La rentrée approche, et dans quelques jours déjà vous serez en train de parler d’Amérique du Nord en anglais, ESH, HGG ou même en préparation de vos premiers entretiens blancs. Vous avez passé plus de temps devant Game of Thrones ou des rediffusions des Anges que face au New York Times et The Economist ? Hurricane Harvey vous fait penser plus à Suits qu’une catastrophe naturelle ? Vous avez laissé tomber votre projet de suivre l’actualité de Trump au bout du 5ème conseiller viré ou de la 10ème menace envers la Corée du Nord ? Dans ce cas, cette synthèse est pour vous, avec au programme un récapitulatif des relations entre les États-Unis et la Corée du Nord, les manifestations d’extrême droite de Charlottesville, le jeu de chaises musicales des conseillers de Trump, l’ALENA et la vague migratoire haïtienne au Canada. Enjoy !

États-Unis et Corée du Nord : un point sur la montée des tensions 

Quand Donald Trump a débuté son mandat en janvier dernier, sa politique étrangère sur la Corée du Nord n’était pas clairement définie. Sept mois plus tard, les relations entre ces deux pays font la une des journaux : Pyongyang multiplie les essais de missiles, tandis que Trump promet « le feu et la colère » à la Corée du Nord. Comment expliquer cette montée des tensions ? Que s’est-il passé depuis l’arrivée de Trump, et plus précisément cet été ?

Rappel : les sources principales des tensions entre les États-Unis et la Corée du Nord

Bien qu’une armistice ait été signée à la fin de la guerre de Corée en 1953, il n’y a jamais eu traité de paix. Ainsi, les relations entre les deux pays sont restées crispées pour plusieurs raisons :

  • La question des armes nucléaire en Corée du Nord. Depuis 2003, cette dernière ne respecte plus le traité de non-prolifération des armes nucléaires ; dès 2006, les premiers essais nucléaires souterrains sont réalisés, entraînant une vague de protestation dans la communauté internationale. Malgré la volonté américaine de mener à bien une dénucléarisation de la péninsule coréenne, les essais (à la fois nucléaires et non nucléaires) continuent et se multiplient entre 2007 et aujourd’hui.
  • La multiplication des menaces et des messages anti-américains. En plus des tirs, la Corée du Nord n’a pas hésité à menacer régulièrement et directement les États-Unis. Des reportages sur place et des témoignages de réfugiés qui ont fui le régime montrent que les Nord-Coréens sont endoctrinés dès le plus jeune âge pour détester les Américains, avec par exemple le musée des « atrocités de guerre américaines » à Sinchon.
  • Les prisonniers politiques américains en Corée du Nord. Suite à la mort d’Otto Warmbier (voir ci-dessous), il reste 3 prisonniers américains :
    • Kim Hak Song, un chercheur chrétien américano-coréen à la Pyongyang University of Science and Technology, venu étudier les problèmes d’insécurité alimentaire et arrêté pour « actes hostiles » ;
    • Tony Kim, un autre professeur de PUST arrêté à l’aéroport en avril dernier pour des raisons inconnues ;
    • Kim Dong Chul, un chef d’entreprise dans le secteur hôtelier à Pyongyang, arrêté en 2015 pour espionnage au profit des « conservateurs sud-coréens ».

Rappel : une dégradation des relations de février à mai

Dès février, James Mattis, le secrétaire de la Défense de Trump, s’est rendu en Corée du Sud pour le développement et l’essai du nouveau système d’interception de missile THAAD, conçu par les États-Unis pour son allié. En guise de réponse au développement de cet outil préventif contre la Corée du Nord, Pyongyang lança un essai missile intercontinental. Ces tensions dans la péninsule coréenne ont été redoublées par l’assassinat en Malaisie de Kim Jong Nam, frère exilé de Kim Jong Num, vraisemblablement commandité par Pyongyang.

Début mars, la cadence s’est accélérée pour la Corée du Nord, qui tira quatre missiles dans la mer du Japon, certain atterrissant à moins de 350km de la ZEE japonaise. Une semaine plus tard, les États-Unis envoient avec l’aide du Japon et de la Corée du Sud une flotte de bateaux militaires anti-missiles dans la zone ont été envoyés les missiles. Cette démonstration de force est doublée de la visite de Rex Tillerson en Asie de l’Est.

Trump continua a affirmer sa force face à Pyongyang en avril, en déclarant que les États-Unis freineront le programme nucléaire nord-coréen avec ou sans l’aide de la Chine. Lors de la visite du président chinois Xi Jinping, Trump a décidé de lancer une série de missiles en Syrie, une manoeuvre pouvant être interprétée comme une menace envers la Corée du Nord, et d’envoyer une flotte américaine d’attaque au large de la péninsule coréenne. Pyongyang ne tarda pas à répondre, promettant de répliquer à ces « actes téméraires d’agression » avec une réponse à la hauteur de la menace. La surenchère des démonstrations de force continue : les États-Unis utilisent la plus grosse bombe non-nucléaire du monde en Afghanistan, tandis que la Corée du Nord organise des défilés militaires avec de nombreux nouveaux missiles. Pence prévient que les États-Unis utiliseront pleinement la puissance de ses forces militaires, tandis que Pyongyang parle d’une possibilité de guerre nucléaire. Avant fin avril, il y eut deux autres essais de missiles nord-coréens.

Trump tenta d’apaiser les tensions début mai, en disant qu’il serait « honoré » de rencontrer Kim Jong Un dans des circonstances appropriées. Cependant, dès mi-mai, les essais militaires reprirent, dirigés cette fois-ci vers la Russie et le Japon.

Un renforcement des tensions en juin-juillet

Au cœur de cette ambiance électrique, trois évènements vont renforcer les hostilités :

  • Début juin, le Conseil de Sécurité de l’ONU décide à l’unanimité de renforcer les sanctions à l’égard de la Corée du Nord, entraînant une réponse de Pyongyang sous la forme de quatre missiles anti-bateaux.
  • Le 12 juin, la Corée du Nord relâcha Otto Warmbier, un étudiant américain arrêté pour avoir volé une affiche à Pyongyang en 2016 et accusé d’espionnage. L’étudiant était dans le coma lors de son arrivée aux États-Unis, à cause d’une forme de botulisme selon Pyongyang. Cependant, les autorités nord-coréennes sont soupçonnées d’avoir privé Warmbier de soins médicaux, voire d’être responsable de son coma en l’ayant torturé lors de son arrestation. Warmbier est mort une semaine plus tard, entraînant une vague d’indignation aux États-Unis et dans le monde.
  • Le 4 juillet, jour de la fête nationale américaine, la Corée du Nord annonce avoir réussi un tir de missile intercontinental, supposément capable d’atteindre n’importe quelle ville américaine. Ce missile serait, selon Kim Jong Un « un cadeau aux salauds d’américains ». Trois semaines plus tard, un deuxième missile intercontinental est lancé. D’après des experts, celui-ci pourrait aisément atteindre des villes comme Los Angeles ou Chicago. Kim Jong Un annonce fièrement que « l’ensemble du continent américain » est à portée de tir.

Suite à ces trois impulsions, les menaces se sont renforcées entre Washington et Pyongyang. Le 8 août, Trump dit a des reporters :  « La Corée du Nord ferait mieux de ne plus proférer de menaces envers les Etats-Unis », sans quoi elle se heurterait « feu et [à] la colère », d’une ampleur que le monde n’a encore jamais vue. Ce ton presque apocalyptique fut repris par Kim Jong Un dans sa réponse, menaçant d’envelopper le territoire américain de Guam de flammes et annonçant une frappe imminente. Trump attisa la tension en annonçant que l’armée américaine était « verrouillée et chargée » en cas d’écart de la part de la Corée du Nord.

Les réactions de la communauté internationale aux tensions americano-coréennes début août

Dans l’ensemble, les pays étrangers appellent à la retenue et mettent en garde la Corée du Nord et les États-Unis contre le langage belliqueux utilisé : Merkel parle d’une « escalade verbale » qui ne résoudra rien, tandis que Lavrov, le ministre des affaires étrangères russe, demande aux États-Unis de « faire le premier pas pour s’éloigner de cette ligne dangereuse » qu’ils s’apprêtent à franchir. La Chine tente d’étendre son influence régionale en faisant figure d’arbitre, mais elle s’est disputée avec les États-Unis en s’opposant à un déploiement naval américain dans la mer de Chine.

Le dernier rebondissement : le missile nord-coréen qui a survolé le Japon 

Le mardi 29 juin, la Corée du Nord a lancé un missile qui a survolé l’île japonaise d’Hokkaido, avant de s’écraser en mer. Cet affront sans précédent a stimulé la tension entre les deux pays et a suscité une vague de panique au Japon, Shinzo Abe appelant les habitants à se mettre sous des abris. Si ce missile n’a pas été une menace envers les États-Unis, Trump n’a pas manqué de réagir en disant que cet essai était une démonstration de « mépris » envers ses voisins, les membres de l’ONU et les mises en garde des États-Unis.

Que va-t-il désormais se passer ?

En ce qui concerne Trump, rien n’est sûr à propos de ses décisions politiques futures à l’égard de la Corée du Nord ; ses conseillers semblent avoir des points de vue tout à fait opposés. D’une part, Rex Tillerson, le secrétaire d’État américain s’est fait l’avocat de la diplomatie, rassurant les américains en écartant l’hypothèse d’un conflit immédiat, tandis que le secrétaire de la Défense Jim Mattis a annoncé la « fin du régime [de Kim Jong Un] et la destruction du peuple [nord-coréen] » si la Corée du Nord ne se calmait pas. De plus, Trump semble agir seul, s’éloignant de ses conseillers ; il a par exemple improvisé sa déclaration sur « le feu et la colère ». La dernière déclaration de Trump, suite au missile qui a survolé le Japon, était que « toutes les options sont sur la table » face aux « actions menaçantes » de la Corée du Nord.

Cependant, l’hypothèse d’un conflit armé semble peu crédible. Un tel conflit n’est dans l’intérêt de personne à cause des pertes économiques, politiques et humaines qu’il engendrerait ; il est plus probable à l’heure actuelle que le conflit se cantonne à des démonstrations de force et des provocations. Pour appuyer cette thèse, on peut citer la réaction du Japon aux dernières frappes très proches de son territoire ; ils ont refusé de répondre à cet affront par une menace directe. On peut aussi rappeler que l’évolution des relations entre les États-Unis de Trump et la Corée du Nord n’est pas linéaire ; il y a quelques mois seulement, Trump proposait à Kim Jong Un de venir manger un hamburger aux États-Unis, et aujourd’hui il menace le pays du feu et de la colère. Cette inconstance stratégique de Trump pourrait signifier qu’un apaisement à moyen-terme des tensions est possible.

Pour plus d’informations sur la relation entre les États-Unis et la Corée du Nord et, au passage, un entraînement ludique à la compréhension orale en anglais, regardez l’émission de Last Week Tonight with John Oliver dédiée à ce sujet : https://www.youtube.com/watch?v=TrS0uNBuG9c

Charlottesville, symbole d’une Amérique profondément divisée

L’acte de terrorisme d’un néo-nazi de l’« alt-right » contre les antiracistes

Jusqu’ici, Charlottesville était connue comme étant une des rares enclaves progressistes dans le Sud éminemment conservateur des États-Unis : la preuve en est que son maire est juif et son chef de police est noir, chose impensable pour les nombreux groupes d’extrême droite de la région. Cependant, cette ville s’est retrouvée à la une des journaux le 12 août, suite à une violente manifestation politique rassemblant membres du KKK, suprémacistes blancs et néo-nazis. Ces membres de l’extrême-droite américaine se sont confrontés à des contre-manifestants antiracistes, notamment des militants de Black lives matter. Alors que la manifestation tournait à l’émeute, la mairie tente de disperser les opposants, en vain. James Field, un manifestant néo-nazi du Vanguard America Group, fonce en voiture dans la foule, tuant une femme de 32 ans et faisant 19 blessés.

Charlottesville a été choisie comme théâtre de cette manifestation de haine suite à la décision de la mairie de retirer une statue à l’effigie du général Robert Lee, un général sudiste esclavagiste. Cette manifestation a été rendue possible par l’« alt-right », une forme d’unification des droites théorisée par Steve Bannon, conseiller d’extrême-droite de Donald Trump.

La réaction de Trump, un malaise national

L’extrême droite étant une partie très active de l’électorat de Trump, ce dernier a refusé de trancher sur la sujet du racisme et de tenants de la suprématie blanche à Charlottesville. À la place, le président a condamné lors d’une conférence de presse sur les infrastructures américaines les violences « des diverses parties » lors de la manifestation, sans parler d’extrémisme de droite.

Cette réponse ambiguë a provoqué un malaise d’autant plus grand que le conseiller qui se trouvait derrière Trump lors de cette conférence, pris de surprise face à cette réaction, était Gary Cohn, un juif américain complètement opposé aux groupuscules d’extrême droite connus pour leur antisémitisme. Cohn a plus tard avoué être « dégouté » et « déçu » par ces propos de Trump. Nombreux sont les hommes politiques et les médias à avoir demandé une plus stricte condamnation du mouvement de la suprématie blanche, comme Marco Rubio. Cet incident n’est cependant pas le premier de ce genre : lors de sa campagne en 2016, Trump avait déjà refusé de condamner le soutien de David Duke, un ancien chef du Ku Klux Klan.

Conseiller de Donal Trump : place de choix ou siège éjectable ? 

Sept mois après le début du mandat de Trump, on peut facilement avoir l’impression que les conseillers de Trump jouent aux chaises musicales : seul Pence fait figure de fidèle de la première heure dans le cercle restreint de Trump à la Maison Blanche. Faisons le point sur les départs de conseillers importants de Trump cet été.

Rappel : Michael Flynn, Conseiller à la sécurité nationale, février 2017

Certes, ce départ ne date pas de cet été, mais c’est Flynn qui ouvrit le bal en se faisant inviter à démissionner (en d’autres termes il s’est fait virer) en février. Il avait menti sur les liens qu’il avait entretenu avec l’ambassadeur russe aux États-unis Sergey Kislyak pendant la campagne de Donald Trump.

Sean Spicer, Directeur de la communication de la Maison Blanche, juillet 2017

Spicer a démissionné de son poste le 21 juillet. Depuis plusieurs semaines, Trump était mécontent des performances de Spicer dans les conférences de presse, mais c’est Spicer qui décida de partir de son propre chef, car en total désaccord avec la nomination de Scaramucci à la communication de la Maison Blanche.

Reince Priebus, chef de cabinet de la Maison Blanche, juillet 2017

Il a été limogé par Donald Trump suite à une dispute interne entre plusieurs factions du gouvernement ; Priebus a notamment eu un différend avec Scaramucci qui l’accusait d’être responsable de fuites d’informations confidentielles issues de la Maison Blanche.

Anthony Scaramucci, Directeur de la communication de la Maison Blanche, juillet 2017

Scaramucci a été limogé au bout d’une semaine seulement par Trump sur les conseils de John Kelly, son nouveau chef de cabinet. En effet, Scaramucci a rapidement détruit sa crédibilité, à la fois par des accusations folles (il accusa notamment Reince Priebus d’être un « p****n de paranoïaque schizophrène »), par des menaces inconsidérées (par exemple de renvoyer toute l’équipe de communication de la Maison Blanche si celui qui avait fait fuiter des informations confidentielles ne se dénonçait pas) et par sa vulgarité.

Rich Higgins, membre du Conseil de Sécurité Nationale, juillet 2017

Il est renvoyé par McMaster, le conseiller à la sécurité nationale, après avoir écrit une lettre complotiste sur les menaces pesant actuellement sur les États-Unis.

Steve Bannon, conseiller stratégique du président, août 2017

Parti de la Maison Blanche d’un commun accord avec John Kelly, le chef de cabinet de Trump, Bannon était connu pour ses vues d’extrême-droite, en tant que fondateur du média Breitbart News. Il s’est fait pousser vers la sortie une semaine après les propos ambiguës de Trump sur l’attentat de Charlottesville, probablement dans une volonté d’améliorer l’image de ce dernier. Bannon avait longtemps été accuser d’avoir une influence démesurée sur Trump, le tirant vers l’extrême-droite et gagnant le surnom « The Great Manipulator ».

Quid de l’ALENA, de sa renégociation et son éventuelle suppression ? 

La semaine prochaine (du 1 au 5 septembre), les États-Unis, le Mexique et le Canada se réunissent pour la deuxième fois pour renégocier les termes et conditions de l’ALENA. En amont de ce sommet important, Trump a multiplié les propos sur la suppression pure et simple de cet accord. Par exemple, lors d’un meeting à Phoenix (Arizona), Trump a déclaré « Je pense qu’on finira probablement par supprimer l’ALENA tôt ou tard, okay ? » (à lire sur le ton de « Je suis pas venue ici pour souffrir, okay ? »), proposition qu’il a renouvelée dans un tweet le 27 août : « Nous sommes en train de renégocier l’ALENA (le pire accord commercial jamais passé) avec le Mexique et le Canada. Elles sont très difficiles. On pourrait avoir à y mettre fin ? ».

L’idée que Trump aurait le pouvoir de décider de supprimer l’ALENA fait débat. Pour certains, elle est logique ; étant donné que c’est au président de négocier les accords commerciaux aux États-Unis, il pourrait activer la clause de l’article 2205 stipulant que tout pays membre peut sortir de l’ALENA en prévenant 6 mois en avance. Cependant, d’autres la considèrent saugrenue, car si le président s’occupe de la politique étrangère, c’est le Congrès qui vote les lois qui font des accords commerciaux internationaux une réalité aux États-Unis ; en sortant de l’ALENA, Trump abrogerait des lois valables aux États-Unis qui sont du ressort du Congrès. Ainsi, si Trump déchire l’ALENA, il risque d’il y avoir un recours en justice pouvant aller jusqu’à la Cour Suprême et gelant la décision de Trump.

Outre les débats constitutionnels sur le pouvoir ou non de Trump de sortir de cet accord, cette décision est peu probable. En effet, selon des sources proches de la Maison Blanche, Trump serait déjà passé à deux doigts d’un retrait unilatéral de l’ALENA peu avant le 100ème jour de son mandat pour satisfaire ses électeurs et améliorer son premier bilan, mais il aurait été retenu par les lobbies, en particulier le lobby agricole américain. Le « grenier du monde » aurait beaucoup à perdre si ses exportations agricoles diminuaient à cause de la suppression des clauses de libre-échange agricole avec le Mexique et les États-Unis ; celles vers le Mexique ont bondi de 64% en 10 ans pour atteindre presque 18 milliards de dollars l’année dernière.

Dès lors, qu’est-ce qui sera renégocié ? Les États-Unis veulent résoudre le problème du déséquilibre de sa balance commerciale avec le Mexique, qui est passée d’un excédent de 1,6 milliard de dollars à un déficit de 64 milliards de dollars depuis la signature du traité. Cependant, Jaime Zabludovsky, le négociateur du Mexique en 1994 soutient que cela n’était pas de la faute de la relation commerciale avec le Mexique, mais de la situation macroéconomique des États-Unis, qui sont en sous-production par rapport à leurs dépenses. De plus, les trois membres s’accordent pour dire qu’il faut ajouter un volet concernant le commerce sur internet à cet accord vieux de 23 ans. Enfin, le Canada et les États-Unis risquent de faire un bras de fer : d’une part, les États-Unis accusent le Canada de concurrence déloyale sur le marché du bois et du lait et veulent doc changer les règles sur les litiges commerciaux pour pouvoir riposter ; d’autre part, le Canada veut mettre en avant la lutte contre le réchauffement climatique dans les règles des échanges, alors que Trump s’est montré très climato-sceptique.

Hurricane Harvey

Fin août, un ouragan d’une violence rare a frappé le Texas et la Louisiane avec des vents atteignant 215 km/h. Il a débuté dans les Antilles le 16 août, remontant le long de la Barbade et Saint Vincent, s’intensifiant progressivement jusqu’au 25 août, quand il frappa le Texas. « Harvey », la huitième tempête a être nommée selon l’usage nord-américain, a fait 30 morts dont 29 aux États-Unis. Les premières estimations  de Moody’s indiquent des dommages allant de 40 à 50 milliards de dollars.

À cause du nombre de blessés, des destructions et des inondations imputables aux pluies torrentielles, les hôpitaux ont du mal à tenir le coup. De nombreux réfugiés sont accueillis dans les stades comme le Toyota Center de Houston et les écoles, et des citoyens de partout dans la région affluent pour aider les secours avec leurs bateaux privés. Cette tempête arrive au mauvais moment pour le Texas, qui avait amorcé un bon rythme de croissance depuis 5 ans, notamment dans l’industrie du gaz et du pétrole. Ce secteur a été mis à mal par la destruction de sites de forage ou de raffinement dans les terres et off-shore.

Cet ouragan a été d’autant plus destructeur qu’il est resté stationnaire au Texas au lieu de continuer à remonter la côte américaine comme lors des autres ouragans. Ce phénomène serait dû à la réunion destructive et inédite de facteurs environnementaux : des eaux chaudes dans le Golfe du Mexique qui ont renforcé les chutes de pluie, des vents trop faibles pour pousser l’ouragan au large et des niveaux d’eau déjà trop élevés dans les baie de Galveston. Certains scientifiques accusent le réchauffement climatique d’avoir joué un rôle dans la réunion de ces facteurs en réchauffant l’océan et renforçant l’évaporation des eaux, bien que ce point de vue soit loin d’être consensuel.

Le Canada fait face à une vague migratoire issue d’Haïti 

Depuis quelques mois, le nombres de demandeurs d’asile issus des États-Unis se présentant à la frontière canadienne est en forte augmentation. Cette vague, composée à 80% de personnes d’origine haïtienne, met à l’épreuve la gestion canadienne de l’immigration.

Tout d’abord, pourquoi l’arrivée de tant d’haïtiens par voie terrestre en 2017 ? L’origine de ce phénomène remonte à 2010, quand 58000 haïtiens ont obtenu le SPT (Statut de Protection Temporaire) suite au tremblement de terre qui avait causé des destructions sans précédent et une épidémie de choléra. Ainsi, ils pouvaient vivre et travailler aux États-Unis sans problème, jusqu’au moment en mai dernier où Trump a prolongé ce statut de 6 mois en menaçant de le supprimer en 2018. Cette menace, à laquelle s’ajoute la conjoncture économique peu favorable aux États-Unis et en Haïti, a poussé beaucoup d’haïtiens à se diriger vers la Canada, connu comme une terre accueillante et abritant déjà une grande communauté haïtienne. Ainsi, début août, 3000 personnes étaient déjà passées par la frontière.

Pourquoi est-ce un problème ? Les forces armées canadiennes ont déjà mis en place des camps de réfugiés à la frontière, mais ils sont saturés, de même que les structures à Montréal. De plus, de nombreuses fausses informations circulent sur internet, particulièrement les réseaux sociaux, à propos de la procédure d’admission au Canada, laissant croire qu’un simple passage de la frontière suffit pour être accueilli par la Canada. Cette vague a également créé des tensions au Canada, où ont eu lieu des manifestations anti-immigration, notamment à Québec par le groupe d’extrême droite La Meute. On en saura plus sur la suite de cette affaire le 22 novembre, quand le gouvernement américain donnera sa décision finale quant à la suppression ou non de ce statut.

Vocabulaire

The « Axis of evil » : mots de George Bush signifiant « l’axe du mal » pour désigner la Corée du Nord et les autres pays souhaitant se procurer des armes de destruction massive.

Totalitarian dictatorship : dictature totalitaire

Ballistic missiles : missiles à longue portée qu’utilise la Corée du Nord

Locked and loaded : verrouillé et chargé, mais plus largement, expression signifiant qu’on est prêt à agir à tout instant

Archenemy : l’ennemi par excellence

White supremacist : tenant de la suprématie blanche

Alt-right : partie de l’extrême droite américaine qui rejette le conservatisme classique en faveur du nationalisme blanc et du suprémacisme blanc, sexiste, antisémite, conspirationniste, opposée à l’immigration et à l’intégration des immigrés.

The Stainless Banner / Rebel Flag / Dixie Flag / Southern Cross : le drapeau confédéré

Far-right splinter groups : groupuscules d’extrême-droite

To dismiss sby : limoger qqn

To undermine : mettre à mal, déstabiliser, affaiblir

Contempt : mépris

Make landfall : frapper (pour une tempête), rallier la côte

Withdrawal from : la sortie de (pour un accord)

To inure oneself to sth : s’endurcir à, s’habituer à quelque chose de désgréable

To elicit sth from sby : provoquer (une réponse, un avis) de qqn

Clout : l’influence, le pouvoir, surtout en affaires et en politique

To pull the plug on sth : laisser tomber qqc, mettre fin à qqc, retirer son soutien à qqc

A natural disaster : une catastrophe naturelle

To stall : rester stationnaire

A scarcity of food / food shortage : un manque de nourriture

To stretch resources thin : faire appel à des ressources déjà trop sollicitées

Property losses : les pertes matérielles

A national : un ressortissant

To apply for political asylum : demander l’asile politique

The threshold of tolerance : le seuil de tolérance