Cette primaire démocrate a surtout été marquée par le duel Sanders/Clinton.

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Bernie Sanders : le démocrate-socialiste

Photo prise par Phil Roeder
Bernie Sanders by Phil Roeder

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Sénateur du Vermont de 74 ans, se qualifie lui-même de « democratic socialist ». Pour rappel, si le terme « liberal » désigne la gauche américaine, « socialist » désigne quasiment l’extrême gauche dans l’esprit des américains. Malgré tout, Sanders se rapproche de Trump dans la mesure où lui aussi s’oppose à l’establishment américain. Sa campagne a été financée avec succès par des particuliers (il a réussi à récolter  229 millions de dollars contre 335 pour Clinton et 67 pour Trump). Sanders se présente évidemment comme imperméable aux lobbys.

Concernant l’immigration, Sanders voulait permettre aux immigrés d’être plus intégrés dans la société américaine en leur permettant l’accès à plus de services fédéraux. En matière de santé, contrairement aux Républicains dont l’objectif principal est de supprimer Obamacare/Medicare, Sanders voulait reprendre ce projet et l’étendre avec un « Medicare-for-all ». Ce système aurait été financé par une hausse d’impôts visant les plus riches pour proposer une couverture santé pour chaque américain.

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Ses points forts : Il surprend avec des propositions audacieuses dans l’éducation. Sanders pense que les universités américaines devraient toutes être gratuites. Pour s’attaquer à la dette étudiante, il aurait taxé Wall Street avec un nouvel impôt visant la spéculation boursière. De fait, il a donc fait des jeunes son électorat principal.

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Ses points faibles : Pour Sanders, la société est fragmentée en terme de classes sociales définies par le revenu. Il promet ainsi de combattre les inégalités, dont blancs et noirs souffrent. Néanmoins, cela implique qu’il laisse de côté une vision de la société fragmentée par l’ethnicité, ce que Clinton privilégie. Afro-Américains et Hispaniques veulent que l’Etat les prenne en compte en continuant de les envisager comme désavantagés dans une société normée pour les Blancs. De là en découlent des mesures de discrimination positive. Sanders, lui, privilégie des hausses d’impôts pour réduire l’écart entre riches et pauvres, car c’est là que se situe la fracture au sein de la société américaine. Il perd donc l’électorat des minorités.

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Hillary Clinton : la carriériste politique

Clinton
Hillary Clinton | by Gage Skidmore

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Elle est LA candidate de l’establishment américain. Ancienne first lady de 1993 à 2001, candidate aux primaires présidentielles face à Barack Obama en 2008 puis secrétaire d’Etat (secretary of State) sous ce dernier, Clinton fait partie de la sphère politique depuis longtemps.

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Ses points forts : Elle bénéficie ainsi de beaucoup de contacts qui soutiennent sa campagne — en témoigne le Super PAC colossal dont elle a bénéficié — dont Obama lui-même. Elle peut s’appuyer sur le réseau qu’a tissé Bill pendant sa présidence, qui reste encore populaire.

Présentée comme successeur d’Obama, Hillary joue aussi sur le fait qu’elle pourrait être la première femme élue présidente des Etats-Unis. Sa campagne prend particulièrement en compte le droit des femmes qu’elle souhaite rallier. Enfin, face à Sanders, elle jouit du soutien indéfectible des minorités.

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Ses points faibles : Clinton est présentée comme la « candidate de Wall Street » vendue aux intérêts des lobbys. De plus, elle traîne derrière elle quelques casseroles qui font du bruit.

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La Libye dans le chaos à cause d’Hillary ?

Quand elle était secrétaire d’Etat, Hillary Clinton a joué un rôle primordial dans la décision des Etats-Unis d’intervenir en Libye. Depuis 1969 le pays était aux mains de Mouammar Kadhafi. La France, Etats-Unis et le reste de la coalition ont aidé les forces civiles — qui en 2011 contestaient le pouvoir central — à s’insurger pour finalement chasser Kadhafi du pouvoir et l’exécuter. Hillary a notamment convaincu Obama qui était réticent à une intervention en Libye, en faisant son projet clé. Elle a aussi aidé à mettre en place une coalition internationale pour intervenir. 

Si ce projet a abouti — Kadhafi a été assassiné — Clinton est loin d’en retirer un succès à présenter pour la campagne actuelle. Depuis, la Libye a sombré dans la guerre civile : le pays est déchiré par les affrontements entre les forces révolutionnaires et les sympathisants du défunt Kadhafi qui se disputent le pouvoir. L’Etat Islamique (ISIS) en a même profité pour gangréner la région, devenue plus instable que jamais. Obama a d’ailleurs dit que sa plus grande erreur en tant que président était de ne pas avoir prévu un suivi après l’intervention pour stabiliser la région.

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L’attaque du consulat de Benghazi (Libye)

En 2012 ce bâtiment diplomatique a été attaqué, faisant quatre victimes américaines. En 2012 une enquête fédérale a eu lieu, Clinton assumant toute la responsabilité de l’attaque. On lui reproche notamment de ne pas avoir mis la sécurité nécessaire dans ce consulat, pourtant situé dans une zone sensible. Elle a été obligée de s’expliquer pendant plus de 11 heures en 2015 devant une commission d’enquête créée à cet effet. Le rapport délivré par la commission pointe une sous appréciation de la menace terroriste en Libye de la part de la secrétaire d’Etat.

       

Le scandale des emails

Suite au scandale du Benghazi, les emails d’Hillary Clinton sont épluchés, et la commission en charge fait une découverte relayée en 2015 par le New York Times. Hillary Clinton utilisait son adresse email personnelle pour envoyer et recevoir des messages en tant que secrétaire d’Etat. Techniquement, ce n’est pas illégal mais pose un problème car étant en charge de la diplomatie américaine, Clinton était évidemment en contact avec des informations classifiées. C’est pour cela qu’était mise à sa disposition une adresse email officielle dont les emails sont stockés sur des serveurs fédéraux protégés. Hillary ne l’a pas utilisée car pour elle il était plus simple d’utiliser son adresse personnelle.

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Le résultat

Ce sont les minorités qui mènent Clinton à la victoire. En superposant les cartes de répartition des américains hispaniques (1) et afro-américains (2) sur le territoire américain, on obtient grossièrement les Etats où Clinton a gagné — Clinton en rose, Sanders en vert (3). Pour cause, Hillary Clinton obtenait 73% des intentions de vote des américains hispaniques démocrates, contre seulement 3% pour Bernie Sanders.

hispanic(1) 

Pourcentage afro-américains(2)

maps-us-states-03 (3)