chronologie Brexit

Voilà un feuilleton qui a bien rivalisé avec les séries Netflix les plus haletantes y a quelques temps : Le Brexit a connu des rebondissements en cascade pendant plus de trois ans. La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne a fait l’objet d’interminables négociations pour organiser une séparation dans les meilleures conditions. Il faut dire que la tâche était ardue : il s’agissait d’exfiltrer la 5e économie mondiale de l’union douanière de l’UE et de tous ses traités. Alors pour (un peu) mieux s’y retrouver, voici une chronologie du Brexit et des événements les plus importants de la saga de nos voisins d’Outre-Manche.

23 janvier 2013, le début d’une longue chronologie du Brexit

David Cameron, alors Premier ministre du Royaume-Uni, déclare dans son discours sur l’Europe qu’il souhaite organiser un référendum sur le maintien de son pays dans l’Union européenne si les conservateurs obtiennent la majorité aux élections générales de 2015. Cette annonce vise à contrer le UKIP indépendantiste de Nigel Farage, mais aussi à rassembler son propre parti, divisé entre les partisans de l’UE et les eurosceptiques.

Mai 2015

Les conservateurs obtiennent une courte majorité à la Chambre des communes. David Cameron entame donc la procédure pour organiser le référendum.

Avril à juin 2016

Deux camps s’opposent dans la campagne pour le référendum. Le camp du « leave », incarné par Nigel Farage et Boris Johnson, affirme que les subventions alors destinées à l’UE pourraient servir à financer le NHS, le système de santé publique. De son côté, David Cameron défend le « remain » en mettant en avant le « statut spécial » qu’il a négocié pour le Royaume-Uni au sein de l’UE.

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Le camp du « leave » fait campagne en présentant l’UE comme un gouffre financier (source : www.lepoint.fr)

23 juin 2016

Vote sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’UE. Les résultats donnent le « leave » gagnant avec 51,9 % des voix. Les Écossais, les Nord-Irlandais et les Londoniens ont voté majoritairement pour le maintien dans l’UE, tandis que le reste de l’Angleterre (en particulier les zones rurales) a voté majoritairement contre.

24 juin 2016

David Cameron annonce sa démission. Le parti conservateur doit alors trouver dans ses rangs un nouveau Premier ministre. De leur côté, les 27 autres membres de l’UE déclarent conjointement que la sortie du Royaume-Uni doit se faire au plus vite et sans « vide juridique ».

13 juillet 2016

Theresa May quitte son poste de ministre de l’Intérieur et remplace David Cameron.

2 octobre 2016

Theresa May donne un discours sur sa vision du Brexit. Elle affirme vouloir un Brexit « dur » , c’est-à-dire la sortie du marché commun et du droit européen au profit d’une Grande-Bretagne « mondiale ».

29 mars 2017

C’est le début officiel de la procédure de sortie. Les négociations commencent et doivent aboutir sur un accord avant le 29 mars 2019, soit deux plus tard.

8 juin 2017

Le parti conservateur perd sa majorité absolue à la Chambre des communes. Theresa May avait en effet convoqué des élections législatives anticipées afin de consolider sa majorité. Cependant, bien qu’il arrive en tête, son parti s’en trouve affaibli : il doit s’allier avec les Irlandais du DUP pour gouverner. Ceux-ci sont pro-Brexit, mais craignent un retour de la frontière entre l’Irlande du Nord et l’Irlande, un problème qui complique encore les négociations.

13 novembre 2018

Après de longues discussions, les 27 et le gouvernement britannique s’entendent sur un accord de sortie. La résolution du problème irlandais est différée : l’Irlande du Nord doit rester temporairement dans l’union douanière afin d’éviter le retour d’une frontière. Ce « filet de sécurité » ou « backstop » est dénoncé par certains qui le voient comme une atteinte à l’intégrité du Royaume-Uni.

15 janvier 2019

Malgré tous les efforts déployés par le gouvernement May pour convaincre le Parlement, celui-ci rejette largement l’accord négocié avec l’UE. Les députés rejettent également par la suite une sortie sans accord.

21 mars 2019

Les 27 acceptent un report du Brexit au 12 avril. C’est un délai plus court que celui demandé par les Britanniques qui s’explique par l’arrivée des élections européennes.

11 avril 2019

Le Brexit est repoussé au 31 octobre 2019.

24 mai 2019

Malgré les multiples concessions (allant jusqu’à envisager un nouveau référendum) pour obtenir le soutien des travaillistes, le parti de Jeremy Corbyn interrompt les négociations avec le gouvernement. Theresa May annonce alors sa démission. Elle reste en poste le temps que son parti choisisse un successeur.

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Theresa May annonce avec émotion sa démission (source : www.bbc.com)

27 mai 2019

Les Britanniques participent aux élections européennes. C’est UKIP, le parti eurosceptique de Nigel Farage, qui arrive en tête, suivi par le Labour party, le parti travailliste. Le premier défend un Brexit rapide, quitte à sortir sans accord, tandis que le second demande un nouveau référendum sur l’appartenance à l’UE. Le parti conservateur de Theresa May subit lui une défaite sévère avec seulement 8,8 % des voix.

24 juillet 2019

Boris Johnson remplace Theresa May au 10 Downing Street. Il déclare vouloir renégocier l’accord avec Bruxelles et sortir « coûte que coûte » de l’UE.

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L’ancien maire de Londres, Boris Johnson, est nommé Premier ministre

28 août 2019

Boris Johnson annonce qu’il va suspendre le Parlement britannique du 9 septembre au 14 octobre. Cette décision, qui vise à empêcher les parlementaires de s’opposer à une sortie sans accord, suscite la colère de nombreux Britanniques et l’indignation de certains leaders politiques, comme Jeremy Corbyn.

24 septembre 2019

La Cour suprême britannique déclare illégale la suspension du Parlement. Celui-ci siège donc de nouveau dès le lendemain.

17 octobre 2019

Les 27 et le gouvernement britannique s’entendent sur un nouvel accord. Pour y parvenir, Boris Johnson a accepté des contrôles sur les échanges de marchandises avec l’Irlande du Nord pour éviter le retour de la frontière entre les deux Irlandes.

22 octobre 2019

Le Parlement britannique vote pour la toute première fois en faveur de l’accord de sortie. Néanmoins, ce vote n’est qu’indicatif puisque les députés rejettent en même temps un examen accéléré du texte.

28 octobre 2019

Les 27 acceptent un nouveau report du Brexit jusqu’au 31 janvier 2020.

Décembre 2019

Les élections anticipées se déroulent dans la tourmente. Les partis font essentiellement campagne sur le Brexit et les conservateurs de Boris Johnson l’emportent avec une très large majorité (203 sièges).

9 janvier 2020

Les députés procèdent finalement à la validation définitive du projet de loi sur le Brexit. Il avait été renégocié par l’UE et Boris Johnson, et cela avait été facilité par la victoire des conservateurs lors du dernier scrutin.

23 janvier 2020

Intégrer le Brexit dans la loi britannique nécessitait nécessairement l’approbation de la famille royale. Heureusement pour le Royaume-Uni, ce fut chose faite. La loi a bien obtenu le consentement royal.

29 janvier 2020

Le parlement européen approuve à très grande majorité l’accord de retrait du Royaume-Uni de l’UE (à 621 voix)

1er février 2020

Le Royaume Uni quitte enfin officiellement l’UE après presque 4 ans de négociations suivant le référendum de Boris Johnson. C’est un moment clef de l’histoire du royaume-uni comme de l’UE mais également un moment fortement attendu après un cycle de négociation presque interminable. Certains l’avaient même renommé “Brexiterny” pour ces raisons.

Mars-décembre 2020

Cycles de négociations totalement infructueux entre l’UE et le Royaume-Uni. Michel Barnier, commissaire européen, a même déclaré être “déçu et préoccupé” de la tournure que prend les événements. Les pays se dirigent de plus en plus vers un No Deal.

24 décembre 2020

Deal trouvé entre le Royaume-Uni et l’UE ! Celui-ci concerne la suppression des quotas et des barrières douanières, ce qui est très avantageux pour les britanniques. En échange, l’UE a obtenu une garantie sur la concurrence entre ses entreprises et celle de l’UE. Dans les faits, les entreprises britanniques devront donc respecter les normes européennes en matière d’environnement, de social, de fiscalité pour éviter qu’elles ne soient avantagées par rapport aux entreprises européennes.

1er décembre 2021

Le Royaume-Uni sort du marché unique et de l’union douanière. Cette sortie était prévue par l’accord de Brexit accepté en début d’année 2020.

Mai-octobre 2021

Les différends au niveau de la pêche entre le Royaume-Uni et l’UE naissent après le Brexit; une sorte d’effet secondaire. Il s’agit en particulier des pêcheurs français de l’île de Jersey qui protestent contre les pêcheurs britanniques, notamment à cause de zones de pêches désavantageuses pour les uns, avantageuses pour les autres et de taille de ces zones de pêches.

Avril-octobre 2021

Le problème de l’Irlande du nord s’envenimes? En effet, avec le Brexit, le protocole de l’Irlande du nord prévoit des contrôles douaniers entre l’Ulster et le reste du Royaume-Uni. Cela participe à la colère de nombreux loyalistes et unionistes.

Tu comprends désormais qu’en plus de la longueur de la négociation du Brexit, des conséquences à long terme sont en train de s’installer bien au delà de la sortie du Royaume-Uni de l’UE. L’avenir des relations de ces pays reste désormais très incertaine.

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