Les grands repères

Une ressource devient stratégique lorsqu’elle recoupe deux caractéristiques : indispensable et rare. 72% de la surface Terre contient de l’eau. Dès lors, pourquoi l’eau serait-elle une ressource problématique alors qu’elle est présente partout autour de nous ?

L’eau, une ressource abondante

72% de la surface du globe terrestre se constitue d’eau, mais l’eau douce ne représente que 2% cette réserve dont 1% seulement est exploitable par l’homme (d’où l’enjeu du partage de l’Arctique en vue de la fonte des glaces).

L’eau est un enjeu géopolitique, et s’inscrit également dans les problématiques du monde contemporain autour du développement durable.

L’eau, une ressource inégalement répartie

L’OMS considère qu’il y a stress hydrique lorsqu’un être humain dispose de moins de 1 700 m3 d’eau par an et pénurie lorsqu’il dispose de moins de 1000 m3 par an. 1,4 milliards de personnes vivent avec moins de 1000 m3 d’eau par an (source BRGM – 2011) et au total, 1/3 de la population mondiale est sans eau potable.

Le groupe des « neuf géants de l’eau », à savoir, la Chine, la Russie, le Brésil, l’Indonésie, le Canada, les Etats-Unis, la Colombie, le Pérou et l’Inde se partage près de 60% des ressources naturelles et renouvelables d’eau douce du monde.

L’Egypte, les Pays-Bas ou l’Irak, par exemple, dépendent fortement des ressources en eau d’origine externe, respectivement 99 %, 89 % et 65 %. Cette dépendance est source de tensions et d’enjeux géopolitiques

 

Quelques exemples à exploiter en dissertation

De sombres prévisions de la part des institutions mondiales

Les enjeux autour de l’eau sont étroitement liés aux problématiques autour de la question du réchauffement climatique. En 1950, la ressource mondiale en eau était estimée à 17 000 m3 par personne et par an. Du fait de la forte croissance démographique couplée à l’industrialisation, l’urbanisation et l’intensification agricole, la ressource en eau renouvelable et disponible n’était plus que de 7 500 m3 par personne et par an en 1995 et devrait chuter à moins de 5 100 m3 en 2025 (source : Eurostat). On pourra penser à la Chine, et l’Inde qui prélèvent 4 fois plus d’eau pour leur industrie qu’il y a 30 ans et ces chiffres ne cessent de croître.

    En 2025, 63 % de la population mondiale devrait ainsi subir stress hydrique ou pénurie d’eau (source BRGM – 2011).

L’Afrique, un continent en retard

Aujourd’hui, 300 millions d’Africains n’ont toujours pas accès à l’eau potable. 600 millions n’ont pas accès aux infrastructures d’assainissement qui permettent les services de base comme l’évacuation des eaux usées. Bien que vital, développer des infrastructures est extrêmement coûteux et peu rémunérateur. Les gouvernements font donc peu d’efforts, au détriment des populations.

    Il est important de noter le différentiel de taux moyen d’accès à l’eau potable en ville (82 %) et en zone rurale (70%).

Les conflits liés à l’eau –Le cas du MENA

L’eau n’est pas un simple danger naturel (inondation et sécheresse), étant inégalement répartie et accessible, elle devient une source de conflits et tensions, par exemple dans la région du MENA qui concentre 1,4% des ressources en eau potable pour 6% de la population mondiale.

Les principaux conflits notoires de la région, outre les conflits d’intérêts entre agriculteurs et industrie du tourisme sont les conflits autour du bassin du Tigre (l’Euphrate partagé entre 5 états), dans le bassin du Jourdain (entre 3 pays dont le Liban où se situe la source du fleuve) et dans le bassin du Nil (entre 11 états).

  • Cas des tensions sur l’Euphrate :

Les premiers barrages ont été construits sur l’Euphrate par l’Irak. En 1972 la Turquie lance le GAP. Il s’agit d’un projet d’aménagement devant permettre l’irrigation de 1,7 million d’hectares et d’approvisionner 8 millions d’habitants afin de développer la partie orientale de la Turquie, avec à la clef l’intégration des minorités Kurdes de la région. Toutefois les barrages turcs entraînent la diminution du débit pour les pays en aval, ce qui génère de nombreuses tensions entre les pays de la région.

Par exemple lorsqu’en 1990 la Turquie en position de force n’a pas accepté de signer un accord avec la Syrie sur la régulation conjointe des débits et de la pollution des eaux du Tigre et de l’Euphrate.

Un touriste consomme 7 fois plus d’eau douce qu’un résident à Grenade, 10 fois plus en Tunisie : cela permet de comprendre les conflits d’intérêts existants.

Eau, irrigation et croissance démographique…

Les prélèvements d’eau destinés à l’irrigation ont progressé de plus de 60 % depuis 1960 et représentent, au niveau mondial, 70 % du total des prélèvements.

Au cours du XXème siècle, la surface mondiale des terres irriguées a été multipliée par 5.

Ce développement de l‘irrigation, qui contribue à 40 % de la production alimentaire mondiale (pour seulement 18 % des terres cultivées) est directement lié à la croissance démographique. D’autant qu’elle concerne surtout les zones arides ou semi-arides où les ressources en eau sont, par définition, limitées et où la croissance démographique est particulièrement forte.

Plus de 2/3 des terres irriguées se trouvent en Asie dans les zones à forte densité de population, où la forte croissance démographique a justifié une intensification de la riziculture.

L’eau prélevée pour l’irrigation est en grande partie consommée (une partie humidifie les sols et est absorbée par les plantes mais la plus grande part s’évapore) et ne peut servir à d’autres usages. Trop de systèmes d’irrigation ont encore, dans le monde, des rendements extrêmement faibles (trop d’eau qui s’évapore sans nourrir les sols ou les cultures).

D’autres facteurs influent sur les consommations d’eau, tels que l’urbanisation et le niveau de développement des pays.

L’eau, un enjeu sanitaire

    Ban-Ki Moon, ancien secrétaire général de l’ONU, à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau en 2010 déclarait: « L’eau souillée fait plus de morts que toutes les formes de violence, y compris les guerres ».

L’eau est source de vie, mais elle est aussi vecteur des épidémies, il faut donc gérer et apprendre à mieux maîtriser les usages de l’eau, aussi bien en volume qu’en qualité. En ce qui concerne l’éventail des solutions à mettre en place, la plus grande erreur serait de le limiter et de concentrer les efforts sur un secteur en particulier. L’utilisation agricole de l’eau évolue en effet avec l’usage domestique, qui lui-même est lié à l’usage industriel.

En 2013, on comptait 1,1 milliard de personnes réparties dans 80 pays sans accès à une eau salubre selon la Banque Mondiale. Au Cambodge, en Ethiopie, au Tchad, en Mauritanie, Afghanistan et Oman, moins de 40% de la population a un accès à de l’eau potable.

A méditer…

«Nous ignorons la valeur de l’eau tant que le puits n’est pas sec». T. Fuller 17ème siècle, pourtant ne pourrait être plus d’actualité qu’aujourd’hui.

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