Suite à un recueil de divers témoignages d’ex-préparationnaires, il nous a semblé juste d’évoquer une réalité taboue mais bien vérifiée : les professeurs de prépa peuvent parfois ne pas être la meilleure voie vers votre propre intégration. Sans être forcément mauvais, l’attitude, les cours ou la pédagogie de certains n’encouragent pas à adopter la meilleure stratégie pour vous. En conséquence, il est dans votre intérêt de savoir rapidement réagir à cet aléa pour performer, de votre côté, aux concours. Passez outre, cela arrive. Faites fi des avis divergents et tracez votre route.

Encore une fois, cet article ne concerne qu’une minorité de professeurs et peut très bien ne pas correspondre à votre avis.

La pédagogie D’UN professeur n’est pas forcément la meilleure POUR VOUS

Oui, il se peut qu’au fil de votre prépa, vous tombiez sur un professeur dont le cours n’aurait qu’un apport faible pour vous ou dont la pédagogie vous motive peu. On pensera à certains des cas les plus fréquents : ces professeurs qui se sentent peu concernés par les concours qui vous abreuvent d’une quantité pléthorique de connaissances historiques ou économiques, parce qu’ « on sait jamais ». Ou encore, évoquons l’exigence de professeurs qui persistent dans une vision très traditionnelle des concours, notamment dans les matières littéraires, et qui exigent que vous connaissiez parfaitement de grandes œuvres classiques mais barbantes à un point… Évoquons enfin ces professeurs scolaires qui imposent leur point de vue, et ressassent inlassablement les mêmes arguments éculés.

Réagissez en conséquence : osez

Oui, dans certains cas, l’expérience des professeurs et leurs conseils peuvent être bénéfiques, mais c’est vous et vous seul qui devez décider de ce qui est bon POUR VOUS. Est-ce que je dois apprendre ce cours par cœur ou le ficher ? Est-ce que je dois multiplier les exercices de maths ou me contenter pour le moment d’exercices faciles que je connaitrais en revanche par cœur ? Vous seul avez la réponse.

Le temps vous est précieux en prépa et vous ne pouvez vous permettre de rester passif à des cours qui vous apportent peu. Avant de prendre une décision sur la stratégie à suivre, pesez bien le pour et le contre pour savoir si ce cours ne vous apporte définitivement rien.

Vous pouvez essayer d’aller voir votre professeur pour lui demander de façon courtoise l’autorisation de vous asseoir au fond lors de ses cours pour faire autre chose, dans le silence. Les professeurs de classe préparatoire vous savent adultes et sont censés comprendre que vous êtes assez matures pour savoir ce qui vous sied le mieux. En revanche, jouez-la discrètement et ne vous engagez pas dans une confrontation des égos qui pourraient s’éterniser et qui ne vous apporteraient rien si ce n’est des ennuis.

Vous pouvez tomber aussi sur un professeur incompétent dont le cours serait sans grand intérêt ou très mauvais. Diverses options s’offrent à vous, entre les cours particuliers ou le choix de travailler seul sur un livre,… Sachez que les cours particuliers, étant donné le temps qu’ils requièrent, ont peu de chance de couvrir le programme entier, et la question budgétaire est à prendre en compte. Mieux vaut en conséquence réserver ces cours pour travailler sur des points chauds du cours encore incompris. Quant aux livres, il en existe beaucoup d’excellente qualité, mais attention encore une fois à l’exhaustivité prônée par certains, ou à l’absence de parties du programme pour d’autres. Les grands risques de travailler de son côté avec un livre sont que vous pourriez manquer une partie du programme, entre les connaissances du cours du professeur et votre livre, et que cela ne convienne pas à votre prof, persuadé de l’extrême pertinence de son cours.

Il se peut que vous doutiez de l’utilité des cours de certaines matières, ce qui est souvent le constat réalisé par les élèves dans les matières littéraires. L’idéal pour être le plus efficient à terme est de cibler ces matières et de les travailler selon leur rémunération. Vos notes en maths et en langues seront généralement proportionnelles à l’investissement fourni pendant vos années, à l’inverse des matières littéraires considérées comme plus aléatoires. Il est donc déconseillé de passer un temps considérable à travailler des matières à l’issue incertaine, et ce encore plus si le professeur ne vous intéresse pas.

Méfiez-vous du souci de plaire et de la volonté de bien-faire

Motivés par le désir farouche de plaire à leurs divins professeurs, certains préparationnaires soucieux de bien faire foncent tête baissée et s’efforcent de suivre à la lettre prescriptions et conseils des professeurs. L’éparpillement les guette et ils se retrouvent vite ensevelis sous une masse incroyable de devoirs ou de lectures, pour certains inutiles. Encore une fois, analysez systématiquement ce qui est demandé pour savoir ce qui est bon pour vous, au risque de mécontenter votre professeur. Mais qu’est-ce que sera une remarque désobligeante lorsque vous aurez définitivement saisi ce qui est le meilleur pour vous.

Enfin, la note est souvent le seul et unique moyen pour les professeurs de vous évaluer –et rarement à votre juste valeur, précisons-le-, et ce surtout en début de première année. Mais chaque candidat ayant performé au concours vous affirmera la même chose : vous ne pouvez vous contenter de « sprinter » pour les DS hebdomadaires pour augmenter artificiellement vos notes jusqu’à un moment de désillusion, au moment de prendre conscience que vous avez un cumulé un retard incroyable. Alors osez vous extraire de ce cycle scolaire infernal pour travailler régulièrement chaque matière, dans une juste mesure, et chaque semaine. Cela vous vaudra peut-être quelques moments de solitude devant les professeurs et des remarques froissantes sur votre relevé de notes (que vous aurez largement le temps d’oublier), mais la stratégie est payante. Prouvée et assurée.

Pour vous permettre de performer rapidement, l’idéal serait de s’imposer un planning de travail hebdomadaire basé sur vos propres besoins et ambitions, plutôt que sur les exigences de professeurs. N’hésitez pas à faire l’impasse sur des devoirs imposés pour faire ce qui vous convient le mieux.

Recueillez les témoignages

Vous avez un doute sur l’utilité du cours ou les conseils d’un professeur ? Le meilleur moyen de s’en assurer est de questionner ceux qui ont déjà eu ces mêmes professeurs. Susceptibles de vous éclairer sur vos doutes (dois-je suivre ce cours ? les conseils donnés par un tel sur telle épreuve d’oral sont-ils justifiés et pertinents?), vos anciens sont plus à même de vous dire ce qui paie vraiment, et vous éliminez en conséquent le biais souvent trompeur dans les discours de certains professeurs.

Croire en soi

Si vous avez eu le courage de désobéir et de dire non à l’apport du professeur, vous pouvez légitimement vous attendre à de douloureuses mais inévitables retombées. Notation biaisée et remarques vexantes sont souvent l’apanage de professeurs qui n’acceptent pas de voir leur autorité contestée et qui le font savoir. Ces légères déconvenues ne devraient pas vous influencer plus que ça car elles sont simplement humaines, et, même si elles peuvent être difficiles à supporter quand le moral est déjà bas, ne doivent pas vous faire dévier de votre trajectoire d’autonomie. Désobéir implique un minimum de maturité pour, en cas de notation injuste, avoir un regard objectif sur sa propre progression. En revanche, si vous doutez de la qualité du cours ou si vous vous persuadez de la pertinence de ce dernier, ne vous voilez pas la face. La prépa passe très vite et vous ne pouvez pas perdre de temps à assister à des cours inutiles. Sans partir à contre-courant de ce que veut le professeur, tracez discrètement votre propre route de votre côté et livrez-vous à une introspection honnête: “Est-ce que, oui ou non, je dois continuer à écouter ses cours ?”