L’accroche de Major-Prépa (extrait de la synthèse d’actualité de Mai 2014) :

Les élections européennes de 2014 ont été marquées du sceau de l’abstention et de l’essor de l’euroscepticisme. Au Royaume-Uni l’UKIP arrive en tête (27,5%) alors que le FN en France remporte aisément 25% des votes. Les partis nationalistes, populistes et euro-sceptiques représenteraient ainsi 30% des sièges au parlement selon THE ECONOMIST : une véritable désillusion pour les pères fondateurs de l’Europe. En effet malgré les innombrables avantages que l’UE nous offre (Paix préservée en UE [zone historiquement la plus belligène au monde, d’où sont nées les deux Guerres mondiales], création d’un environnement propice aux entreprises qui savent l’exploiter [comme EADS, Ikéa ou même Volkswagen], libre-circulation dans l’Europe, monnaie stable bien que forte,… ) les européens plutôt que d’impulser la réforme de l’UE (afin de palier à ses incohérences structurelles et de nous sortir de cette crise) ont préféré lui tourner le dos notamment du fait du marasme économique mais aussi de l’euro-frilosité des partis pro-européens… Or dans ce nouveau monde de géants (La Chine par exemple c’est 9,6 millions de km carrés, 1,3 milliards d’habitants, et un PIB avoisinant 8200 milliards de dollars), la France aura besoin de l’Europe ne serait-ce que pour continuer à peser dans la mondialisation et dans le concert des nations comme le rappelle Daniel Cohn-Bendit dans Debout l’Europe. Au total, « La vraie question est de savoir si les européens veulent ou non toujours jouer un rôle dans l’histoire » (J.Delors).

La problématique posée par l’ouvrage :

Selon l’auteur, depuis 20 ans l’Europe a raté bien des grands rendez-vous (rejet en 2004 par la France et les Pays-Bas du traité de Rome [visant à établir une constitution]), désormais elle est au pied du mur (Europe en crise, approfondissement en panne, euroscepticisme en hausse, euro-frilosité chez les citoyens et chefs d’États européens qui porte préjudice à la cohérence du projet de l’U.E.).

En effet, comment est-il possible qu’à l’heure où des « nations-continents » (comme les Etats-Unis, l’Australie ou même la Russie) et des pays émergents (comme la Chine, le Brésil, l’Inde, le Nigeria ou encore le Mexique) prospèrent dans la mondialisation, le Vieux Continent soit devenu « le maillon faible de la reprise mondiale », avec des taux de croissance chroniquement faibles, un déclin démographique quasi général, une dépendance énergétique lancinante, une zone euro fragilisée et l’absence de toute véritable défense intégrée ?Hier promis par François Mitterrand, où est donc passé notre avenir européen ?

Le résumé du chapitre 1 : D’une crise à l’autre

Mais déjà, quelle est la raison fondamentale du mal-être européen ?

Selon l’auteur le plus préjudiciable pour l’Union Européenne c’est l’inachèvement de son union économique et monétaire. On en arrive par exemple au paradoxe suivant : les 19 pays de la zone-euro ont la même monnaie, mais à part des critères de convergence (déficit doit être inférieur à 3% du budget et la dette inférieure à 60%) que presque personne ne respecte vraiment (la dette française s’élève à 90% de son PIB), il n’existe pas de politique budgétaire commune, pas de coordination des politiques économiques, ni même d’harmonisation fiscale. Par la même l’U.E. (au moment des Subprimes) n’était pas équipée pour résister et répondre aux crises (pas de solidarité financière ou encore une BCE qui ne monétarisait pas encore la dette [les États de la zone euro était donc obligé de se financer sur les marchés qui s’en donnaient à cœur joie pour spéculer contre les GIPSI (Grèce, Italie, Portugal, Espagne et Irlande). Ces derniers, pourtant sur-endettés, devaient alors emprunter à des taux astronomique]).

L’Union Européenne est ainsi dans le marasme. L’équation est simple : croissance faible, population vieillissante et déclinante, dépendance énergétique [ce qui est problématique à l’heure de la crise en Ukraine], fractures sociales inter et intra-étatiques, impasse politique et panne de leadership. Or la crise a agi comme un catalyseur du désamour éprouvé à l’égard de l’U.E. Dans les populations des pays du sud (Bruxelles impose par exemple une austérité qui provoque l’ire de la société espagnole qui n’arrive pas à s’en sortir [taux de chômage de 26% en Espagne, indépendantisme catalan exacerbé avec la crise]), dans les populations des pays de l’est (La R.Tchèque de plus en plus euro-sceptique, Victor Orban toujours plus critique à l’égard de l’U.E.) et dans les populations du nord (le parti des Vrais Finlandais émerge pour contester une U.E. trop conciliante à l’égard des mauvais élèves, deuxième parti du pays aux législatives d’avril 2015). Ainsi l’Euro-scepticisme et les populismes progressent (les élections européennes de 2014 en sont la démonstration) dans une U.E. dont les dirigeants craignent l’impopularité (et donc la défaite au prochaine élections) c’est pourquoi ils n’osent pas relancer le processus européen : l’euro-frilosité est de mise. Tels sont les maux dont souffre l’U.E. actuellement.

Mais en dépit des difficultés auxquelles elle est confrontée, la construction européenne demeure résolument la chance de notre continent. Tout d’abord parce qu’elle a permis la pacification et la démocratisation de la zone, mais aussi parce qu’elle propose aux États-membres un marché intégré (libre-circulation de personnes et de marchandises, harmonisation de la TVA,…), une relative prospérité économique et sociale des États-membres, des aides aux régions en difficultés, une monnaie unique stable et puissante, une juridiction supra-nationale et des institutions quasi-fédérale (BCE, CPI,…). L’U.E. cette puissance normative est également importante dans la stabilité internationale, elle est porteuse d’innombrables bienfaits (d’où le prix Nobel de la paix en 2013). C’est pourquoi sa réforme est préférable à son abandon selon l’auteur.

Chapitre 2 : Le fiasco d’une Europe des États

Mais pourquoi l’U.E. est-elle en panne d’approfondissement ?

L’auteur est résolument hostile aux référendums à tout va (cela favorise l’euro-scepticisme) et à l’élargissement tout azimut (mieux vaut-il approfondir avant de vouloir élargir). Le problème fondamental de l’Europe c’est qu’en plus d’être le bouc émissaire de tous les maux du monde, elle manque de cohérence (les politiques économiques sont hétérogènes, les positions géopolitiques divergent lors de crise internationale,…), d’aboutissement (l’Europe de la défense est une chimère au grand dam de la France qui ne cesse d’intervenir seule notamment en Afrique), de dynamisme, d’efficacité (cuisant échec de Galiléo), de lisibilité et surtout de cap. Enfin, l’approfondissement est à la peine car l’Europe actuelle subit le joug des égoïsmes nationaux (L’Allemagne est une puissance commerciale allergique à l’inflation ; elle ne veut donc pas de dévaluation excessive de l’euro qui serait pourtant salvatrice pour des pays tels que le Portugal. Le Royaume-Uni qui pourtant menace de quitter l’UE s’arrange pour faire baisser le budget européen en 2014,…).

Chapitre 3 : Fédéralisme et Mondialisation

Dès lors quelles solutions pour relancer le processus européen dans un contexte de mondialisation et de concurrence exacerbée ?

La première grande crise de la mondialisation a révélé la fragilité de l’U.E. et soulève de ce fait des interrogations quant à sa capacité à tenir son rang dans l’économie du XXIème siècle.

Or l’expérience montre que la politique de concurrence mise en place par l’U.E., le libre échange, et de façon plus générale le fédéralisme ou les partenariats inter-étatiques y sont pour beaucoup dans la réussite de certaines FTN européennes (Le Franco-allemand EADS, le franco-néerlandais Air France-KLM, l’anglo-néerlandais Royal Dutch Shell, ou encore Renault, Volkswagen et Ikea qui ont largement externalisé leur production en Europe de l’est. Rappelons que la part du commerce intra-zone dans le commerce totale est de 66% en U.E., ce qui signifie que les européens commercent plus entre eux qu’avec le reste du monde).

Voila pourquoi l’auteur prône des « Etats-Unis d’Europe » (Victor Hugo), une Europe puissance, fédérale qui sera plus à même de tenir son rang dans une mondialisation de géants.

Chapitre 4 : Quand les États voudront de l’Europe…

Alors quelles sont les mesures concrètes à adopter pour faire changer les choses ?

Afin de faire accepter l’Europe aux européens il s’agit surtout de réussir à faire aimer l’Europe aux Européens. Or aujourd’hui qui se sent réellement européen ? Les nationalismes exacerbés nous permettent-ils d’entrevoir la possibilité d’une Europe Fédérale ? Le changement de mentalité est important pour permettre l’émergence d’un sentiment d’appartenance à l’Union Européenne. Cependant les spécificités nationales ne seront pas appelées à disparaître loin de là. Il s’agit de réaliser l’union dans la diversité. Prendre conscience que nous formons partie d’un corps chacun avec nos spécificités. Que seul nous sommes bien mais qu’ensemble nous sommes plus fort. Au total il s’agit de coller avec la devise de l’U.E. : « Unie dans la diversité ».

Les échanges universitaires favorisées par ERASMUS, en finir avec le véto qui bloque toute décision, l’adoption d’une langue commune qui s’ajouterait à la langue nationale, un impôt européen pour avoir un budget plus conséquent et entreprendre des actions plus importantes sont autant de piste à explorer pour réveiller l’Europe.

Conclusion : Quand l’Europe s’éveillera, alors elle sera plus à même de tenir son rang dans la mondialisation.

Quand l’Europe s’éveillera, le monde comprendra que le Vieux Continent a toujours son mot à dire et surtout un poids considérable dans la géostratégie mondiale.

Quand l’Europe s’éveillera elle pourra relancer la gouvernance mondiale autour de sujet telle que le développement durable.

Quand l’Europe s’éveillera, alors les Européens auront foi en un projet cohérent.

Mais quoi qu’il arrive selon Laurent Cohen-Tanugy, tout doit se jouer avant 2020.

Voilà pourquoi l’Europe doit se réveiller, cependant la « vraie question est de savoir si les Européens veulent, ou non, toujours jouer un rôle dans l’histoire » #JacquesDelors#

Ouverture Major-Prépa :

Des mesures concrètes ont été prises pour répondre aux défaillances originelles de la zone Euro (Pacte Budgétaire pour répondre au manque de coordination des politiques économiques, MESF[Mécanisme Européen de Stabilité Financière] pour plus de solidarité économique,…) mais c’est indéniablement la BCE qui a le plus changé depuis la crise. Car en dépit de l’hostilité allemande, Mario Draghi mène une politique volontariste dans la zone euro. Il a encore récemment baissé les taux directeurs (à 0,05%) pour permettre aux pays membres d’emprunter à des taux extrêmement bas et de faire baisser la valeur de l’euro (une aubaine pour l’exportation!?). Il mène également une politique de rachat d’actifs pour palier aux risques de déflations. Ces politiques financières ont pour but de soutenir la croissance, cependant comme il l’affirme lui-même, la BCE seule ne peut nous sortir de cette crise. Les chefs d’États et autres hauts responsables européens entendront-ils le message ? Car la sortie de crise en U.E. ne s’opérera que « quand l’Europe s’éveillera ».

Ezékiel SEDAMINOU

Major-Prépa