Chaque année, certaines écoles mettent le paquet sur l’accueil des admissibles, tandis que d’autres se contentent du service minimum. Si toutes les écoles désirent convertir un maximum d’admissibles en admis et attirer parmi ces derniers des étudiants qui auraient pu intégrer d’autres écoles, ce n’est pas que pour grimper au classement SIGEM… Il s’agit surtout de transmettre aussi tôt que possible l’esprit d’école et plus particulièrement, l’esprit de l’école.

Nous avons donc décidé de nous intéresser à l’organisation des oraux et de demander aux admisseurs des écoles arrivées en tête de notre concours des meilleurs oraux de nous raconter l’envers du décor du travail de ceux qui vont vous récompenser pour vos efforts dès la semaine prochaine !

Une équipe soudée…

Les admisseurs le garantissent : la clé pour réussir cet accueil est le fait d’avoir une équipe soudée, qui forme une seconde famille. Imaginez : les admisseurs doivent être au taquet pendant 2 à 6 semaines (pour les écoles enchaînant les oraux des admissions parallèles et des prépas) et ne doivent jamais se relâcher pour bien représenter leur école. Il faut donc une motivation de tous les instants.

Au sein de cette équipe d’admisseurs, il est primordial que l’ambiance y soit excellente. Autrement, il y a aucune chance que celle-ci soit transmise auprès des admissibles.

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Pour Pierre-Emmanuel, admisseur et community manager à Toulouse BS, deuxième ambiance l’année dernière, un véritable “esprit d’équipe règne au sein de la Team des 99 admisseurs” qui, même s’ils sont issus de promos et d’assos différentes, “s’unissent tous pour passer des bons moments avec nos admissibles d’amour”. Il se murmure même qu’une salle Euro 2016 est prévue…on ne dira rien de plus et on vous laisse découvrir ça sur place ! 😉

Du côté d’Audencia, sixième l’année dernière, la motivation est similaire et les admisseurs prévoient quelques nouveautés pour faire mieux : “des goodies, une choré digne de Beyoncé, un aperçu des hot-spots Nantais et des admisseurs surmotivés !” Rien que ça.

La sélection d’une telle équipe se fait avec minutie de la part des écoles. A l’ESC Dijon, lauréate de notre concours l’année dernière, des dizaines d’étudiants ne sont pas sélectionnés par l’école chaque année car il faut prendre “les meilleurs”, privilège dont jouissent les étudiants photographiés ci-dessus !

…et organisée par pôles

L’organisation est primordiale dans la réussite de l’accueil admissible. La plupart des écoles fonctionnent par pôles. A l’ESC Dijon, les admisseurs sont répartis dans différents pôles :

  • le pôle transport qui ramène les étudiants de la gare à l’école en C4
  • le pôle animation qui produit notamment un spectacle (hilarant) de 50 minutes tous les soirs
  • le pôle accueil qui guide les étudiants et répond à leurs questions
  • le pôle bar qui épanche la soif des étudiants
  • le pôle prépa oral qui briefe les étudiants juste avant leur passage à l’oral (spécificité dijonnaise !)
  • les pôles navette jury et navette langues qui guide les candidats jusque leur salle de passage
  • le pôle polyvalent

Et la préparation est intense ! Par exemple, Pierre Jean Billard, excellent imitateur et étudiant-comédien à l’ESC Dijon nous informe que la préparation du spectacle de 50 minutes présenté aux admissibles dure 2 mois !

A Audencia BS, on remarque une organisation similaire par pôles : Pôle Transport, Pôle Logistique, Pôle Restauration, Pôle Trésorerie, Pôle accompagnement salle, Pôle animation, Pôle soirée et Pôle web communication. En général, les étudiants restent affectés au même pôle durant quelques semaines et peuvent changer.

Il y a également différentes équipes qui se relaient tout au long de la journée. Souvent, il y a une équipe du matin-midi et une de l’après-midi- soir. Parfois, il peut même y en avoir trois, comme à Dijon, pour que les admisseurs aient assez de repos et soient au taquet !

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Du côté des écoles : quelle stratégie choisir ?

De ce côté-là, on remarque pas mal de différences entre les écoles… Pour certaines, l’enjeu est minime lorsqu’une place au classement SIGEM n’est pas en jeu, tandis que pour d’autres, cet accueil vise à dépasser certains concurrents en montrant l’école sous son meilleur jour.

Les écoles doivent aussi motiver leurs admisseurs. Et si leur motivation ne fait guerre de doute, ces ambassadeurs des écoles renoncent à leur stage. Quelle compensation adopter dès lors au niveau des écoles ?

La plupart permettent de valider des semaines d’expériences professionnelles. Bien souvent, les semaines de stages accordées sont majorées d’une ou deux (voire bien plus). Pour les écoles, la question se pose de la gratification à accorder : faut-il payer ses admisseurs ? Si l’on aurait naturellement tendance à dire que oui, dans la mesure où les admisseurs enchaînent un rythme éprouvant, les faits prouvent que non. Pour l’illustrer, un passage par l’économie comportementale s’impose.

Dans son ouvrage Predictably Irrational, l’économiste Dan Ariely s’interroge sur l’impact du fait d’être payé ou non dans nos performances et dans notre distinction entre les normes sociales (service bénévole) et celles de marché (service rémunéré). Il reprend et analyse une expérience menée par James Heyman. Celle-ci était simple : les participants étaient placés devant un ordinateur dont l’écran affichait un cercle à gauche et un carré à droite. Ils devaient faire glisser un maximum de cercles dans le carré car dès qu’un cercle était placé dans le carré, il disparaissait et un nouveau apparaissait, le tout durant 5 minutes. Voici les résultats :

  • ceux qui ont reçu 5$ ont glissé en moyenne 159 cercles en 5 minutes
  • ceux qui ont reçu 0,50$ ont glissé en moyenne 101 cercles en 5 minutes

Jusque là, pas de surprise, plus on est payé, plus on est motivé. Mais un dernier groupe a été consulté, auquel on ne proposait rien en retour. Devinez quoi ? Ils ont glissé en moyenne 168 cercles en 5 minutes ! Pourquoi donc ? Car dans le premier cas, il s’agissait d’un travail contre rémunération tandis que dans le second cas, la tâche rendue s’inscrit dans du bénévolat. Ainsi, la tâche effectuée par une motivation dépassant largement celle de la volonté d’un retour sur investissement pécuniaire

Et au niveau des admisseurs, c’est la même chose ! Ceux qui ne perçoivent aucune rémunération rendent service à leur école car ils l’aiment et veulent en défendre les couleurs avec les tripes. C’est bien pour cela que sur notre podium des meilleurs ambiances admissibles, Toulouse BS (2ème) et emlyon (3ème) ne paient pas leurs admisseurs et qu’à l’ESC Dijon (1ère), du fait des concours Passerelle et de la très importante préparation en amont,  le cap de 6 semaines est franchi et la rémunération devient obligatoire. Dans ces 3 écoles, les admisseurs sont motivés par l’envie de porter leurs couleurs et de défendre leur école pour une motivation bien autre que financière. Et si c’était la recette du succès ?

Du côté de l’ISC Paris (7ème de notre concours), le principe de gratuité s’élargit même auprès des admissibles avec un pack 100% gratuit : hébergement, repas (petit déjeuner au Starbucks, déjeuner à Paul et dîner au HD Diner ou à Dominos Pizza), tuk-tuk et visite de la ville sont offerts. On ne doute pas de l’efficacité d’une telle mesure !

On peut donc l’affirmer : les meilleurs accueils admissibles sont ceux qui s’inscrivent dans les social norms et non dans les market norms (aussi bien pour les admissibles que les admisseurs) ? On pourrait prolonger la réflexion par le fait que la fin de la prépa est aussi le moment où la plupart des étudiants passent du public ou du privé sous contrat (normes sociales) à des écoles privées et plus onéreuses et donc aux normes du marché…du moins dans les écoles où les motivations des admisseurs sont financières. 😉