C’est la question que se pose tout bon élève qui vient de rentrer en prépa : comment vais-je m’en sortir ? Vais-je avoir le temps de tout faire ? Vais-je devoir laisser quelques matières de côté ? En vérité, il n’est pas si aisé de répondre à cette question. Du coup, ça part sur une dissertation (thèse, antithèse, synthèse).

NB: Cet article est destiné aux ECE car les coefficients des autres filières marchent un peu différemment. Cependant, si vous n’êtes pas en ECE, vous pourrez aussi y trouver un intérêt en le lisant avec un peu de recul.

Des matières indispensables

Si vous êtes en classe préparatoire, c’est bien que vous “préparez” un concours. Donc, évidemment, votre objectif sera de marquer un maximum de points à ce dernier. Entrent donc ici en jeu les coefficients. Ceux-ci varient d’une école à l’autre, mais on retrouve quand même un profil global présent dans la plupart des écoles. En ECE, les matières les plus valorisées sont les mathématiques et l’ESH, suivies de près par la culture générale. Avec des coefficients plus faibles, on retrouve les deux langues (bien que la LV1 pèse quand même un peu son poids) et l’épreuve de contraction/synthèse. Par exemple, voici les coefficients de l’emlyon qui est une école avec des coefficients relativement lissés par rapport à ses voisines dans les classements :

  • ESH : 8
  • Mathématiques : 6
  • Dissertation de Culture Générale : 5
  • LV1 : 5
  • LV2 : 3
  • Contraction : 3

Globalement, les écoles les moins sélectives ont souvent des coefficients pour les mathématiques plus faibles, et des coefficients pour les langues plus élevés, et inversement pour les écoles les plus sélectives. On pourrait donc être tentés de travailler uniquement l’économie, les mathématiques, et à la limite la culture générale et la LV1. Peut-être, et honnêtement c’est ce que beaucoup de gens font. Seulement, ce n’est pas si simple.

Mais, les autres matières n’ont-elles pas un intérêt ?

Votre investissement dans certaines matières vous rapportera plus que dans d’autres. Il y a des matières qui sont plus “risquées”, dans le sens où vous pouvez les travailler à fond durant les deux ans, et vous retrouver avec un 8 aux concours, parce que vous étiez moins chaud.e.s cette fois-là, ou parce que le correcteur n’a pas sû, disons, apprécier, votre copie. C’est notamment le cas de l’ESH et de la philosophie, mais cela arrive également parfois en langues et en contraction/synthèse. Du coup, il peut sembler risqué de ne s’appuyer que sur certaines matières alors qu’elles peuvent vous laisser tomber le jour du concours.

En plus de cela, certaines matières seront forcément plus évidentes à travailler pour vous, parce que vous aurez une affinité particulière avec celle-ci, comme par exemple les matheux gagneront plus de points à travailler les maths là où d’autres détesteront cette matière et trouveront cela beaucoup plus agréable de lire un essai philosophique sur le thème de culture générale du concours. C’est aussi pour cela que, si vous posez la question “Qu’est-ce que je dois travailler en priorité?” à plusieurs personnes, ils vous répondront presque sûrement des choses différentes.

Du coup, je fais quoi ?

Je pense que le plus important est, pendant ces deux ans, de se construire un profil. Il faut que vous ayez des points forts tout en essayant de limiter vos points faibles. Concrètement, ça veut dire qu’il faut que vous vous investissiez un petit peu plus dans certaines matières que vous aimez et, idéalement, qui peuvent rapporter, tout en vous assurant que les autres ne soient pas un fardeau. Il n’est, par exemple, pas raisonnable de rester à 5 de moyenne en LV2 sous prétexte que c’est la matière la plus faible des concours (mais ce n’est pas une raison pour en faire une priorité non plus). Soyez stratégique, connaissez-vous, et voyez où vous pouvez gagner des points facilement, mais tout en gardant les coefficients en tête, donc si vous pouviez aimer un petit peu les maths et l’éco, ce serait sympa :). N’oubliez pas non plus qu’il est plus facile de progresser dans une matière dans laquelle on n’est pas bon que dans une matière où on excelle déjà. Travailler ses points faibles est donc rentable !

Là, en première année, concrètement, je travaille comment chaque matière ?

Malgré tout, on peut donner des conseils généraux sur ce qui est pertinent de faire en première année, compte tenu de comment marchent les différentes matières et de l’architecture de l’année.

Comme je vous ai dit, l’essentiel c’est d’avoir un profil. C’est pourquoi, au-delà des conseils que je vais vous donner, vous aurez une marge de manœuvre qui vous permettra d’adapter ces méthodes de travail au profil que vous voulez vous construire et à ce qui fonctionne pour vous – et j’insiste sur “construire”, parce qu’en rentrant en prépa, tout le monde repart à 0 : l’école que vous aurez ne dépendra que de l’investissement que vous voudrez bien fournir durant ces deux ou trois ans (et du nombre de fois où vous serez allés sur Major-Prépa !), alors soyez studieux et ambitieux ! Oui, toi qui lis cet article, les parisiennes ne te sont pas inaccessibles si tu veux bien t’en donner la peine!

Vous aurez plein d’articles géniaux et beaucoup plus détaillés sur les méthodes à adopter dans chaque matière, mais globalement je dirais que :

  • La philosophie/culture générale est sûrement la matière la moins intéressante à travailler profondément en première année, tout simplement parce que vous n’avez pas encore eu votre thème de deuxième année (qui tombe, avec des fuites, en fin de première année) ! Donc vous aurez des cours assez généraux sur des thèmes qui, pour la plupart, ne vous serviront pas beaucoup l’année prochaine. Par contre, s’il y a un vrai travail à faire, c’est peaufiner la méthodologie de la dissertation : être assez sûr.e de bien la maîtriser dès la première année est un gros plus ! Cela demande un certain travail de réflexion sur ses copies, de lecture de méthodos, qui est clairement à faire mais ça ne prend pas plus de temps que ça !

  • Les langues sont assez intéressantes, vous verrez que le niveau n’a rien à voir avec celui de la terminale. La première année est l’occasion de bien apprendre les règles de grammaire, et beaucoup de vocabulaire. Le mieux est de leur accorder un peu de temps en première année pour être un peu plus libre en deuxième année et pouvoir ainsi se concentrer sur des matières plus “grosses” comme les maths et l’économie.

  • La méthode de la contraction et de la synthèse sont à choper assez rapidement, mais ce qui est cool, c’est que cela ne prend pas beaucoup de temps. Comme la méthodologie de la dissertation, il s’agit surtout de se poser et de bien lire les méthodos que vous donneront vos profs, ainsi que vos copies. Identifiez ce qui ne va pas et ce qui était bien et, à la limite, refaites le même sujet après avoir eu la correction en changeant ce qui n’allait pas, et demandez à votre prof de vous dire si c’est mieux ainsi. Peu de temps perdu, et des effets garantis !

  • Les mathématiques, là c’est du sérieux. Les mathématiques prennent du temps. Les mathématiques sont jalouses. Les mathématiques vous demandent de tout sacrifier pour elles, sous peine de vous voir octroyer un 3 au concours et de perdre ainsi toutes vos écoles. Mais les mathématiques récompensent l’effort : c’est par excellence la matière la plus stable, celle qui agit comme un filet de sûreté vous rattrapant si une matière vicieuse comme la philosophie ou l’économie vous fait chuter. C’est pourquoi les mathématiques sont quand même cools. Globalement, voilà le plan de jeu : si vous laissez de côté les maths en première année, vous n’aurez pas le temps de les rattraper en deuxième année. Il vous faut donc un certain sérieux là dessus. Pas d’inquiétude : vous allez tout reprendre presque à zéro et reconstruire vos cours. Donc si vous n’étiez pas excellent en terminale, vous pouvez très bien briller en prépa. J’ajouterais que la plupart du temps, suivre attentivement en cours et être actif durant les exercices permet déjà de progresser énormément. Donc en cours de maths, pas de bavardage, on écoute bien les démonstrations du ou de la prof, on essaye de faire les exercices avant la correction, on apprend ses cours précisément et on fait ses devoirs ! Vous pouvez aussi compléter avec un manuel de maths ECE (vous en trouverez facilement partout) pour vous entraîner avec d’autres exercices. Croyez-moi, vous préférez avoir les maths de votre côté.

  • Enfin l’économie est un peu particulière. Elle est très importante, mais les cours de première année, surtout du début, sont beaucoup moins cruciaux que ceux qui suivront. C’est une matière qui se rattrape assez facilement plus tard lorsqu’on l’a négligée au départ (si vous êtes studieux, vous aller relire tout le programme d’éco depuis le début de la première année plusieurs fois avant les concours, donc vous aurez le temps de revoir des choses sur lesquelles vous étiez auparavant passés un peu vite). Par contre, c’est beaucoup plus facile de réviser des cours que l’on connaît déjà bien, et le fait d’avoir des bonnes notes en dissertation assez rapidement vous donnera une sorte d’élan, et une exigence personnelle qui sont susceptibles d’influencer positivement vos notes suivantes. Quand on a 16 en dissert, puis 8, on a envie de ravoir un 16 à la suivante et on se bouge pour ça ! Donc, sans en faire trop, ayez quand même un certain sérieux pour démarrer du bon pied (les cours ne seront pas aussi denses qu’en deuxième année), et comme en philo, la méthode de la dissertation est à travailler en priorité !

Ne vous surmenez pas

Comme vous voyez, il y a des choses à faire dans toutes les matières. Cela devrait vous occuper sans vous prendre un temps incroyable. Une fois que vous avez établi votre stratégie, restez organisés, travaillez avec un planning hebdomadaire pour avoir une vue sur la semaine (les colles etc.), vous verrez quand vous aurez un peu plus du temps pour accorder du temps à une matière en particulier. Et surtout, n’oubliez pas de garder du temps pour vous, pour le sport et pour vos passions, pour voir vos amis et votre famille. Contrairement aux clichés sur la prépa, il est très important de ne pas surchauffer et de savoir aussi s’éloigner de son bureau. Des articles sont à venir là-dessus ! Aussi, n’oubliez pas que personne n’est excellent partout, et il faudra savoir composer avec des faiblesses plus ou moins importantes dans certaines matières, et votre profil pourra changer en deuxième année qui diffère quand même assez de la première année.

Le début de première année est à la fois crucial et insignifiant, parce qu’il donne le départ de 2 ans d’effort intellectuel important qui vont passer super rapidement, et quand on démarre mal, on n’a pas forcément assez de motivation ni de temps pour se rattraper ensuite, mais en même temps, vous allez commencer par travailler les choses les moins importantes pour les concours. C’est aussi le moment de l’intégration, des premières colles, des premiers DS. A titre personnel, le meilleur conseil que je pourrais vous donner serait de prendre le train en marche assez rapidement sans vous surmener. Vivez la prépa bien, faites une transition maîtrisée entre la terminale et cette première année plus intense, et appréciez ce moment de rencontre et de stimulation : vous aurez déjà fait l’essentiel !