rapport jury management hec

Coefficient 6 à HEC et à l’ESSEC, 7 à l’ESCP, 8 à Grenoble, Toulouse et à EM Lyon et même 10 à Audencia, l’épreuve de management HEC est sans aucun doute l’épreuve à ne pas rater pour pouvoir espérer intégrer une de ces écoles. La manquer serait (presque) fatal et c’est pour cela que les candidats la redoutent tellement. Et pourtant, décrocher une très bonne note est loin de relever du miracle. Au contraire, cela est de plus en plus facile. La notation étant beaucoup plus libre que dans les autres épreuves (et notamment celles de management ESC et ECRICOME), il suffit juste de comprendre ce que les jurys attendent vraiment des candidats avec cette épreuve et comment répondre aux critères qui feront que, même sans avoir répondu tout juste et en ayant raconté quelques âneries au passage (pas trop grosse quand même), le correcteur n’hésitera pas à vous accorder une note qui vous enverra directement aux oraux du top 10. Le but de cet article sera donc de vous prouver que cette épreuve peut être une véritable perche tendue par les plus grandes écoles, à condition de savoir la saisir.

Des chiffres prouvant la tendance des correcteurs à mettre de meilleures notes :

Pour pouvoir voir si les notes s’améliorent au fur et à mesure des années, commençons tout simplement par comparer les moyennes et les écart-types depuis 2010 :

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En regardant ces chiffres, on pourrait, à première vue, être tenté de dire qu’il n’y a pas vraiment de tendance à la hausse des moyennes. Au contraire, jusqu’en 2015, celles-ci n’avaient jamais dépassé le maximum de 2012 et tendaient même plutôt vers le bas pour atteindre le niveau le plus bas de ces 6 dernières années en 2014. Mais qu’est-ce qui nous raconte lui ? Les moyennes sont de plus en plus basses et il veut nous faire croire que c’est de plus en plus facile de majorer ? Ben oui ! Analysons un peu plus les chiffres. Si les moyennes tendent généralement vers le bas (on parlera de 2016 après), les écart-types, eux, ne cessent d’augmenter.

Concrètement, les jurys cherchent toujours à harmoniser les notes des copies de façon à ce que la moyenne tourne autour de 10. Or, si l’écart-type augmente, cela veut dire que le gouffre entre les mauvaises notes et les meilleures est de plus en plus important. La tendance générale de l’épreuve n’est donc pas d’avoir une moyenne en hausse mais une hiérarchisation des copies plus discriminantes, c’est-à-dire sanctionner plus sévèrement les mauvais devoirs et bonifier ceux qui en valent la peine. Si on s’arrête là, on pourrait conclure que certes, il y a plus de copies qui ont d’excellentes notes, mais qu’il y en aurait également plus qui se prennent un carton. Regardons donc d’autres données : En 2010, le rapport de jury mentionne que 10% des copies ont obtenu une note inférieure ou égale à 15 et près de 44% avaient une note comprise entre 10 et 15. En 2015, elles sont près de 15% à dépasser le 15/20 quand elles ne sont plus que 37% à être comprises entre 10 et 15. Voici, de plus, la répartition des notes en 2015 issue du rapport du jury.

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Clairement, on a vu mieux comme répartition Gaussienne et trois paliers de notes ressortent : le 9, le 12 et le 15. Pour vous attribuer votre note, les jurys vont donc se baser sur ces trois paliers et voir si votre copie vaut moins de 9, entre 9 et 12, entre 12 et 15 ou plus de 15 (d’ailleurs, dans le rapport 2015, les correcteurs mentionnent le nombre de copies au-dessus de 12 et non plus de 10 comme avant). On peut donc en conclure, grâce aux pourcentages et à ce graphique, que les jurys sont beaucoup plus disposés à valoriser et accorder des notes plus importantes pour mieux hiérarchiser les copies puisqu’ils réfléchissent par palier. Ainsi, toute copie qui aurait obtenu entre 12.5 et 14 auparavant aura beaucoup plus de chance (selon des critères que nous allons voir plus tard) de passer directement à 15, alors que ce phénomène ne s’observe pas pour les notes inférieures à 9.

En clair, il est beaucoup plus probable de bénéficier d’une majoration importante de sa copie que d’une minoration. Et les données de 2016 semblent confirmer parfaitement cette tendance avec un écart-type au plus haut et une moyenne qui a explosé, ce qui laisse penser que ce phénomène de majoration sans minoration s’est intensifié mais à une échelle encore plus importante (peut-être observerons nous un quatrième palier à 17 ou 18 lorsque nous aurons la répartition des notes). Bon, peut-être que les jurys sont plus « gentils » mais on pourrait aussi dire que l’année 2016 n’est qu’une exception avec beaucoup plus d’excellents candidats, ou bien que le sujet était plus facile. Et pourquoi pas les trois ? En effet, le nombre de candidats ne cesse d’augmenter en voie technologique donc il y a forcément plus de meilleurs candidats qui sont également de mieux en mieux préparés. Quant à la facilité du sujet, c’est ce que nous allons voir maintenant.

Des sujets plus abordables :

Lorsque l’on compare les sujets depuis 2010, on peut constater une rupture entre les sujets de 2010 à 2014 et les deux derniers sujets. Déjà, le sujet ne cherche plus à brasser le plus de notions du programme possible. Là où les anciens sujets proposaient plus de cinq dossiers avec presque quatre ou cinq questions dans chaque afin d’aborder presque tous les domaines incontournables de la gestion (Stratégie, Marketing, Ressources Humaines, Système d’information, Comptabilité, calcul des coûts et Investissement), les deux derniers sujets n’en proposent plus que trois avec très peu de question dans certains. Les parties stratégie et analyse financière sont incontournables et ne disparaîtront jamais. Elles occupent d’ailleurs la grande majorité du sujet et les parties marketing, ressources humaines voire système d’information se partageront le reste du sujet. En effet, comptez à peu près quatre ou cinq questions en stratégie, autant en analyse financière, sur un sujet qui n’en compte plus que douze ou treize au total, il reste très peu de place pour le reste du programme. Dès lors, des questions sur les financements d’investissement ou sur les calculs des coûts semblent désormais totalement impossible, ou tout du moins les questions techniques. Vous n’avez que 4h et la réduction du nombre de questions n’est pas forcément synonyme de plus de temps pour traiter le sujet dans son intégralité car l’analyse et la réflexion nécessaire seront plus importante. C’est pourquoi faire des calculs de FNT ou comparer les différences de résultat entre la méthode ABC et celle des centres d’analyse et juger laquelle est la plus pertinente est inimaginable. Si ces notions sont abordées, ce ne sera que d’un point de vue théorique.

La disparition des questions techniques, c’est également ce qui caractérise les sujets récents de management HEC (contrairement à ceux ESC). Déjà que très peu de notions seront abordées dans les parties marketing et GRH, les questions ne seront soit, que des questions de cours (sur la motivation ou les indicateurs de performance dans un tableau de bord pour reprendre le sujet 2016), soit des questions d’analyse des annexes et de compréhension globale du contexte et des problématiques qui en résultent. Ainsi, tous les calculs de taux de marque, de coefficients saisonniers, de masse salariale laissent leur place à des questions beaucoup plus théoriques et analytiques qui nécessitent même parfois de mobiliser des auteurs. Le seul moment où vous utiliserez votre calculette (à part pour regarder vos programmes pour regarder les définitions et les réponses que vous aurez eu la flemme d’apprendre), ce sera pour l’analyse financière afin de construire votre bilan fonctionnel et calculer la caf, le taux de rentabilité financière, le taux de rentabilité économique ainsi que quelques autres ratios donnés par l’énoncé pour vous aiguiller dans votre analyse(et encore, même là, les quelques subtilités ne sont jamais abordées).

Alors dans les faits, est-ce qu’un sujet abordant moins de notions du programme et moins technique pour privilégier la réflexion est vraiment plus abordable ? Clairement, la réponse est oui. Premièrement, brasser moins large, cela permet à des candidats moins polyvalents entre les différents domaines, qui n’était pas forcément à l’aise en marketing, RH, SI ou dans les calculs techniques de très bien s’en sortir. Honnêtement, en réussissant très bien la partie stratégie et analyse financière, qui plus est, sont des parties où les questions sont sensiblement toujours les mêmes (vous n’échapperez jamais au diagnostic externe, peut-être même interne aux avantages concurrentiels en strat et au bilan fonctionnel, à l’EBE, la CAF, le taux de rentabilité économique et financière et un commentaire sur la performance économique et la structure financière de l’entreprise en finance), vous aurez facilement une excellente note en vous payant le luxe d’aborder légèrement les autres questions voire même en sauter quelques-unes.

Ensuite, la partie la plus importante du sujet est évidemment la stratégie. C’est elle qui permet de comprendre le contexte général, l’environnement de l’entreprise, le fonctionnement de l’entreprise elle-même avec ses forces et ses faiblesses et les problèmes de management qu’elle rencontre. Ce n’est pas pour rien qu’il est vivement conseillé de commencer par cette partie-là alors que pour les autres, l’ordre n’a pas d’importance (bien au contraire, regarder l’ensemble des questions et après la partie strat, commencez par la partie où vous sentirez le plus à l’aise). Tous les éléments figurant dans cette partie peuvent être réutilisés dans les autres dossiers et pourront vous éclairer pour votre analyse, vos réflexions sur les causes des problèmes ainsi que sur les solutions à apporter. Or, les questions présentes dans cette partie, nous les maîtrisons généralement très bien. Depuis la première, nous sommes habitués à lire des tonnes d’annexes pour comprendre métier et les finalités de l’entreprise, établir le diagnostic externe et interne, repérer les facteurs clés de succès du marché et les avantages concurrentiels de l’entreprise, quelles stratégies de domaine met-elle en œuvre… En accordant une grande importance à une partie dans laquelle nous sommes normalement très à l’aise, le sujet nous donne plus de chance d’avoir une bonne note.

Enfin, Auparavant, les questions techniques amenaient de toute façon à une analyse des résultats par la suite (on ne faisait pas faire des tonnes de calculs par plaisir, c’était pour en tirer des conclusions). Or, un candidat qui ne savait pas répondre à la question ou qui obtenait des résultats totalement faux ratait la quasi-totalité du dossier puisque non seulement ces calculs étaient faux, mais en plus il était soit dans l’incapacité de fournir une analyse, soit sa réflexion était faussée par ses mauvais résultats et comprenait complètement de travers les problèmes de l’entreprise. En proposant des questions qui ne mobilisent que la capacité à comprendre le contexte général, à l’analyser et à en tirer des conclusions, les questions restent abordables à tous, même si elles permettent encore aux meilleurs de se distinguer en permettant de montrer qu’ils ont vraiment compris les enjeux. De fait, en maîtrisant simplement les outils de base pour réussir parfaitement la partie stratégie et financière et un marché, un environnement, des enjeux et des problèmes de management interne et externe globalement compris grâce aux annexes (ce que, normalement, tout élève de prépa ECT est largement capable de faire), il n’y a aucune raison de ne pas taper au-dessus de 15.

Une notation très souple :

Le dernier point important qu’il faut souligner et qui prouve que majorer dans cette épreuve est loin d’être impossible, c’est le fait que la notation est vraiment souple. Il n’y a pas tant de points attribués à telle ou telle question, ou une partie ne représente pas précisément tant % de la note globale comme en maths par exemple. D’ailleurs, la plupart des personnes obtenant entre 18 et 20 ne finissent pas le sujet ou alors ont abordé que très partiellement certaines questions (mais je vous laisse deviner lesquelles. Indice : elles ne sont jamais dans la partie strat ou analyse financière).

De fait, l’objectif est de faire passer un « bon moment » à votre correcteur lorsqu’il vous corrigera (ou tout du moins, lui rendre le moins désagréable possible). Au plus vous lui faciliterai la tâche, au plus il sera clément avec vous. Concrètement, écrivez bien, sans faute, aérer intelligemment votre copie, faîtes des tableaux lorsque cela peut être pertinent. Cela lui prouvera que vous êtes soigneux dans votre travail, que vous êtes organisé et rigoureux (que des qualités indispensables pour être un bon manager au final, et ce ne serait pas ce que cherche à déterminer cette épreuve par hasard ?).

De même, n’importe quel élément que vous rajouterez vous permettant de vous distinguer se transformera en point bonus pour votre note finale. On a bien vu que les jurys fonctionnaient par palier, mais comment vous croyez qu’entre le 12 et le 15, une copie aura 12 et l’autre 14, qu’une copie mérite 14 ou 15 maximum mais que, comparé à ce qu’il a corrigé avant, elle est bien au-dessus et elle aura 18 même en ayant raconté n’importe quoi à certains moments ? Tout élément apportant une certaine valeur ajoutée à la copie servira également à classer les copies (et comme on l’a vu, les jurys auront facilement tendance à bonifier et beaucoup plus rarement à sanctionner, sauf cas extrême bien évidemment). Cela passe par une définition des termes de la question (le sujet 2016 faisait mention d’un pôle de compétitivité, mais c’est quoi ?), une phrase ou deux pour introduire et justifier les méthodes et les outils d’analyse pour répondre à une question (tout le monde sait que pour faire une analyse de l’environnement global de l’entreprise, il faut utiliser PESTEL, et bien vous, dîtes que vous allez mobiliser cette méthode et pourquoi) et même des références à certaines théories d’auteurs lorsqu’elles sont pertinentes (VENKATRANAM en cas de question sur l’alignement stratégique sera toujours le bienvenu, HERZBERG pour les motivations des salariés également). C’est ce genre de petites choses qui peut faire envoler votre note. Ça ne coûte rien (si e n’est quelques minutes, mais pour une majoration de 2 à 3 points, ça vaut le coup) ; et combiné à un sujet dans l’ensemble réussi et compris, on passe facilement d’une note convenable à une très bonne note, et d’une très bonne note au sommet.

Si on résume, réussissez la partie stratégie et financière, parties que vous maîtrisez largement, restez cohérent dans les autres questions que vous avez le temps d’aborder (essayez notamment de penser le sujet dans sa globalité, même si ce sont des parties indépendantes, ce n’est qu’un seul cas, donc tout est lié, donc n’hésitez pas à vous servir d’éléments de la partie 1 et de la présentation de l’entreprise pour nourrir votre réflexion), valorisez le plus possible votre copie et le correcteur vous donnera volontiers la note que vous désirez.  Avec ces éléments, je pense vraiment que l’on peut considérer cette épreuve comme un « cadeau » qu’il faut simplement mériter (et ce n’est pas ou plus difficile) car les autres filières aimeraient bien de telles faveurs dans leur épreuve de spécialité, donc perdez pas une occasion de prendre de nombreux points d’avance sur eux.