La date du 11 septembre évoque évidemment les attentats tragiques de 2001 aux Etats-Unis. Mais dans le monde hispanophone, elle a bien d’autres significations.

En Catalogne, la Diada

La Diada, célébrée le 11 septembre, est la fête nationale de la Catalogne. Elle commémore la défaite de Barcelone le 11 septembre 1714, où la Catalogne a perdu ses libertés nationales. Interdite mais célébrée clandestinement sous la dictature de Franco, ce n’est qu’en 1980 que la Diada est officiellement déclarée fête nationale de la Catalogne. Cette fête est caractérisée par des rassemblements, des concerts, des chants de l’hymne catalan, etc. C’est un jour férié en Catalogne.

Depuis la manifestation « Catalunya, nou estat d’Europa » (Catalogne, nouvel état d’Europe) à Barcelone le 11 septembre 2012, la Diada a un caractère clairement indépendantiste. Ce jour là, l’ANC (Assemblée Nationale Catalane) affirme sa volonté d’indépendance pour la Catalogne.

Lors de la Diada de 2013, le rassemblement de la « Via Catalana cap a la Independència » (Voie catalane vers l’indépendance) permet aux catalans de former une chaîne humaine de près de 400km, avec pour objectif de faire encore une fois entendre leur volonté d’indépendance.

Le mouvement continue l’année suivante avec la « V de la Diada », manifestation qui demande la tenue d’un référendum sur l’indépendance de la Catalogne ; les manifestants forment un immense V dans les rues de Barcelone, symbolisant leur volonté de voter. Mais le référendum, tenu le 9 Novembre de la même année sera déclaré nul par le Tribunal Constitutionnel.

Enfin, avec la manifestation « Via Lliure » pour l’indépendance de la Catalogne, la Diada de 2015 a eu une importance primordiale pour les catalans, puisqu’elle a eu lieu juste avant les élections régionales du 27 septembre. En Catalogne, les deux partis indépendantistes (dont le parti Junts Pel Sí d’Artur Mas) ont réussi à remporter la majorité absolue des sièges aux élections.

Cependant, cette année, selon le président de l’ANC, les manifestations de la Diada devraient moins se centrer sur la demande d’un référendum. De plus, d’après les organisateurs, moins de personnes se sont engagées à participer aux manifestations.

Pour aller plus loin : http://www.elmundo.es/cataluna/2016/09/02/57c98e6a268e3ee41e8b464d.html

Au Chili, le Putsch de Pinochet en 1973

Il y a 43 ans, le 11 septembre 1973, un coup d’état militaire dirigé par le général Pinochet renverse le gouvernement du président socialiste Allende, qui avait été élu de manière démocratique en 1970. Les militaires envahissent symboliquement le palais présidentiel (La Moneda) à Santiago. Un couvre feu est mis en place, la liberté de la presse prend fin, les syndicats et partis politiques sont dissous. Les arrestations, tortures et assassinats commencent pour tous les opposants au régime dictatorial de Pinochet, et notamment pour les membres de la gauche socialiste.

Le coup d’Etat a vivement été soutenu par les Etats-Unis (sous Nixon), notamment par Henri Kissinger, directeur de la CIA. Dans un contexte de guerre froide, les Etats Unis y voyaient l’opportunité d’éliminer le premier gouvernement de gauche à naître en Amérique Latine.

Même si le régime militaire a disparu depuis 1990, la plaie reste ouverte pour un grande majorité de chiliens. Beaucoup de familles ayant perdu des proches durant la dictature demandent justice, mais Pinochet est décédé en 2006, sans jamais avoir été condamné. En janvier 2016, l’Etat Chilien a dû verser au total plus d’un million de dollars aux familles de 4 personnes disparues sous la dictature. Si ce geste a été fortement médiatisé, il ne faut pas oublier que la plupart des familles des victimes n’ont jamais été indemnisées, et que l’argent ne suffira jamais à faire oublier le traumatisme subi durant ces décennies sombres.

Pour aller plus loin : https://www.youtube.com/watch?v=nnZI4RX5Fh4

En Espagne, l’attentat du 11 Mars 2004 à Madrid

Le 11 mars 2004 (el 11-M), des bombes explosent en Espagne dans différents trains, notamment à la gare d’Atocha (Madrid), provoquant la mort de 191 personnes, et en blessant près de 2000. Prenant place deux ans et demi après les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, ceux de Madrid ont de suite été nommés comme le « 11 septembre de l’Espagne ».

Rapidement, l’ETA (organisation armée indépendantiste basque) est accusée, du fait de l’importance de son activité terroriste à cette époque. Plus tard, on découvrira que l’attentat a en fait été perpétué par Al-Qaïda.

L’attentat du 11-M s’est produit 3 jours avant les élections nationales en Espagne. Les conséquences politiques en ont donc été d’autant plus importantes.

Le climat politique était déjà tendu en Espagne puisque le premier ministre (José María Aznar) et son gouvernement avaient décidé d’envoyer des troupes en Irak, alors que la plupart des espagnols y étaient opposés. Une attaque islamiste aurait donc pu nuire à l’image du parti au pouvoir, el PP (Partido Popular, de droite). Ainsi, le gouvernement ayant inculpé d’emblée ETA, les espagnols ont eu le sentiment de se faire manipuler pour qu’ils votent pour le PP, et non pour le PSOE mené par Zapatero, qui dans son programme électoral promettait de retirer les troupes espagnoles d’Irak.

Il est difficile d’évaluer l’impact qu’ont eu les attentats sur le résultat final des élections, mais il est impossible de nier l’existence d’une corrélation entre les deux. Finalement, Zapatero sera élu premier ministre et retirera les troupes d’Irak, conformément à son programme.