Major-Prépa est allé à la rencontre d’Arnaud Labossière, ancien étudiant à HEC et qui a récemment écrit « L’Essentiel de l’histoire économique » aux éditions Sonorilon.

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1) Quelles notes en ESH au concours ?

À l’écrit, j’ai eu des notes comprises entre 15 et 20. À l’oral, 18 à ESCP et 16 à HEC.

2) A quoi les attribues-tu ?

Au bon sens, en quelque sorte. Il ne faut en réalité pas forcément travailler beaucoup, mais travailler de manière productive et avec les bons outils.

Les sujets des écrits sont assez prévisibles : deux sur trois portent sur l’actualité, donc il suffit de les préparer en apprenant des références et des chiffres très récents. Lire les rapports du jury permet de comprendre ce qu’ils aiment et ce qui les exaspère. En effet, la notation étant très psychologique, il faut savoir qui est la personne qui va vous corriger.

L’école où il est le plus facile de booster sa note est probablement l’ESCP. La plupart du temps, il est possible de répondre au sujet avec un plan assez simple (du type oui/non/réforme, ou oui/non/ça dépend !) ; vous ajoutez dedans deux trois graphiques jolis, des références sympas qui sortent un peu du lot, les quelques auteurs attendus, et vous remplissez 11-12 pages. Le tour est joué !

À l’oral de l’ESCP, les sujets sont les mêmes tous les ans (ils sont disponibles sur le site de l’école). Pendant la période de préparation aux oraux, je m’entraînais en faisant des plans à la chaîne en 10-15 minutes.

3) Ta méthode de travail ?

Il est préférable de finir le programme rapidement pour s’entraîner un maximum à faire des sujets. L’intérêt d’avoir fait le tour du programme rapidement (même s’il n’est pas encore mémorisé), c’est d’avoir une vision d’ensemble quand on réfléchit à un énoncé.

De manière optimale, il faudrait intégralement consacrer la deuxième année au sujet d’actualité et aux révisions. Dans cette optique, il faut systématiquement utiliser le week-end pour réviser les anciens chapitres. La plus grosse difficulté est la gestion du volume de connaissances.

Voici quelques astuces pour faciliter la mémorisation :

  • résumer en deux ou trois phrases les modèles complexes (IS/LM, HOS, SOLOW, etc.) et apprendre ces phrases par cœur (c’est beaucoup plus simple que de comprendre les tenants et les aboutissants de ces modèles) ;
  • miser sur la précision des références historiques: apprendre des anecdotes super précises plutôt que plein d’idées vagues ;
  • centraliser ses données: avoir un fichier unique par chapitre du programme, et éviter d’avoir plusieurs fichiers pour un même chapitre, sinon on finit par crouler sous les fichiers et on se perd.

4) Comment progresser (rapidement) ?

     i) Si vous avez des notes inférieures à 10 :

Je conseillerais aux élèves qui sont dans ce cas d’apprendre un maximum de références et de chiffres et de les mobiliser le plus possible. En effet, avec beaucoup de matière, on arrive souvent à trouver un plan assez facilement – même basique – puis à le remplir. L’économie étant une épreuve un peu “bling bling”, on est un peu payé au poids : plus il y a de matière, plus on gagne des points. Dès lors, en mettant 20 chiffres, 30 auteurs, 3 graphiques, et en écrivant 10 pages (ce sont des ordres de grandeur), on se hisse facilement au-dessus de 10 dans la plupart des prépas.

     ii) Si vous avez des notes supérieures à 10 :

Je conseillerais de miser sur des références moins classiques pour sortir du lot (il y en a plein dans mon manuel). C’est aussi l’occasion de prendre de l’avance sur les autres en finissant le programme rapidement. Dans cette situation, l’enjeu est plutôt de faire le maximum de plans chez soi pour vraiment développer des automatismes.

5) Quel état d’esprit ?

C’est complexe, car ça dépend de l’affinité qu’on a avec cette matière. En général une mauvaise affinité est due est la faute du professeur, et dans ce cas je suggère de se tourner vers de bons manuels pour y remédier. De plus, il ne faut pas avoir une confiance aveugle dans son professeur, parce que beaucoup sont mauvais (et à l’inverse, certains sont excellents) : ils n’ont pas vraiment compris leur job, qui n’est pas de faire de l’économie, mais de préparer leurs élèves pour qu’ils aient de bonnes notes au concours. Ça peut paraître triste à dire, mais c’est la réalité.

Sur le plan du travail, je pense qu’il faut avoir confiance dans le travail effectué et se dire qu’on a toujours quelque chose à dire. Il existe aussi des astuces si on panique ou si on est coincé : si la formulation du sujet est déroutante, se poser les questions « qui ? », « quoi ? », « où ? », « comment ? », « pourquoi ? », etc. Les réponses peuvent donner un début de définition et des pistes de réflexion.

Si vous n’avez rien à dire sur le sujet, faites mentalement la liste des chapitres du programme en vous demandant s’il n’y a pas des idées/auteurs/infos utiles sur le sujet. Par exemple, si vous tombez sur le sujet « La contribution du facteur travail à la croissance », votre cours sur la croissance ne suffit pas pour remplir 10 pages, mais votre cours sur le développement (modèle de LEWIS, PERROUX, etc.), celui sur la démographie (LANDRY, NOTESTEIN), ou encore celui sur le marché du travail vous apportent bon nombre de sous-parties pour traiter le sujet. Pensez-y et ne vous laissez pas trop enfermer dans le sujet.

En règle générale, il faut se toujours se battre et tenir le coup psychologiquement, et c’est vrai pour toutes les épreuves.

6) Qu’est-ce qu’une bonne dissertation pour toi ?

Une bonne dissertation, c’est avant tout une bonne introduction. En lisant l’introduction, on sait déjà si la copie vaut 5, 10 ou 15, puis on compte le nombre de pages, on regarde les auteurs, les chiffres, puis on ajoute ou enlève 2-3 points.

Pour que l’introduction tende vers le 15, elle doit comprendre :

  • une accroche qui accroche: les accroches se ressemblent toutes, donc avant de valider votre accroche, demandez-vous si les autres y auraient pensé. Le mieux est d’avoir préparé 2-3 accroches par chapitre au préalable, pour ne pas perdre de temps dessus. Il y en a de bonnes dans 50 anecdotes économiques pour surprendre son auditoire, par exemple.
  • des définitions de TOUS les termes du sujet: si vous avez par exemple « L’inflation est-elle la meilleure des solutions pour résoudre le problème des dettes publiques ? », il faut vous demander à la fois ce que « la meilleure des solutions » et « le problème des dettes publiques » signifient. Le sujet n’est pas « inflation et dette publique ».
  • des éléments historiques: contextualiser le sujet par rapport aux XIXème et XXème siècles.
  • des éléments d’actualité. : lire pour cela Le Monde économie ou Les Echos.

Au total il faut quatre à cinq auteurs dans l’introduction, trois quatre chiffres, et autant de dates. Elle doit faire au moins deux pages (et si possible moins de trois).

Dans le développement, il faut utiliser beaucoup de connaissances : mettre plein d’auteurs, plein d’anecdotes, plein de chiffres… Attention surtout à ne pas oublier les références attendues. On attend par exemple SMITH sur le commerce international, SCHUMPETER sur l’innovation, etc. – ces auteurs ne rapportent pas grand-chose, mais leur absence peut vous couter très cher (compter entre 1 à 3 points perdus sur la note finale par auteur classique absent… ça peut faire mal !). À l’ESCP et à l’ESSEC, il est bien de mettre des graphiques, mais pas à HEC qui se veut plus littéraire. Enfin, il faut tendre vers 11-12 pages à ESCP et ESSEC, et 14-15 à HEC. N’oubliez pas que c’est une épreuve “bling bling”, dans laquelle vous êtes « payés au poids ».

7) Comment arriver au seuil d’admissibilité ?

Pour être admissible (et admis), en économie comme dans les autres matières, c’est beaucoup d’astuces et de méthode.

Si vous êtes dans une “grande” prépa, en général vous avez été dans un grand lycée, et dans ce cas on peut considérer que vous êtes en réalité en prépa depuis la sixième – être admissible, du coup, c’est facile, c’est juste une procédure. Dans ce cas de figure, vous avez a priori déjà une bonne connaissance du programme à l’entrée en prépa, et l’enjeu est de tirer votre note vers le 15 (voire plus si affinité).

Pour les autres, il faut être malin, méthodique et booster sa productivité. D’un point de vue général, il faut faire très attention à sa gestion du temps. Pour l’économie, comme il y a beaucoup de connaissances à engranger, il faut planifier son travail chapitre par chapitre et s’y prendre bien à l’avance. Il y a plein d’astuces dans des manuels spécialisés comme Je vais vous apprendre à intégrer HEC. Il existe aussi pas mal de logiciels et d’applications pour travailler plus efficacement (Todoist ou Wunderlist pour s’organsiser, Evernote pour prendre des notes, Pocket pour stocker des articles, ProVoc pour le vocabulaire, Khuube pour ficher automatiquement ses cours…).

8) Comment gérer la masse de connaissances ?

Sur le fond, il faut se bâtir un « kit de survie » par chapitre :

  • apprendre 10 chiffres et 10 dates (mieux vaut peu, mais maitrisé, que beaucoup dont on ne se souvienne pas ou vaguement) ;
  • avoir 2 ou 3 accroches ;
  • avoir résumé les modèles compliqués en 3 phrases (exemple : « le Modèle IS/LM est un modèle keynésien que l’on doit à HICKS (Mr keynes and the Classics, 1937) et HANSEN. Il montre qu’on peut combiner la politique budgétaire à la politique monétaire à des fins de régulation de la conjoncture. » Voilà c’est tout !) ;
  • 10 définitions par chapitre (si on en a moins, on risque de se faire coincer ; sur la monnaie, par exemple, pensez à des concepts comme agrégat monétaire (sujet d’oral), banque centrale, etc.).

Sur la forme, il est utile d’adopter un code de couleur dans sa prise de notes pour avoir ne serait-ce que visuellement un cours un peu user friendly. Il faut une couleur pour les auteurs, une autre pour les chiffres, une autre pour les définitions, et surtout une pour le champ lexical et les concepts économiques. Il faut aussi veiller à avoir un cours propre, sans faute, sans abréviation inutile, parce que le cours est aussi un produit que vous allez utiliser – il faut que le lire soit une expérience agréable.

9) Comment apprendre ?

Il faut tout d’abord différencier deux choses : le savoir, et le savoir-faire.

Pour le savoir, le test de la feuille blanche est de mon point de vue ce qui fonctionne le mieux. C’est certes un peu frustrant et pénible, mais véritablement efficace.

Pour le savoir-faire, il faut s’entraîner : faire des plans, rédiger des introductions, etc. et cela toutes les semaines. En fait, c’est comme les maths : on ne peut pas juste se contenter d’apprendre son cours, il faut faire des exercices – beaucoup d’exercices. Et les exercices aident à apprendre le cours, en plus.

10) Parle nous un peu de ton manuel : en quoi est-il différent ?

Mon manuel, L’Essentiel de l’histoire économique, est issu de fiches que j’avais mises à disposition gratuitement sur un blog. Elles avaient rencontré beaucoup plus de succès que ce que j’espérais, alors j’ai proposé à des éditeurs d’en faire un manuel. Comme j’ai été moi-même un grand consommateur de manuels pour prépa HEC, j’étais bien conscient de leurs limites, et notamment du fait qu’aucun n’était véritablement optimal pour RÉUSSIR UN CONCOURS, et non pas être calé en économie. J’ai donc insisté pour produire un manuel vraiment différent, très accessible et très pratique.

Pour faire court, il est tout d’abord écrit par quelqu’un qui a passé (et réussi) le concours de HEC, ce qui n’est le cas d’aucun autre manuel d’économie de prépa HEC.

Ensuite, il mêle l’histoire économique et l’actualité dans un découpage à la fois original et précisément adapté au concours. Au niveau des connaissances, il mélange avec une grosse densité l’histoire, les chiffres, les anecdotes et la théorie. Pour l’apprentissage, toutes les connaissances les plus importantes sont en gras et toutes les références sont soulignées, ce qui permet de faire une révision photographique.

Je l’ai voulu aussi très pratique dans la mesure où beaucoup de paragraphes peuvent être recasés directement dans la copie de concours : l’année dernière, par exemple, une élève qui a repris entièrement le chapitre sur la concurrence à l’ESCP a eu 17 !

En conclusion, j’ai vraiment eu l’intention de donner un outil cohérent avec les méthodes de travail dont j’ai parlé : mon manuel doit vous permettre d’être plus efficace et de réduire votre temps de travail.

livrelabossière