Entretien de motivation

La raison d’être de l’entretien de motivation à l’entrée des écoles de commerce ne fait pas toujours sens chez les étudiants. À tort ou à raison, la question de sa légitimité se pose toujours. Trop irrationnelle dans son évaluation ; injuste dans sa sélection ; trop importante relativement aux 12 mois (ou 24 pour les étudiants de prépa) de bachotage pour les épreuves écrites d’Ecricome ou de la BCE

Alors, pourquoi toutes les écoles de commerce, sauf la renommée jovacienne, accordent-elles une place si importante dans leur processus de sélection ?

Retrouve ici tout ce qu’il faut savoir sur les oraux 2023 école par école (concours BCE et Écricome post-prépas)

Une apparition liée à la mutation des entreprises

Avant de commencer à répondre à la question (nous y arriverons), il convient de rappeler que cette épreuve n’est pas née en même temps que les écoles de management. Elle est apparue durant les années soixante-dix, parallèlement à une évolution des prérequis pour réussir dans la vie professionnelle. Avant cette décennie, les entreprises recherchaient principalement des compétences techniques dans leur recrutement, sans insister sur les compétences managériales.

À la sortie des Trente Glorieuses et au début de ce qu’on nomme maintenant la Mondialisation, les entreprises accordèrent une part de plus en plus importante aux compétences managériales, et non uniquement techniques.

Les décennies suivantes et les mutations engendrées dans la société et donc dans les pratiques managériales (ouverture à l’international, évolution du management vers une pratique plus consensuelle, etc…) ont achevé l’évolution des profils et des qualités recherchées par des écoles de commerce (dont le nom a muté, sans surprise, vers « écoles de management »). On ne recherche plus des compétences techniques, preuves d’un savoir-faire, mais surtout des qualités humaines, preuves d’un savoir-être.

Trouver un « savoir-être »

Et c’est bien là que se trouve la raison d’être des entretiens de motivation, épreuve reine des concours : recruter des étudiants en essayant de repérer leur « savoir-être » et potentiel d’adaptation aux exigences (mutantes, je vous l’accorde) des entreprises. Nous, membres de jurys, avons pour mission d’analyser chez le candidat son recul sur ses expériences passées ainsi que sa capacité à se projeter dans le futur (école et entreprise) par la qualité de ses recherches.

C’est à partir de ces deux éléments que nous pourrons juger de la maturité de son discours et sa capacité à s’insérer convenablement et durablement non seulement dans la vie de l’école (elle ne durera que 4 ans en moyenne), mais surtout dans la vie active.

Capacité à travailler en groupe, sens de l’écoute, capacité à convaincre, qualités d’adaptation, mobilité physique, intérêt pour l’actualité et finesse de l’analyse (comment vouloir travailler « à l’international » sans s’intéresser à ce qui se passe dans le monde ?)… Tant de critères que nous recherchons chez le candidat pour nous convaincre qu’il saura s’adapter à un environnement professionnel incertain et en constante évolution. Rappelons nous cette statistique qui nous dit que 2/3 des enfants de primaire exerceront un métier qui n’existe pas encore.

Comprendre les motivations

De plus, un autre aspect intéresse particulièrement les jurys de concours : comprendre les motivations d’un candidat à rejoindre non seulement une école de commerce, mais LEUR école de commerce. À l’heure où la compétition entre les différentes institutions (françaises comme étrangères) s’accélère, le souci de rencontrer un candidat qui a mûri les raisons de son choix d’entrer en école (et encore une fois, dans LEUR école) est fortement présent chez le jury.

Le désir d’évoluer, de grandir en école de commerce et grâce à l’école de commerce, en montrant la qualité de ses recherches (et donc sa motivation) sur l’école dont le candidat passe l’entretien constitue une part importante de la note finale.

Ainsi, les entretiens de motivation ont émergé dans l’idée de déceler chez le candidat un potentiel autre que celui purement intellectuel, apanage des épreuves écrites. Des qualités (présentes ou à développer) humaines, managériales, créatives ont pris une part de plus en plus importante dans la sélection, pour s’adapter aux mutations du monde professionnel. Par ailleurs, l’adéquation entre ces qualités et les aspirations au sein de l’école (parcours, matières suivies, association, etc…) et le projet professionnel constitue une facette non-négligeable des éléments recherchés par les jurys en entretiens.

La capacité à « se révéler » aux jurys, sans se fermer ou livrer une fausse image de soi (qui vous trahira toujours) constitue donc un prérequis essentiel, mais pas simple, à la réussite de cette épreuve si particulière.

 

Par Robin Morth

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