Le « prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel », plus simplement vulgarisé en tant que « prix Nobel d’économie », récompense chaque année un ou plusieurs illustre(s) économiste(s) ayant contribué, par leurs travaux, à apporter un regard neuf sur des problèmes aussi vastes que l’efficience des marchés, la rationalité des agents économiques, ou encore l’information en situation imparfaite. Cette année, ce n’est donc pas un, mais deux lauréats qui succéderont à Richard Thaler, sacré l’an dernier pour ses recherches sur les effets des caractéristiques humaines sur le fonctionnement des marchés. Il s’agit de William Nordhaus et Paul Romer ! Si le premier nom vous est peut-être étranger, le second devrait sans doute vous parler davantage ; en particulier si vous êtes un préparationnaire de la voie ECE. Paul Romer — théoricien de la croissance endogène — avait notamment inspiré le sujet d’ESH conçu par HEC l’an dernier. Mais si, souvenez-vous : « Les taux de croissance semblent être croissants non seulement en fonction du temps mais aussi en fonction du degré de développement », c’était lui !

Quelques mots sur William Nordhaus…

Professeur à l’université de Yale, William Nordhaus fut l’un des précurseurs de l’analyse économique en relation avec le changement climatique. Dès les années 1970, alors que les scientifiques du monde entier commencent à s’inquiéter de l’épuisement des ressources et d’un possible réchauffement de notre atmosphère, il cherche à formaliser l’étude des variations climatiques dans la perspective des sciences économiques. Il faut toutefois attendre le milieu des années 1990 pour qu’il mette au point un modèle macroéconomique inédit, qui décrit au niveau agrégé les différentes interactions entre l’économie et le climat. Son modèle, encore utilisé par de nombreux économistes aujourd’hui, intègre des théories et des résultats empiriques qui empruntent tant à la science économique qu’à la physique abstraite. L’une des applications de son modèle s’est notamment trouvée à travers l’étude des conséquences des politiques interventionnistes en matière de protection de l’environnement, à l’image des taxes visant à réduire les émissions de carbone dans l’atmosphère.

… et sur Paul Romer

Paul Romer, ancien économiste en chef de la Banque Mondiale, et désormais professeur à la Stern School of Business de New York, s’est notamment rendu célèbre pour ses travaux portant sur la croissance économique. Dans son modèle, il démontre comment le capital humain (accumulation des connaissances, compétences et savoir-faire des individus) peut nourrir une croissance économique de longue durée. Si l’innovation technologique est longtemps apparue comme le fer de lance des cycles de croissance, les conditions de son apparition sont longtemps restées obscures. C’est là qu’intervient Paul Romer : il montre que les forces économiques en jeu déterminent, en partie, la volonté des firmes à produire de nouvelles innovations et différencier leurs produits. Lorsqu’il publie son modèle de croissance endogène, en 1986, Paul Romer introduit l’idée que les structures publiques peuvent favoriser l’innovation à travers un certain nombre d’incitations, en raisonnant à partir des externalités positives qu’elle est susceptible d’engendrer. Dans un contexte de mobilité des travailleurs, l’investissement privé accroît les connaissances de ces derniers, qui peu à peu se diffuseront au reste de l’économie. Le gain social est donc supérieur au gain privé, ce qui stimule la productivité au niveau agrégé, et induit des gains de croissance économique.

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