L’été est terminé, tu as repris les cours, et tu culpabilises de ne pas avoir assez travaillé. Tu as préféré te prélasser sur la plage plutôt que de lire assidûment les quotidiens cet été ? Tu t’es plus préoccupé du clash entre les Etats-Unis et la Corée du Nord que de l’actualité brûlante du Berceau de l’Humanité ?
N’aie crainte, Major-Prépa est là pour te faire rattraper ton retard.

Egypte : une remontée de pente difficile

Le 16 août dernier, le Gabon et l’Egypte ont signé un accord commercial, qui vient compléter les six autres précédents. A travers ces accords, les pays recherchent à s’allier sur les plans économiques et politiques par exemple, mais aussi pour la santé, ou encore contre le terrorisme. En parallèle, le ministre du Commerce et de l’Industrie, Tarik Kabil, a annoncé un assouplissement de la loi pour l’exploitation de nouveaux sites. Serait-ce l’esquisse d’une relance économique ?

Alors que le FMI a fourni à l’Egypte 10 milliards d’euros sur 3 ans afin d’attirer les investisseurs et doper la croissance, le pays reste confronté à des difficultés économiques qu’il cherche à surmonter. Depuis le 1er juillet 2017, les prix de l’électricité et des carburants ont drastiquement augmenté (la hausse s’élève parfois à près de 50 %).

Après une année 2016 catastrophique, le secteur du tourisme devrait reprendre du poil de la bête. A cause des soulèvements en 2011 et du terrorisme, touristes et investisseurs avaient vite fui. La chute brutale du tourisme et des investissements avait eu de graves conséquences pour l’Egypte, qui aujourd’hui semble se relever tout doucement. Les réservations touristiques pour l’été 2017 allaient dans un sens positif.

Les raisons de cette reprise ? L’Etat a mis l’accent sur la sécurité dans les aéroports, et l’absence de gros incident dirigé vers le tourisme depuis novembre 2015 a joué en sa faveur. L’économie a aussi eu son rôle à jouer : avec la forte dépréciation de la livre égyptienne, l’Egypte est devenue plus concurrentielle. Enfin, au vu de la baisse dramatique du tourisme, le pays avait compté sur une vaste campagne publicitaire de 70 millions de dollars sur trois ans.

Maroc : la crise du Rif

Cet été, le Hirak (qui signifie « mouvance »), mouvement de revendications pour une meilleure prise en compte de la région du Rif, a pris une ampleur inédite. Il avait débuté en octobre 2016, initialement pour manifester contre l’état des routes. C’est à ce moment que Nasser Zefzafi s’était mis en avant, pour de meilleures infrastructures dans le Rif.

Le mouvement a pris de l’ampleur durant l’année. Le 11 juin, 10 000 personnes (selon la police) sont sorties dans les rues de Rabat pour soutenir le Hirak : cela représente le plus grand nombre depuis 2011. La défiance envers le pouvoir augmente. Nasser Zefzafi, chef de file du mouvement, est arrêté et jugé. Le 20 juillet, une manifestation se tient à Al-Hoceïma pour la libération de partisans. Prévue depuis longue date, elle avait cependant été interdite par les autorités ; près d’une centaine de personnes ont été blessées.

Ces soulèvements dénoncent une marginalisation de la région du Rif. L’Etat a tenté un apaisement en lançant un plan d’investissement et de chantiers, mais les revendications n’ont pas cessé. Le mouvement est investi notamment par les jeunes Rifains, qui n’ont ni travail ni études, et qui craignent un avenir instable.

De fait, le Rif central est largement moins touché par les investissements que le Rif occidental. Seule la route du littoral désenclave un minimun la région. Ainsi, l’Etat a promis des améliorations économiques et sociales, mais il garde une position ambigüe qui oscille entre répression et dialogue. Plusieurs questions sont soulevées par le mouvement, notamment celle des droits de l’homme au travers de l’emprisonnement des manifestants. Il revendique aussi plus de démocratie et d’éthique en politique. Depuis peu, le retrait des forces de l’ordre ainsi que le lancement d’enquêtes sur la réalisation des projets de développement donnent l’éventualité d’un apaisement des tensions.

Libye : une considérable baisse des migrations

Depuis la révolution libyenne débutée en février 2011, les Libyens migrent en masse à cause de la situation militaire. La conséquence en a été une catastrophe humanitaire sur plusieurs années : nombre de migrants sont morts pendant la traversée. Depuis 2014, l’Italie a accueilli 600 000 migrants. Mais avec la prise de différentes mesures, le nombre de migrants a été réduit de moitié entre juillet 2016 et juillet 2017. En août, certains jours n’ont même pas vu de débarquement.

Les ONG réalisaient 1/3 des sauvetages au large de la Libye. Elles ont donc été accusées de favoriser l’immigration clandestine plutôt que de sauver des vies. Ainsi, le 1er août, l’Italie a adopté un « code de bonne conduite » afin d’encadrer les secours en mer. Il interdit notamment de naviguer en eaux libyennes et de transborder des migrants en dehors des impératifs humanitaires. La marine libyenne a annoncé 10 jours plus tard la création d’une zone de recherche et de sauvetage dans ses eaux, qui témoigne une volonté de la Libye de rétablir sa souveraineté sur ses propres territoires.

En plus de ces interdictions faites aux ONG, d’autres causes ont provoqué la réduction du nombre de migrants. La stabilisation de la situation militaire en Libye notamment, ainsi que l’accord obtenu par Macron ayant instauré le cessez-le-feu entre le Premier ministre et le chef des armées en rébellion, y ont contribué. Les deux camps ayant arrêté de se combattre, leurs troupes se sont attaquées aux trafiquants de migrants.

Cependant, la situation n’en reste pas moins catastrophique selon les ONG. Elles reprochent aux gouvernements italien et libyen d’abandonner les migrants à leur sort, soit qu’ils meurent en mer, soit qu’ils soient contraints de rester dans « l’enfer libyen ».

Des processus électoraux contestés dans certains pays

L’actualité de ces deux derniers mois en Afrique subsaharienne s’est concentrée autour des nombreuses élections qui ont lieu en un temps quasiment record. Ces élections sont la preuve qu’il existe un processus démocratique en Afrique solidement implanté mais les différents événements qui ont pu les entraver dénotent des dysfonctionnements qui subsistent dans certains pays lors de la mise en place d’élection.

Les élections législatives en RDC : des élections non attendues dans un climat de contestation

La tenue de ces élections législatives le 16 juillet et le 30 juillet dernier  a été une surprise pour de nombreux Congolais. En effet l’oppostion attendait que la Cnei ( Commission nationale électorale indépendante  ) se penche sur la question des élections présidentielles qui selon un accord devraient se tenir avant la fin de l’année.

De plus l’opposition dénonce le fait que ces élections se tiennent alors que la province du Pool fait face à de violents affrontements entre les forces de l’ordre et les troupes du Pasteur Tnumi, ce qui a causé le déplacement de milliers de personnes. De nombreux partis ont conditionnés leur participation au scrutin  à l’arrêt des violences dans le Pool. A  l’issue de ce scrutin le Parti du Travail conserve la majorité de ses sièges. Finalement cette élection n’est pas celle que l’opposition attendait, en effet depuis l’élection de Sassou Nguesso en 2016 qui a suscité de nombreux débats, elle attend l’élection présidentielle promise par la Cnei.

L’élection présidentielle rwandaise : Quelle place pour la démocratie ?

Jusqu’en 2003 il n’y avait pas d’élection présidentielle au Rwanda, preuve de la difficulté d’établir un système démocratique dans le pays. Depuis 2003, il existe bien des élections présidentielles, toutes remportées par l’homme fort du Rwanda Paul Kagame.

Le 4 aout 2017 s’ est donc tenue l’élection présidentielle rwandaise et c’est sans surprise que le leader rwandais a été réelu avec plus de 98 % des voix. Le Rwanda fait partie des pays dont l’aspect démocratique est contesté , ainsi déjà en 2010 Amnesty International dénonçait l’élection présidentielle, nul doute qu’elle dénoncera certainement l’élection qui vient de se tenir le 4 août dernier.

Des élections générales sanglantes au Kenya : Des élections contestées aux résultats toujours incertains

Le 8 août les Kenyans ont voté pour élire leur président, leurs gouverneurs, le Sénat et l’Assemblée nationale. L’enjeu était donc multiple, or si le président sortant, Uhuru Kenyatta, leader du parti conservateur est réélu à plus de 54 % des voix ce résultat a été contesté le 1er septembre par la Cour Suprême qui a tout simplement annulé le résultat cette élection, ce qui est une première sur le continent africain. En effet le rival de Kenyatta, Raila Odinga avait au moment de l’annonce des résultats dénoncé des fraudes.Un nouveau scrutin doit être organisé dans les deux mois qui viennent. Les tensions qui existent entre les deux candidats ont abouti dans la semaine qui a suivie le scrutin à  de nombreuses violences. Vingt et une personnes ont trouvé la mort dans ces affrontements, ce qui rappelle aux Kényans les violences post-électorales des élections de 2007-2008 qui avaient tué plus d’un millier de personnes.

Mais de manière plus générale un processus démocratique ancré en Afrique sub-saharienne

Élections législatives au Sénégal : un processus démocratique en marche qui n’est pas totalement achevé

La majorité présidentielle remporte 125 des 165 sièges de députés à l’élection législative qui s’est tenue le 30 juillet dernier au Sénégal. C’est donc une large victoire pour la coalition présidentielle. Le processus démocratique semble s’implanter durablement au Sénégal puisque pour cette élection on a compté pas moins de 47 listes présentes alors que lors des élections législatives de 2012 il n’y en avait que 24. Cependant ce processus démocratique n’est pas encore totalement achevé car les élections se sont déroulées dans un climat tendu. En effet avant la parution des résultats officiels la majorité revendiquait déjà sa victoire, victoire contestée par le chef de l’opposition Khalifa Sall maire de Dakar. La campagne de manière plus générale a été marquée par un climat tendu dû en partie au retour sur la scène de l’ex président Abdoulaye Wade et des polémiques liées à l’organisation du scrutin.

Élections législatives en Angola

En Angola le 23 août dernier le parti de la majorité le Mouvement populaire de libération de l’Angola a remporté les élections  les élections générales avec plus de 64 %. Si d’un côté il est possible de contester le processus démocratique angolais en disant que le MPLA est au pouvoir depuis plus de 40 ans avec à sa tête le leader José Eduardo dos Santos. D’un autre côté il est possible de noter des améliorations dans le processus démocratique angolais. Tout d’abord le président sortant après 38 ans de règne sur l’Angola décide de ne pas se représenter , il y aura donc un renouveau politique incarné par Joao Lourenço le candidat MPLA qui deviendra président. Lourenco a promis durant sa campagne un « miracle économique » pour ce pays pétrolier qui reste pourtant un des plus pauvres du monde mais aussi une lutte intensifiée contre la corruption qui mine le pays.  On peut noter le score honorable d’un des concurrents du MPLA , l’UNITA qui a recueillit près de 25 % des voix, ce qui peut peut-être être vu comme un note d’espoir pour l’Angola qui semble peu à peu sortir du règne sans partage du MPLA  et de son leader José Eduardo de Santos.

Boko Haram : la menace toujours présente

Ce début septembre Amnesty International a alerté la communauté internationale de la recrudescence des attaques de Boko Haram. En effet depuis avril dernier l’organisation terroriste a fait plus de 400 victimes soit « plus du double que dans les cinq mois précédents ».

Une nouvelle offensive cet été au Nigéria

Cet été, le président nigérian Muhammadu Buhari a du être hospitalisé dans un hôpital londonien pendant une centaine de jours, pendant ce temps Boko Haram en a profité pour reprendre du terrain. Les états du Borno et de l’Adamwa ont été particulièrement touchés, on dénote dans ces seuls états plus de 500 victimes cette année. En plus des attentats-suicides il faut aussi compter les attaques de Boko Haram. Fin juillet l’organisation terroriste a attaqué un convoi qui transportait des ingénieurs chargés de la prospection pétrolière pour la compagnie de pétrole nationale. Finalement, on a dénombré 69 morts et trois ingénieurs ont été kidnappé. Le Nigéria même s’il a mis en place différents moyens pour reconquérir son territoire, fait toujours face à une présence hostile de Boko Haram, qui malheureusement continue à reprendre du terrain.

Une recrudescence des attaques au Cameroun

Au Cameroun Amnesty International recense plus de 30 attentats suicides depuis avril, soit presque un par semaine. Le  05 août huit civils ont trouvé la mort dans un attentat-suicide dans le village d’ Ouro-Kessoum au nord du pays. Mi juillet c’était déjà quinze civils qui avaient trouvé la mort dans un double attentat à Wasa. Dernièrement ce sont quatre membre d’un comité de vigilence contre Boko Haram qui ont été tués au nord du pays.  Certains membres de l’armée s’inquiètent de ces violences répétées qui s’inscrivent désormais dans le quotidien des Camerounais « il ne faut pas que la répétition de l’horreur nous rendent insensible » écrit le colonel Badjeck.

Eva Devriere et Yélena Ekolle