La prépa a-t-elle pour toujours perdu la cote ? Les étudiants sont-ils en apnée dans l’attente de la fin d’un calvaire leur ayant été imposé ? La filière est-elle destinée à finir noyée, dernier vœu de choix Parcoursup différemment orientés ? Pour en avoir le cœur net, nous avons demandé aux premiers concernés ce qu’ils pensent de leur vie en prépa, comment ils se sentent à l’approche des concours et ce qu’ils imaginent comme étant des critères essentiels pour choisir leur future école. Avec Excelia Business School, notre partenaire pour l’édition 2024 de ce Baromètre Major Prépa, nous avons retenu notre souffle dans l’attente des résultats et avons soumis vos réponses à Tamym Abdessemed, directeur d’Excelia Business School.

Presque 900 préparationnaires (883, exactement) ont saisi l’occasion de livrer le fond de leur pensée sur la prépa en répondant aux questions posées dans le cadre du baromètre Major Prépa x Excelia Business School 2024. C’est dire que, quelques semaines après la rentrée, vous aviez besoin de vous exprimer ! L’enquête a été conduite par voie numérique entre le 24 octobre et le 5 novembre. 51 % des répondants sont des garçons, 54 % sont en prépa ECG, 47,5 % en 2e année (le détail du profil des répondants est à retrouver en bas de l’article). N’entretenons pas de suspense inutile et partageons l’essentiel en introduction à cette analyse des résultats du baromètre : quel que soit votre cas de figure, la prépa vous convient globalement très bien ! À l’heure où il faut prendre votre plus joli stylo rouge pour la noter, vous lui attribuez un joli 7/10 ! Il y a de petites choses à revoir (nous allons y venir), mais, avec cette moyenne, elle valide large son admission à HEC !

Tu peux lire la version magazine de cette analyse en consultant Le Major n°15, en bas de cet article

La prépa, choix d’orientation numéro 1

L’herbe est plus verte à gauche ! Il y a plus de frites dans l’assiette d’en face ! La voiture du voisin est plus grosse ! Si comparaison = poison, c’est un mal dont vous n’êtes visiblement pas victimes, puisque la prépa a représenté une évidence pour 51,5 % des répondants au baromètre Major Prépa x Excelia Business School un premier choix. Un premier choix d’orientation très peu mis en concurrence ou alors par quelques-uns seulement, et avec des formations également sélectives (une autre filière de prépa ; Sciences Po). Pour 8 %, elle a représenté surtout un moyen de fuir l’université et 7,5% l’ont choisie sans trop de conviction, en l’envisageant comme « une voie possible parmi d’autres ». Autour de 16 % de préparationnaires n’étaient donc pas convaincus d’emblée par leur orientation. Quand 20 % (1/5 !) doutaient avant tout d’eux-mêmes pour finir par faire « le pari » de la prépa.

Et si vous étiez « ailleurs » ? C’est d’abord sur les bancs de l’université que l’on retrouverait une majorité de préparationnaires que la CPGE a peut-être séduits en premier lieu pour l’expérience académique intense qu’elle propose. 24 % des répondants indiquent qu’un programme post-bac en école aurait obtenu leurs faveurs, montrant qu’ils ont plutôt choisi la prépa pour sa finalité (l’intégration en grande école) que pour son contenu (les disciplines). C’est une autre façon d’aborder la prépa et aucune n’a plus de valeur que l’autre. 1/6 peinent à identifier au sein de quelle filière ils auraient pu poursuivre leurs études, si ce n’est en prépa, quand presque 12,5 % se seraient pour leur part engagés dans des études à l’étranger. C’est une option qui convainc effectivement certains bacheliers au profil totalement prépa-compatible.

L’année sabbatique obtient peu de suffrages, tout comme celle à l’étranger ou encore en CDD ! En définitive, les prépas ont globalement peu hésité quant à leur orientation : ils savent pourquoi ils sont là ! Les étudiants sont avant tout en prépa dans un objectif intellectuel. 27,5 % veulent s’ouvrir les horizons au maximum et comptent pour cela sur l’étude approfondie de disciplines ouvertes aux humanités. 23 % sont en prépa pour satisfaire leur esprit de compétition en livrant leur maximum durant ces années de travail jusqu’au concours. 19,5 % l’ont choisie pour se laisser le temps de voir venir et reculer le moment de trancher pour une spécialisation en particulier. 19 % pensaient plus loin encore en misant sur cette voie permettant d’accéder aux meilleures écoles de management, et donc à une excellente insertion professionnelle. Pour 7,5 %, c’était avant tout pour le plaisir de continuer à étudier des disciplines aimées. Peu, et c’est tant mieux, se sont orientés en prépa par souci d’économie (1,5 %) ou encore pour faire plaisir à ceux qui la leur auraient conseillée (parents, profs, amis…) (1 %).

Des étudiants fiers, battants et heureux en prépa !

Ce choix opéré de manière plutôt positive pour la prépa, a-t-il des conséquences sur la façon dont elle est ensuite vécue ? La moitié des étudiants cochent un qualificatif dont le sens est positif. 1/4 des préparationnaires se sentent en effet fiers de leurs études et presque autant (22 %) estiment que la prépa leur donne/renforce un/leur moral de battant(e). Elle est en revanche vécue principalement comme une source de stress par 20 % des répondants, qui viennent jeter une ombre sur un podium en majorité occupé par des étudiants s’estimant boostés par leur statut de préparationnaire. Assez loin ensuite, c’est grand soleil pour 10 % de prépas dont nous avons adoré découvrir qu’ils s’estiment heureux. Plus pragmatiques les 9 % jugeant que la prépa les rend intelligents. 5 % pensent qu’elle fait d’eux des personnes « différentes ». 3 % sont indifférents à l’effet de la prépa sur eux quand 4 % se disant «insecure» viennent grossir les rangs des étudiants moins enthousiasmés par leur quotidien en prépa.

Ce qui semble le plus difficile à accepter au sujet de la prépa par ceux qui la connaissent le mieux ? Ce ne sont pas tant les résultats obtenus en tant que tels (8,5 % ont quand même du mal avec les notes), mais la comparaison avec ceux des autres, à quasi-égalité avec l’impression d’avoir à travailler non-stop pour ne pas décrocher. 17 % de préparationnaires ne lui reprochent rien qui a directement à voir avec eux-mêmes : se positionnant en défenseurs de leur formation, ils supportent mal l’image que le grand public a de la classe préparatoire (ultra-concurrence, hyper-sélectivité…). Dans un troisième temps, ce sont les concours qui concentrent les reproches : le compte à rebours jusqu’au jour J, difficile à supporter pour 15 % d’étudiants, ou encore l’impression de «  formatage  » pouvant en découler (12 %)… De fait, il s’agit d’une formation qui prépare ses étudiants et futurs candidats à réussir un concours. Difficile, dans ce cas, de se passer du calendrier et de la… préparation. Les principaux griefs étant listés, invitons les étudiants à qualifier les caractères que la prépa participe à développer chez eux. Ils ne sont pas nombreux (2,5 %) à avoir évoqué l’esprit de compétition, et à peine plus (9 %) à estimer qu’ils entraînent leur sens du sacrifice en suivant un cursus en CPGE.

Ces combattants, les poings plus ou moins serrés, côtoient 2,5 % de camarades pour lesquels la prépa développe l’esprit d’équipe et 3 % qui parlent d’ouverture. Une autre façon d’envisager la compétition… Sur les 3e et 4e marches des termes qui résonnent le plus aux oreilles des préparationnaires ayant pris du recul sur leur expérience  : résilience (12,5 %) et équilibre (11,5 %). Mais une large majorité estime avant tout que la prépa développe l’esprit d’endurance (30 %) et de travail (29 %). That’s a fact!

Les clés du succès en prépa

Comment faire pour réussir en prépa ? Pour vivre le mieux possible ces années, quelle est la recette conseillée ? Absolument pas de se plonger à corps perdu dans le travail, mais de s’organiser pour le faire bien ! C’est la méthode qui

permet d’absorber le contenu. 40 % des étudiants conseillent en tout cas de penser organisation/anticipation/ planning. 16 % placent la connaissance de soi et de ses limites comme ingrédient numéro 1 pour bien vivre sa prépa. 9,5 % sont d’abord motivés par un modèle dont ils s’inspirent pour avancer et 9 % pensent « concours » pour tenir. 8 % seulement estiment que l’entourage est essentiel pour réussir sa prépa. Pour 7,5 % qui ont peut-être du mal à sortir la tête du guidon, ça se passe «  un jour après l’autre ». 6 % « tiennent » grâce à l’objectif d’écolequ’ils se sont fixé et 3,5 % comptent en priorité sur leurs professeurs pour éclairer le chemin et guider l’avancée.

S’ils pouvaient changer une chose à la prépa, que faudrait-il aux élèves pour s’épanouir davantage ? Leurs réponses sont en miroir avec celles concernant ce qu’ils supportent le moins au sujet de leur formation : une majorité (33,5 %) demanderait plus de temps pour eux ; 1/4 se sentiraient mieux s’ils parvenaient à éviter la comparaison. Mais presque 1 préparationnaire sur 5 ne voit rien à redire et se sent déjà très bien ! 6,5 % voudraient de «  meilleurs profs ». 12,5 % des répondants confient l’augmentation de leur niveau de bien-être en prépa aux mains d’autrui. 4,5 % aimeraient être en couple. 2 % préféreraient ne pas l’être. Il y a peut-être matière à vous arranger ! Tout comme des transferts sont peut-être possibles entre les 3 % qui voudraient élargir leur cercle d’amis, versus les 0,5 % qui feraient bien l’inverse. En espérant que ces derniers ne vivent pas des amitiés toxiques, auquel cas, essayer d’en parler ou de s’en défaire est effectivement nécessaire. 2,5 % des répondants aimeraient plus d’attention de la part de leurs proches pour se sentir mieux en prépa. On l’a vu plus haut : c’est la clé du succès pour 8 % des étudiants.

Les concours : source de craintes, mais aussi de motivation

On en vient à ce qui cause le plus de tracas aux préparationnaires, mais qui confère aussi tout son sens à la formation pour laquelle ils ont opté : les concours ! Leurs principales préoccupations mises bout à bout révèlent, ou plutôt confirment que rien ne leur inspire plus de « craintes » que les concours et le package livré avec : les révisions et les résultats. Avant, pendant, après… 67 % des préparationnaires appréhendent les périodes liées au concours. 17 % redoutent davantage l’hiver, souvent identifié comme une saison difficile en prépa. La rentrée en 2e année, le choix d’école ou les vacances entre les deux années sont craints de manière plus anecdotique.

Redoutés, mais pas reniés, les concours représentent une source de motivation pour 53 % des répondants quand 47 % s’avouent stressés à la perspective de ce rendez-vous… Pour contrer l’appréhension ou répondre aux élans de motivation,

les prépas cherchent des moyens de se projeter d’abord intellectuellement, puis techniquement et, enfin, moralement. Trouver des sujets possibles à partir desquels élaborer une réflexion est essentiel pour 50,5 % d’entre eux. Décortiquer les rapports de jurys pour saisir ce qui est attendu de la part des candidats est tout autant important (49,5 %). Parcourir des copies pour les comparer à sa propre production ou ses propres idées fait partie des incontournables pour 39 % des prépas. 36 % veulent des conseils et 35,5 % attendent des fiches pour être au clair sur le format de chaque épreuve. Les coefficients, les dates, c’est important, mais pas essentiel et, a priori, personne ne passe à côté. 15 % apprécient les témoignages pour aider à anticiper (je prends quoi le jour J ? Quel sentiment une fois dans la salle d’examen ?). Quoi que tu cherches à ce sujet, tu sais où le trouver : major-prepa.com !

L’école idéale selon les prépas

Et après tout ça, une fois que la prépa sera (presque) derrière toi et qu’il faudra penser à ton école, que peux-tu dire concernant tes critères de choix à ce stade de ton année et alors que les concours concentrent toute ta pensée ? Nous nous sommes arrêtés sur deux d’entre eux en particulier  : la localisation de ta future école et l’essentiel en termes d’offre. 27 % privilégieraient une école avec plusieurs campus dans le monde.

Le campus à l’américaine (logements, terrains de sport, supermarché…) remporte 25,5 % des suffrages quand 22 % des élèves de prépa opteront en priorité pour une école située à distance raisonnable de chez eux. Ils ne sont qu’une petite part du camembert à viser une école située looooin du domicile familial. A priori, où qu’elle soit implantée, elle te fera un minimum voyager : valider une expérience à l’international est obligatoire pour obtenir ton diplôme.

Le campus en centre-ville et ses atouts (accessibilité, vie étudiante…) séduit 11 % des futurs étudiants en école de management quand 6,5 % le veulent surtout proche de la nature. 5 % estiment important que leur future écoledispose de plusieurs campus en France. Cette variété de souhaits correspond à la variété de l’offre  : en matière de campus et d’infrastructures, les écoles ont chacune leurs spécificités.

Ce qui les rassemble ? Elles savent toutes à quel point ce critère est essentiel dans le choix des candidats et soignent leur(s) campus à base de réaménagements, rénovations, extensions, voire déménagement pour investir des lieux de vie et de travail qui correspondent aux attentes des étudiants (espaces associatifs, campus eco-responsables, équipements numériques,  etc.), au cœur de territoires résonnant avec leur histoire et porteurs de sens pour leur développement. En phase avec ce que la réponse précédente laisse entendre sur les envies d’international des prépas, leur future école ne devra pas faire l’impasse sur les doubles diplômes internationaux, indispensables pour 66,5 % des répondants au baromètre. 42,5 % pensent « expérience professionnelle » avant tout et scruteront la liste des entreprises partenaires des écoles visées. 29,5 % sont branchés doubles diplômes, mais français cette fois-ci. Dans les trois cas, ce podium montre à quel point la construction d’un CV solide importe aux futurs étudiants, et c’est le moins qu’ils sont en droit d’attendre de leur école ! 22 % se soucient des places offertes en alternance.

Une modalité d’études qui continue d’opérer une percée auprès des étudiants de niveau master. Les questions de transition, le souci de l’environnement et de l’impact apparaissent au second plan des préoccupations des futurs étudiants qui voudrontd’abord pouvoir s’engager dans une mission à caractère social ou humanitaire (21 %). Sans cours dédiés à la transition écologique, sans associations engagées pour l’environnement ou sans module consacré à la finance durable, ils seront tout de même respectivement 14,5 %, 11,5 % et 7 % à passer leur chemin !

Que feras-tu quand tu seras grand(e) ?

Après tout cela encore, ou peut-être en réalité avant tout, ce qui porte 26 % des répondants au baromètre Major Prépa 2024, c’est l’envie d’être épanoui(e). 24 % veulent pouvoir être fiers d’eux et 22,5 % sont mus par la quête du bonheur. 13,5 % ne cachent pas leur envie d’être riches (ce qui peut s’entendre de plusieurs manières). Pour une poignée d’autres, ce sont les adjectifs « inspirant(e) », « expert(e) » et « respecté(e) » qui orientent leur trajectoire. Prépa + Grande École : un parcours qui permet aux aspirations les plus élevées de s’exprimer !

“La pertinence du modèle prépa validée par ceux qui la vivent”

Tamym Abdessemed, directeur d’Excelia Business School nous livre son regard sur les résultats du baromètre prépa 2024 :

«Les nombreuses réponses au baromètre prépa 2024 constituent une validation utile, salutaire et précise de la pertinence du modèle des classes préparatoires par un échantillon représentatif. Interrogés à une période de l’année éloignée des moments d’anxiété qu’ils pointent, les sondés répondent avec sang-froid, sans être sous le coup de l’émotion, et leurs réponses sont précieuses, nuancées et équilibrées. Ils se montrent pleins de sagesse et de maturité. Les chiffres montrent que la prépa reste essentiellement un choix d’adhésion pleine et entière; une orientation volontaire, permettant de continuer à s’ouvrir intellectuellement tout en allant chercher une forme d’exigence avec soi-même.

Il est heureux que des étudiants entrent en résonance avec cette manière d’aborder l’enseignement supérieur après leur bac. Oui, la prépa va vous demander du travail et de l’endurance; oui, vous pourrez l’apprécier pour sa capacité à vous faire emprunter un chemin exigeant et ouvert aux grandes disciplines. Il s’agit aussi d’un cursus qui permet de cultiver l’estime de soi : on éprouve un sentiment de fierté à aller mettre à l’épreuve ses qualités de battant(e), à se challenger, sans aller jusqu’au sacrifice. Cela forge un caractère ! Les préparationnaires, pour ceux qui ne se déclarent pas déjà heureux, sont prêts à remettre à plus tard le bonheur que nombreux visent et ils reconnaissent que la prépa peut apporter une forme d’épanouissement.

Cette génération est donc parfaitement capable d’accepter elle aussi le renoncement, reconnait la valeur et comprend le pouvoir de transformation de la classe préparatoire sur leur personnalité. Ils en ont aussi compris les règles du jeu et mettent en place des stratégies pour performer au concours en cherchant à se documenter mieux, davantage, différemment… Ils intériorisent la démarche, comprennent les ressorts, acceptent les renoncements, opèrent des aménagements pour parvenir, plus tard, à l’épanouissement. Ce baromètre est un outil intéressant, il offre un beau résultat qui va à l’encontre de ce que l’on peut entendre ou croire au sujet de la prépa. Je continue de penser qu’il faut inscrire nos classes préparatoires patrimoine français de l’enseignement supérieur ! »

Profil des répondants 

Administré entre le 24/10/23 et le 05/11/23, le baromètre Major Prépa x Excelia Business School comportait 20 questions et a recueilli un total de 881 réponses : 51% formulées par des garçons et 46%, par des filles (3% n’ayant pas souhaité livrer cette information). 54% ont indiqué étudier en prépa ECG ; 32%, en prépa ingé ; 11% en prépa littéraire et 3% en ECT. 47,5% des répondants sont en 2e  année de CPGE et s’apprêtent à passer les concours en 2024. Ils viennent principalement d’Île-de-France (38%) et d’Auvergne-Rhône-Alpes (14,5%). Les graphiques pages suivantes présentent les résultats arrondis à la décimale la plus proche. L’addition des pourcentages dépasse les 100% dans le cas où plusieurs réponses pouvaient être cochées simultanément.

Le Major n°15 – Spécial Écrits 2024