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En temps de crise, les Banques centrales reviennent sur le devant de la scène. En effet, dans un tel contexte, leur intervention apparaît nécessaire pour atténuer les effets de la crise sur l’économie réelle et accompagner les politiques menées par les États.

Ce que nous apprend la théorie économique sur l’action des Banques centrales

Il convient tout d’abord de rappeler que l’action des Banques centrales est primordiale lorsqu’une crise économique survient. En effet, face à une telle situation, elles peuvent être amenées à jouer le rôle de « prêteur en dernier ressort », c’est-à-dire à créer de la monnaie centrale pour sauver des établissements (notamment des banques de second rang) en crise de liquidité. Elles évitent ainsi des faillites bancaires en cascade telles qu’elles se sont produites aux États-Unis suite à la crise de 1929.

Cette fonction de prêteur en dernier ressort a été théorisée dès le XIXᵉ siècle par Walter Bagehot, qui s’interrogeait sur le rôle de prêteur en dernier ressort de la Banque d’Angleterre. Il considérait que la Banque centrale devait prêter sans se restreindre, contre des collatéraux de qualité et à un taux d’intérêt élevé. De telles règles permettent d’éviter la possibilité qu’un éventuel « prêt en dernier ressort » en cas d’illiquidité ne conduise les banques de second rang à prendre davantage de risques. Historiquement, la Banque d’Angleterre a joué son rôle de prêteur en dernier ressort en venant en aide à la Barings en 1890. À cette période, cette banque était confrontée à un défaut de paiement lié à la dette souveraine de l’Argentine et de l’Uruguay, et la Banque d’Angleterre est parvenue à empêcher sa faillite.

Plus encore, la Banque centrale peut stimuler le niveau de production en menant une politique expansionniste. À ce titre, le modèle IS-LM, théorisé par John Hicks en 1937, permet de montrer qu’une hausse de l’offre de monnaie de la part de la Banque centrale conduit à une baisse du taux d’intérêt, ce qui stimule la consommation des ménages et l’investissement de la part des entreprises.

Les Banques centrales accompagnent les États dans la sortie de crise

L’action des Banques centrales, cumulée à celle des États, peut ainsi s’avérer indispensable pour sortir l’économie d’une crise. En 2008, la Fed a mené une politique monétaire expansionniste avec l’adoption de mesures non conventionnelles telles que le quantitative easing ou le qualitative easing. Cette politique, couplée à la politique budgétaire expansionniste d’Obama (à hauteur de 800 milliards de dollars), a permis à l’économie américaine de connaître une rapide reprise après la crise. Toutefois, de telles politiques expansionnistes sont aujourd’hui vivement critiquées par des auteurs comme Artus et Virard qui accusent la Fed et la BCE d’alimenter des dynamiques spéculatives sur les marchés financiers en y injectant autant de liquidités.

Les Banques centrales face à la crise de la Covid

La crise de la Covid a entraîné une forte contraction de l’activité. Afin d’y faire face, les principales Banques centrales ont adopté diverses mesures, et ce, bien plus rapidement qu’elles ne l’avaient fait lors des crises précédentes. Ces mesures permettent de faciliter le crédit via les banques ou les marchés financiers et le financement des entreprises. Une des mesures adoptées par les Banques centrales fut l’abaissement des principaux taux directeurs. À ce titre, la Banque d’Angleterre a abaissé en avril 2020 son principal taux directeur à 0,1 %, tandis que la Fed a annoncé vouloir maintenir ses taux directeurs dans la fourchette de 0 % à 0,25 %.

Toujours dans le but de soutenir l’économie, certaines Banques centrales ont dû adopter des mesures non conventionnelles telles qu’elles furent mises en place après 2008. On peut ici citer les mesures d’achat d’actifs : la BCE a annoncé en mars 2020 un programme d’achat d’urgence face à la pandémie de 750 milliards d’euros et la Banque d’Angleterre un programme de 200 milliards de livres sterling. Ces programmes d’achat d’actifs permettent de faciliter le crédit en Europe, ce qui bénéficie grandement aux États et aux entreprises. Toutes ces mesures permettent de pallier les effets de la crise sanitaire sur l’économie réelle en facilitant le crédit et en favorisant la reprise.

De nombreuses critiques sont adressées aux Banques centrales, accusées de favoriser l’apparition de bulles spéculatives par de telles politiques expansionnistes. Celles-ci présentent certes des risques, mais les récentes crises semblent prouver qu’elles sont indispensables pour accompagner les États dans la sortie de crise et éviter l’effondrement du système bancaire et financier.