Besoin d’un petit rafraîchissement sur l’actualité hispanique du dernier mois ? Tu es au bon endroit. Entre budget serré, fermeture de villes et répressions politiques, le monde hispanique est en pleine effervescence !
Discipline budgétaire perturbée
Face à la hausse des dépenses et la chute des recettes, le gouvernement espagnol a annoncé le 29 septembre 2020 l’abandon de la discipline budgétaire pour l’année 2020-2021. Cette décision a été permise par la Commission européenne, qui autorise aux États membres “une parenthèse dans le pacte de stabilité” afin de gérer la crise économique provoquée par la Covid-19.
Depuis avril 2020, le gouvernement a déjà financé quatre milliards d’euros de chômage partiel par mois et accordé de nombreuses aides aux entreprises. L’abandon de la discipline budgétaire devrait permettre à l’État central et aux collectivités territoriales de s’endetter pour assurer leurs dépenses croissantes.
Covid-19 et migrations
Pour endiguer la propagation du coronavirus sur son territoire, le Maroc a fermé ses frontières mi-mars. De nombreux ressortissants marocains se sont donc retrouvés bloqués dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla.
Afin de remédier à ce problème, le Maroc et l’Espagne ont signé un accord pour rapatrier les citoyens marocains désireux de rejoindre leur pays. 200 Marocains ont donc été rapatriés le 30 septembre.
À noter que le Maroc n’affiche que 2 000 nouveaux cas par jour, comparativement aux plus de 10 000 cas recensés par jour en France.
Destitution de Quim Torra
Le 28 septembre, la Cour suprême a condamné Quim Torra à 18 mois d’inéligibilité et 30 000 euros d’amende, ce que le tribunal de justice de la Catalogne a transcrit par une destitution. Son chef d’accusation remontait à avril 2019, lorsque le président de la Généralité avait refusé de retirer une pancarte exigeant “la liberté des prisonniers politiques” lors de sa campagne pour les législatives.
Ce membre du parti indépendantiste radical (JxC), désigné en 2018 par son prédécesseur Carles Puigdemont, sera remplacé par Pere Aragonès, leader du parti rival ERC, en attendant des élections en janvier 2021.
Coup de frein pour les livreurs
La Cour suprême a décrété le 23 septembre 2020 que la relation qui liait la plateforme espagnole Glovo à ses livreurs relevait d’un contrat de travail. Cette décision devrait inviter à revoir le statut des livreurs, déclarés comme auto-entrepreneurs aujourd’hui, pour en faire des salariés. Si la Cour suprême émettait le jugement une deuxième fois avec une autre plateforme, il ferait acte de jurisprudence et mettrait en danger toutes les autres plateformes de la Gig economy (Uber Eats, Deliveroo, etc.).
Pour rappel, c’est un tribunal de Valence qui a été le premier en Europe à qualifier de salarié un “faux auto-entrepreneur”, en novembre 2018.
Pas de répit pour les médecins espagnols
En Espagne, le manque d’effectif et de moyens hospitaliers suscite la colère du milieu médical. Après avoir menacé de faire grève, l’hôpital a obtenu un allègement des fonctions administratives liées à la Covid-19 (traçage par exemple), mais réclame toujours 750 médecins dans la capitale surchargée.
Pour rappel, le milieu hospitalier espagnol a été mis à rude épreuve ces dix dernières années. Les coupes budgétaires successives et la baisse des indemnisations journalières pour les infirmiers auront découragé plus d’un professionnel de santé. Sur dix ans, 26 000 professionnels de santé ont quitté l’Espagne pour des destinations telles que le Royaume-Uni ou la France.
Bientôt du blé OGM dans les assiettes argentines
Le Conseil national de la recherche scientifique et technique d’Argentine (Conicet) a approuvé le 8 octobre 2020 la production et la commercialisation de blé OGM. Ce blé OGM a pour atout de résister aux sécheresses et est le résultat d’une collaboration entre la société argentine Bioceres et l’Université nationale du Littoral française.
L’Argentine est donc le premier pays à se positionner favorablement face au blé OGM. Mais la commercialisation de blé OGM est conditionnée par l’approbation du marché brésilien, importateur de 45 % du blé argentin.
Bolsonaro et Bolsa Familia
Début octobre, le président brésilien a annoncé vouloir remplacer le très fameux programme Bolsa Familia de Lula par un nouveau système d’aides. Il souhaiterait augmenter son budget de 30 milliards de réaux et accorder davantage d’aides aux plus démunis. Mais ce nouveau plan d’aide se heurte à la désorganisation du régime Bolsonaro et au marasme économique brésilien, qui devrait voir son PIB se rétracter de 6 % d’après le FMI.
Pour rappel, le programme Bolsa Familia est un plan d’aide du dirigeant de gauche Lula, qui a permis de sortir 28 millions de personnes de la pauvreté et aidé plus de 43 millions de personnes depuis sa création en 2004.
L’arme législative contre les Nicaraguayens
Pour entraver encore davantage ses opposants, le gouvernement de Daniel Ortega a recours à l’arme du droit. L’Assemblée nationale compte faire voter une loi pour obliger la divulgation de toute aide financière extérieure au ministère de l’Intérieur. Une telle mesure serait un obstacle au financement des opposants d’Ortega pour les élections présidentielles et législatives de novembre 2021.
Ortega a aussi développé une loi contre les cyberdélits, qui peut punir de quatre ans de prison les fake news. Le 7 octobre, le hashtag #nonoscallaran dénonçait une législation jugée liberticide.
Pour rappel, des manifestations contre le régime de Daniel Ortega ont débuté il y a plus de deux ans et demi, en 2018.
Pérou et corruption
Le parquet a annoncé l’ouverture d’une enquête pour corruption contre le président Martin Vizcarra. Le président péruvien aurait accordé plus de 50 000 dollars d’argent public à un chanteur, Richard Cisneros, pour effectuer des conférences.
L’immunité parlementaire du président reporte le début de l’enquête pour juillet 2021. Martin Vizcarra a échappé de peu à une destitution. Son prédécesseur Pablo Kuczynski avait dû lui-même démissionner pour cause de corruption après deux ans de mandat seulement.
Chaos à Madrid
Il n’est pas toujours aisé de mettre d’accord un gouvernement et sa capitale. Début octobre, l’État a ordonné la fermeture de Madrid, n’autorisant que des entrées et sorties pour motifs professionnels, scolaires ou sanitaires. Mais le jeudi 8 octobre, le tribunal de justice de Madrid a annulé cette décision, décrétant que la loi invoquée par le ministère de la Santé menaçait sans légitimité des libertés et droits fondamentaux.
Malgré ce revirement, certaines mesures de prévention subsistent : interdiction des réunions à plus de six personnes, fermeture des bars et restaurants à 23 h. L’Andalousie, région qui observe une recrudescence des cas de Covid-19, aurait demandé aux autorités madrilènes de décourager les déplacements lors du week-end de fête nationale.
