Comme tu le sais sûrement, les programmes en B/L sont pour la plupart illimités, et la philosophie n’échappe pas à cette règle. Ainsi, au concours, tu es susceptible de tomber sur n’importe quel sujet ayant trait aux grands champs de la philosophie : Métaphysique, Éthique, Morale, Connaissance, Esthétique et Art, Politique, etc., ce qui correspond à peu près au programme de philosophie des terminales L (eh oui, si tu viens d’une terminale S comme plus de la moitié des B/L, tu vas galérer au début…) Le but est donc d’acquérir des connaissances solides sur tous les grands thèmes, et ce avec « seulement » quatre heures de cours de philosophie par semaine. Aucune connaissance n’est obligatoire pour le concours : les candidats sont libres de mobiliser les auteurs de leur choix dans leurs copies. Mais les rapports de jury sont catégoriques sur un point particulier : les connaissances mobilisées doivent être solides et précises. La philo représente ainsi une charge de travail assez importante en prépa B/L, d’autant plus que les sujets qui tombent aux écrits et aux oraux des ENS et des écoles de commerce sont parmi les plus WTF du concours. Pour n’en citer que quelques-uns : « L’actualité » (ENS, 2018), « Mon corps » (ENS, 2013), « Quand je danse, je danse » (HEC, 2012), « Lire les philosophes » (HEC, 2016). Si tu as frôlé la crise cardiaque à la lecture de ces sujets, ne t’inquiète pas, c’est normal ! On te donne dans cet article quelques conseils afin d’organiser ton travail en philosophie et de pouvoir aborder avec succès tout type de sujet le jour J !

Travailler par auteur ou par grand thème ?

Un des grands dilemmes pour les prépas B/L est de choisir un mode d’organisation optimal afin d’assimiler un maximum de connaissances pour le concours. En particulier, il existe deux principales « méthodes » de travail en philosophie :

  • Travailler « par auteur » : c’est-à-dire choisir un certain nombre d’auteurs « incontournables » et essayer d’analyser et de s’approprier leur pensée sur tous les grands thèmes philosophiques. L’avantage de cette méthode est que, pour bien mobiliser tes connaissances sur un auteur dans une dissertation, il faut connaître un minimum son système de pensée ; on comprend toujours mieux ce qu’un auteur dit sur un sujet particulier si l’on connaît la manière dont il réfléchit en général. Par exemple, il est extrêmement utile de savoir replacer l’auteur dans l’histoire de la philosophie, de savoir à quel « groupe » il appartient, « contre » qui il écrit, quelle est sa vision générale du monde, quelles sont les hypothèses sur lesquelles il fonde ses raisonnements, etc. Il paraît donc de ce point de vue avantageux de travailler sur un auteur dans son ensemble (connaître ce qu’il dit sur tous les thèmes), plutôt que d’extraire sa pensée sur un thème particulier sans en connaître le contexte plus global. L’inconvénient de cette méthode est que tous les auteurs disent des choses utiles pour le concours sur tous les thèmes. Certains auteurs seront presque indispensables sur certains thèmes et moins importants sur d’autres. En particulier, si tu tombes sur un sujet qui traite d’un thème très précis et que les auteurs que tu as travaillés ont dit peu de choses sur la question, il pourra paraître artificiel de « tirer » ces auteurs vers toi pour les « faire parler » sur ce thème (même si les meilleurs candidats y arrivent très bien).
  • Travailler « par grand thème » : c’est-à-dire sélectionner les auteurs les plus « utiles » (facilement mobilisables en dissertation) pour chaque thème et n’apprendre leur pensée que sur des thèmes particuliers, sans nécessairement savoir ce qu’ils disent sur les autres thèmes de la philosophie. Comme on l’a dit précédemment, l’inconvénient en adoptant cette méthode est donc que tu risques d’avoir une compréhension moins fine de ce que dit l’auteur sur ce thème particulier. Mais l’avantage est que tu auras des choses intéressantes à dire quel que soit le sujet qui tombe au concours car tu sauras au mieux mobiliser des connaissances appropriées pour chaque thème et que tu auras moins besoin de « tirer vers toi » des auteurs qui a priori ne traitent pas directement du thème en question.

Comme tu le constates, chaque méthode a ses avantages et ses inconvénients. Si tu es prêt à t’investir à fond dans la philosophie, le mieux serait alors de combiner ces deux méthodes : c’est-à-dire travailler par grand thème tout en t’informant un minimum sur le système de pensée de chaque auteur sur lequel tu travailles, et en accentuant ton travail sur certains auteurs en particulier que tu considères être importants.

Faut-il lire/ficher des œuvres philosophiques ?

Chaque année, les jurys se plaignent dans les rapports que les élèves n’aient pas de connaissances assez précises des textes philosophiques mais se contentent de restituer des synthèses vagues apprises par cœur dans des manuels, sans avoir lu les œuvres elles-mêmes. Ils précisent qu’ils sont au courant de la charge de travail dans les autres matières en B/L mais insistent sur le fait que les candidats doivent quand même s’efforcer de lire des œuvres philosophiques. Le message est clair, essayer de caler ta lecture de la Phénoménologie de l’esprit entre les 100 pages d’histoire à apprendre pour demain et le DM de maths à rendre dans deux jours : easy ! On plaisante, hein… Les prépas B/L n’ont évidemment pas le temps de lire plusieurs œuvres philosophiques en entier, en sachant qu’ils doivent diviser leur temps de travail équitablement entre six ou sept matières. D’autant plus qu’en général, la lecture d’une œuvre dans son intégralité est une perte de temps (denrée rare en prépa) car tous les passages ne sont pas indispensables pour comprendre l’œuvre et tout ce que l’auteur dit n’est pas utile pour le concours.

C’est pourquoi on te conseille, avec l’aide de ton professeur, de choisir dans toutes les œuvres importantes des passages clés qui résument au mieux la pensée de l’auteur sur un thème particulier. En général, chaque œuvre philosophique possède un chapitre, une page ou même un paragraphe qui suffisent à illustrer la pensée de l’auteur, et qui permettent de montrer au jury que tu as une connaissance précise du texte, sans nécessairement avoir lu l’œuvre en entier.

Par ailleurs, les élèves se demandent souvent s’il faut ficher des œuvres philosophiques. Nous pensons qu’il est beaucoup plus utile de bien connaître certains passages d’une œuvre plutôt que de ficher cette dernière intégralement, car le fichage qui a pour but de synthétiser l’œuvre ne permet en réalité pas de restituer des connaissances très précises. Les jurys préféreront à coup sûr un candidat qui connaît et qui a compris dans les moindres détails un petit passage d’un livre plutôt qu’un candidat qui connaît un résumé (même s’il est détaillé) du livre entier.

Ce que nous te conseillons donc de faire, c’est de répertorier un ensemble de passages importants dans un classeur, que tu compléteras au fil de tes lectures pendant deux ans. Ainsi, à force de lire et relire ton classeur avant chaque DS, tu finiras par bien connaître tes textes pour le concours et tu seras capable de les restituer de manière précise dans ta copie.

Faut-il lire des œuvres critiques ?

Les œuvres philosophiques sont souvent difficiles à comprendre et les jurys te feront payer très cher les contre-sens, en particulier sur des œuvres philosophiques « majeures ». Il n’y a rien de plus ennuyeux pour le jury que de devoir corriger des copies pleines d’idées reçues et de phrases toutes faites qui trahissent la pensée de l’auteur plus qu’elles ne l’expliquent. Pour être sûr que tu as bien compris ce que l’auteur a écrit, tu dois donc accompagner ta lecture de l’œuvre (ou de certains passages) d’une lecture d’un commentaire critique. Les manuels critiques sont d’autant plus précieux qu’ils permettent de problématiser la pensée de l’auteur sur les différents thèmes et de souligner tous les enjeux philosophiques autour de ces thèmes.

Si tu décides d’organiser ton travail par grands thèmes, tu accompagneras donc tes révisions de la lecture de manuels de synthèse sur les grands thèmes : il existe en effet une multitude de livres et de manuels qui traitent distinctement des principaux enjeux de tous les grands champs de la philosophie.

Si tu décides de travailler la philosophie par auteur, tu devras donc accompagner ton travail de lectures de livres critiques sur chaque auteur.

N’oublie pas qu’il est normal de mettre un peu de temps au début de l’hypokhâgne à trouver sa méthode de travail en philosophie, l’important c’est juste de se mettre au travail rapidement !

CPGE Littéraire – Récapitulatif des articles B/L