38%. Aujourd’hui, seulement 38% des américains n’ont pas une idée négative de l’homosexualité. Au fil du temps, le gouvernement a tenté de protéger les homosexuels, du moins de manière réglementaire, contre les discriminations. Dans quelques Etats, des mesures ont été adoptées dans le but de conférer aux couples homosexuels un statut proche de celui des couples hétérosexuels. Pourtant, aujourd’hui, les homosexuels représentent un peu plus de 1% de la population du pays. Globalement concentrés dans le Nord-Est du pays, les homosexuels sont tiraillés entre désir d’émancipation et répression directe ou indirecte… Tour d’horizon.

Des revendications écoutées

Après des années de débats et de mesure progressives à l’image du « Don’t ask, Don’t Tell Repeal Act » en 2010 permettant à tous les membres de la communauté LGBT d’intégrer n’importe quel poste dans l’armée, la Cour Suprême des Etats-Unis a légalisé le mariage homosexuel dans l’ensemble du pays le 26 juin 2015. Elle a jugé, après avoir été saisie par 16 couples homosexuels de 4 Etats distincts, par cinq voix contre quatre, que tous les Etats américains devaient non seulement les unir, mais aussi reconnaître leur mariage lorsqu’il a été célébré à l’étranger. Le juge conservateur Anthony Kennedy, a ajouté son vote à celui des quatre juges progressistes de la Cour Suprême. « le 14e Amendement [garantissant l’égale protection de tout ceux sur le territoire] requiert d’un Etat qu’il célèbre un mariage entre deux personnes de même sexe » se justifiera-t-il.

Une véritable répression

Pourtant, au-delà de cette réalité légale, l’opposition est bien réelle et se manifeste surtout par une certaine forme de violence. Le FBI a ainsi publié un rapport en 2014 précisant que les gays et les transsexuels avaient 4 fois plus de risques d’être touchés par des violences que les musulmans et 2 fois plus que les Noirs. Ce mouvement de contestation est majoritairement porté par la communauté des protestants évangéliques blancs, ayant soutenu à plus de 80% la candidature présidentielle de D. Trump… Seul un peu plus d’un quart de ces derniers se disent « tolérants » envers la communauté LGBT.

Le point marquant de cette contestation a sans doute atteint son paroxysme dans la nuit du 11 au 12 juin 2016. Alors que la communauté LGBT s’apprêtait à fêter le premier anniversaire de la légalisation par la Cour Suprême du mariage homosexuel, le Pulse, une boîte de nuit gay d’Orlando était attaquée. Bilan : 49 morts et 53 blessés, ce qui en fait la seconde fusillade la plus importante du pays. Comme au début des années 70, cette « guerre culturelle » reprend des airs de violence.

Une politique marquée par son histoire conservatrice

L’aile conservatrice du pays voit dans cette émancipation un véritable affront à la cohésion des Etats-Unis. Le juge ultra-conservateur Antonin Scalia n’a pas hésité pas à comparer cette décision à un « putsch judicaire », la Cour Suprême empêchant le peuple d’exprimer sa « liberté de se gouverner lui-même » … Voici l’exemple même du pouvoir de la plus haute institution du pays, où 5 hommes réussissent à renverser le vote de 50 millions d’Américains argumenta Tony Perkins, président de l’association Family Research Council (FRC)

Mais quelle est réellement la position de Donald Trump et de son gouvernement face à cette décision ?

D’abord, qui dit Trump dit contradictions. En effet, opposé au mariage, il ne s’oppose pas à une union civile libre. Communication ou conviction, contrairement au sujet des droits des femmes, D. Trump a toujours évité toutes formes de propos concernant la communauté LGBT. Mais, son vice-président, Mike Pence, est loin d’être ambigu. S’opposant clairement aux droits LGBT, il est à l’origine du « Religious Freedom Restoration Act » (RFRA). Appliqué dans certains Etats du Sud du pays, il permet aux entreprises de refuser des services aux couples non-hétérosexuel… Inutile de préciser que cette loi a provoqué une vive contestation, soutenue entre autres par la NBA.

Finalement, on observe que la communauté LGBT cherche de moins en moins à se cacher et de plus en plus à s’affirmer. Portée par des figures politiques, littéraires, économiques à l’image de Tim Cook, l’idée globale reste de s’affirmer et de faire face à l’intolérance… C’est ainsi que la Gay Pride de San Francisco, les 24 et 25 juin prochains, presque 2 ans après l’attentat du Pulse, devrait encore battre des records d’affluence… Synonyme d’une population qui ne se cache plus ?