Voici le rapport de jury de l’épreuve d’Allemand LV1 de la banque Iéna.

I – BILAN GÉNÉRAL DE L’ÉPREUVE

« Lʼexcès dont Munich a absolument besoin » : un document riche et très original puisquʼil sʼagit dʼune analyse sociologique de la fameuse « Fête de la bière » bavaroise, lʼune des plus grandes fêtes populaires au monde (plusieurs millions de visiteurs). Munich est une ville « sage, propre, sérieuse et travailleuse, qui sait se contrôler, conservatrice », à lʼimage des Allemands en général (à ce propos le journaliste rappelle quelques bons vieux clichés tenaces). Mais là, exceptionnellement, pendant une quinzaine de jours les Allemands « se lâchent », cʼest « le chaos, lʼexcès, lʼorgie, la beuverie sans limite », comme le répètent ceux qui détestent cet événement.

Le journaliste prend le contre-pied de cette opinion en expliquant tous les bienfaits de cette fête qui fait du bien à Munich en lui apportant un vent de folie. Cʼest surtout une fête des traditions (très fortes en Bavière), de lʼégalité et de la fraternité car tous les visiteurs cohabitent dans la joie et la bonne humeur sans se soucier du niveau social, de la langue ou de la nationalité. A la fin, le journaliste fait une comparaison évidente avec le Carnaval (de Cologne ou de Rio).
C’est donc une thématique jeune, moderne, qui devait intéresser nos candidats, avec un arrière-plan culturel/civilisationnel allemand. Dans l’essai, nous avions évidemment pensé, dans un premier temps, faire réagir les étudiants sur cette « orgie populaire », mais cela aurait inévitablement conduit à un plagiat du texte, à une simple reprise des arguments contenus dans celui-ci. Puisque le journaliste rappelle les clichés connus à propos des Allemands, nous avons demandé aux candidats dʼexpliquer la transformation de lʼimage de lʼAllemagne à lʼétranger : comment a-t-elle réussi à faire oublier son histoire, en particulier son passé nazi, et devenir ce pays apprécié, voire admiré, parfois jalousé dans le monde entier ?

A priori, cʼest un sujet de cours classique, mais la formulation de la question contraint le candidat à une analyse et une réflexion personnelles, à partir de ses propres connaissances et de son vécu. Cʼest ce qui faisait pour nous lʼintérêt majeur de ce sujet. Effectivement, les candidats ont répondu de manière personnelle, souvent avec bonheur, pour le plus grand plaisir des correcteurs.

L’article est tiré du « Süddeutsche Zeitung », journal renommé, de grande qualité tant au niveau de la langue que de la profondeur de la réflexion. Le texte a été retravaillé et adapté au niveau de nos candidats. Les correcteurs ont approuvé ce choix.
La moyenne est bonne : 11,87/20, pour 211 candidats, avec un bon écart-type sur l’ensemble des notes de 3,68 (notes allant de 02,40/20 à 19,50/20). Les correcteurs ont donc suivi la consigne d’ouvrir au maximum l’éventail des notes. Cette bonne moyenne est due à la qualité des candidats, hélas peu nombreux (exercices de traduction bien réussis), et à la volonté de valoriser les bonnes copies, en particulier en utilisant largement les bonus.

II – BILAN SPÉCIFIQUE AUX 4 PARTIES : VERSION / QUESTIONS 1 ET 2 / QUESTION 3 / THÈME

La version :

Les résultats sont bons avec une moyenne de 13,37/20. Ils sont cependant très contrastés. La version fut à la fois bien réussie et sélective, comme en témoigne lʼécart-type élevé (4,58 / notes allant de 01 à 20).

Cʼest une belle version, à priori et il nʼy a pas de difficultés insurmontables. Le titre ne pose pas de problèmes, toutefois il est parfois oublié dans quelques copies. La compréhension est relativement aisée, mais la transposition précise dans un français fluide n’est pas évidente. La traduction de certaines structures et de certains termes est délicate voire ardue, cela demande de la réflexion, de l’habileté et de la maîtrise. Tout le premier paragraphe en particulier a fait des dégâts.
Les faux sens les plus fréquents résultent le plus souvent d’erreurs d’inattention ou de graves lacunes lexicales.
Notons les problèmes habituels de français, dʼorthographe, dʼaccents ou de ponctuation.

Les questions :

Le bilan des questions 1 et 2 (de compréhension) est très correct. Les libellés étaient pertinents et n’ont pas posé de problèmes de compréhension.
Las moyennes sont satisfaisantes : 06,04/10 pour la question 1 (notes de 01 à 10/10) et 05,29/10 pour la question 2 (notes de 00 à 10/10).
On remarque moins de plagiat. Mais certains candidats ont toujours du mal à trouver et ordonner tous les éléments de réponse, disséminés sur lʼensemble du texte. Le traitement n’est donc pas toujours optimal.
La question 3 fut discriminante (comme le montre l’écart-type 3,98 / notes allant de 00 à 20/20). La moyenne est de 12,27/20.
Cette année, on trouve moins les reproches classiques (essais plats, manque de réflexion originale et d’exemples concrets, absence de plan et verbiage ou répétitions pour atteindre péniblement le nombre de mots souhaité. Tendance à détourner la question pour placer un cours tout prêt). En effet, manifestement, le sujet du commentaire a inspiré la majorité des candidats et ils avaient des choses à dire : « J’ai donné un 20 et plusieurs 18 à la Q3. Un vrai plaisir de lire de telles copies, surtout que cela n’arrive pas tous les jours… »
Les candidats ont respecté les longueurs demandées et traité toutes les questions.

Le thème :

Il fut apprécié des correcteurs qui l’ont jugé bien calibré, sainement sélectif, ni trop facile, ni trop difficile :
Il offre en effet une palette relativement complète des difficultés grammaticales incontournables : passif, conditionnel, participe II, la structure infinitive, « la femme la plus puissante du monde », les conjonctions (« bien que, si ») … Quelques structures sont plus délicates à traduire (« a dû attendre que la tempête se calme / la dernière phrase … »)
Le lexique est connu et sans surprise.

Manifestement, la majorité des étudiants s’en est relativement bien sortie. Cela prouve que l’on peut très bien faire dans cet exercice, avec un peu de sérieux. Notons cependant, comme nous le rappelle lʼécart-type ci-dessous, que certaines copies demeurent très faibles.
La moyenne est correcte, un peu supérieure à l’an dernier : 10,35/20 (écart-type très élevé de 4,90 / notes allant de 00 à 20/20).

III – Conclusion :

On peut expliquer la bonne moyenne par le nombre historiquement bas des candidats (3% des candidats) qui cependant avaient souvent un excellent niveau. Les correcteurs chevronnés, qui avaient en charge les LV1, étaient vraiment très satisfaits. Toutefois l’écart-type de la LV1-allemand est le meilleur de toutes les langues, l’épreuve fut donc discriminante.

Le bilan est donc positif si l’on considère le niveau très stable, correct, voire satisfaisant (parfois même excellent) de la plupart des candidats qui font ainsi la preuve de solides connaissances et d’une formation de qualité. Il y a bien entendu des copies faibles, présentant des moyens linguistiques modestes, en tout cas insuffisants pour affronter des sujets de Concours qui maintiennent un certain niveau d’exigence.
En ce qui concerne la baisse des effectifs, constatée les années passées, pas de bonne nouvelle hélas : malgré une légère augmentation du nombre global des candidats, lʼérosion se poursuit, avec 211 candidats = 3,32% de germanistes (3,63% l’an dernier).

Merci à tous les professeurs, pour la qualité de leur travail durant l’année et/ou de leur participation à la correction de ce concours. Bonne réussite à tous pour 2018.