Condensé de l’actualité internationale de Mai 2014.

Un résumé de l’actualité internationale salvateur pour être au courant des dynamiques mondiales afin de mieux appréhender les nouveaux enjeux et problématiques géopolitiques du monde contemporain. Major-Prépa espère que les résultats aux concours des élèves en prépa HEC seront à la hauteur de leurs attentes. Le site se tiendra à leurs côtés lors des oraux, bon courage et n’oubliez pas la devise du site : Sky is the limit.

Mouvances islamistes, insécurité endémique, États faillis abonnés à la violence, népotisme qui gangrène l’économie… L’Afrique noire est-elle maudite ? (Moussa Konaté)

Au Nigeria, le groupe islamiste Boko Haram poursuit sa politique terroriste. Après des massacres de chrétiens et plusieurs attentats (118 morts le 20 mai à Jos), la secte a revendiqué lundi 5 mai l’enlèvement de plus de 200 lycéennes (enlèvement effectué le 15 avril). Si la communauté internationale s’émeut, l’Afrique francophone a quant à elle réagit. Avec le soutien de l’Union Européenne, du Royaume-Uni, des États-Unis, de la France, du Niger, du Tchad, du Bénin et du Cameroun, le Nigéria s’apprête à entamer une guerre contre Boko Haram.

Le Mali et la Centrafrique sont toujours, quant à eux, abonnés à la violence. Le MNLA reprend son offensive contre le gouvernement malien alors que Catherine Samba-Plaza ne parvient toujours pas à rétablir la paix dans son pays.

Cependant il n’y a pas lieu de voir là une fatalité pour l’Afrique d’autant plus qu’il s’agit de cas isolés. En effet de réjouissants signes d’amélioration économique (5% de croissance par an en moyenne depuis 2000) et politique (accords pour un cessez-le-feu au Soudan du Sud, fin de la guerre en RDC,…) semblent être le témoignage d’une dynamique positive en Afrique comme le met en exergue JEUNE AFRIQUE.

« La France est notre Patrie, l’Europe est notre avenir » (F.Mitterrand)… Mais entre essor de l’euroscepticisme, abstention massive et ras-de-marée populiste aux européennes;  où est donc passé notre avenir européen ?

Les élections européennes de 2014 ont été marquées du sceau de l’abstention et de l’essor de l’euroscepticisme. Au Royaume-Uni l’UKIP arrive en tête (27,5%) alors que le FN en France remporte aisément 25% des votes. Les partis nationalistes, populistes et euro-sceptiques représenteraient ainsi 30% des sièges au parlement selon THE ECONOMIST : une véritable désillusion pour les pères fondateurs de l’Europe. En effet malgré les innombrables avantages que l’UE nous offre (Paix préservée en UE [zone historiquement la plus belligène au monde, d’où sont nées les deux Guerres mondiales], création d’un environnement propice aux entreprises qui savent l’exploiter [comme EADS, Ikéa ou même Volkswagen], libre-circulation dans l’Europe, monnaie stable bien que forte,… ) les européens plutôt que d’impulser la réforme de l’UE (afin de palier à ses incohérences structurelles et de nous sortir de cette crise) ont préféré lui tourner le dos notamment du fait du marasme économique mais aussi de l’euro-frilosité des partis pro-européens… Or dans ce nouveau monde de géants (La Chine par exemple c’est 9,6 millions de km carrés, 1,3 milliards d’habitants, et un PIB avoisinant 8200 milliards de dollars), la France aura besoin de l’Europe ne serait-ce que pour continuer à peser dans la mondialisation et dans le concert des nations comme le rappelle Daniel Cohn-Bendit dans Debout l’Europe. Au total, « La vraie question est de savoir si les européens veulent ou non toujours jouer un rôle dans l’histoire » (J.Delors).

La montée en puissance contestée du FN, sur fond de difficultés gouvernementales et de scandales politiques, comme révélatrice d’une démocratie sclérosée dans une France qui conserve cependant des raisons d’espérer.

Après un succès aux locales et une victoire aux européennes le FN s’affirme dans le paysage politique français. Cependant cette ascension est vivement contestée notamment par le biais de marches contre le « F-Haine » où les manifestants dénoncent le caractère anti-républicain du parti et ses inepties économiques (xénophobie [Comme le rappelle les récentes allégations de J-M Le Pen selon lesquels « Monseigneur Ebola régle en 3 mois la question de l’immigration], rejet de l’autre en contradiction avec les idéaux de liberté-égalité-fraternité. Volonté de sortir de l’euro, d’ériger de barrières protectionnistes et de retourner au franc sans considérations des implications économiques que cela induit [baisse du pouvoir d’achat, chute de l’investissement et des IDE, effondrement de la compétitivité des entreprises (car elle sortirait de la DIPP) ou encore hausse drastique des prix [car le processus productif est largement externalisé, ainsi un airbus A380 est produit à 40% hors de France] ce qui conduirait à une inflation incontrôlée en France).

Mais le parti au pouvoir (PS) et le parti d’opposition (UMP) ne cessent de perdre en crédibilité ce qui fait les affaires du FN. Le premier est empêtré dans l’impopularité alors que la crise rend toujours plus difficile l’exercice du pouvoir (chômage encore en hausse au mois de mai). L’autre est éclaboussé par des affaires de corruption (affaire Karachi et affaire Balkany), par des scandales à répétitions (affaire Bygmalion qui pousse J-F Copé à la démission) et par des luttes intestines exacerbées pour la présidence de l’UMP,  ce qui favorise l’affaiblissement du parti et de sa crédibilité.

Cependant la France n’est pas condamné, M.Valls entreprends des réformes structurelles pour en finir avec le marasme économique. Du décret Montebourg (permettant à l’Etat de s’opposer à la reprise d’entreprises françaises par des sociétés étrangères dans des secteurs stratégiques ) à la baisse des impôts en passant par les 50 milliards d’économie et le rédécoupage régional, ce virage vers la social-démocratie sera-t-il couronné de succès comme ce fut le cas en Allemagne au temps de G.Schroder ou encore au Royaume-Uni à l’époque de Tony Blair ? Quoi qu’il en soit pour pouvoir « tenir son rang » dans la mondialisation le consensus doit être accepté : tel semble être le nouveau défi français. Société, territoire, institutions, et hommes politiques français sauront-ils le relever ?

Un énième coup d’État en Thaïlande, une grève des mineurs en Afrique du sud, une Turquie qui s’embrase à nouveau, un Brésil qui n’en finit plus de manifester, une situation au Venezuela qui n’en finit pas de se détériorer : Le temps des épreuves chez les émergents…

Chez les pays émergents, les troubles politiques parfois engendrés par des difficultés économiques (c’est le cas au Brésil et au Venezuela) ou même par des scandales et des dérives autoritaires (c’est le cas en Thaïlande et en Turquie) ont eu pour corollaire d’importants mouvements sociaux auxquels les gouvernements ont bien du mal à faire face. En Thaïlande par exemple après des mois de contestation contre le pouvoir de Yingluck Shinawatra (suite notamment à des accusations de corruption) les militaires ont pris le pouvoir et ont instauré la loi martiale. Par ailleurs en Turquie de nouvelles contestations contre Recep Tayyip Erdogan ont éclaté après un accident dans une mine qui a conduit à la mort de près de 300 personnes. Déjà affaiblit pour ses dérives autoritaires (musellement de la presse, interdiction de youtube,…) et des scandales de corruption qui éclaboussent ses proches, la colère contre Erdogan monte encore d’un cran en Turquie. Ainsi les Émergents (ces pays à la croissance rapide présentant des opportunités d’investissement en raison d’une insertion croissante dans l’économie mondiale) ne sont plus à la fête eu égard aux manifestions du peuple brésilien contre la vie chère à l’approche de la Coupe du monde.

(voir article de Major-Prépa sur la Fronde sociale au Venezuela).

Mais également le temps des élections.

En Inde, le BJP (parti nationaliste hindou) de Narenda Modi remporte les élections. En Afrique du Sud, Jacob Zuma a été réélu pour un autre mandat de cinq ans. Dans une Égypte en proie à la « chasse aux sorcières » contre les pro-Morsi et les Frères musulmans (soutenus par le Qatar) ; le Maréchal Al-Sissi (soutenu par l’Arabie Saoudite) a gagné les élections avec officiellement plus de 96% des suffrages exprimés, ce qui (3 ans après la chute de Hosni Moubarak) marque le retour au pouvoir des militaires.

Il était une fois dans l’Est

A la différence des électeurs européens, Vladimir Poutine semble avoir compris que dans le monde multipolaire d’aujourd’hui et de demain, en dépit des désavantages qu’elle peut conférer, au final, l’union fait et fera toujours la force. Ainsi, le président russe continue de mener une politique étrangère décomplexée. En effet, après l’annexion de la Crimée, l’Union Eurasiatique semble être le dernier avatar de l’aspiration du « tsar » à la création de la « nova russia ». Créée en Mai 2014, elle réunit le Kazakhstan, la Russie et la Biélorussie pour le moment. Toutefois le Kirghizistan et l’Arménie devrait rejoindre l’Union d’ici 2015.

L’Ukraine est quant à elle devenue une poudrière. Alors que Donetsk est au bord de l’anarchie, et que les velléités séparatistes sont exacerbées dans l’Est du pays, l’Ukraine a élu un nouveau président en la personne de Petro Porochenko qui s’est promis de mettre un terme à la « terreur dans l’Est ». Cependant un défi plus imminent l’attend : il s’agit de la guerre du gaz vers laquelle semble tendre l’Ukraine et la Russie. En effet la Russie continue de faire pression sur l’Ukraine, elle menace ainsi de couper les robinets gaziers si Kiev ne règle pas à l’avance 1,5 milliards d’euro à Gazprom.

L’Empire du milieu muscle le jeu

“La Chine m’inquiète” faisait déjà dire Marcel Proust à sa Duchesse de Guermantes dans La Recherche du temps perdu. La Chine m’inquiète titrait Jean-Luc Domenach face aux sporadiques résurgences nationalistes notamment du fait du ralentissement de la croissance chinoise. Car c’est qu’en Chine, le tassement de la croissance (7,5% en 2013) est couplé à un durcissement de la politique intérieur (répression violente contre les musulmans Ouigours qui veulent faire sécession [d’où les attentats à la voiture piégée en mai 2014] dans le Xinjiang au nord-est de la Chine, région de toute importance pour le pouvoir central du fait de ses nombreuses ressources naturelles). Mais la politique extérieure chinoise est également plus agressive comme en témoigne les tensions en mer de Chine orientale (avec le Japon) et de Chine méridionale (avec le Vietnam dont un navire de pêche a été coulé par la marine chinoise au large des îles Paracels, îlots rocheux convoités par Hanoï et Pékin autour desquels d’importante ressources énergétiques et halieutiques existent). La Chine a ainsi débuté le forage près des Paracels, les Vietnamiens manifestent massivement pour le contester mais cela dégénère (plusieurs Chinois au Vietnam ont été ainsi pris à partis, certains sont morts, d’autres ont été blessés et des magasins tenus par des Chinois ont été saccagés). Ainsi les tensions augmentent en Asie Pacifique alors que Shinzo Abe qui veut faire du Japon le leader de l’Asie s’est empressé de soutenir Hanoï. Dans ces conditions, on comprends mieux la stratégie du pivot entreprise par les Etats-Unis de B.Obama selon laquelle 60% de la flotte américaine devra se trouver en Asie pacifique d’ici 2020… L’Asie orientale, nouveau centre économique et géopolitique du monde contemporain ?

Pour aller plus loin sur les défis européens et les problématiques en Afrique, Major-prépa vous recommande :

    • Debout l’Europe ! Manifeste pour une révolution postnationale en Europe, Daniel Cohn-Bendit et Guy Verhofstadt

  • Le temps de l’Afrique, Jean-Michel Severino
  • La Chine, le nouveau capitalisme d’État, Marie-Claire Bergère


Ezékiel SEDAMINOU

Major-prépa.