Depuis la réforme de la filière ECT en 2016, les trois épreuves de management possèdent des formats bien distincts : L’épreuve HEC se compose toujours de 14 questions réparties en 3 dossiers. L’épreuve ESC, quant à elle, possède beaucoup plus de questions et se compose nécessairement de 5 dossiers pour toucher à tous les domaines du programme. Enfin, Ecricome, propose un format d’épreuve encore plus particulier puisque l’épreuve ne dure que 2h, avec une première partie sur une analyse de cas d’entreprise puis des affirmations (générales ou dans le cas de l’entreprise étudiée dans la partie précédente) qu’il faudra contredire ou nuancer. Par conséquent, chacune de ces trois épreuves doit être abordée différemment car la notation ne sera pas la même. Il faut donc adopter une stratégie en fonction du format de l’épreuve pour s’assurer de répondre correctement à toutes les questions. On s’intéressera alors ici aux caractéristiques de l’épreuve ESC de management et comment l’aborder en fonction de celles-ci. On se basera ainsi sur le rapport du jury de l’année dernière qui offre une très bonne synthèse de ce qui a été dit dans les rapports précédents tout en s’adaptant aux nouvelles attentes.

 

Une épreuve sans surprise

Tout d’abord, dans quelques semaines, l’épreuve ne vous réservera aucune (mauvaise) surprise. Elle suit une structure bien particulière qui est chaque année scrupuleusement respectée. L’épreuve est nécessairement composée de 5 dossiers, toujours les mêmes, et toujours dans le même ordre : Le premier dossier concerne la stratégie de l’entreprise, le dossier 2 abordera des notions de marketing, le troisième sa situation financière, le quatrième la gestion des ressources humaines et enfin le dernier les systèmes d’information.

Même dans les questions posées, on observe une très forte similarité entre les différents sujets. Le dossier stratégique possède toujours les trois mêmes premières questions : le métier et les finalités de l’entreprise, l’analyse de l’environnement, et la présentation des facteurs clés de succès du marché et/ou des avantages concurrentiels de l’organisation. A cela s’ajoute régulièrement une quatrième question bien spécifique au cas de l’entreprise qui consiste à présenter les enjeux/opportunités d’une certaine décision stratégique (développement d’une nouvelle activité, délocalisation, pénétration d’un nouveau marché…). Cette décision sera alors analysée d’un point de vue marketing dans le dossier 2, le plus imposant en termes de nombre de question (bien que l’année dernière, celui-ci ne possédait que 4 questions comme les autres). Celles-ci peuvent faire explicitement référence à un des 4P (« Analyser/Décrire/Présenter les caractéristiques de la communication/l’offre globale/ la distribution… ») ou s’attardent sur un aspect précis du marketing opérationnel de l’entreprise et dont les réponses se basent donc essentiellement sur l’utilisation des annexes. Le dossier 3 est essentiellement calculatoire, et demandera au choix le calcul et l’analyse des SIG ou d’un bilan fonctionnel avec des ratios, auquel peut venir se rajouter l’analyse de décisions d’investissement et donc calcul de VAN, TIR… Enfin, les dossiers 4 et 5 suivent la même logique que le dossier marketing, c’est-à-dire mêler des questions qui nécessitent de connaître son cours et de l’appliquer au cas (GPEC, motivation, rémunération, recrutement, PGI, tableaux de bords…) et d’autres qui se reposent en grande partie sur les informations des annexes. Ces deux dossiers sont cependant beaucoup moins lourds et donc moins longs à traiter.

L’épreuve ESC se distingue donc d’abord par sa relative prévisibilité et son exhaustivité. Là où HEC consacre un gros premier dossier à la stratégie puis aborde tout le reste du programme à travers une ou deux questions sur chaque autre domaine de la gestion dans les deux autres, l’épreuve ESC, elle, cherche plutôt à brasser un maximum de notions dans chacun des domaines. Le but est clair : valoriser les candidats les plus polyvalents (« Les copies n’ayant pas eu la moyenne font état d’importantes erreurs mais généralement des traitements très superficiels de certains dossiers », rapport 2017). Pour obtenir une très bonne note, le premier point est donc (même si cela peut paraître évident) de ne pas faire d’impasse sur aucun domaine de la gestion (« le niveau des connaissances varie très fortement sur les domaines ressources humaines et système d’information »).  Si c’est le cas, le correcteur le verra forcément puisque le domaine dans lequel vous êtes faible sera obligatoirement abordé en profondeur par l’épreuve, contrairement à HEC ou Ecricome qui peuvent ne faire que l’effleurer.

 

Une épreuve particulièrement longue

Pour montrer qu’on est polyvalent, cela implique d’avoir réussi à traiter l’ensemble des questions. Or, si cela n’est déjà pas facile à HEC avec seulement 3 dossiers du fait des attentes élevées des correcteurs, cela l’est encore moins avec 5 dossiers contenant plus de questions. Les concepteurs ont conscience que l’épreuve est beaucoup plus longue et c’est volontaire : « le sujet est long à traiter et cette session ne déroge pas à la règle ». En réalité, la longueur du sujet est la principale difficulté de cette épreuve et la gestion du temps ainsi que le traitement de l’ensemble des dossiers sont des facteurs importants de la note finale :

  • « Les copies qui dépassent 16/20 démontrent par ailleurs, une capacité à traiter l’ensemble dans un temps contraint ».
  • « Les candidats ayant des résultats supérieurs à la moyenne mais inférieurs à 14 traitent généralement des dossiers de façon approfondie mais sans pouvoir gérer leur temps de façon à terminer le devoir dans le temps imparti ».

Cette dernière phrase est assez révélatrice sur la façon d’aborder cette épreuve. L’erreur de beaucoup de bons candidats est de traiter un dossier ESC comme il traiterait un dossier HEC, c’est-à-dire qu’ils passent énormément de temps sur chacune des questions pour proposer une analyse très poussée, notamment sur les premiers dossiers, mais le format de l’épreuve ne permettant pas de s’attarder autant sur chaque question, ils se retrouvent rapidement en manque de temps et ne parviennent pas à finir l’épreuve, ce qui se traduit généralement par un traitement bâclé, voire absent des dossiers 4 et 5.

Pour éviter cette situation, il faut donc savoir aller à l’essentiel et cibler ce que les correcteurs valorisent :

  • L’analyse des annexes : « Celles qui ont obtenu la note de 20 démontrent des qualités d’analyse remarquables ». La simple paraphrase est donc à proscrire absolument.
  • La capacité à synthétiser les informations : « Ces candidats présentent de réelles qualités de synthèse ». Il faut savoir repérer les informations clés et ne pas se noyer dans des détails qui font perdre un temps précieux.
  • Montrer que l’on a les connaissances requises à travers la définition des termes clés de management avant de répondre à la question : « Les copies qui dépassent 16/20 […] manipulent de façon pertinente les concepts, les auteurs, les outils dans un contexte situé ».
  • La forme : « Sur la forme, ces copies sont bien écrites et présentées (tableau de synthèse lorsque cela est pertinent) et reflètent, en arrière-plan, d’une maîtrise méthodologique ». A ce sujet, puisque beaucoup de questions reviennent souvent et sont donc prévisibles, il peut être très intéressant de préparer à l’avance la structure et la rédaction de celles-ci. Cela vous évitera de perdre un temps monstre à réfléchir à comment vous allez la présenter. De plus, en vous préparant une certaine structure pour répondre, vous vous assurez de ne pas négliger certains aspects de la question (par exemple, pour l’analyse de l’environnement, si tout le monde pense à PESTEL, certains ne pensent pas à la méthode des 5 forces de PORTER car ils n’ont pas pensé à distinguer le micro-environnement et le macro-environnement).

Cependant, si jamais vous vous retrouvez en manque de temps parce que vous vous êtes trop concentré sur les trois premiers dossiers, la situation est loin d’être catastrophique et il est tout à fait possible de décrocher une excellente note malgré tout. Deux réactions sont possibles : soit vous décidez de continuer à répondre aux questions de façon très poussée pour vous démarquer fortement des autres. Dans ce cas, il faut que vous soyez sûr que vous puissiez traiter intégralement 4 dossiers pour que le correcteur ne vous pénalise pas pour une gestion du temps peu adaptée à l’épreuve. Soit vous traiter intégralement au moins le dossier 1 et 3 qui sont les plus importants et les plus discriminants, et vous vous permettez de délaisser une question dans certains dossiers pour parvenir malgré tout à aborder les 5. Cette stratégie a le mérite de vous donner l’opportunité de montrer votre réelle polyvalence, élément clé de la notation, car vous n’avez délaissé aucun dossier. Il faut cependant être capable de repérer les questions sur lesquelles vous êtes certain de briller et celles où vous aurez du mal à répondre pour ne pas sauter des questions et en plus mal répondre à celles que vous abordez.

 

Certaines questions sont plus discriminantes que d’autres

L’épreuve ESC est la seule à mentionner clairement le fait que dans chaque dossier, les premières questions sont plus faciles que les dernières : « afin de respecter la notion de concours, l’enchaînement des questions s’appuyait sur une progressivité qui permettait une discrimination entre les candidats ». Cela ne se retrouve pas à HEC car, hormis le dossier 1, les deux autres ne sont pas consacrés à un domaine spécifique (cependant, on peut bien considérer que le dossier 3 est généralement plus dur que les deux premiers car les questions calculatoires mettent en difficulté beaucoup de candidats).

Il faut bien comprendre que la progressivité se situe au niveau des dossiers, et non pas au niveau de l’épreuve. Cela signifie donc que, pour chaque dossier, les premières questions sont celles que vous ne devez pas rater et les dernières celles qui vous permettront de vous démarquez et d’obtenir une grosse note. Les questions « faciles » sont celles qui font explicitement référence à une notion du cours (avantage concurrentiel, offre globale, PGI, communication…) ou demandent simplement de réaliser les calculs (dans le dossier 3 notamment) tandis que les questions discriminantes mobilisent surtout la capacité d’analyse et de synthèse des annexes et du contexte global. D’ailleurs, la dernière question d’un dossier consiste souvent à proposer des mesures correctrices, des solutions, de prendre position par rapport à une décision, ou encore d’établir une note de synthèse.

C’est ainsi de cette manière que l’épreuve distingue les bons candidats et les excellents. Les bons aborderont sans soucis les premières questions car ils connaissent bien leur cour et savent faire les calculs mais seront plus en difficultés sur les dernières car leur capacité d’analyse est limitée :

  • « Certains présentent un profil plus généraliste en traitant tous les dossiers mais se heurtant aux questions plus complexes démontrant par la une certaine culture mais n’arrivant pas à mobiliser des compétences plus fortes. »
  • « Il apparaît que trop de candidats ont réalisé les parties calculatoires sans analyser les résultats trouvés alors qu’il était généralement demandé de reprendre des éléments de cours simples. La dispersion des résultats s’est donc logiquement accrue ».

Il faut également prendre cela en compte pour votre gestion du temps : puisque les premières questions sont faciles et peu discriminantes, il ne faut absolument pas trop s’attarder dessus au risque de perdre du temps pour les questions difficiles et valorisées (à part l’analyse de l’environnement, car c’est une question assez chronophage et importante, mais que l’on considère quand même comme facile car tout le monde réussit à peu près bien cette question).

Ainsi, les mots à garder en tête pour réussir cette épreuve sont : polyvalence, connaissances solides, gestions du temps, synthèse, analyse et forme. Si vous respectez tous ces critères, la note excellente vous tend les bras.

Retrouve également notre article sur l’épreuve de management dans le dernier numéro du magazine Le Major :