Quelle actualité a marqué l’année écoulée. Découvre la synthèse d’actualité de l’année 2016.

Ce qui marquera l’histoire :

Le Brexit

Après une longue campagne marquée par la mort de Jo Cox (la députée travailliste qui militait contre le Brexit), les électeurs du Royaume-Uni ont changé le cours de l’histoire de l’Union Européenne. Le 23 juin 2016, les britanniques ont voté massivement en faveur du Brexit. Pour un référendum « consultatif », le taux de participation était important : 72,2% des britanniques se sont déplacés aux urnes ce jour-là et 51,89% d’entre eux, c’est-à-dire 17,4 millions d’électeurs et électrices ont préféré le « Leave » au « Remain ».

Cette décision a signé la fin du mandat du David Cameron et le début de celui de Theresa May. Cette dernière, connu pour son eurosceptisme, a repris la charge de Premier Ministre début juillet. L’ancien maire de Londres, Boris Johnson, fervent défenseur du Brexit, s’est tourné finalement vers le poste de ministre des Affaires Étrangères.

Cependant, ce référendum a affaibli la cohésion du Royaume-Uni. En effet, c’est majoritairement l’Angleterre (en excluant Londres) qui s’est prononcée en faveur du Brexit ; l’Irlande du Nord et l’Écosse se révélant à plus de 60% europhiles. Le Brexit est donc un nouvel argument pour Nicola Sturgeon, la leader du SNP (Scotland Nationalist Party), qui milite pour l’indépendance de l’Écosse et dont le nombre d’adhérents du parti est en forte hausse depuis l’échec du référendum du 18 septembre 2014. L’Écosse étant beaucoup plus attaché à l’UE que l’Angleterre, on pourra se demander si le Brexit n’en viendrait pas à faire éclater la Grande-Bretagne.

Finalement, si les conséquences politiques sont là, le cataclysme économique n’a pas eu lieu, notamment grâce aux actions rassurantes de la Banque d’Angleterre et de la BCE (Banque Centrale Européenne). La baisse de la valeur de la livre sterling a même amenée une augmentation du tourisme (18% de visiteurs en plus en juillet 2016 par rapport à juillet 2015). Cependant, on peut voir un ralentissement de l’activité des fusions-acquisitions et une baisse du nombre de postes à pouvoir à la City. A suivre donc.

Pour conclure, d’autres questions se posent encore d’ici la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne, notamment par rapport au rôle conséquent de son armée dans la défense de l’Europe à côté de l’armée française. Theresa May a annoncé l’activation de l’article 50 du traité de Lisbonne dans les premiers mois de 2017 et la Grande-Bretagne aura alors deux ans pour négocier son retrait.

L’élection de Donald Trump

Le 8 novembre 2016, après des mois de campagne acharnés, les américains ont voté : Donald Trump sera le 45eme président de la république des États-Unis. Son investiture officielle aura lieu le 20 janvier 2017.  Retour sur une année bien mouvementée.

Janvier avait marqué le départ de « causus » pour désigner les principaux candidats de chaque parti. Deux candidats se démarqués déjà du côté des Démocrates : Hillary Clinton et Bernie Sanders. Du côté des Républicains, plusieurs semblaient probables : Jeb Bush, Marco Rubio, Donald Trump… Au fil des « causus », la plupart des candidats républicains se sont retirés.

Finalement, lors des conventions nationales, un couple président-premier ministre est désigné par chaque parti. Le Grand Old Party a choisi Donald Trump et Mike Pence fin août pour les représenter à l’élection. Du côté des démocrates, Hillary Clinton et Tim Kaine ont été désignés début septembre.

Les campagnes ont commencé en septembre et très rapidement, celles-ci se sont imposées comme les plus coûteuses de l’histoire : dès le mois de novembre, le total des dépenses s’élevait déjà à 3 milliards de dollars. Pour comparer, le record est de 87 millions d’euros en Europe (Grande Bretagne, 2015). Ces montants exorbitants s’expliquent tout d’abord par la taille du pays et par l’utilisation massive de la publicité. Sur les 500 millions de dollars récoltés, Hillary Clinton en a dépensé plus de 110 millions dans la publicité. La disparition des plafonds du financement privé lors des campagnes présidentielles américaines a permis la hausse des levées de fonds : aujourd’hui, l’argent privé a pris une place considérable dans le financement de la campagne présidentielle.

L’élection américaine se fait par suffrage universel indirect. Le 8 novembre, les américains ont donc choisi les grands électeurs qui sont au nombre de 538, chacun associé à un candidat : Donald Trump a obtenu 290 grands électeurs contre 232 pour Clinton. Après une contestation de l’ex candidate écologiste, Jill Stein (Green Party), les voix sont recomptées dans l’État du Wisconsin à partir du 25 novembre. Mais le résultat du recomptage lui est défavorable et donnent même une plus grande avance pour Donald Trump.

Suite à ce vote, le 12 décembre, les grands électeurs ont officiellement élu Donald Trump comme président des États-Unis.

Donald Trump a déjà commencé à nommer son gouvernement. Il a notamment nommé Scott Pruitt, un climato-sceptique, à la tête de l’agence de protection de l’environnement. Il se déclare contre les mesures réglementaires mises en place par Barack Obama pour réduire les émissions de gaz à effet de serre des centrales électriques au charbon. 28 États ont entamé une procédure en justice contre cette réglementation sous son impulsion.

Sa nomination la plus controversée reste celle de Rex Tillerson en tant que secrétaire d’État. PDG d’Exxon Mobil, ce dernier est critiqué pour ses liens resserrés avec la Russie (qui l’a décoré en 2013), alors que la campagne de D. Trump reste soupçonnée d’ingérence russe. Barack Obama a récemment annoncé l’expulsion de 35 agents russes de son pays. Entretemps, Vladimir Poutine a salué la nomination d’un « professionnel » à la tête du département d’État des États-Unis.  Le Sénat, inquiété de cette décision, peut encore refuser de donner son accord.

Notons de plus que la ligne du gouvernement Trump en matière de diplomatie étrangère reste très floue. Le président multiplie les incidents diplomatiques : il a froissé récemment l’Inde en invitant l’invitation du premier ministre pakistanais, il a suggéré à la Grande Bretagne de nommer Nigel Farage comme ambassadeur à Washington, heurté la Chine en acceptant de communiquer avec Taiwan et en contestant ouvertement le principe de la « Chine unique »…

L’une des dernières nominations en date est celle Linda McMahon, à la tête des Small Business Administration chargée de gérer les PME. Elle est la femme de Vince McMahon, le CEO de la WWE, plus grande fédération mondiale de catch et proche ami de Donald Trump.

Ce qu’on n’oubliera pas 

L’accord de paix entre l’État colombien et les FARCS

Cela fait plus d’un demi-siècle que la paix en Colombie est rendue impossible par la guérilla menée par les FARCS (Forces armées révolutionnaires de Colombie) : en 52 ans, la Colombie déplore déjà plus de 6 millions de morts. Mais elle avance lentement vers la résolution du conflit.

Les pourparlers pour la paix ont commencé en 2010 sous l’aval du gouvernement de Juan Manuel Santos à Cuba après l’obtention de certaines conditions de minimales de (libération des personnes séquestrées, arrêt du recrutement et de l’utilisation des mines terrestres…). Cela a permis les négociations sur les points suivants :

  • Inscription de l’accord dans le bloc constitutionnel afin de prévenir les aléas politiques futurs.
  • La révélation des informations sur le trafic de drogue qui finançait la guérilla.
  • La restitution des terres.
  • Le cessez le feu.

Le 26 septembre 2016, J.M. Santos et R. Londoño (Timochenko), le commandant des FARC ont signé un accord de paix prévoyant la démobilisation des FARC et leur transformation en parti politique. Cet arrangement a cependant amené quelques discordances dans le peuple colombien qui se sont révélées quelques jours plus tard. En effet, le 3 octobre, le NON l’a emporté à 51,9% lors du referendum. Un deuxième texte finalement sera soumis au Congrès pour être validé. Celui-ci a été remanié afin de tenir compte des revendications des opposants. Les conditions pour les FARC ont été durcies avec l’obligation de livrer leurs biens dans le but de dédommager les victimes par exemple. L’ex-président A. Uribe, leader de l’opposition à l’accord, reste très critique face au remaniement.

Affaire à suivre en 2017, l’année qui devrait marquer la fin véritable de ce conflit.

Le coup d’État avorté en Turquie

Dans la nuit du 16 juillet 2016, une partie de l’armée turque a essayé de renverser le président Recep Tayyip Erdogan. Retour sur un coup d’État raté et sur ses conséquences.

Le coup d’État n’a duré qu’une nuit. Les « putchistes » ont kidnappé l’état-major turc et ont pris le contrôle d’une chaine de télévision publique avant d’être renversés par Erdogan et une partie de la population. Cependant, 260 personnes ont perdu la vie pendant ce laps de temps.

Cette tentative a eu lieu dans un contexte tendu, entre la menace djihadiste et les attentats kurdes et a contribué à ébranler encore plus les institutions. 2745 juges ont été démis de leur fonction et un tiers des généraux turcs ont été arrêtés ou sont soumis à un examen judiciaire. Au contraire, le pouvoir Erdogan et son parti (l’AKP) semble renforcé : un bon nombre de ses opposants ont été arrêtés ou tués.

La montée des extrêmes

En 2016, les élections ont été favorables à tous les extrêmes. C’est simplement de quelques voix que K. Fujimori, fille de l’ancien dictateur, n’a pas pu conquérir la présidence du Pérou. Lors des mandats de son père (1990-2000), Keiko Fujimori avait été la plus jeune première dame du Pérou suite au divorce de ses parents. Très proche de son père, elle le reconnait encore comme un « grand homme » bien qu’il soit enfermé en raison de crime contre l’humanité.

En Autriche, le troisième tour des élections présidentielles a vu s’affronter l’écologiste Alexander Van der Bellen au candidat de l’extrême-droite (FPÖ), Norbert Hofer. Le second tour avait annoncé gagnant A.Van der Bellen avec une courte avance (50.3%). Suite à des soupçons de fraudes et de bulletins endommagés, un troisième tour a été reconduit début décembre et a sacré A. Van der Bellen président (53.6% des voix).

Hofer proposait entre autres un rapprochement avec V. Poutine et D. Trump mais ne soutenait pas officiellement une sortie de l’Europe. Sa popularité peut s’expliquer à son discours axé sur l’inquiétude de la population face à la croissance des inégalités et au sentiment de perte de souveraineté de l’Autriche.

Il faut souligner que si N. Hofer avait gagné cette élection, cela aurait été la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale qu’un parti extrémiste aurait été à la tête d’un gouvernement européen.

L’impact des attentats

Depuis presque deux ans, les attentats se multiplient et créent un climat de tension et de peur dans les pays visés. Revenons sur ceux qui ont particulièrement marqué l’année 2016.

Le 14 juillet 2016, un véhicule a fait 86 morts à Nice lors du feu d’artifice organisé à l’occasion de la Fête nationale. Cet attentat a été revendiqué par Daech bien que le concerné ne semblait pas avoir de lien avec l’organisation extrémiste. Une dizaine de jours plus tard, Daech frappe encore, mais cette fois en Allemagne, à Ansbach où un réfugié de 27 ans a fait exploser une bombe et a blessé 12 personnes dont trois grièvement. Cette attaque était la quatrième de la semaine et a fortement marqué la population. Trois d’entre elles ont été perpétués par des réfugiés afghans ou syriens.  Un an après l’arrivée de la première vague importante de réfugiés en Allemagne, ces événements relancent le débat sur les migrants alors que l’extrême droite, une partie de la CDU et de la CSU critiquent la politique d’Angela Merkel.  Ces attaques sont renforcées par le récent attentat à Berlin le 19 décembre 2016 qui est le plus meurtrier d’Allemagne à ce jour.

Il faut cependant noter que Daech n’est pas la cause pas tous les attentats de 2016. Le 11 décembre, un attentat à Istanbul a coûté la vie de 38 personnes et a été revendiqué par les Faucons de la Liberté du Kurdistan, un groupe radical indépendantiste kurde. Plus de 100 personnes ont été tués à Istanbul depuis le début de l’année suite à des attentats revendiqués par le groupe kurde. Le président de la Turquie, R. Erdogan a affirmé vouloir poursuivre la lutte contre le terrorisme.

Ce qui est passé inaperçu :

La COP22 à Marrakech

Il est impossible de n’avoir pas entendu parlé de la COP21 de Paris, l’an dernier. On ne peut cependant pas dire la même chose de la COP22 qui s’est déroulé en novembre à Marrakech. Quelques 200 pays se sont réunis pour continuer les avancées en termes de climat. Il a été obtenu au terme des négociations que les règles d’application de l’accord sur le climat seront déterminées avant décembre 2018. Toutes les entreprises et pays participants ont annoncé leur soutien au projet de Paris.

Mais les résultats restent décevants, notamment aux yeux des ONG qui souhaitent une progression plus rapide et des avancées concrètes. De plus, le continent africain espérait plus de fonds pour financer des projets d’adaptation notamment dans le secteur agricole. Les discussions ont été reportées à l’an prochain.

Les brèves :

  • Cette année 2016 aura vu s’éteindre Fidel Castro. Pour revenir sur son bilan contrasté : /
  • En 2016, les problèmes économiques du Venezuela n’ont cessé de s’aggraver. Ce petit pays, qui ne s’est pas remis de la baisse des prix du pétrole s’enfonce dans une pénurie de plus en plus prononcée. Pour approfondir vos connaissances sur la situation au Venezuela : /
  • Après un rejet du référendum sur la modification de la constitution italienne, Matteo Renzi a donné sa démission. Pour en savoir plus : https://major-prepa.com/geopolitique/le-referendum-de-matteo-renzi//