migrations

Aujourd’hui, Major-Prépa te donne les bases pour appréhender le sujet (très actuel) des migrations dans la mondialisation. Dans cet article, nous allons étudier les migrations internationales et leur rôle. Il s’agit d’un phénomène complexe, qui a connu des évolutions historiques majeures et des changements de définition. On t’explique tout pour que tu sois au top sur ce sujet de géopolitique !

 

Concept de migrations et évolutions historiques

Définition actuelle des migrations

Le phénomène de migration internationale se définit comme le déplacement d’individus d’un État à un autre avec changement de résidence. Ainsi, on exclut des migrations internationales les migrations touristiques, les voyages d’affaires et les migrations de travail transfrontalières quotidiennes. En effet, on parle de changement de résidence si l’individu reste dans un pays nouveau pour une période supérieure à trois mois.

Depuis les années 1960, les migrations internationales ne cessent de s’intensifier. Il est important de distinguer trois types de migrants. Premièrement, les travailleurs et les étudiants qu’on classe dans la catégorie des migrants économiques, voire des migrants volontaires. Deuxièmement, les migrations dites forcées afin d’éviter des menaces, comme la guerre ou des catastrophes naturelles.

 

Évolution historique du statut de réfugié

Le statut de réfugié a ainsi été défini par la Convention de Genève de 1951. Est réfugié « toute personne craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à certains groupes sociaux ou de son opinion politique, se trouvant hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut, du fait de cette crainte, ou ne veut pas se réclamer de la protection de ce pays ».

Dans cette catégorie, on trouve également les rapatriés qui rentrent dans leur patrie d’origine, car ils se sentent menacés dans leur pays de résidence, et les demandeurs d’asile qui sont des réfugiés dont la demande est encore en cours d’examen. Enfin, les clandestins représentent la dernière catégorie de migrants internationaux.

Aujourd’hui, les migrants sont des acteurs importants de la mondialisation et c’est ce que nous allons voir.

 

Une expansion du phénomène migratoire

Entre les années 1960 et 2000, le nombre de migrants internationaux, toutes catégories confondues, a été multiplié par trois et s’élève aujourd’hui à 250 millions.

Cependant, il faut relativiser ce chiffre, car seule une petite tranche de la population mondiale vit dans un pays qui n’est pas sa patrie (environ 3 % de la population mondiale). La population mondiale est donc à peu près stable géographiquement mais, localement, les flux migratoires peuvent être très importants, surtout du fait de différentes crises.

 

Quelles sont les motivations des migrants ?

Les motivations économiques des migrants volontaires

Les motivations diffèrent selon la catégorie de migrants dont on parle. Pour les migrants volontaires, qui représentent plus de 80 % des migrants internationaux dans le monde, il est bon de rappeler la nette distorsion qui existe dans le monde entre la croissance démographique et la répartition de la richesse. De manière générale, le Sud concentre à la fois une pauvreté forte ainsi qu’une croissance démographique forte, ce qui alimente les migrations.

Une autre motivation est l’idée qu’on se fait de l’étranger. Les sociologues appellent cela « l’imaginaire migratoire », qui est alimenté par les médias et l’argent envoyé par les communautés présentes à l’étranger.

On peut aussi partir pour avoir des meilleures opportunités de travail, c’est le fameux « brain drain » dont l’importance a doublé en 15 ans (les travailleurs partent surtout de l’Asie, mais cela concerne tous les continents).

Enfin, et plus particulièrement en ce qui concerne les étudiants, les cursus à l’étranger sont très valorisés tant les retombées professionnelles peuvent être intéressantes par la suite. Il y a aujourd’hui un véritable marché des étudiants avec de nombreux programmes d’échange, comme celui d’Erasmus.

Ce phénomène ne concerne pas uniquement les étudiants, mais également ceux qui sont déjà qualifiés pour avoir des promotions professionnelles (surtout des pays pauvres vers les pays riches). Par exemple, on trouve de plus en plus de salariés et de cadres travaillant dans des FMN qui sont envoyés dans une autre filiale pour y développer un projet. Dans ces professionnels, on peut également mentionner les universitaires, plus particulièrement les chercheurs, et les journalistes internationaux.

 

Les motivations plus complexes des migrants forcés

Pour les migrations forcées (60 millions de réfugiés et de déplacés dans le monde), les motivations sont différentes. Elles sont de plus en plus en lien avec les conflits. On dénombre de plus en plus de déplacés et de réfugiés dans le monde pour cette raison.

Pour autant, peut-on dire que le monde est plus violent ? Non, selon plusieurs spécialistes, c’est simplement que depuis la Seconde Guerre mondiale, la population civile n’est plus neutre dans les conflits. Aujourd’hui, les populations civiles sont des cibles et font partie intégrante des stratégies militaires (bombardements, attentats).

 

Les migrations clandestines, minoritaires

Les clandestins, bien que très médiatiques, ne représentent qu’une minorité. Leur pourcentage a augmenté depuis les années 1970 après de nouvelles politiques d’accueil migratoire dans les pays riches. En France, par exemple, Giscard d’Estaing a stoppé en 1974 l’immigration de travailleurs dans l’Hexagone. Le choix de la clandestinité s’est donc imposé pour certains immigrés en conséquence de ces politiques.

Certains secteurs sont des mannes pour les clandestins (BTP, restauration, saisonniers dans l’agriculture, tourisme). Ces travailleurs sans papiers demandent souvent au bout d’une certaine période à être régularisés (il y a eu des vagues de régularisation). Cette catégorie, du fait de son statut précaire, peut aussi être sujette au trafic d’êtres humains.

 

Quel est le profil du migrant typique ?

Ce sont majoritairement des adultes âgés de 20 à 30 ans à l’âge d’arrivée. L’âge médian varie selon les pays. Dans les pays développés, ils sont plus âgés que dans les pays du Sud et restent beaucoup plus longtemps.

On observe une féminisation des migrants avec les étudiantes, le regroupement familial et les migrations féminines pour échapper à la pression familiale et à la tradition. Les réfugiés sont majoritairement des femmes et des enfants, car les hommes sont restés au combat.

Dans les migrants, on trouve souvent deux extrêmes : ceux très peu qualifiés et les jeunes diplômés.

 

Quels sont les pays de départ et d’accueil des migrants ?

Le cas des migrants économiques

Les pays de départ des migrants

Les départs se font surtout depuis les pays du Sud (environ les 2/3 des départs dans le monde). Trois pôles se démarquent. Principalement des pays asiatiques, avec d’abord la Chine puis l’Inde et les Philippines, ensuite l’Afrique, surtout le Nord, l’Afrique centrale et sahélienne, enfin l’Amérique latine, avec d’abord les pays andins. Les pays du Nord fournissent le tiers restant : les PECO, les pays de l’OCDE.

Les pays d’arrivée des travailleurs peuvent se classer en deux catégories.

 

Les migrations Sud/Nord

Premièrement, les pays de l’OCDE sont les principaux pays d’accueil, représentant environ 60 % avec deux destinations principales. 1/3 en Europe et ¼ en Amérique du Nord. Les premiers pays d’accueil sont les États-Unis et l’Allemagne.

Il existe également des destinations privilégiées en fonction de la région de départ du migrant. En France, les migrants viennent surtout du bassin méditerranéen. En Allemagne, on trouve beaucoup de Turcs. En Angleterre, ce sont surtout des migrants venant des pays du Commonwealth. En Russie, les migrants viennent principalement des anciennes républiques de l’URSS.

 

Les migrations Sud/Sud

Deuxièmement, on trouve également des migrations en direction des pays du Sud, représentant environ 40 % avec surtout des migrations Sud-Sud. Ce phénomène est fortement régionalisé. En Afrique, on compte autant de migrants venant du continent que de migrants extérieurs. Il y a quelques pôles majeurs en Afrique, comme le golfe de Guinée avec des perspectives d’emploi dans les plantations. L’Afrique du Sud, qui est un pays d’accueil pour travailler dans les mines, attire les migrants d’Afrique australe. La régionalisation est plus faible en Amérique latine sauf de la Colombie vers le Venezuela, mais cela a tendance à se détériorer.

Le golfe persique est la principale région d’immigration du Sud. Les monarchies pétrolières ont des perspectives économiques importantes mais une population faible et ont donc besoin de main-d’œuvre sur les chantiers. Les migrants viennent surtout des pays arabes de la région et du sous-continent indien, des Philippines. Mais ces monarchies n’offrent que des contrats de travail à durée déterminée pour ne pas avoir d’immigration définitive. Les conditions de vie et de travail y sont également dénoncées (grande précarité, xénophobie, expulsions massives et sommaires).

On trouve aussi des travailleurs qui quittent le Nord pour le Sud. Ce sont souvent des travailleurs très qualifiés qui viennent d’entreprises ou des retraités pour bénéficier des avantages de la vie moins chère, du climat, etc.

 

Le cas des réfugiés

Les pays de départ des réfugiés

Une région spécifique, concentrant la plupart des départs des réfugiés, se démarque. Celle-ci s’appelle l’arc des crises et s’étend de la région qui va du sous-continent indien à l’Afrique centrale, en passant par le Moyen-Orient.

C’est la zone où se concentre la majorité des conflits dans le monde et où on y trouve les réfugiés. Les principaux pays émetteurs de réfugiés sont la Syrie (quatre millions de réfugiés syriens dans le monde), l’Afghanistan (2,5 millions), la Somalie (1 million), le Soudan, le Sud-Soudan.

 

Le cas des réfugiés palestiniens

Les réfugiés palestiniens (cinq millions) ne sont pas dans les statistiques, car ils sont gérés par une autre organisation que l’ONU (l’UNRWA). Victimes des différents conflits israélo-arabes, il y a eu dans l’histoire plusieurs vagues de réfugiés palestiniens.

Tout d’abord, après la création d’Israël, il y a eu 800 000 départs (vers Gaza et la Cisjordanie). Ensuite, en 1967, avec la guerre des Six Jours, les Palestiniens quittent les territoires occupés par Israël (pas tous bien sûr), ajoutant 300 000 réfugiés palestiniens. Plusieurs générations n’ont en fait jamais connu la Palestine, mais ont quand même le statut de réfugié.

Les principaux pays d’accueil sont les pays limitrophes (Liban, Jordanie, Syrie, Cisjordanie). Aujourd’hui, seulement 30 % des Palestiniens réfugiés vivent dans les 59 camps gérés par l’UNRWA (les 70 % de réfugiés restants vivent donc dispersés).

 

Les pays d’accueil des réfugiés, souvent les pays voisins

Les pays d’accueil des réfugiés sont avant tout les pays voisins, limitrophes. Le Pakistan, l’Iran, la Turquie, l’Éthiopie, le Liban et le Kenya sont les principaux pays d’accueil. Plus de 80 % des réfugiés sont en Afrique et en Asie et non en Europe. Dadaab au Kenya est le plus grand camp de réfugiés au monde (environ deux fois l’agglomération rennaise). Il faut les nourrir, les soigner, les instruire.

De manière beaucoup moins importante, les réfugiés se dirigent vers les pays du Nord, surtout ceux d’Europe (Allemagne, Suède, Italie) et d’Amérique du Nord qui reçoivent des demandes d’asile venant majoritairement de l’arc des crises. Le taux d’acceptation de ces réfugiés est très variable selon les pays (il est en baisse constante en Europe).

On peut donc dire que les principaux pays d’accueil de réfugiés sont des pays du Sud. Or, cette présence de réfugiés en grand nombre pose des problèmes. C’est un facteur d’instabilité. Les Émirats du Golfe sont composés à 70 % d’immigrés. La part est également très importante à Singapour, Hong Kong et Monaco (souvent des petits États insulaires).

Lire aussi : La question des réfugiés en France et en Europe

 

Le cas spécifique des étudiants

Strictement tous les pays du monde envoient des étudiants, mais les départs se font surtout depuis l’Asie-Pacifique et l’Europe. Pourquoi ? Il y a une masse importante d’étudiants asiatiques qui est poussée à aller étudier dans les grandes universités mondiales.

Et les étudiants européens jouissent d’une forte mobilité avec des programmes d’échange. À eux deux, ils représentent 60 % des migrations étudiantes.

 

Les facteurs qui orientent le choix du pays d’accueil

1) Facteurs éducatifs (qualité de l’enseignement, reconnaissance des diplômes, réseaux entre les universités, classements de Shanghai avec les établissements anglo-saxons [Ivy League] en tête, mais que les universités, les grandes écoles ne sont pas très lisibles).

2) Aspect pratique (coût de la vie, qualité des infrastructures, langues enseignées, différentes bourses financières proposées, sécurité).

3) Facteurs culturels (l’anglais est la langue de la mondialisation, donc les pays anglophones sont courtisés, proximité culturelle avec les pays du Commonwealth, par exemple).

 

Les principaux pays d’accueil des étudiants internationaux

Ainsi, les principaux pays d’accueil sont les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, l’Australie, etc. L’exemple de la France nous montre que les étudiants viennent surtout d’Afrique (anciennes colonies), d’Europe et de Chine. Pour le Royaume-Uni, les étudiants viennent surtout de Chine, d’Inde, d’Irlande, du Nigéria et des États-Unis. Ce sont donc des pays anglophones à l’exception de la Chine qui explique son classement par le fait qu’elle ait beaucoup plus d’étudiants.

Un phénomène récent est la création de campus d’un nouveau genre dans les pays du Sud, dont le nom est « education hub » (Qatar, Dubaï, Singapour, golfe persique), où les universités du Nord s’installent. Cela permet de conserver les étudiants sur place (nouvelle tendance qui se développe).

 

Les influences des migrations internationales

La « fuite des cerveaux »

Sachant que la plupart des migrants sont des migrants économiques, les impacts sont forts sur le marché du travail des pays de départ. C’est en effet une perte de main-d’œuvre considérable, provoquant un déficit de main-d’œuvre dans certaines localités où les traditions de départ sont fortes.

Or, quand ces migrants sont très qualifiés, le « brain drain », des pays se vident de leur main-d’œuvre qualifiée, comme la Jamaïque et les différentes îles du Pacifique. Ces départs peuvent quand même avoir l’avantage de libérer des postes pour le marché de l’emploi local. Certains pays encouragent cela, comme les Philippines, expliquant en partie son importance dans les migrations internationales.

 

L’énorme phénomène des remises

Ensuite, ces migrants envoient de l’argent dans leur pays d’origine. Les transferts financiers Nord-Sud ne cessent d’augmenter (ces flux occupent la deuxième part des transferts les plus importants, derrière les IDE). Les principaux pays bénéficiaires sont l’Inde, la Chine, le Mexique, les Philippines, le Bangladesh.

C’est une véritable manne pour ces pays qui sont souvent pauvres, mais cela augmente également leur dépendance et peut entretenir une attitude d’assisté dans les pays de départ (on vit avec l’argent envoyé). L’argent envoyé peut aussi avoir pour conséquence l’augmentation des prix (exemple du Portugal).

Lire aussi : Les migrations et mobilités dans le monde : enjeux et tensions

 

Les diasporas, acteurs de la mondialisation

Les principales diasporas dans le monde

Une diaspora se définit comme la dispersion d’une communauté ethnique dans le monde ayant conscience de former une communauté et revendiquant ses origines.

Il existe de nombreuses diasporas dans le monde. La diaspora juive est la plus ancienne (plus de huit millions de juifs dans le monde sur 13 millions). Avec des membres dispersés surtout aux États-Unis (cinq millions) et en France (0,5 million).

La diaspora chinoise est la plus nombreuse et s’est constituée en plusieurs vagues d’émigration (surtout celle du XIXe siècle). Avec environ 40 millions de membres, surtout en Asie du Sud-Est (85 %) et en Amérique du Nord.

La diaspora indienne compte 20 millions de membres recensés, surtout dans les pays riverains de l’océan Indien, l’Amérique du Nord et l’Europe.

Enfin, la diaspora arménienne, après le génocide en 1915, compte deux millions d’individus. Répartis surtout en France, aux États-Unis et en Iran.

D’autres diasporas sont plus secondaires, comme la diaspora tsigane (sédentarisée ou nomade), etc.

 

Le rôle économique et géopolitique des diasporas

Le rôle des diasporas dans la mondialisation est important. Économiquement, elles jouent un rôle semblable à tous les immigrés, mais avec certaines spécificités. Ainsi, les membres d’une diaspora occupent des métiers spécifiques comme la propriété de commerce. Surtout au début pour fournir des produits du pays d’origine pour la communauté.

La diaspora est un vecteur d’influence important. Les migrants appartenant à une diaspora font la promotion du pays et parfois même du lobbying. Ils peuvent être contre (Tibétains en Chine, Kurdes contre Erdogan) ou pour le pays où ils sont. Culturellement, c’est un moyen de diffuser la culture du pays (Nouvel An chinois, quartiers comme Chinatown).

Lire aussi : Vers une « sanctuarisation » des pays riches ?

 

Quelques thèses sur les migrations

Thèses sur le tourisme

– Rémy Knafou et Mathis Stock (2003) : ils définissent le tourisme comme un « système d’acteurs, de pratiques et d’espaces qui participent à la “récréation” des individus par le déplacement et l’habitat temporaire hors des lieux du quotidien ».

 Maria Gravari-Barbas : « Le tourisme est une mise en acte de désirs (collectifs/individuels), indissociables d’imaginaires et de représentations » et « Tourisme hors des sentiers battus ».

Philippe Joutard, L’Invention du mont Blanc (1986) : le mont Blanc a été inventé par des étrangers, en l’occurrence des Anglais.

Alain Corbin, Le Territoire du vide, dernier chapitre : « L’invention de la plage »(1988) : la mer et les littoraux étaient au départ et pendant des siècles chargés négativement, territoires très répulsifs.

Dean Maccannell : The Tourist. A New Theory of the Leisure Class (1976) : le tourisme peut être analysé comme mu par le double principe de mimétisme social et de la distinction.

Jean-Didier Urbain, L’idiot du voyage : Histoires de touristes (1991) : parce que les classes moyennes sont venues peupler des espaces considérés par les voyageurs comme « réservés », le touriste est devenu un dénominatif dépréciatif désignant toute personne dont la présence est jugée inadéquate, ou l’attitude superficielle.

Sylvie Brunel : « Disneylandisation » de la planète, c’est-à-dire transformation des sociétés et des cultures locales afin de conformer celles-ci aux attentes des touristes. Le tourisme crée ainsi des « bulles touristiques » qui participent à la muséification. Il fige des paysages et des pratiques en fonction des représentations, des imaginaires (souvent clichés) des touristes.

Philippe Duhamel souligne que la mise en tourisme entraîne une transformation morphologique des lieux, des paysages et des territoires qu’il concerne. Les lieux touristiques voient leur fonction modifiée, car ils ne s’organisent plus directement pour les populations locales mais en fonction des attentes (souvent imaginaires, voire fantasmées) des touristes. Walter Christaller qualifie ce phénomène de « touristification ».

Pascal Cuvelier (1998) : à l’ère du tourisme « fordiste » succède une nouvelle ère, celle du tourisme « post-fordiste », refusant les intermédiaires, en quête d’authenticité, et surtout beaucoup plus difficile à saisir qu’autrefois.

Philippe Bourdeau : les frontières entre « l’ailleurs » et « l’ici », entre « l’exotique » et « le quotidien » sont de moins en moins claires et évidentes.

– David Goeury remarque que l’enclavement et le caractère inaccessible d’un espace peuvent devenir un facteur d’attraction pour certains Occidentaux en quête d’un tourisme d’aventure ou de sports de nature.

Florian Guerin : « Easyjet-setting » (compilation de EasyJet et jet-set).

Patrick Naef : « Tourisme post-conflit » qu’il appelle aussi « disneylandisation des horreurs de la guerre ».

John Lennon et Malcolm Foley (1996) : le tourisme « morbide » ou tourisme noir/dark tourism, défini comme tout « acte de voyager et de visiter des sites ayant pour thème central la mort, la souffrance, le macabre ».

 

Thèses sur les migrations dans la mondialisation

Rémy Knafou : « Transition mobilitaire » : les habitants de la planète seraient devenus des « nomades » (La Planète nomade, 1998) alors qu’ils étaient historiquement sédentaires.

David Goodhart, The Road to Somewhere (2017) : il distingue les « people from anywhere » (n’importe où), c’est-à-dire la classe mondialisée hypermobile, cosmopolite et qui se sent chez elle partout, et les « people from somewhere » (quelque part), qui est la classe d’enracinés sédentaires, attachés à leurs traditions, qui se sentent de moins en moins chez eux dans leur propre pays. La montée des populismes et de la xénophobie en de nombreux points du globe serait selon lui à interpréter comme une réaction des seconds contre les premiers.

Carlos Alba Vega (chercheur mexicain) évoque la « mondialisation hégémonique », celle des FTN et de leurs élites.

Catherine Wihtol de Wenden : l’immigration aujourd’hui en Europe n’est plus une immigration de travail, mais est essentiellement liée à trois facteurs : les regroupements familiaux (1er), l’asile (2e), les études (3e). Elle distingue quatre types de flux : Sud-Nord (migrations économiques devenues minoritaires), Nord-Nord (migrations plus qualifiées et notamment étudiantes), Nord-Sud (flux mineur mais croissant, notamment pour les FTN ou les études), Sud-Sud (flux majoritaire).

Stephen Smith, La Ruée vers l’Europe (2018) : il considère que l’aide au développement fournie par les pays du Nord au continent africain dans l’espoir de tarir l’immigration à sa source est contre-productive, car le développement est dans un premier temps un puissant facteur d’émigration. Il prédit une explosion des flux migratoires à destination de l’Europe en raison de trois phénomènes : l’explosion démographique du continent africain, le décollage économique africain qui favorise paradoxalement les départs (permettant d’amasser la somme nécessaire au départ), et la présence de diasporas facilitant les déplacements. La jeunesse des migrants et le fait que ceux qui migrent ne sont pas les plus pauvres annoncent une migration de masse à venir. En sortant de la pauvreté absolue, l’Afrique « se met en marche » et le développement déracine, donnant à un plus grand nombre les moyens de partir.

Alfred Sauvy : « Si les richesses ne vont pas là où sont les hommes, les hommes vont là où sont les richesses. » « Renversement des flux migratoires » entre le Nord et le Sud, les pays du Sud fournissant désormais une part importante des migrants internationaux.

Alain Tarrius : La Mondialisation par le bas. Les nouveaux nomades de l’économie souterraine (2002) : il rappelle qu’à côté de la mondialisation des élites, il existe une « mondialisation par le bas » ou « poor to poor ».

Olivier Pliez : « Au-delà, ou plutôt en complément d’une mondialisation par le haut, celle des jets privés et des villes mondiales, se tisse une mondialisation par le bas, s’appuyant sur des réseaux commerciaux mondialisés qui font circuler en grand nombre des produits à bas prix. »

– Saskia Sassen : The Global City. New York, London, Tokyo (1991) : les villes globales ou global cities (New York, Londres, Paris, etc.), véritables « Babylone modernes », ont, parmi leurs nombreuses caractéristiques, le fait d’être cosmopolites.

Jagdish Bhagwati et Koichi Hamada ont proposé l’instauration d’une taxe internationale sur le brain drain qui servirait à financer un fonds mondial en faveur de l’éducation dans les pays du Sud. Ce bénéfice s’ajouterait donc à l’impact des remises déjà réel.

– Emmanuel Todd considère que le brain drain est l’une des dimensions du « prélèvement impérial » américain (Après l’empire, 2022). Les États-Unis ouvrent leurs portes à l’immigration pour les cerveaux et font peser sur le reste du monde les contraintes de la production.

– Emmanuel Terray qualifie de « délocalisation sur place » les migrations peu qualifiées répondant aux besoins du BTP, de l’hôtellerie, du nettoyage ou encore de l’agriculture.

Hein de Haas, codirecteur de l’Institut international de la migration à Oxford, estime que « les politiques de fermeture ne sont même pas efficaces car elles fixent les migrants, les empêchent de circuler et de repartir ; ces derniers ne voulant pas prendre le risque de ne pouvoir revenir dans le pays de destination ». Elles participent au développement d’une économie mafieuse de trafic de personnes. La priorité sécuritaire interroge profondément le caractère démocratique des pays du Nord, entrés dans une ère de la « démocratie emmurée ».

 

Conclusion

Les migrations internationales ont pris une importance considérable. Ce sont des flux mondialisés qui font également office de révélateur des inégalités spatiales. Mais, contrairement aux autres flux, les flux humains sont les moins libéralisés. Un système mondialisé et régionalisé s’est mis en place.

Les migrants ont différents rôles pour les pays d’accueil et de départ : rôle économique, culturel (diasporas), social. Lors de la première mondialisation, les flux partaient surtout de l’Europe vers le reste du monde (Nord/Sud). Or, maintenant, c’est le contraire (du Sud vers le Nord).

 

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