Cette question fatidique se pose pour beaucoup lorsque l’on s’approche des dernières semaines de cours. Dois-je encore aller en cours, ou me mettre à réviser de mon côté en restant chez moi ? La réponse n’est pas évidente, et dépend notamment des matières, de l’organisation de vos professeurs et de votre avancement personnel.

Les matières à privilégier

La présence en cours n’est pas aussi importante selon les matières. Il ne s’agit pas là de dire que certaines matières ne sont pas aussi importantes que d’autres, mais il faut relever que l’apprentissage des matières ne suit pas la même logique. Ainsi, la valeur ajoutée des derniers cours de langues n’est pas forcément la même que celle d’un cours d’économie ou de géopolitique, étant donné que l’apprentissage des langues s’étale beaucoup plus sur le long de l’année. Qui plus est, les quantités de révisions en mathématiques ou en économie/géopolitique sont telles que l’on a généralement besoin d’une période plus longue pour pouvoir tout réviser.

Mais ici encore, il est difficile d’établir une règle générale. Il faut identifier plusieurs facteurs pour donner une réponse.

Tout dépend de vos professeurs

plus votre professeur compte réserver ses derniers cours pour des révisions, plus il est intéressant de venir. C’est par exemple le cas si votre professeur de philosophie réserve les dernières semaines pour traiter des sujets qui pourraient tomber, si votre professeur d’anglais vous fait travailler des thèmes/versions en chaîne, ou si votre professeur de mathématiques vous fait travailler sur des annales. A l’inverse, si votre professeur est à la ramasse pour boucler ses cours, il peut être judicieux de prendre de l’avance et de terminer les derniers chapitres de votre côté pour avoir plus de temps disponible pour les révisions ;

plus les cours peuvent être remplacés facilement par un travail à la maison, plus il est intéressant de travailler chez soi. Ainsi, si vous avez l’habitude de travailler votre cours d’économie dans un manuel, et que vous n’avez pas forcément besoin d’assister à un cours et d’avoir un prof pour répondre à vos questions, le coût de la sèche est plus faible. Si vous avez du mal en maths, aller en cours et prendre les derniers conseils de votre prof vous sera bénéfique ;

moins vos professeurs sont enclins à mettre en oeuvre des sanctions, moins vous prenez de risques en séchant. Il faut notamment prendre garde à la non-attribution d’ECTS (pour les équivalences), aux restrictions de préparation à l’oral (oui, la prépa ne s’arrête pas aux écrits !), à la non-correction des dernières copies, le non-envoi de polycopiés, au refus de cubage, etc.

Tout dépend de VOUS !

Il n’y a pas de réponse tranchée, et on ne peut pas dire qu’une stratégie est strictement meilleure que l’autre. Vous pouvez très bien réussir en continuant à aller en cours ou en prenant ces dernières semaines pour commencer à travailler. Il n’est pas difficile de trouver des exemples de réussite dans les deux cas (comme en attestent les témoignages ci-dessous).

Il s’agit donc de connaître vos besoins et votre capacité à travailler de votre côté ou non. Si vous vous en sortez déjà bien, vous dépendez moins des derniers cours et pourrez sûrement vous débrouiller seul. Si, au contraire, vous avez souvent des difficultés, il peut être utile de prendre les derniers conseils de vos professeurs. Mais, dans tous les cas, c’est votre investissement personnel qui sera déterminant en définitive : faites un planning que vous suivrez à la lettre et voyez comment vous pouvez le rendre compatible avec les dernières semaines de cours.

Le témoignage d’Arnaud, étudiant à l’ESSEC, ancien ECE

Y : Bonjour monsieur.

A : Salut Yann.

Y : Oh, doucement les familiarités.

A : C’est trop formel Major-Prépa, on commence la révolution.

Y : Quelle stratégie avais-tu adoptée à la fin des cours ?

A : A partir du retour des vacances de février, durant lesquelles j’avais travaillé efficacement en BU, j’ai commencé à progressivement ne plus aller à certains cours (ceux pour lesquels je jugeais que les professeurs m’apportaient moins que du travail personnel) jusqu’à complètement arrêter d’aller en cours à partir de mi-mars pour réviser en BU, avec un ami en médecine.

Y : Comment organisais-tu ton travail en dehors des cours ?

A : J’allais à la BU pour 10h et je repartais en général à 20h avec une ou deux heures de pause à midi et dans l’après-midi. Sur les huit heures de travail personnel quotidien j’essayais de faire trois heures d’économie (ma matière faible) par tranches d’une heure (car je n’apprécie pas tellement la matière) en apprenant par coeur l’Essentiel de l’Histoire Economique d’Arnaud Labossière, en commençant par les chapitres généraux. Je faisais aussi trois heures de maths avec le fameux “livre rouge” (au début, ce qui permettait de revoir les bases du cours et de refaire les exercices classiques), puis des annales, et sur les deux heures restantes, je faisais de la LV1/LV2 avec un livre de thème entré sur Anki [une application permettant de réviser ses cours à partir de “flashcards” de révision] ou de la philo en relisant le cours, en essayant de trouver les axes principaux du thème et comment les relier aux connaissances et anecdotes que j’avais, ainsi qu’en relisant mes copies.

Le témoignage de Thomas, étudiant à l’emlyon, ancien ECS

Y : A la fin de l’année, continuais-tu d’être assidu et d’aller en cours ou tu les séchais ?

T : J’ai fait les deux : je sélectionnais les cours auxquels j’assistais. Je voyais sur quels cours je me sentais à l’aise, ou pour lesquels je n’aurais pas de difficultés à apprendre tout seul. Par exemple, j’étais solide en histoire-géo, et j’avais juste besoin d’apprendre de mon côté sur des ressources complémentaires. Je ne trouvais donc pas cela rentable d’aller en cours en histoire-géo par rapport à un travail de mon côté. Mais je pense que cela dépend du niveau, et pour certains, les derniers cours peuvent être intéressants, surtout lorsqu’ils sont centrés sur la méthodologie. C’était la même chose en culture générale, car je pensais que les derniers cours en particulier n’avaient pas vraiment de valeur ajoutée par rapport à ce qui avait déjà été fait sur toute l’année, surtout que je pouvais réviser beaucoup plus rapidement chez moi. Ca me frustrait d’aller à certains cours, car j’avais l’impression de perdre mon temps par rapport à tout ce que j’aurais pu faire chez moi en bossant sur mes fiches. C’est simple : si tu as l’impression de perdre ton temps à un cours, il ne faut pas y aller.  Mais j’ai fait ce choix car je me sentais à l’aise dans ces matières.

A l’inverse, je suis allé en maths (où j’avais plus de difficultés) jusqu’à la fin de l’année, et je me sentais beaucoup plus rassuré en suivant le cours du prof et en pouvant poser des questions. Je pense que le facteur déterminant est le niveau que l’on a déjà. C’est pourquoi je n’incite pas forcément à sécher, dans le sens où certains peuvent se sentir rassurés par le fait d’aller en cours s’ils ne sont pas à l’aise dans la matière en question. Le sentiment d’être livré à soi-même peut être contre-productif (par exemple, j’allais tous les jours à la BU, et je me sentais parfois un peu “lâché” dans la nature) alors que, psychologiquement, cela peut rassurer d’aller en cours.

Y : Que pensais-tu du temps que tu as eu pour réviser dans chaque matière ? Une période de deux semaines est-elle suffisante de manière générale ?

T : Réviser sur deux semaines, c’est beaucoup trop short. Les maths étaient ma matière la plus faible, donc pouvoir étaler mes révisions sur un mois entier, durant lequel je pouvais faire énormément de maths, m’a beaucoup servi.  Il faut d’ailleurs qu’un programme soit fait au moins un mois avant les concours, voire deux mois avant, pour être bien organisé.

Le témoignage de Laura*, étudiante à HEC, ancienne ECE

Y : Bonjour mademoiselle.

L : Bonjour.

Y : Quelle stratégie avais-tu adoptée à la fin des cours ?

L : J’avais une professeure d’économie en retard dans le programme et qui a fait le choix de ne pas distribuer de polycopiés, voulant terminer son cours à la hâte. J’ai trouvé cela dommage car nous aurions pu à la place travailler sur notre manuel, de façon plus efficace, et sans avoir des chapitres très courts.
En cours, je combinais donc écoute des éléments importants et fichage du livre Bréal. Mais je continuais d’y aller par obligation, puisqu’elle nous menaçait : “si vous ne venez pas en cours, on ne vous autorisera pas à cuber ou à venir à la préparation aux oraux”, disait-elle (c’est parfaitement contre-productif !!). J’ai beaucoup apprécié par contre l’efficacité de certains professeurs qui nous ont fait faire des annales selon notre niveau, en maths notamment. Cela dépend donc des professeurs, et je pense qu’il est important de pouvoir juger soi-même s’il est encore utile de venir, ou si le travail personnel est plus efficace.

Y : Trouves-tu que le temps que tu as eu pour réviser (la période de révision de deux semaines) était suffisant pour préparer efficacement les concours ?

L : Oui c’était assez pour moi car j’avais pris pas mal d’avance durant les vacances précédentes. Évidemment il ne faut pas redécouvrir le cours à deux semaines des concours !

* le prénom a été modifié à la demande de l’interlocutrice