Qu’est ce que la BAII ? Née en 2015, la Banque asiatique d’investissements dans les infrastructures est une banque d’investissement crée par la République Populaire de Chine, avec le même objectif que la Banque Asiatique de développement. Elle compte 57 membres à sa création, dont une quinzaine de pays européens. La Chine détient 30% du capital de la banque.

I) Analyse de l’initiative :

La raison la plus évidente de la construction de la BAII est bien évidemment le besoin du continent asiatique en terme de financement pour l’infrastructure. De nombreuses recherches de l’OCDE ou d’autres grands groupes ont estimé les besoins du continent à environ 800 milliards de $ par an, là ou la Banque Mondiale ne peut en fournir que 20 et la Banque Asiatique de Développement (BAD) que 15. La BAII est donc née d’une nécessité pour le continent de poursuivre son développement, notamment d’un besoin chinois pour sa propre stratégie commerciale, qui a pour but de faire renaitre la « route de la soie ».

Mais il faut aussi lier la création de la BAII avec le refus du Congres américain en 2013 de signer la réforme du FMI datant de 2010 : elle aurait permis une meilleure représentation des pays émergents dans les prises de décisions du Fond le plus important du monde. La signature du TPP en 2015 a également été un élément déclencheur (même si l’arrivée de Donald Trump l’a clairement remis en question). Il y a donc un double intérêt pour la Chine :

  • d’un côté, la BAII n’est pas officiellement concurrente des autres banques, puisqu’elle vient combler un manque qui existe et qui ne peut être pallié par les autres fonds. Cette banque sert donc la diplomatie chinoise, en lui offrant un meilleur rapport à ses voisins, tout en planifiant les objectifs économiques chinois ;
  • d’un autre coté, la construction de la BAII est également un outil pour concurrencer les grandes instances financières du capitalisme mondiale, clairement sous influence américaine.

II) Le bilan 2 ans après la création :

La BAII est devenue aujourd’hui une instance majeure sur l’échiquier géopolitique mondial. Elle compte désormais 77 membres venant du monde entier. La banque a gagné en influence, notamment grâce à l’alternative qu’elle représente face aux Etats-Unis. Pour l’illustrer, rien de tel que d’écouter le président philippin Duterte (le même qui avait eu des petits mots doux à l’intention de Barack Obama en septembre de l’année 2016) : «Mangez votre aide, nous survivrons. J’irai voir la Chine !» avait-il déclaré à l’intention des Etats-Unis début 2017. Et en effet, des grands programmes d’investissement ont été lancés aux Philippines depuis le début de l’année : on notera particulièrement un programme de gestions des eaux qui sera financé par la banque à auteur de 700 millions de dollars (!). Comme un symbole, cette ancienne colonie américaine marche désormais main dans la main avec la Chine grâce à la BAII.

Mais la BAII peut-elle remplacer la Banque mondiale ? C’est la grande question que se pose la plupart des médias occidentaux. Totalement internationalisée (même si les investissements sont restreints aux pays asiatiques,) maitrisant l’anglais comme le français, les progrès de la BAII sont considérables et deviennent une réelle crainte pour les Etat-Unis et ses alliés asiatiques (avec en première ligne le Japon) qui n’ont toujours pas demandé à être associés à la Banque.

Enfin, un dernier progrès (et non des moindres) de la banque reste son positionnement pionnier dans la question écologique, notamment depuis l’engagement de la Chine lors de la COP 21 de Paris en décembre 2015. La Banque se veut « lean, clean and green », et sa dernière réunion annuelle sur l’ile de Jeju en Corée du Sud, une île présentée comme une nouvelle destination touristique « zéro carbone », en est l’epitome. Il y a été précisé que la Banque étudierait l’impact de chaque infrastructure sur l’environnement avant tout aval d’investissement ainsi que la capacité de ces derniers à participer à la transition énergétique pour les pays asiatiques. Cependant, nombreuses sont les ONG qui restent sceptiques sur le positionnement de la BAII sur le plan écologique, elle qui n’a pas totalement renoncé au financement de potentielles nouvelles usines à charbon électrique.

III) Comment utiliser cette évolution dans ta dissertation :

Dans les sujets sur la Chine et sur son pouvoir économique/géopolitique, la comparaison, voire même la confrontation, avec l’Occident est régulière. La BAII est un exemple parfait pour montrer les progrès accomplis par l’Empire du milieu pendant ses décennies de développement et sa capacité aujourd’hui à de concurrencer les grandes puissances occidentales. L’exemple de la BAII peut aussi servir, dans cette même optique, à montrer une baisse du leadership américain sur le continent asiatique, et tu es tout à fait en mesure de pouvoir l’évoquer dans un sujet qui traiterait du développement durable dans sa globalité ou en Asie (si si, c’est possible :  «Le développement durable en Asie : des enjeux spécifiques ?», sujet du 1er concours blanc dans ma promo l’année dernière, RIP à tous mes camarades de classe).