romaine (Steeve Guénot, double champion olympique français : « sans les JO, ce sport mourra »)
  • Amélioration des infrastructures : JO de Barcelone en 1992, a permis de développer le littoral et de faire de Barcelone le pôle de tourisme à l’échelle européenne è développement du tourisme. De même en Afrique du Sud qui bat des records de fréquentation touristiques chaque année depuis la Coupe du monde qui a enrayé des années de stagnation.

Mais parfois, à l’image du stade de Cape Town où les vuvuzelas ne font plus de bruit et qui n’accueille que 700 personnes par match alors que le stade a des capacités de 50 000 places, les événements sportifs ne répondent pas aux attentes.

II. L’éternelle déception…pour les Etats

Coûts JO hiver

  • Football : n’a pas pris en Afrique du Sud, le cricket et le rugby restent les sports préférés, notamment de la minorité blanche, la seule capable d’investir de l’argent dans les sports.
  • Vancouver 1976 : perte de 900 millions de dollars canadiens. Les habitants n’ont fini d’éponger la dette qu’en 2006 !
  • Athènes 2004 : coût de 14 milliards de dollars contre seulement 2 milliards de recettes. Certains disent que c’est le point de départ du problème d’endettement de la Grèce.
  • Brésil 2014/2016 : la Coupe du Monde a coûté 11 milliards de dollars, les Brésiliens auraient préféré que cet argent soit consacré aux transports, à l’éducation, à la santé…
  • Recettes : elles ne reviennent pas à l’Etat. En effet, les 11 principaux sponsors des JO (Coca-Cola, Acer, Atos, Dow, GE, McDonald’s, Omega, Panasonic, P&G, Samsung et Visa) n’ont pas à payer de taxes sur le site olympique ! S’il y a des gagnants, ce sont bien les marques, pas les Etats.

III. Une affaire de prestige

Sponsors JO 2012

  • En 2010, le président Jacob Zuma, président de l’Afrique du Sud, parlait de l’avènement du « rêve africain » avec la Coupe du Monde 2010.
  • Les sponsors : ne gagnent pas fondamentalement d’argent avec ça (0,1% du CA de McDonald’s en 2012 lorsqu’ils sponsorisaient les JO de Londres), les entreprises veulent juste être exposées. Elles peuvent se livrer une guerre (Visa/American Express en 2004). Les sponsors ont donné 2 milliards pour les JO 2012 (voir infographie)
  • Roland-Garros/Wimbledon : l’objectif est de se montrer. BNP Paribas donne 20 millions d’euros pour apparaître sur les sponsors du court central, la billetterie ne représente que 15% des recettes.
  • Qatar : prêt à dépenser 200 milliards € pour la Coupe du monde de football 2022.

Conclusion : Les événements sportifs comme les JO ne sont pas une bonne affaire pour tous, et sont avant tout une rente pour le CIO et la FIFA qui s’enrichissent de manière considérable grâce à ces événements.

Pour les curieux : les prochains événements sportifs internationaux en France :

  • Championnat d’Europe de football – 2016
  • Championnat du monde de Hockey sur glace – 2017
  • Championnat du monde de handball – 2017
  • Ryder Cup – 2018

Mehdi CORNILLIET
Major-Prépa