De 5 000 € en novembre 2017, le prix du Bitcoin est début décembre proche de 10 000 €, un gain énorme en l’espace d’un mois seulement. C’est la success story récente des frères Winklevoss qui met en lumière cette formidable hausse du cours du Bictoin : ayant investi 11 millions de dollars dans les Bitcoins en 2013, ils se retrouvent aujourd’hui à la tête d’une fortune de 71 milliards de dollars.

Oui mais, le Bitcoin, c’est quoi ?

C’est à la fois une monnaie et un système de paiement de pair à pair*. C’est une sorte de monnaie électronique qui permet d’effectuer des transactions, comme envoyer un paiement à un fournisseur dans le cas d’une entreprise.
Le logiciel qui gère le Bitcoin a été publié en 2009 par Satoshi Nakamoto (c’est un pseudonyme), ce qui acte la naissance de cette nouvelle monnaie cryptographique.

* pair à pair ou peer to peer en anglais : c’est un modèle de réseau informatique où chaque participant est à la fois client et serveur. Les données peuvent être échangées directement ou passer par un serveur central qui fait office d’intermédiaire.

Comment ça marche ?

Sans entrer dans les détails trop techniques, le logiciel qui gère les Bitcoins utilise des clés cryptographiques, un système en peer to peer et des preuves de travail (« proof-of-work ») pour traiter et vérifier les paiements, tout cela pour garantir la sécurité des transactions et éviter les falsifications de Bitcoins (que le logiciel rend trop complexes pour les possibles hackers). Les Bitcoins sont envoyés d’une adresse à une autre, sachant que chaque utilisateur peut en posséder plusieurs. Le cours du Bitcoin est libre et fluctue en fonction de l’offre et de la demande, ce qui explique sa volatilité : il n’y a pas d’entité centrale pour ramener le prix autour d’une valeur considérée comme « acceptable » ou « juste ».

Pourquoi peut-on considérer le Bitcoin comme une monnaie ?

C’est à la fois un instrument d’échange entre individus, une unité de compte (on peut même payer en Bitcoins dans certains restaurants) et une réserve de valeur (même si le prix du Bitcoin est très volatil). Ainsi, on peut qualifier le Bitcoin de crypto-monnaie ou crypto-devise.

C’est dans un contexte de défiance vis-à-vis de la finance qu’est né le Bitcoin, de manière consécutive à la crise des subprimes. C’est inversement aussi du Bitcoin dont les banques se méfient aujourd’hui : elles craignent que ces monnaies non officielles n’influencent le prix du crédit, que les individus perdent confiance dans la monnaie fiduciaire et qu’ils se détournent des établissements traditionnels (les banques) pour effectuer leurs transactions.

Cependant, au sens juridique du terme, le Bitcoin n’est pas une monnaie, ni un moyen de paiement.

Selon la BCE, le Bitcoin n’est pas une menace pour le système bancaire et n’est pas une monnaie mais plutôt un « actif très particulier, par définition spéculatif » (Victor Constancio). La FED, quant à elle, étudie le sujet un peu plus, assurant que c’est par souci de sécurité (il y a un risque de bulle et des contrats à terme vont être créés sur des Bitcoins), les monnaies alternatives et virtuelles n’étant pas encore assez grosses pour peser sur la politique de la FED.

Pourquoi le Bitcoin est-il si populaire ?

Cette nouvelle monnaie alternative offre des coûts de transaction et des délais réduits, une protection de l’identité et des données personnelles et garantit par un cryptage militaire la sécurité contre toute tentative de fraude ou de contrefaçon. Le système offre aussi une grande flexibilité : le logiciel peut être installé par tout le monde et fonctionne 7 j/7, 24 h/24.
Sa gestion est, de plus, aisée et sécurisante par rapport à la monnaie fiduciaire : il est prévu que la masse monétaire reste à un niveau constant de 21 millions de Bitcoins (pas de création monétaire laissée à une banque centrale, le système est décentralisé). Le stockage de la crypto-monnaie ne nécessite aucun coût supplémentaire et celle-ci est bien plus facile à protéger et à cacher.

Néanmoins, face à l’engouement envers le Bitcoin, il faut rester prudent : les autorités de régulation mettent en garde contre les risques de bulle spéculative, voyant le cours de la monnaie s’envoler, et conseillent de diversifier ses placements. De plus, face à ces déclarations, les investisseurs pourraient prendre peur et commencer à vendre leurs Bitcoins, cela menant à une baisse plus ou moins rapide des cours.

Pour Krugman aussi, le verdict est sans appel : le Bitcoin est victime de spéculation, ce qui entraîne la formation d’une bulle sur cet actif, plus visible encore que celle de l’immobilier en 2008. En effet, selon lui, il y a tout un mythe qui s’est formé autour du Bitcoin, fondé sur un attrait la fois technologique et libéral, si bien que des individus amassent des quantités impressionnantes de Bitcoins, redoutant la fin de la monnaie telle qu’on la connaît, ou une forme d’apocalypse de la finance. Cela est d’autant plus préoccupant que la valeur du Bitcoin ne repose sur rien d’autre que la possibilité d’échanger de l’argent grâce à lui.

Ainsi, selon lui, le prix du Bitcoin ne pourra pas rester à ce niveau bien longtemps, même si tout le monde le croit. On investit en pensant que les prix vont continuer à monter et qu’avant le krach on pourra vendre à un bon prix nos actifs. Néanmoins, comme dans toutes les bulles, quelqu’un va devoir payer le prix fort lors du retournement des cours, mais personne ne pense que ce sera lui…

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