Peter Sutherland, homme politique, avocat et homme d’affaire irlandais, est mort le 7 janvier dernier. Très actif dans le sens de la libéralisation et de la mondialisation, il a d’abord été Commissaire européen à la concurrence de 1985 à 1989.
Il est ensuite devenu directeur général du Gatt (General Agreement on Tariffs and Trade) de 1993 et 1995 et directeur général de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) sur la même période. L’OMC a été créée en 1994 avec les accords de Marrakech et Peter Sutherland, directeur à la transition entre Gatt et OMC, en a été le fondateur.
Pour ses actions en faveur de la libéralisation au sein de l’Union Européenne, il a été qualifié de « père de la mondialisation ».

En 1985, il était d’abord en charge de l’éducation et de la politique de la concurrence. Il est à l’origine du projet ERASMUS (European Regional Action Scheme for Mobility of University Students) qui permet aux étudiants européens d’aller étudier dans les universités des autres Etats membres.

En 1992, P. Sutherland et son groupe de travail ont rendu un rapport portant sur le fonctionnement à long terme du marché intérieur (The Internal Market after 1992: Meeting the Challenge). Le but du rapport était d’examiner les progrès accomplis et à poursuivre pour assurer le bon fonctionnement du marché intérieur, qui profite aux consommateurs et aux entreprises.
Ce rapport fait des recommandations :
– sur la manière de gérer la régulation communautaire et le principe de subsidiarité
– sur la manière de rassurer les consommateurs et entreprises (cela passe par la communication, la transparence concernant les droits des agents, l’activité économique et le processus de décision, et des conseils aux entreprises, Et ats, associations de consommateurs etc.)
– sur le processus législatif et la prise de décision (en supprimer les ambiguïtés et les rendre plus efficaces)
– sur le lien avec les Etats membres dans le but d’assurer la cohérence des décisions nationales
– sur la transparence en général des décisions légales et législatives
– sur les sanctions et pénalités, qui doivent toujours aller dans le sens des objectifs de la Communauté
– sur la coopération entre Etats membres et la confiance dans le marché commun.

En résumé, un devoir de communication, de réforme judiciaire et de partenariat entre Etats membres.

Le rapport : http://aei.pitt.edu/1025/

À peine arrivé à la tête de l’OMC, il réussit à terminer l’Uruguay Round qui était en négociations déjà depuis sept ans. P. Sutherland a été un acteur indispensable du passage du Gatt à l’OMC lors des négociations de l’Uruguay Round. Il a permis d’instaurer le dialogue entre le directeur général et les chefs d’Etat et ministres et non plus seulement avec les ministres, un facteur clé du succès des négociations de l’OMC.

Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, a salué la mémoire d’un « géant de la vie publique irlandaise, européenne et internationale. Peter Sutherland fut un vrai Européen. Il croyait dur comme fer en l’Union européenne et en d’autres organisations internationales pour la coopération et le dialogue internationaux. »

Il n’était cependant pas apprécié de tous : anti-Brexit, certains dénonçaient sa volonté de libéralisation excessive, sa hantise de l’hétérogénéité. Il a déclaré devant la chambre des Lords en 2012 : « L’Union européenne doit faire de son mieux pour détruire l’homogénéité interne des nations européennes », et à la revue Globe : « Bien sûr, nous sommes résolument cosmopolites. Bien sûr, tout ce qui est terroir, béret, bourrées, binious, bref, franchouillard ou cocardier, nous est étranger, voire odieux. »

Un exemple d’article critique sur Peter Sutherland : https://mobile.agoravox.fr/wp-content/uploads/2018/10/actualites.jpginternational/article/peter-sutherland-ou-le-visage-de-176554

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